jeudi 29 septembre 2011

29 septembre: fête de Saint Michel et tous les anges

 Dieu éternel, tu as disposé dans un ordre admirable le ministère des anges et des hommes; les saints anges te servent constamment dans les cieux; permets aussi que, selon ta volonté, ils soient sur la terre notre secours et notre défense; par Jésus-Christ, ton Fils, notre Seigneur, qui vit et règne avec toi et le Saint-Esprit, un seul Dieu, maintenant et pour les siècles des siècles. Amen.
 En ce jour, nous aurons une pensée et une prière particulière pour nos soldats des troupes aéroportées qui servent et défendent notre pays.

dimanche 25 septembre 2011

PHILIPPIENS 3.10-16

10 Ainsi je connaîtrai Christ, la puissance de sa résurrection et la communion à ses souffrances en devenant conforme à lui dans sa mort
11 pour parvenir, d'une manière ou d'une autre, à la résurrection des morts.
12 Ce n'est pas que j'aie déjà remporté le prix ou que j'aie déjà atteint la perfection, mais je cours pour tâcher de m'en emparer, puisque de moi aussi, Jésus-Christ s'est emparé.
13 Frères et soeurs, je n'estime pas m'en être moi-même déjà emparé, mais je fais une chose: oubliant ce qui est derrière et me portant vers ce qui est devant,
14 je cours vers le but pour remporter le prix de l'appel céleste de Dieu en Jésus-Christ.
15 Nous tous donc qui sommes mûrs, adoptons cette attitude et, si vous êtes d'un autre avis sur un point, Dieu vous éclairera aussi là-dessus.
16 Seulement, là où nous en sommes, marchons dans la même direction [et vivons en plein accord].



Chers frères et soeurs en Christ,
chers amis,

Vous le savez sans doute, un événement d'une grande importance est en train de se dérouler; un événement auquel j'espère que vous accordez toute l'importance qu'il mérite: la coupe du monde de rugby.
 
A titre personnel, je trouve que le rugby est un beau sport, qui véhicule des valeurs nobles. C'est aussi un sport exigeant, souvent rude, qui demande des corps et des esprits éprouvés. Nous sommes des centaines de milliers à suivre cette compétition si intense.

Dans l'Antiquité aussi, les jeux du stade étaient très prisés et les athlètes étaient montrés en exemple. Cette image a été même à bien des reprises utilisée par les premiers chrétiens pour évoquer la vie de foi. La vie chrétienne est alors comparée à une course dans un stade et le chrétien devient l'athlète de Dieu qui se bat pour recevoir le prix promis. Paul en effet affirme que la vie chrétienne est une vie en tension vers un but qui est toujours au-delà de nous ; ce n'est pas une vie installée, une vie pépère et bourgeoise où l'on se croirait déjà arrivé au but, mais c'est une vie dynamique ouverte sur le futur: nous sommes comme au milieu d'une course :" mon seul souci: oubliant le chemin parcouru et tout tendu en avant, je m'élance vers le but, en vue du prix attaché à l'appel d'en haut que Dieu nous adresse en Jésus-Christ".  

J'aimerais ce matin, que nous tirions quelques conséquences pour nous, pour notre Eglise, de ces images si actuelles des jeux du stade, mais nous verrons aussi que si les premiers chrétiens reprennent à leur compte la bravoure des athlètes, leur référence à Jésus-Christ va transformer en profondeur le sens de l'image: le but n'est pas simplement d'aller au bout de soi-même, au bout de ses performances, pour une récompense individuelle et dans un esprit de compétition, car on serait bien éloigné alors de l'esprit de l'évangile...mais l'idée est de s'entraîner, de s'exercer, de persévérer comme les athlètes le font dans leur domaine, pour permettre au Christ de rayonner dans notre vie et pour nous ouvrir toujours plus à l'amour en luttant contre l'égoïsme handicapant. Il faut donc faire attention à ne pas trop prendre l'image à la lettre, mais à l'interpréter en nous référant toujours à ce modèle de vie chrétienne qu'est Jésus-Christ. 

D'abord l'athlète, positivement, est un modèle d'entraînement pour pouvoir réussir dans sa discipline et dans son art. Parfois, on évoque la première sélection d'une jeune rugbyman en équipe nationale. Mais derrière cette nouvelle assez anodine pour nous, imagine t'on les centaines, les milliers d'heures qui ont été nécessaires pour arriver à ce niveau? Imagine t'on les sacrifices que ces jeunes gens ont dû s'imposer alors que leurs camarades du même âge profitaient de l'adolescence? Réalisons-nous l'abnégation qu'il a fallu pour en arriver au but envisagé? Et cela, Paul, l'apôtre infatigable, savait l'admirer chez les athlètes ; il écrit en effet aux Corinthiens, qui avaient la tradition des Jeux Isthmiques:24 Ne savez-vous pas que, sur un stade, tous les concurrents courent pour gagner et, cependant, un seul remporte le prix? Courez comme lui, de manière à gagner.25 Tous les athlètes s'imposent une discipline sévèredans tous les domaines pour recevoir une couronne, qui pourtant sera bien vite fanée, alors que nous, nous aspirons à une couronne qui ne se flétrira jamais.26 C'est pourquoi, si je cours, ce n'est pas à l'aveuglette, et si je m'exerce à la boxe, ce n'est pas en donnant des coups en l'air.27 Je traite durement mon corps, je le maîtrise sévèrement, de peur qu'après avoir proclamé la Bonne Nouvelle aux autres, je ne me trouve moi-même disqualifié.(I Corinthiens 9. 24-25, Bible du Semeur)  
La discipline, voilà le modèle ! Et voilà un mot qui n'est plus du tout compris de nos jours et qu'on a tendance à trouver incompréhensible et absurde pour notre foi. « Discipline » c'est presqu'un gros mot pour une société dont l'immédiateté et le moindre effort sont devenus les catéchismes. Pourtant, même si le mot nous paraît désagréable par la limitation de liberté qu'il semble impliquer, nous devons comprendre que quand nous parlons de « discipline chrétienne », c'est pour évoquer l'idée d'exercer, de pratiquer;  et cela indique l'application méthodique, l'exercice répété, l'effort pour acquérir une aptitude et une compétence spécifique. On est venu me voir après le très beau concert qu'Elsa, Stuart, Charlott et Dawn nous ont offert pour les 40 ans de la paroisse, en disant « quel talent ils ont!! ». Oui, il y a du talent mais encore une fois, que d'heures passées pour domestiquer la voix, pour trouver le doigté sur la flûte ou le bon coup d'archet. Il est tout à fait pssoible d'avoir du talent, et de la gâcher en De même un athlète s'exerce pour améliorer toujours plus sa performance; un médecin, un ingénieur ou un ébéniste doit se former et s'exercer pour pratiquer son métier avec compétence. Pourquoi en irait-il différemment dans la vie spirituelle?  

