17 juin 2007
Chers frères et sœurs,
La lettre de Paul aux Galates est, avant tout, une défense du vrai Evangile. Et la première chose que nous pouvons remarquer à cet égard est la similarité entre les v.1 et 12 du chapitre 1. Au v. 1, Paul défend son apostolat : « Paul, apôtre, non de la part des hommes, ni par un homme, mais par Jésus Christ et Dieu le Père, qui l'a ressuscité des morts ». Au v.12, il défend son Evangile : « car je ne l'ai ni reçu ni appris d'un homme, mais par une révélation de Jésus Christ. ». Paul n’a pas été fait apôtre par une décision humaine, et son Evangile n’est pas des hommes. Non, c’est Christ lui-même qui a appelé Paul à être son apôtre, et c’est Christ qui lui a révélé son Evangile.
Ces deux versets sont similaires, parce que l’authenticité de l’apostolat de Paul et la vérité de l’Evangile qu’il annonce tiennent ensemble. Si Paul n’est pas apôtre, sa prétention à l’autorité et la vérité de son message s’effondrent. Et si l’Evangile de Paul n’est qu’une idée humaine, il n’est pas vraiment apôtre.
La défense de Paul
Pourquoi Paul est-il ainsi sur la défensive ? Parce qu’on l’attaque ! Parce que, comme il le dit dans le v.7 « il y a des gens qui vous troublent, et qui veulent altérer l'Évangile de Christ. ». Mais, pour changer l’Evangile, ces gens doivent miner l’autorité de Paul, qui a fondé les églises de Galatie et les a instruites. Et nous pouvons comprendre, en lisant entre les lignes, que ces gens remettent en cause l’apostolat de Paul. Puisqu’ils insistent sur la circoncision (5.2) et sur la Loi de Moïse (4.10), nous avons toutes les raisons de penser qu’il s’agit de chrétiens d’origine juive venus de Jérusalem et se réclamant de Pierre et de Jacques (2.9, 12). Pour eux, Paul n’est qu’un rajout tardif chez les apôtres, une sorte d’apôtre de seconde classe…Il n’a jamais été avec Jésus lors de son ministère terrestre, et le voilà à présent qui fonde des églises parmi les non-juifs en leur enseignant qu’ils ne sont pas sous le joug de la Loi cérémonielle et qu’ils n’ont pas à être circoncis !!
Alors, ces gens vont vers les Galates et leur disent : « Attention, Paul n’est pas un apôtre au vrai sens du terme, et l’Evangile qu’il prêche est adultéré ». Encore aujourd’hui, le meilleur moyen de dénigrer un message, est encore d’attaquer le caractère de celui qui l’apporte, et c’est cette situation qui explique la double défense de Paul : v.1 « Je suis un apôtre, autant que Pierre, car j’ai vu la Christ ressuscité, et c’est lui qui m’a envoyé prêcher en son nom » ; v.12 : « Mon Evangile est véridique, autant que celui de Pierre, car je ne l’ai pas appris auprès d’hommes, mais c’est Jésus lui-même qui me l’a transmis, comme il l’a fait pour les autres apôtres ».
Notons avec soin ici que le v.12 s’appuie sur le v.11 « Je vous déclare, frères, que l'Évangile qui a été annoncé par moi n'est pas de l'homme; car je ne l'ai ni reçu ni appris d'un homme, mais par une révélation de Jésus Christ. ». Dans ce v.12, Paul défend la vérité de ce qu’il annonce. Son Evangile n’est pas une concoction humaine. Ce n’est pas sa version personnelle de ce qu’il a pu recevoir des apôtres de Jérusalem. Ce n’est pas « selon l’homme » ou ce « n’est pas le fruit d’une pensée humaine » (Semeur, v.12). Cela veut dire, premièrement, que l’Evangile de Paul n’a pas l’homme pour origine, mais Dieu. Il n’est pas venu du cerveau de Paul, mais du cœur de Dieu. En Rom 1.1, Paul parle ainsi de lui-même et de son message « Paul, serviteur de Jésus Christ, appelé à être apôtre, mis à part pour annoncer l'Évangile de Dieu ». Mais je pense que Paul veut aussi nous dire que l’évangile qu’il annonce ne correspond pas aux inclinaisons du cœur humain. C’est ce que Paul implique en 6.12 « Ceux qui vous imposent la circoncision sont des gens qui veulent faire bonne figure devant les hommes. Ils n'ont qu'un seul but: éviter d'être persécutés à cause de la mort du Christ sur la croix ». En clair, leur « évangile » est selon l’homme, et correspond à ce que l’homme désire.
