1. Consolez, consolez mon peuple, Dit votre Dieu.
2. Parlez au coeur de Jérusalem, et criez lui
Que sa servitude est finie,
Que son iniquitée est expiée,
Qu'elle a reçu de la main de l'Eternel
Au double de tous ses péchés.
3. Une voix crie :
Préparez au désert le chemin de l'Eternel,
Aplanissez dans les lieux arides
Une route pour notre Dieu.
4. Que toute vallée soit exhaussée,
Que toute montagne et toute colline soient abaissées !
Que les coteaux se changent en plaines,
Et les défilés étroits en vallons !
5. Alors la gloire de l'Eternel sera révélée,
Et au même instant toute chair la verra ;
Car la bouche de l'Eternel a parlé.
6. Une voix dit : Crie !
Et il répond : Que crierai-je ?
Toute chair est comme l'herbe,
Et tout son éclat comme la fleur des champs.
7. L'herbe sèche, la fleur tombe,
Quand le vent de l'Eternel souffle dessus.
Certainement le peuple est comme l'herbe :
8. L'herbe sèche, la fleur tombe ;
Mais la parole de notre Dieu subsiste éternellement.
2. Parlez au coeur de Jérusalem, et criez lui
Que sa servitude est finie,
Que son iniquitée est expiée,
Qu'elle a reçu de la main de l'Eternel
Au double de tous ses péchés.
3. Une voix crie :
Préparez au désert le chemin de l'Eternel,
Aplanissez dans les lieux arides
Une route pour notre Dieu.
4. Que toute vallée soit exhaussée,
Que toute montagne et toute colline soient abaissées !
Que les coteaux se changent en plaines,
Et les défilés étroits en vallons !
5. Alors la gloire de l'Eternel sera révélée,
Et au même instant toute chair la verra ;
Car la bouche de l'Eternel a parlé.
6. Une voix dit : Crie !
Et il répond : Que crierai-je ?
Toute chair est comme l'herbe,
Et tout son éclat comme la fleur des champs.
7. L'herbe sèche, la fleur tombe,
Quand le vent de l'Eternel souffle dessus.
Certainement le peuple est comme l'herbe :
8. L'herbe sèche, la fleur tombe ;
Mais la parole de notre Dieu subsiste éternellement.
Quand l'ange annonce à la vierge Marie qu'elle va être enceinte, il lui précise qu’Elisabeth - qui avait depuis longtemps dépassé l'âge de la retraite - est enceinte elle aussi et dans son 6e mois.
Jean-Baptiste était donc de six mois l'aîné de Jésus. Voilà pourquoi la tradition chrétienne situe sa naissance six mois avant Noël, en plein été. Et puisque cette même tradition a fait naître Jésus un 24 décembre, elle a du coup fait du 24 juin le jour de naissance du dernier grand prophète d'Israël.
Depuis le 21 juin, les jours diminuent et les nuits augmentent. Cela me rappelle ce que Jean-Baptiste disait à propos de Jésus : « Il faut qu'il augmente et que je diminue ». Il prêchait dans le désert, à quelques kilomètres de Jérusalem. Voilà pourquoi cette prophétie d'Esaïe 40 a trouvé en Jean-Baptiste son ultime accomplissement. Il est cette voix qui crie : « Préparez au désert le chemin de l'Eternel, aplanissez dans les lieux arides une route pour notre Dieu. Que toute vallée soit relevée, que toute montagne et toute colline soient abaissées ».
En réalité, cette prophétie a connu, comme bien d'autres, un double accomplissement. Elle fut réalisée une première fois quand Dieu récupéra son peuple à Babylone, pour le ramener chez lui, dans le pays promis ; et elle a trouvé un nouvel accomplissement quand Dieu est venu visiter et sauver le monde en la personne de son Fils Jésus-Christ. En cette fête des missions, je vous propose de méditer trois termes qui figurent dans notre passage ; les mots « désert, parole et chemin. »
Israël avait été déporté parce qu'il désobéissait constamment à Dieu et refusait de se repentir. Mais l’Eternel lui avait promis aussi qu'un jour son exil prendrait fin. Seulement voilà, entre Babylone et Canaan il y avait un immense désert, 1500 km de sable et de roches. Etre autorisé à rentrer chez soi après 70 ans d’exil relève déjà du miracle ; alors que pensez-vous de franchir des centaines de kilomètres de désert – et pas en 4X4, n’est-ce-pas ! - remonter une grande partie de l'actuel Irak, franchir un bon bout de l'Arabie Saoudite, traverser la Jordanie et une partie de la Syrie. De quoi faire peur aux voyageurs les plus intrépides !