On a pu dire que les chrétiens ressemblaient à des crocodiles, parce que come ces animaux, ils n'arrêtaient jamais de grandir. Dans cette maturation de notre foi, la discipline, l'exercice a toute sa place pour permettre notre croissance spirituelle. Voilà qui est mal vu aujourd'hui dans notre société qui privilégie la spontanéité et l'improvisation à la discipline, et malheureusement cette mentalité entre bien souvent dans nos Eglises ; alors que dans tant de domaines, nous acceptons de prendre du temps pour nous perfectionner, nous restons souvent en ce qui concerne notre vie de foi au stade de notre enfance! Le résultat? Des chrétiens qui, après des années de foi en sont encore à une immaturité spirituelle désolante. Quel gâchis!
Oui, cela nécessite quelques efforts et de l'organisation pour avoir chaque jour un temps de culte personnel ou familial, pour se nourrir spirituellement de la Bible, en lisant les textes du plan de lecture de la Fédération Protestante de France ou Notre Culte Quotidien, pour décourvri la richesse de la tradition chrétienne, le sens des symboles et des rites, pour nourrir une réflexion théologique un peu plus poussée en lisant certains ouvrages... mais vraiment, cela en vaut la peine. C'est la tendance des adolescents de rejeter le travail, la discipline au nom de la spontanéité et de l'authenticité!
Nous sommes souvent dans le domaine de la foi des adolescents: nous aimerions par exemple que l'Eglise s'adapte plus aux modes, qu'elle se modèle à nos humeurs, au lieu de nous laisser modeler par ce qui a été vécu par tant de générations avant nous, et de faire l'effort d'entrer dans ce trésor de notre héritage qui est à portée de notre main... Oui, la vie spirituelle, la vie chrétienne, nécessite des exercices, une discipline pour grandir, pour prendre sa pleine stature...

Comme les athlètes du stade, nous sommes donc invités à nous exercer pour progresser dans notre vie spirituelle; mais attention, car l'image a ses limites. En effet, le but de notre discipline n'est pas de nous « améliorer », ni d'atteindre une perfection morale...En terme plus moderne, on pourrait dire que le but n'est pas de "développer nos performances'' afin d'écraser les autres, d'être le premier sur le podium!! Le but de l'exercice spirituel, c'est de pouvoir ôter tout ce qui fait obstacle à l'Amour, à la Vie du Christ en nous et non de devenir des super-spirituels ! Comme l'a dit le penseur orthodoxe James Kushiner, « la discipline ne nous rapprochera pas de Dieu. Seul Dieu peut nous rapprocher de lui-même. Ce que le discipline permet, c'est de mettre notre moi, notre ego hors du chemin afin que nous puissions nous ouvrir à cette grâce divine »
C'est ce qu'affirme Paul quand il utilise cette image de la course:
Paul dit qu'il oublie tout ce qui est en arrière pour ne tendre que vers le but... Et quand on lit cela dans le contexte de cett épître que nous lisons depuis deux semaines, on voit qu'il vient de faire allusion à toutes les réussites de sa vie avant sa rencontre avec le Christ: réussites sociales, religieuses, performances spirituelles, tout cela n'est que balayures, depuis qu'il s'est laissé saisir par le Christ. Il peut donc oublier aussi bien ses réussites que ses échecs , pour toujours être tendu en avant, vers l'Avenir ouvert par le Christ... On pourrait donc dire en suivant Paul, que l'exercice principal de la foi, c'est d'accepter d'être soi-même dans le regard d'Amour de Dieu, de consentir à ce que notre identité ne soit fondée que dans cette relation à cet Autre qui nous la donne. C'est renoncer à se construire par soi-même et accepter cette dépendance de Dieu.  

Il n'y a donc dans une telle idée de mise en concurrence avec autrui comme notre société aime tellement en provoquer, mais la seule lutte est contre le péché, qui nous dit l'épître aux Hébreux, est un fardeau qui handicape notre course (Hébreux 12.1). Le péché, c'est justement tout ce qui ce qui coupe la relation avec Dieu et avec les autres.... Tous nos "exercices" spirituels sont là pour nous aider à nous détacher de nous-mêmes, à ne plus nous prendre pour le nombril du monde et le centre de perspective de la réalité, afin de laisser en nous toujours plus de place au Christ dans notre vie.  

Juste un point important pour terminer: dans cette lutte, nous ne sommes pas seuls, nous "sommes entourés d'une nuée de témoins" qui peuvent nous aider à courir cette course de la vie chrétienne avec persévérance. " En attendant, au point où nous sommes arrivés, marchons dans la même direction" vers le Christ qui nous a saisis, qui nous donne la force de nous relever et de persévérer afin qu'il puisse toujours mieux régner en nous. Amen



dimanche 18 septembre 2011

Dieu vient habiter au milieu de son peuple (Exode 25)