La vérité : elle existe, et elle est importante.
A présent, arrêtons-nous un instant, et méditons sur ce que nous venons de voir. Il y a deux questions centrales ici : l’autorité et la vérité, et nous devons y réfléchir car ce sont deux notions particulièrement remises en cause dans notre société, même et peut-être surtout dans l’Eglise. Deux messages sont en question : celui de Paul et celui des judaïsants. Un seul de ces évangiles est véridique, parce qu’il n’y a qu’un seul vrai évangile (v.7) et selon les v.8-9, c’est notre destinée éternelle qui est en question. Croire en le véritable évangile est la chose la plus importante pour chacun d’entre nous, et c’est pourquoi Paul ne nous laisse pas en paix : demeurez dans la vérité.
Et voilà une première leçon pour nous : nous, chrétiens, devrions être des gens pour lesquels la vérité est une chose importante. Il faut insister sur ce point, car notre société communique constamment le message contraire. On nous abreuve de l’idée selon laquelle toutes les opinions se valent, qu’une idée en vaut une autre, que c’est à chacun de voir et de décider pour lui-même. Au sein même de l’Eglise, le « pluralisme » est particulièrement célébré comme une source de richesse. Le « pluralisme » est ,en fait, la capacité à faire cohabiter des opinions absolument contradictoires en faisant semblant de croire qu’elles disent la même chose. Certains croient que la Bible est la Parole de Dieu et d’autres qu’elle n’est qu’un recueil de mythes ? Comme c’est stimulant pour la pensée ! Certains croient que Jésus est le seul chemin vers Dieu et d’autres que nous irons tous au paradis ? Mais enfin, vous ne voulez tout de même pas placer la foi chrétienne sous l’éteignoir du dogmatisme, j’espère ? Etc, etc…Tout est tolérable, sauf ceux qui ont le malheur d’être déclarés intolérants : voilà la seule hérésie qui vous attirera les foudres de l’inquisition moderne.
Et il est vrai que, pour les chrétiens attachés à Jésus et à l’autorité de la Parole, la tentation peut être grande de laisser filer, de s’accommoder de l’esprit du temps et de gagner l’approbation des autres. Et il est vrai que la bataille est rude, que parfois les sujets d’encouragements paraissent peu nombreux, que l’on a l’impression de perdre du terrain devant les forces de l’erreur et celles de sa meilleure alliée, l’indifférence. Et c’est là que certains sont tentés de baisser les bras et de se laisser emporter par le courant. Mais c’est là, aussi et surtout, que nous devons nous souvenir que l’Evangile auquel nous croyons n’est pas une vague philosophie humaine qui a fait son temps et que l’on peut abandonner pour passer à autre chose, mais qu’il est l’Evangile de Dieu, la vérité de Dieu, le message de Dieu, et que lui être fidèle, c’est être fidèle à notre Seigneur, quelque qu’en soit le prix. Je me souviens du pasteur Courthial, doyen de la faculté de théologie réformée d’Aix-en-Provence, qui aimait prendre en exemple Athanase, qui a été à un moment de l’histoire de l’Eglise le seul évêque (avec Hilaire de Poitiers) à confesser le dogme de la Trinité. Et le doyen nous disait « rappelez-vous toujours que celui qui est avec Dieu est la majorité, quand bien même il serait seul ».