Chers amis, un désert ne se forme pas du jour au lendemain. Il en faut du temps pour que, suite à des variations climatiques, mais aussi aux erreurs des hommes, un pays fertile se transforme en désert. Dans les grottes du Hoggar en Afrique du nord, habitées aujourd'hui par des chacals et quelques bestioles supportant la chaleur et l'aridité du désert, on a découvert des peintures rupestres représentant des hippopotames, des rhinocéros et d'autres grands animaux. Signes que la nature y était féconde et généreuse avant que ne s'installe le désert.
Le désert. Il n'est pas nécessaire d'aller dans le Sahara ou en Arabie Saoudite pour le trouver. Le monde dans lequel nous vivons est de bien des façons un lieu aride, un terrible désert.
Qu'est-ce qu'un désert si ce n'est un lieu sans vie, un endroit où ne pousse aucun arbre, aucun buisson, rien qui serve de repère et permette de s'orienter ? Eh bien ! Malgré tous les progrès accomplis par les sciences et les techniques, il semble bien que beaucoup de nos contemporains vivent dans un désert, un espace sans repère où ce qui était vrai hier ne l'est plus aujourd'hui, où ce qui était important et même indispensable est tombé aux oubliettes, où les valeurs qui ont forgé les tempéraments apparaissent contraignantes, incompatibles avec les normes actuelles de tolérance et de bonheur.
Savez-vous qu’il y a beaucoup d’intelligence à dire aux gens : « travaillez plus pour gagner plus » ? Travaillez plus ! Vous oublierez cette inquiétude, cette angoisse qui vous accable à la seule idée de vous retrouver seul avec vous-même ou en famille ! Travaillez plus, activez-vous ! Et dans la foulée demandez au patron d’embaucher votre conjoint ; vous pourrez au moins le voir à la pause déjeuner.
Gagnez plus… No limit ! C’est la voiture à 72000€ - une semaine après, on lui trouve déjà des défauts… C’est l’écran plasma qui arrive tout juste à entrer par la porte… Combien sont-ils à se chercher constamment dans le matériel, à trouver un peu d’apaisement dans un bonheur factice et trompeur ? Pourquoi tant de mécontentement ? Pourquoi ce mal à trouver le bonheur dans des choses toutes simples, à portée de mains ? Ecoutez, quand je lis le journal, j’ai l’impression qu’il n’y a plus que trois choses qui passionnent les gens : le sexe, les soldes et le football !
Oui, le monde est sec parce que l’homme est ainsi. Ce qui explique sans doute que le désert entre parfois… dans les églises ! Combien de fermetures pour une dédicace ? Combien de jeunes au culte le matin pour un parent – un grand parent – qui a de plus en plus l'impression d’appartenir aux derniers des Mohicans. Je pense à tous ceux qui ne parlent plus à Dieu, qui n'entendent plus sa Parole, pour qui même la foi n'offre plus de repère là où ils vivent. Nous sommes dans un désert spirituel et moral dont les habitants ont beaucoup d'argent et de plaisirs, mais un cœur vide et une âme assoiffée.
II
Pourtant, frères et sœurs, dans ce désert retentit une parole – c’est le deuxième mot de notre sermon : « Préparez le chemin de l’Eternel, faites une route bien droite pour notre Dieu dans les endroits arides ! Toute vallée sera comblée, toute montagne et toute colline abaissées. »
Imaginez un peu : vous êtes perdu dans un paysage sans fin. La soif vous dessèche la gorge, le soleil vous écrase. Vous avez envie de tout abandonner, de vous asseoir comme la servante Agar au désert et d'attendre la mort. Et voici qu'une voix retentit. « Préparez le chemin de l’Eternel, faites une route bien droite pour notre Dieu. » Non, ce n'est pas une hallucination, vous ne rêvez pas ! Vous entendez bel et bien une voix.