Chers frères et soeurs en Jésus-Christ,
Nous commençons une série de prédications sur les chapitres 25 à 30 du livre de l’Exode. Ces chapitres sont remplies d’images fascinantes. Dieu prend plaisir à utiliser des aides visuelles pour nous enseigner des réalités spirituelles profondes. Dieu a commandé à Moïse de construire une tente spéciale de grande dimension au milieu de son peuple. Dieu a d’abord délivré Israël de son esclavage en Égypte. Ensuite, il les a conduits au Sinaï pour faire alliance avec eux. Et maintenant il veut demeurer au milieu d’eux. On peut résumer le livre de l’Exode en trois mots: libération, communion, habitation. Nous allons nous concentrer sur l’habitation. La tente était divisée en plusieurs pièces et contenait différents objets, des rideaux, un autel pour les sacrifices, une grande cuve, un chandelier d’or, une table pour mettre du pain,un autel en or pour l’encens et bien sûr l’arche de l’alliance. Chacun de ces objets symbolise une vérité
profonde que Dieu veut nous enseigner. Au cours des prochains mois, nous allons examiner plusieurs de ces objets. Commençons aujourd’hui par la tente dans son ensemble. Quelle bonne nouvelle! Dieu vient habiter au milieu de son peuple. Son lieu d’habitation est:
1. Un sanctuaire
2. Une maison
3. La copie d’un modèle
1. Un sanctuaire
Cette tente est d’abord un sanctuaire. Exode 25:8: « Ils me feront un sanctuaire. » (miqdash). Dans notre façon courante de parler, le mot sanctuaire veut souvent dire refuge ou protection. Par exemple, l’île
Bonaventure en Gaspésie est un sanctuaire d’oiseaux magnifique. Dans la Bible, le mot sanctuaire ne veut pas dire refuge. Il veut dire quelque chose de saint. Dieu veut que son lieu d’habitation soit saint, séparé du reste. C’est un lieu de pureté où le péché n’a pas sa place. Pourquoi? Parce que Dieu qui vient y habiter est saint, il est pur. Il ne peut pas être contaminé par le péché ou la corruption. Comment est-il possible de garder ce lieu saint, alors que Dieu vient faire sa demeure sur terre, au milieu d’un peuple pécheur, rebelle et obstiné?
Dieu a prévu toute une architecte et toute une liste de cérémonies pour que des hommes pécheurs puissent s’approcher de ce lieu saint. L’emplacement reflète la sainteté du sanctuaire. Dieu a établi des cercles
concentriques de sainteté. Tout d’abord, la tente était placée au milieu du campement d’Israël. À l’extérieur du camp, c’est le monde impur païen; à l’intérieur, la nation sainte d’Israël. Puis, autour de la tente, il y avait une grande et haute clôture qui protégeait l’intérieur. Tout Israélite pouvait entrer par la porte pour offrir un sacrifice, mais on devait rester dans la zone appelée le parvis. Pas le droit d’aller plus loin. Ensuite, il y avait le lieu saint, séparé du parvis. Seuls les sacrificateurs pouvaient entrer dans le lieu
saint pour y faire leur travail. Il y avait enfin le lieu très saint, séparé par un voile épais et qui contenait l’arche de l’alliance. C’est là que Dieu manifestait sa présence et sa gloire. Seul le souverain sacrificateur pouvait y entrer, une fois par année seulement, le jour de l’expiation. Autrement, le reste du temps et pour toute autre personne, c’était zone interdite sous peine de mort! Plus on s’approchait du coeur du sanctuaire, plus le lieu devenait saint, dangereux et difficile d’accès.
Même les matériaux et la couleur des objets symbolisaient ces différents cercles de sainteté. La grande clôture était blanche. La toile autour du lieu saint était recouverte de poil de chèvre à l’extérieur. À l’intérieur, elle était beaucoup plus riche et belle, avec du violet, du pourpre, du rouge écarlate et des broderies en or, comme si on entrait au ciel. Et puis dans le lieu très saint, tout était recouvert d’or. Tout brillait de gloire et de pureté. Oui, ce lieu est vraiment un lieu saint, le ciel descendu sur terre!
Que nous enseignent tous ces symboles? Que Dieu est un Dieu saint. Il est d’une pureté éclatante, d’une sainteté parfaite. Le sanctuaire était une démonstration visible de la sainteté de Dieu. Tout Israël pouvait
voir et trembler. Mais c’était plus que cela. Le sanctuaire était aussi une démonstration visible que le peuple d’Israël doit être saint. Dieu veut habiter au milieu d’un peuple saint. Lév. 11:44-45: « Car je suis l’Éternel, votre Dieu; vous vous sanctifierez et vous serez saints, car je suis saint; et vous ne vous rendrez pas impurs par toutes ces petites bêtes qui rampent sur la terre. Car je suis l’Éternel, qui vous ai fait monter du pays d’Égypte, pour être votre Dieu; et vous serez saints, car je suis saint. »
Aujourd’hui, la tente de la rencontre n’existe plus. C’était une image de Jésus-Christ. Jésus est descendu du ciel pour venir habiter au milieu de nous, sur la terre. Il était parfaitement saint, et pourtant, il s’est abaissé à vivre au milieu d’un peuple pécheur. Quelle humiliation pour le Dieu saint de venir dans notre condition humaine corrompue! Une fois son travail terminé sur terre, Jésus est remonté au ciel dans sa gloire. Aujourd’hui, il nous envoie son Esprit Saint. Paul dit en 1 Cor. 3:16: « Ne savez-vous pas que
vous êtes le temple de Dieu et que l’Esprit de Dieu habite en vous? » Oui, l’Église est le temple du Saint- Esprit! Nous sommes le sanctuaire de Dieu, là où Dieu a choisi de faire sa demeure sainte sur terre.
Pensez-y un instant. Le Dieu saint habite en personne au milieu de nous, il habite en nous, dans nos coeurs. Quelle réalité profonde et glorieuse! Déjà le ciel sur la terre, du moins en partie.
Alors, quelle devrait être notre vie, notre conduite et nos pensées? Nous sommes le peuple saint de Dieu,appelés à vivre dans la sainteté. 1 Pi. 2:15-16: « De même que celui qui vous a appelés est saint, vous aussi devenez saints dans toute votre conduite, puisqu’il est écrit: Vous serez saints, car je suis saint. »
L’épître aux Hébreux ajoute: « Recherchez la sanctification, sans laquelle personne ne verra Dieu. »
Chers frères et soeurs, recherchons-nous de tout coeur notre sanctification? Si nous ne le faisons pas, nous ne pourrons pas voir Dieu. Nous avons été déclarés saints, mis à part pour Dieu. Nous efforçons-nous de devenir saints dans toute notre conduite? Sommes-nous une démonstration visible de la sainteté de Dieu? Si Dieu a pris tant de soin à la fabrication d’un sanctuaire fait en bois, en peau de chèvre, en bronze et en or, est-ce qu’il ne prend pas encore plus de soin à nous « fabriquer », à nous transformer pour que nous devenions purs, un temple saint, plein de gloire et de beauté pour Dieu?
2. Une maison
Deuxièmement, cette tente au milieu d’Israël est une maison (mishqan). Verset 8: « Ils me feront un sanctuaire et je demeurerai au milieu d’eux. » Au verset 9, le mot « tabernacle » signifie une demeure, une habitation. Dieu veut avoir une maison pour demeurer au milieu de son peuple. Voilà ce qu’il fait encore avec son Église. Il vient demeurer avec nous. Mais qu’est-ce que ça veut dire?
Dieu est infiniment grand. Il est impossible de l’enfermer dans un lieu précis. Le roi Salomon le savait très bien quand il a bâti le temple à Jérusalem. Il a dit: « Dieu habiterait-il véritablement sur la terre? Voici que les cieux et les cieux des cieux ne peuvent te contenir: combien moins cette maison que je t’ai bâtie! »(1 Rois 8:27).
Oui, Dieu est trop grand pour être contenu dans une maison. Il est présent partout. Et pourtant, il a bien voulu se faire présent d’une manière toute spéciale au milieu de son peuple.C’est le but ultime de notre salut. Dieu n’a pas délivré son peuple d’Égypte juste pour qu’ils soient libérés de leur misère pour ensuite avoir la liberté de faire ce qu’ils veulent. Dieu les a libérés pour faire alliance avec eux, vivre en communion avec eux, habiter avec eux. Ex. 29:45-46: « Je demeurerai au milieu des Israélites et je serai leur Dieu. Il reconnaîtront que je suis l’Éternel, leur Dieu, qui les ai fait sortir du
pays d’Égypte, pour demeurer au milieu d’eux. » Le grand message de la Bible n’est pas seulement la venue de Jésus-Christ pour nous délivrer de nos péchés et de notre misère. Le grand message de la Bible, c’est que Dieu nous délivre par Jésus-Christ pour faire de nous son peuple, pour qu’il soit notre Dieu et pour qu’il vienne habiter avec nous. Ce thème parcourt toute la Bible jusqu’à la fin de l’Apocalypse.
Quand la nouvelle Jérusalem descendra du ciel, Dieu habitera avec son peuple pour toujours. Apoc. 22:3:« Il habitera avec eux, ils seront son peuple, et Dieu lui-même sera avec eux.»