Nous devons cesser de nous laisser intimider par l’esprit du temps. Nous sommes l’Eglise, le peuple de Dieu, le sel de la terre, la lumière du monde parce que la vérité importe pour nous, et cela dans toutes les sphères de nos vies. Nous n’avons pas à craindre la mentalité qui nous entoure et qui refuse le fait que les chrétiens prétendent posséder la vérité : « Quelle arrogance ! La vérité, ça n’existe pas, ça dépend de la vision de chacun ». Notez bien, d’ailleurs, que cela nous est présenté comme étant une vérité. En fait, après avoir eu de nombreuses discussions au cours de mes études avec des amis non-chrétiens, je suis persuadé que nous n’avons rien à craindre intellectuellement. Simplement, il faut oser les amener à éprouver leur propre vision du monde, tout comme ils éprouvent la nôtre. Et si l’on nous demande comment nous sommes sûrs que notre vision des choses est vraie, il faut demander à notre interlocuteur comment il est sûr que la sienne est vraie.
En réalité, nous nous rendons compte que peu de gens s’intéressent à la vérité. C’est une question qui, finalement, apparaît bien philosophique. Tout ça, c’est pour ceux qui ont le temps d’y penser. Est-ce qu’on paie son loyer et ses impôts avec la vérité ? Non. Alors, à quoi bon ? Mais le christianisme confronte l’homme avec une réalité bien différente. La vérité existe. Tu peux et tu dois la connaître, parce que c’est seulement en la connaissant que tu pourras être libre, que tu pourras vivre vraiment ta vie, que tu pourras trouver la vraie paix et le vrai bonheur. Et cette vérité n’est pas un concept, une idée, mais elle est une personne, Jésus de Nazareth, ton Sauveur, ton Roi et ton Ami, celui là même qui a dit « Je suis le chemin, la vérité et la vie ».
Nous rappeler que notre message n’est pas venu de l’homme, mais de Dieu, c'est aussi nous souvenir que nous ne sommes pas propriétaires de l’Evangile, comme nous pouvons être propriétaires d’un temple ou d’une collection de recueils de cantiques. Nous n’avons pas à enfermer l’Evangile dans nos carcans, nos régulations, nos préjugés et nos traditions. La Parole de Dieu est un feu, et l’Esprit souffle où il veut. Cela aussi, c’est reconnaître l’autorité de Dieu.
Pour terminer, je voudrais relire avec vous ce texte tiré de l’Evangile selon Matthieu (21.23-27) :
Jésus se rendit dans le temple, et, pendant qu'il enseignait, les principaux sacrificateurs et les anciens du peuple vinrent lui dire: Par quelle autorité fais-tu ces choses, et qui t'a donné cette autorité? Jésus leur répondit: Je vous adresserai aussi une question; et, si vous m'y répondez, je vous dirai par quelle autorité je fais ces choses. Le baptême de Jean, d'où venait-il? Du ciel, ou des hommes? Mais ils raisonnèrent ainsi entre eux; Si nous répondons: Du ciel, il nous dira: Pourquoi donc n'avez-vous pas cru en lui? Et si nous répondons: Des hommes, nous avons à craindre la foule, car tous tiennent Jean pour un prophète. Alors ils répondirent à Jésus: Nous ne savons. Et il leur dit à son tour: Moi non plus, je ne vous dirai pas par quelle autorité je fais ces choses.
Ce matin, je crois que Jésus nous pose un peu la même question : « cette Bonne Nouvelle que Paul prêche, celle du salut par la grâce au moyen de la foi, est-elle du ciel ou des hommes » ? Nous pouvons connaître la réponse, et la laisser illuminer nos vies. Que le Seigneur en soit béni.
1 commentaire:
Bravo! Belle prédication:succinte,déterminée et équilibrée. Récidivez!
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