« Consolez, consolez mon peuple, dit votre Dieu. Parlez au cœur de Jérusalem, criez-lui que sa servitude est finie, que sa faute est expiée, qu'elle a reçu de l'Eternel le salaire de tous ses péchés ».
Frères et sœurs, Dieu lui-même traversa le désert et vint à la rencontre de son peuple captif à Babylone. Il vint le consoler, lui dire que son exil était terminé, le chercher et le ramener dans son pays. Dans le silence du désert, Israël entendit la voix de son Dieu. Non, Nébucadnetsar et ses successeurs n'auraient pas le dernier mot. Ce n’est pas un roi de ce monde qui décide du sort de Jacob. Il est entre les mains du Seigneur qui a un plan pour lui. Dieu est fidèle et miséricordieux, il accomplit toutes ses promesses.
Oh bien sûr, Dieu n'a pas que des choses consolantes à dire à son peuple. Ainsi, dans notre passage : « Toute créature est comme l'herbe, et toute sa beauté comme la fleur des champs. L'herbe sèche et la fleur tombe quand le vent de l'Eternel souffle dessus. Vraiment, le peuple est pareil à de l'herbe ».
Qui aime entendre cela ? Qui aime qu'on lui rappelle qu'il devra mourir ?
« Israël, ne l'oublie pas : Si tu es en exil, cela ne tient qu'à toi. Tu as désobéi à ton Dieu. Il a fallu qu'il te donne une leçon. Reviens-moi d'un cœur sincère et je te délivrerai ».
Bien des siècles plus tard, Jean-Baptiste criera dans le désert : « Exprimez votre repentir, car le royaume des cieux est proche. Déjà la hache est mise à la racine des arbres ; tout arbre qui ne produit pas de bons fruits sera donc coupé et jeté au feu ». Frères et sœurs, il faut savoir entendre cette parole pour se réjouir de la suite : « Consolez, consolez mon peuple, dit votre Dieu. Parlez au cœur de Jérusalem, criez-lui que sa servitude est finie, que sa faute est expiée ».
"Une voix s'écrie dans le désert". Tout le monde a besoin d'entendre cette voix sévère qui lui rappelle ce qu’il est : une herbe éphémère. Le meilleur des hommes a besoin que Dieu lui dise ce qu'il attend de lui, besoin d'entendre sa Loi qui le secoue, besoin de s’humilier devant sa croix.
Tant de paroles frappent aujourd’hui nos oreilles : la voix de notre président – souvent - et (quelquefois) de ses ministres, la voix des journalistes, des syndicalistes et de nos artistes préférés ; pour beaucoup la voix de notre conjoint, celle de nos enfants et de nos petits-enfants. Certaines de ces voix nous fatiguent, d’autres nous réjouissent. Certaines nous racontent des histoires et nous mentent, d'autres nous parlent affectueusement. Certaines nous apportent la joie, d'autres suscitent en nous la méfiance et la désapprobation. Nous vivons à la fois dans le silence du désert et dans la cacophonie des hommes.
Savons-nous percevoir, parmi toutes ces voix humaines, la voix unique du Fils de Dieu ?
Récemment j’ai fait un rêve : tous mes paroissiens à Mulhouse passaient autant d’heures par semaine sur leur « Live Box » que sur leur « Live Book » !
Autant d’heures sur la Parole vivante que sur leur « boîte vivante » (ou leur « boîte sous tension » qui remplace aujourd’hui le courrier, le journal, la radio et même la télé. Les jeunes en particulier sont tellement avides d’informations qu’ils n'envisagent plus un mobile qui ne les relient pas à la planète entière par l’image et le son. Mais bien souvent, ils n'ont pas de temps pour Dieu et ils pensent qu'un jour ils pourront le regarder dans les yeux en lui disant : - « Excuse-nous, mais ce n’était jamais le moment » !