Oui, la tente représente la sainteté de Dieu. Elle représente aussi la grâce de Dieu. Dieu impose des limites, il met des barrières, il indique les zones dangereuses, car il est saint. En même temps, il a prévu une porte d’entrée. Il a préparé un moyen d’entrer pour que son peuple vienne le rencontrer et l’adorer.
N’oublions pas que sa demeure s’appelle aussi « la tente de la rencontre » (Ex. 29:42-43). Dieu vient habiter au milieu de son peuple pour nous rencontrer. Il vient vivre avec son peuple, il marche avec eux.
Dans le désert, Israël faisait du camping sous la tente. Dieu a fait du camping avec eux. À chaque jour, dans leurs inquiétudes, les Israélites pouvaient regarder au milieu du camp et voir la représentation de la présence de Dieu au milieu d’eux. Celui qui les a délivrés d’Égypte est encore avec eux. Le même feu qui les a protégés des Égyptiens et qui est descendu sur la montagne du Sinaï était encore là sur la tente.
Tout Israélite pouvait entrer dans le parvis et venir adorer Dieu. Il fallait qu’il apporte un animal en sacrifice pour ses péchés ou une offrande pour remercier Dieu. Les sacrificateurs entraient dans le lieu saint et dans le lieu très saint pour les représenter. C’est là que Dieu rencontrait son peuple, dans la tente de la rencontre.
Oui, Dieu est saint et ne tolère pas le péché dans sa présence. En même temps, Dieu est plein de grâce.
Venir dans sa présence nous procure sa grâce. Dieu a prévu un moyen pour aider les pécheurs, les malades, les affligés, pour les soulager de leur fardeau. La tente de la rencontre était remplie d’images et de symboles représentant visuellement la grâce de Dieu. C’était pour aider Israël dans leur faiblesse. On offrait des sacrifices pour les péchés. Dieu les acceptait. On faisait brûler de l’encens qui montait vers le ciel pour symboliser les prières du peuple que Dieu entendait. N’est-ce pas encourageant de savoir que
nos prières sont entendues? Le chandelier montrait que Dieu est leur lumière sur la route. Le pain sur la table montrait que Dieu les fortifie et prend soin d’eux dans leurs besoins. Tout ça est tellement encourageant. Oui, la maison de Dieu sur terre est le signe de la sainteté de Dieu. Elle est aussi le signe
de sa grâce. Un encouragement puissant à venir puiser à l’abondante fontaine de la grâce.
Dieu demeure parmi son peuple. Il ne détruit pas par le feu ceux qui se repentent, qui apportent des sacrifices pour leurs péchés et qui viennent devant Dieu pour le remercier.
C’est encore bien plus vrai aujourd’hui. Jean 1:14: « La Parole a été faite chair et elle a habité parmi nous, pleine de grâce et de vérité; et nous avons contemplé sa gloire, une gloire comme celle du Fils unique venu du Père. » Jésus, le Fils de Dieu, est venu habiter parmi nous. Il est venu accomplir le
symbole de la tente de la rencontre. Il est venu nous rencontrer, plein de grâce et de vérité, brillant de la glorieuse présence de Dieu sur terre.
Nous avons la porte d’entrée, Jésus-Christ. Nous avons notre Souverain Sacrificateur, Jésus-Christ, qui s’est présenté pour nous dans le sanctuaire céleste. Nous avons son parfait sacrifice offert une fois pour toutes pour nos péchés. Nous avons reçu le Saint-Esprit. L’Église est maintenant la maison de Dieu sur terre. Quel beau message! Dieu désire être présent dans nos vies. Il nous accompagne, il marche avec nous, il veut vivre en communion avec nous. La tente de la rencontre est magnifique de richesse et de
beauté. Nous n’avons plus besoin de cette tente. Dieu a fait de nous son temple encore plus magnifique. Il nous rencontre là où nous sommes. Quand nous sommes réunis ensemble en Église, il se fait présent de manière toute spéciale. Réjouissons-nous de venir ensemble dans sa présence! Venons recevoir ce grand encouragement! Venons puiser à l’abondante fontaine de sa grâce au milieu de son Église!

3. La copie d’un modèle
Troisièmement, cette tente au milieu d’Israël est la copie d’un modèle. Ex. 25:9: « Vous exécuterez tout selon le modèle du tabernacle et selon le modèle de tous ses ustensiles que je te montrerai. » Verset 40:« Regarde, puis exécute d’après le modèle qui t’est montré sur la montagne. » Avant de construire une maison, on trace un plan. Dieu est l’Architecte de sa maison. Il a pris soin de révéler à Moïse le plan précis de toute sa maison, la grandeur des pièces, la disposition du mobilier, le type de matériaux employés, les couleurs de chaque objet, les ornementations des draperies, plein de détails. Pour aider Moïse, Dieu lui a montré un modèle visuel, tri-dimensionnel. Les ouvriers devaient suivre exactement ce modèle, jusqu’aux anneaux et aux crochets.
Cette maison est un lieu d’adoration. Dieu n’a pas laissé à son peuple la liberté de décider comment il devait être adoré. On ne peut pas adorer Dieu n’importe comment, comme on pense que c’est bon de le faire. On doit adorer Dieu comme il nous prescrit dans sa Parole. Beaucoup de chrétiens aujourd’hui et beaucoup d’Églises se posent des questions sur l’adoration. L’élément clé pour adorer Dieu n’est pas la qualité musicale, ni l’ambiance, ni le bon accueil. L’élément clé pour adorer Dieu, c’est la présence de
Dieu au milieu de nous. La tente de la rencontre était un endroit où les Israélites devaient s’incliner devant la présence de Dieu, pour lui rendre toute adoration et toute louange.
Mais cette tente avec tous ses objets était seulement une copie du modèle céleste. Héb. 8:5 nous dit que les croyants de l’Ancien Testament célébraient « un culte qui est une image et une ombre des réalités à venir, ainsi que Moïse en fut divinement averti, quand il allait construire le tabernacle: Regarde, lui dit Dieu, tu feras tout d’après le modèle qui t’a été montré sur la montagne. » L’épître aux Hébreux cite Exode 25. Israël avait seulement une ombre, une image, une copie du vrai modèle. Nous avons la réalité.
Nous avons Jésus-Christ, descendu du ciel et remonté au ciel, dans le vrai sanctuaire. Tout ce qui était symbolisé par la tente est pleinement accompli en Jésus-Christ.
Nous sommes peut-être parfois tentés de nous dire: Oui, mais eux, dans l’Ancien Testament, ils avaient au moins quelque chose de visible, des symboles, des images, des illustrations. Rappelons-nous que nous
avons toute la richesse de ces symboles en Jésus-Christ. Nous sommes beaucoup plus riches qu’eux.
Aujourd’hui, Dieu se fait présent parmi nous par sa Parole et par son Esprit pour nous donner cette richesse. Nous avons aussi les sacrements qui sont des signes visibles de sa grâce. Tout cela nous suffit pour adorer Dieu comme il veut, en esprit et en vérité.
Le psalmiste de l’Ancien Testament priait avec ferveur le Psaume 42. Nous pouvons prier avec encore plus de ferveur ce Psaume 42: « Comme une biche soupire après des courants d’eau, ainsi mon âme soupire après toi, ô Dieu! Mon âme a soif de Dieu, du Dieu vivant: Quand irai-je et paraîtrai-je devant la face de Dieu? » Il y a aussi cette belle prière du Psaume 84. Que cette prière vibre aussi dans nos coeurs: « Combien tes demeures sont chéries, Éternel des armées! Mon âme soupire, elle défaille après
les parvis de l’Éternel, mon coeur et ma chair acclament le Dieu vivant… Heureux ceux qui habitent ta maison! Ils te loueront encore. Heureux les hommes dont la force est en toi! Ils ont dans leur coeur des chemins tout tracés… Mieux vaut un jour dans tes parvis que mille ailleurs. » Amen.