III
Dans le désert de ce monde, il est une voix, une seule qui soit source de vie, c'est celle de notre Dieu. Une parole qui dit aux hommes la vérité sur eux-mêmes et la vérité sur Dieu, une voix qui secoue les consciences.
Dieu dit au monde qu'il veut les libérer de l’esclavage du péché. Mais pour cela il doit ouvrir un chemin – c’est le troisième mot et le dernier point de ce sermon : « Une voix crie dans le désert : préparez le chemin du Seigneur, rendez ses sentiers droits. » Frères et sœurs, le Seigneur a fait sa demeure chez nous. Il faut à présent ouvrir la route vers d’autres foyers.
Les grands de ce monde se sont toujours fait construire des avenues royales. Ils en avaient besoin pour leurs processions et pour y faire défiler leurs troupes. Tous les habitants étaient appelés à s'aligner pour saluer, acclamer et agiter des drapeaux. Ces routes se terminaient souvent sous un arc de triomphe : on fait de la place, on voit grand pour un chef et son armée !
Le Seigneur vient délivrer son peuple. Il faut lui ouvrir la route. Au milieu du désert ? Oui, bien sûr, puisque c'est un désert qui sépare Babylone de Canaan. Oui, bien sûr, puisque c’est dans un désert qu’il veut descendre du ciel. Et le ciel, ami, est saint tandis que la terre est souillée par le péché. Comment veux-tu que Dieu vienne où vivent tes enfants, tes amis, tes voisins - comme il est venu chez toi -sans entrer dans le désert de ce monde ?
« Consolez, consolez mon peuple, dit votre Dieu ». Après notre consolation vient l’exhortation : Dieu veut qu'on lui construise une route là où les puissants n'ont pas l'habitude d’aller, dans le désert des foyers, des banlieues, des hôpitaux. Sur les terres arides de l’incrédulité, les sables mouvants de la raison, du matérialisme contemporain.
Mille cinq-cents km de désert séparaient jadis les exilés de Jérusalem, la ville de Dieu, leur patrie bien-aimée ou ils trouveraient joie, bonheur et plénitude.
A votre avis : quelle distance sépare notre prochain du vrai bonheur, du salut, de la vie éternelle ? Les obstacles à franchir ne sont pas des roches ni la chaleur du désert. Ce n'est pas non plus la belle nature qui nous entoure ici, celle que Dieu a créée, mais la nature qui est en chaque homme. Les montagnes qui font obstacle ne sont pas de pierres. Les ravins qui l’éloignent de Dieu ne sont pas ceux creusés par des torrents. Ce sont les montagnes et les ravins de l’orgueil, de l’indifférence, des compromissions, des convoitises. C'est tout ce qui éloigne les hommes de Dieu et qui l'empêche de venir habiter chez eux. C'est aussi tout ce que nous devons confesser au Seigneur dans une humble repentance, pour que germent en nous les bons fruits de la reconnaissance. Alors s'accomplit ce que le prophète a vu en esprit : « La gloire de l'Eternel sera révélée, et au même instant tout homme la verra. Oui, c’est l'Eternel qui l’affirme ».
C'est de cette gloire dont l’apôtre Jean a rendu témoignage : « La Parole s’est faite homme, elle a habité parmi nous, pleine de grâce et de vérité, et nous avons contemplé sa gloire, une gloire comme celle du Fils unique venu du Père ». (Jean 1, 14). Jean le baptiste était ce doigt tendu vers celui qui devait venir et dont il se savait indigne de délier la sandale, ce doigt immense que le peintre fait pointer en direction du Christ en croix sur le retable d'Issenheim à Colmar. Ce tableau extraordinaire montre ce qu'il en a coûté à Dieu de se frayer un chemin dans le désert de ce monde.
Depuis que le Fils de Dieu a agonisé sur la croix, la route est ouverte. Jésus a dit : « Je suis le chemin, la vérité et la vie. Nul ne vient au Père que par moi ». Puissent tous les hommes entendre la voix de Dieu dans le désert du monde et prendre ce chemin ; il est là pour eux comme il est là pour nous et il n'y en a pas d'autre pour nous conduire tous au ciel !
Amen.
Pasteur François POILLET