dimanche 11 septembre 2011

Matthieu 18.21-35

Autres textes: Genèse 50.15-21, Romains 14.7-9

Pierre s'approcha de Jésus et lui dit: «Seigneur, combien de fois pardonnerai-je à mon frère, lorsqu'il péchera contre moi? Est-ce que ce sera jusqu'à 7 fois?»
22 Jésus lui dit: «Je ne te dis pas jusqu'à 7 fois, mais jusqu'à 70 fois 7 fois. 23 »C'est pourquoi, le royaume des cieux ressemble à un roi qui voulut régler ses comptes avec ses serviteurs.
24 Quand il se mit à l'oeuvre, on lui en amena un qui devait 10'000 sacs d'argent.
25 Comme il n'avait pas de quoi payer, son maître ordonna de le vendre, lui, sa femme, ses enfants et tout ce qu'il avait, afin d'être remboursé de cette dette.
26 Le serviteur se jeta par terre et se prosterna devant lui en disant: '[Seigneur,] prends patience envers moi et je te paierai tout.'
27 Rempli de compassion, le maître de ce serviteur le laissa partir et lui remit la dette.
28 Une fois sorti, ce serviteur rencontra un de ses compagnons qui lui devait 100 pièces d'argent. Il l'attrapa à la gorge et se mit à l'étrangler en disant: 'Paie ce que tu me dois.'
29 Son compagnon tomba [à ses pieds] en le suppliant: 'Prends patience envers moi et je te paierai.'
30 Mais l'autre ne voulut pas et alla le faire jeter en prison jusqu'à ce qu'il ait payé ce qu'il devait. 31 A la vue de ce qui était arrivé, ses compagnons furent profondément attristés, et ils allèrent raconter à leur maître tout ce qui s'était passé. 32 Alors le maître fit appeler ce serviteur et lui dit: 'Méchant serviteur, je t'avais remis en entier ta dette parce que tu m'en avais supplié. 33 Ne devais-tu pas, toi aussi, avoir pitié de ton compagnon comme j'ai eu pitié de toi?' 34 Et son maître, irrité, le livra aux bourreaux jusqu'à ce qu'il ait payé tout ce qu'il devait. 35 C'est ainsi que mon Père céleste vous traitera, si chacun de vous ne pardonne pas à son frère de tout son coeur.»


Chers frères et soeurs en Christ,
chers amis,


Notre évangile de ce dimanche nous apprend quelque chose de fondamental: le pardon, ça ne compte pas. Attention! Je ne suis pas en train de dire par là que le pardon est quelque chose de négligeable. Au contraire, sans pardon, vous et moi serions perdus. Ce que je veux dire, c'est que, comme Jésus nous l'enseigne aujourd'hui, le pardon ne tient pas de comptabilité, qu'il n'est pas toujours en train de regarder dans ses livres combien de fois il a pardonné ou la quantité de péchés qu'il a dû absoudre.
C'est ainsi que Dieu agit envers nous, et c'est ainsi que les chrétiens sont appelés à agir les une envers les autres. Dieu nous pardonne, totalement et gratuitement; et nous devons nous aussi nous pardonner gratuitrement et totalement, sans garder la petite comptabilité de notre pardon. C'est le line que Jésus fait dans la parabole du serviteur infidèle.
C'est une question de Pierre qui pousse Jésus à raconter cette parabole. Le Seigneur vient de commencer à parler de la vie commune dans l'Eglise qu'il va bientôt fonder; comment nous devons agir envers un frère qui pèche contre nous, comment nous devons chercher à la ramener à une conduite chrétienne. Ayant entendu cela, Pierre demande: « Seigneur, combien de fois pardonnerai-je à mon frère, lorsqu'il péchera contre moi? Est-ce que ce sera jusqu'à 7 fois?»
Pierre essaie de quantifier le pardon. Il veut garder des traces. En fait, il veut sans doute jouer au spirituel, en prenant un chiffre symboliquement fort « regarde Jésus, je suis prêt à pardonner jusqu'à 7 fois!! C'est bien; hein? »
Mais Jésus prend Pierre à son propre jeu: «  Je ne te dis pas jusqu'à 7 fois, mais jusqu'à 70 fois 7 fois ». 70x7=490!! C'est beaucoup, beaucoup plus que 7. Il va falloir que je m'achète un gros carnet pour noter tous mes pardons. Mais bon, si je note bien tout, je ne vais pas louper le gars à la 491eme fois. Croyez-moi, ça va tomber!! Mais ça n'est pas ça que Jésus veut dire. Ca n'est pas 488: pardon, 489: pardon, 490: pardon, 491: VENGEANCE!!!
En fait, dans l'Ancien Testament, Dieu s'était montré patient envers le peuple d'Israël pour 70 années de Sabbat. Comme ces années revenaient tous les 7 ans, cela fait 70x7= 490. Pendant tout ce temps, Dieu a pardonné à son peuple ses mauvaise voies et a cherché à la ramener à lui, vana t de permettre l'invasion du pays par les Babyloniens. Et même alors, le Père a protégé son peuple dans son exil, au lieu de les détruire, comme ils le méritaient. En fait, ils les a même ramenés dans le Pays Promis...après 70 ans! Voilà comment est la pardon de Dieu, et je crois que Jésus voulait rappeler à Pierre que le pardon de Dieu envers Israël s'était étendu sur 490 ans et bien au-delà en fait!!
Pierre, ne compte pas, pardonne, que ce soit la 492ème fois ou la première. Et pour être encore plus précis, Jésus raconte une parabole. Je vous la réusme: un serviteur doit une somme énorme à son roi, une somme qui se compterait aujourd'hui en dizaine de millions, une dette qui nécessiterait un énorme plan de rigueur pour être honoré. Dans les temps bibliques, de sérieuses conséquances attendaient celui qui ne pouvait rembourser ses dettes. Son créancier pouvait l'obliger; lui et sa famille, à travailler jusqu'au remboursement du dernier sou. Il pouvait aussi le faire jeter en prison ou le vendre comme esclave, avec tous les siens, pour se rembourser. En cas d'incapacité totale à rembourser, le débiteur restait en prison à vie.
Pourtant, le roi ne fait rien de cela, même si le droit aurait été pour lui. Non, il prend pitié de lui, lui remet son énorme dette et le laisse partir libre. Voilà un serviteur qui vient d'apprendre une bonne et saine leçon sur le pardon et la graçe...Mais en fait, il n'a rien appris du tout.
En effet, la première chose qu'il fait une fois libre est d'aller un autre serviteur qui se trouve lui devoir de l'argent; une somme qui serait aujourd'hui l'équivalente de 2500 euros peut-être. L'autre ne peut pas le payer. Et le premier serviteur, auquel on a tant remis, se montre être un créancier impitoyable. Il saisit l'autre homme à la gorge, exige d'être payé et l'envoie en prison.
Le serviteur n'a manifestement pas appris compris comment le pardon fonctionne dans ce royaume. Il montre clirement qu'il refuse de fonctionner sur la base de la grâce mais qu'il veut agir sur celle de la comptabilité, de la garde minitieuse des dettes. Il refuse de suivre la voie du roi.
Le roi l'apprend et dit: « elle n'est pas bien ma façon de faire? Très bien; on va faire selon la tienne alors. Enlevez-le moi de la vue et mettez-le au trou ».
Et Jésus de bien enfoncer le clou, pour qu'aucun de nous ne se méprenne: « C'est ainsi que mon Père céleste vous traitera, si chacun de vous ne pardonne pas à son frère de tout son coeur. »


Frères et soeurs en Christ, le sens de cette parabole est claire: le pardon est le principe selon lequel le royaume de Dieu fonctionne, et nous devons le savoir si nous prétendons être les sujets de ce royaume. Si vous voulez agir selon un autre principe, sur la vengeance, sur le « je te revaudrai ça »,vous vous exposez à des problèmes.
Ce n'est pas ainsi que Dieu vous a traités, alors pourquoi traiter ainsi votre frère dans la foi? Dieu l'a paronné, comme il vous a pardonné. Pourquoi alors agir comme si vous étiez plus grand que Dieu, car c'est biende cela qu'il s'agit! Oui, refuser le pardon au pécheur repentant, c'est tomber dans l'idôlatrie, car c'est refuser les voies de Dieu.
Cette importance du pardon, Jésus y revient encore et toujours dans les Evangiles. Et je crois que si le Seigneur a tant insisté, c'est parce qu'il savait que nous avons naturellement du mal avec ce thème.
La grace envers les pécheurs, l'amour les uns envers les autres; ce sont des idées centrales dans l'enseignement de Jésus. Jésus a même placé toute une théologie du pardon dans le Notre Père, la prière des chrétiens. « Pardonne-nous nos offenses, comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés ». Comme le dit Luther « Nous prions notre Père céleste qu'il ne regarde point nos péchés, et qu'il ne repousse pas nos demandes à cause d'eux; car nous sommes indignes de ses bienfaits et ne pouvons les mériter; mais nous le supplions de nous les accorder par grâce, puisque nous péchons tous les jours et ne méritons que des châtiments. C'est pourquoi, à notre tour, nous pardonnerons de tout notre coeur et nous ferons du bien à ceux qui nous offensent. »
Et, dans le Symbole des Apôtres, nous disons « je crois en la rémission des péchés ». Est-ce vrai? Est-ce que nous croyons vraiment que Dieu nous a pardonnés? Et, par conséquent, que nous pouvons pardonner aux autres et à nous-mêmes par la même occasion?
Je crois que si Jésus a parlé à ses disciples de l'importance du pardon dans l'Eglise, c'est parce qu'il savait que là où il existe une communauté humaine des conflits et des offenses peuvent apparaître. C'est vrai au travail, dans les familles. Mais si l'Eglise est humaine, elle est aussi divine, et elle suit donc les lois du royaume de Dieu. Le pardon, au sein de la communauté chrétienne, c'est un peu comme l'huile de moteur. Vous savez que, sans huile, votre moteru va chauffer et se gripper. Ou bien, c'est comme le cartilage des genoux. C'est très important le cartilage, et on s'en rend compte quand on n'en a plus, parce que dans ce cas, les os sont directement en frottement, et que cela fait mal.


Frères et soeurs, nous pourrions continuer longtemps sur ce thème du pardon, sur toutes ses ramifications dans nos existences? Je pourrai vous dire qu'il faut se méfier d'une fausse vision du pardon qui consiste à trop facilement « passer l'éponge » alors qu'il n'y pas de trace de repentir de la part de l'offenseur. Il faut ici distinguer la disposition à pardonner (qui sera libération pour nous) à la capacité à pouvoir prononcer le pardon. Car; comme le dit Roger Vercellino-Aris « Pardonner sans contrepartie risque d’être perçu comme l’amorce d’une tendance à cautionner le mal. L’offenseur peut penser que son acte n’est pas grave. L’objectivité de la faute est alors atténuée ou éliminée, et le pardon devient synonyme de faiblesse.Si pardonner signifie admettre une situation d’iniquité, d’inégalité et de tolérance laxiste, alors bien sûr il n’y a respect ni de l’autre ni de soi »
Le risque aussi que nous courons est tomber dans l'exhortation morale quand nous parlons du pardon chrétien. Or, plus encore que dans les autres domaines, cet aspect de notre foi nous incite à ne pas regarder à nos propres forces ou en nous-mêmes (où nous ne trouverons souvent qu'un « après ce qu'il m'a fait, je n'arrive pas à lui pardonner »).
Encore une fois, c'est vers la croix de Christ que nous sommes amenés à porter nos regards. A la croix nous comprenons ce que c'est que le pardon de Dieu nous saisisson l'étendue de la dette qui nous a été remise par notre roi. Elle valait plusieurs dizaines de sacs d'argent. Allons-nous refuser de pardonner au frère ou à la soeur qui nous doit quelques piècettes?
Dans notre première lecture de ce dimanche, nous avons un magnifique exempel d'action de l'Esprit Saint dans la vie de Joseph. Les frères de Joseph avaient espéré que l'esclavage tuerait leur frère, mais le Seigneur l'avait protégé et lui avait permis d'accèder aux plus hautes fonctions d'Egypte. Et Joseph, comme tout croyant (même dans l'ancienne alliance) a regardé à son Seigneur, il a cru que son Dieu allait envoyer un jour un sauveur qui apporterait le pardon. Il n'a pas voulu se mettre à place de Dieu.


Le pardon ne compte pas, il ne se retient pas, il ne se lasse pas. Il n'est pas affaire de crédit qui s'épuiserait, car Dieu est une source inépuisable de pardon, et c'est en lui que nous trouverons la force de pardonner aux autres. Il a créé en l'Eglise une famille, au sein de laquelle le pardon est plus qu'une façon de faire: un mode de vie...


lundi 5 septembre 2011

JEAN 10.22-30




22 On célébrait alors à Jérusalem la fête de la dédicace. C'était l'hiver.
23 Jésus marchait dans le temple, sous le portique de Salomon. 24 Les Juifs l'entourèrent et lui dirent: «Jusqu'à quand nous laisseras-tu dans l'incertitude? Si tu es le Messie, dis-le-nous franchement.»
25 Jésus leur répondit: «Je vous l'ai dit et vous ne croyez pas. Les oeuvres que je fais au nom de mon Père témoignent en ma faveur,
26 mais vous ne croyez pas parce que vous ne faites pas partie de mes brebis, [comme je vous l'ai dit].
27 Mes brebis écoutent ma voix, je les connais et elles me suivent. 28 Je leur donne la vie éternelle. Elles ne périront jamais et personne ne pourra les arracher à ma main.
29 Mon Père, qui me les a données, est plus grand que tous et personne ne peut les arracher à la main de mon Père.
30 Le Père et moi, nous sommes un.»





Que la grâce de Jésus-Christ, l'amour de Dieu le Père et la communion du Saint-Esprit soient avec vous tous. Amen.



Chers frères et soeurs en Christ,
chers amis qui nous avez fait le plaisir de nous rejoindre en ce beau jour,
L'Eglise Luthérienne en Poitou célèbre aujourd'hui le quarantième anniversaire de la création officielle de la paroisse de Prailles et de la dédicace de ce temple.

40 ans. C'est à la fois peu et beaucoup. Peu, parce que 4 décennies, cela passe très vite (je le sais, j'aurai 39 ans dans deux jours!). Mais c'est aussi beaucoup quand on songe que ces quarante années de présence luthérienne s'inscrivent dans les deux millénaires d'histoire de l'Eglise et dans la longue chaîne des témoins de Christ sur cette terre poitevine.
Certains de ces témoins sont prestigieux, comme Hilaire, évêque de Poitiers au 4ème siècle et défenseur contre toutes les hérésies de cette foi trinitaire que les églises luthériennes fidèles ont toujours confessée.
D'autres étaient trop nombreux et obscurs pour que tous leurs noms nous soient restés en mémoire, tels ces huguenots qui subirent la persécution et l'exil forcé pour demeurer fidèles à leur foi et dont l'expérience a façonné le caractère poitevin. Leur histoire nous rappelle que, si nous sommes libres de nous réunir aujourd'hui en ce temple, beaucoup de nos frères et soeurs connaissent encore actuellement la persécution à cause de leur foi.

C'est donc avec la certitude d'être entourés d'une grande nuée de témoins que nous nous retrouvons ici en ce beau jour.


L'Evangile que nous venons d'entendre pour ce culte de célébration nous entraîne à Jérusalem. Nous sommes proches du solstice d'hiver, puisque c'est la période de la Fête de la Dédicace, où les juifs commémoraient la purification du temple par Judas Macchabée en 164 ap JC, après qu'Antiochus Epiphane l'ait profané en sacrifiant un porc (animal impur) sur l'autel. D'ailleurs, dans le judaïsme contemporain, on continue à célébrer cette fête, mais sous un autre nom, que vous connaissez peut-être: Hanukkah, la fête des lumières.
Et je crois que notre texte nous permet de jeter une grande lumière sur Jésus sur son identité et sur ce qu'il accomplit dans chacune de nos vies et dans l'Eglise. 
 

Comme c'est son habitude, Jésus se trouve à Jérusalem, dans le temple, pour une des grandes fêtes religieuses juives. C'est alors qu'on vient lui demander: « alors, est-ce que oui ou non, tu es le messie, le sauveur promis par Dieu? Dis-le nous enfin ». C'est que Jésus commence à être connu. Ces miracles ont fait parler de lui, son enseigenemt, tellement fort et original interpelle. Est-ce que, peut-être, ce serait lui ?
Et Jésus répond en disant qu'il a déjà répondu à cette question: «  Je vous l'ai dit et vous ne croyez pas. Les oeuvres que je fais au nom de mon Père témoignent en ma faveur ». Jésus ne les a pas laissés dans le brouillard.
Ses paroles, ses actes, notamment par l'accomplissement des prophéties de l'Ancien Testament, montrent et prouvent qu'il est bien le Sauveur attendu. Le temple de Jérusalem, pas plus que celui de Prailles d'ailleurs, n'a jamais pu contenir Dieu. Mais comme nous le dit Paul en Colossiens « Dieu a voulu que toute sa plénitude habite en Christ ». Dieu n'habite pas dans des temples faits de main d'homme, mais il se révèle pleinement en son Fils, vrai homme et vrai Dieu.
Et si les juifs qui interpellent Jésus ne croient pas en lui, ce n'est pas par manque de clarté, mais par manque de foi de leur part. Jésus parle, ce sont eux qui n'entendent pas.
« vous ne croyez pas parce que vous ne faites pas partie de mes brebis »

Les brebis, ce sont donc ceux qui entendent Jésus et qui croient en lui. Et si Jésus parle ainsi des croyants, c'est parce que tout au long de ce dixième chapitre de Jean, il se décrit comme le « bon berger »: « je suis le bon berger, le bon berger donne sa vie pour ses brebis » avait dit le Seigneur peu de temp auparavant, annonçant ainsi sa mort expiatoire , par laquelle Dieu a voulu « par Christ tout réconcilier avec lui-même, aussi bien ce qui est sur la terre que ce qui est dans le ciel, en faisant la paix à travers lui, par son sang versé sur la croix. » (Colossiens 1) afin que nous puissions avoir la vie éternelle.

Cette image du berger, elle vient de loin, de l'Ancien Testament où, déjà, dans le psaume 23, David disait sa belle assurance: « L'Eternel est mon berger: je ne manquerai de rien »
L'Eglise Luthérienne en Poitou est un petit troupeau, et c'est Jésus qui est notre berger. Ce n'est pas autour de Luther que nous sommes réunis, mais autour de Christ, que l'apôtre Pierre appelle « le berger et le gardien de nos âmes » (1 Pierre 2.25)
Notre paroisse a eu des pasteurs, qui lui ont été donnés par Dieu et pour lesquels nous lui rendons grâce: Marc Amilhat bien sûr, mais il faut aussi nommer les pasteurs Marc Splingart, Claude Ludwig, Jean-Louis Schaeffer et Jacques Bruch. Chacun d'entre eux a joué un rôle dans le plan de Dieu pour notre communauté. Mais ces pasteurs, tout comme moi, n'étaient que les serviteurs du grand berger.
C'est Christ qui nous a réunis depuis 40 ans. C'est lui aussi qui, comme un berger doit le faire, a pris soin de son troupeau. Dans le psaume 23, il est dit « Il me fait prendre du repos dans des pâturages bien verts, il me dirige près d'une eau paisible.3 Il me redonne des forces, il me conduit dans les sentiers de la justice à cause de son nom. »
Comment Jésus fait-il tout cela? Comment nous donne t'il le repos? Comment nous redonne t'il des forces? Comment nous conduit-il sur le sentier de la justice?
En continuant à se donner et à se révéler comme il le faisait sur les chemins de Palestine il y a 2000 ans. Il nourrit notre foi et combat les maladies de notre âme par sa Parole, prêchée avec fidélité dans son Eglise; par la communion à son corps et à son sang dans le pain et le vin de la Cène.

Oui, dans un monde dur, et même cruel; qu'il est bon et réconfortant de savoir que Christ va prendre soin de nous, selon sa promesse. Il est le berger, nous sommes les brebis. Et, là encore, notre texte a des choses à nous dire sur ce point.

En effet, que veut dire être « une brebis de Christ »? Jésus dit «  Mes brebis écoutent ma voix». Mes brebis écoutent ma voix.
Frères et soeurs, écouter la voix de Jésus, c'est avant toute chose reconnaître qu'il nous parle dans la Bible. C'est confesser que la Bible est la Parole de Dieu. C'est reconnaître son inspiration divine et son autorité.
De façon très pressante en notre époque de relativisme doctrinal et moral, l'Eglise doit placer son enseignement et sa vie à la lumière de la Parole de Dieu. Si elle refuse de le faire, elle prend le risque, nous le voyons hélas trop souvent, de se laisser guider par toutes les modes et les fausses sagesses de notre monde, adoptant alors ce que le philosophe catholique Jacques Maritain appelait « les théologies de chien crevé au fil de l'eau ». Oui, plus que jamais c'est à la Parole de Dieu d'éprouver et de juger nos grandes idées et nos petites idoles.
Oui, plus que jamais, la Bible doit être le trésor de l'Eglise, dans lequel elle peut continuer à puiser de l'ancien et du nouveau. Prenons garde à obéir à ce qu'elle commande et à croire ce qu'elle promet.

Mais, écouter la voix de Jésus est aussi une question qui comporte une part plus intime, qui nous renvoie à notre propre vie spirituelle.
Nous vivons dans l'ère de l'information. Nous sommes tous les jours bombardés de nouvelles, de milles avis sur tout et n'importe quoi. Dans tout ce tumulte, comment percevoir la voix du Sauveur? Cela implique de savoir faire silence, de savoir trouver le silence. Nous vivons tous des vies de dingues, n'est-ce pas? Et bien, pouvoir entendre la voix de Christ est une des bonnes raisons que nous avons pour reprendre possession de notre existence, de savoir faire silence, de faire taire en nous et autour de nous toute autre voix que la sienne, pour dire: « c'est Christ que j'écoute et que je suis, et non pas les médias ou la majorité des gens ».
Ecoutons la voix de Christ, car il veut parler à chacune de ses brebis. A l'un, il va peut-être lancer un appel à le servir dans un ministère particulier au sein de l'Eglise, à un autre, ce sera peut-être une douce exhortation; à tous, enfin, quand nous en aurons besoin, ce sera une parole de réconfort et d'espérance. Dans tous les cas, si nous écoutons la voix de Christ, nous entendrons Dieu nous dire en elle « je t'aime, tu as du prix à mes yeux et je t'ai racheté ».

Christ est le berger qui prend soin de nous. Nous sommes les brebis qui l'écoutent mais aussi qui le suivent.

« Je connais mes brebis, et elles me suivent » dit Jésus. Un berger ne garde pas tout le temps ses brebis au paturage. Il les fait avancer, en les guidant, sur le chemin qu'il veut les voir emprunter.
Heureuse l'Eglise qui va se placer à la suite de son Seigneur et suivre la direction qu'il lui indique! Au fur et à mesure que nos églises se dépeuplent, que le christianisme devient un fait minoritaire dans notre pays, je vois fleurir les plans d'actions, les réflexions sur la réorganisation des paroisses, etc, etc... Tout cela est bel et bon (enfin, parfois) mais ne sert à rien si les églises locales ne se demandent pas, dans la prière et l'écoute de l'Esprit: « où Christ veut-il nous mener? »

Les luthériens du Poitou célèbrent aujourd'hui 40 ans de chemin parcouru. Il est bon de pouvoir se retourner et voir que le Seigneur a accompagné notre communauté, dans les joies et les peines qui l'ont marquée. Mais cette action de grâces pour ce qui Christ a fait parmi nous amène à nous poser la question: « brebis poitevines, où le Seigneur veut-il nous mener à présent? »

Gardons les yeux bien fixés sur lui et attachons nous à ses pas. Peut-être le Seigneur va t'il nous mener sur des chemins inconnus, dont nous n'aurions même pas soupçonné l'existence.
Il en a le droit, et nous avons l'assurance que ce berger qui aime son troupeau continuera à le mener vers les verts paturages dont nous avons besoin, parce qu'il nous aime, comme il nous l'a prouvé depuis 40 ans.

Alors, certains de la grâce du Seigneur répandue dans nos vies par Christ, recevons cette prière de l'épître aux Hébreux: Le Dieu de la paix a ramené d'entre les morts notre Seigneur Jésus, devenu le grand berger des brebis grâce au sang d'une alliance éternelle.
21 Qu'il vous rende capables de toute bonne oeuvre pour l'accomplissement de sa volonté, qu'il fasse en vous ce qui lui est agréable par Jésus-Christ, à qui soit la gloire aux siècles des siècles! Amen!