dimanche 1 janvier 2012

Galates 3.22-29

Sermon du Pasteur Poillet, Eglise Luthérienne Libre de Mulhouse

22 Mais l'Ecriture a déclaré le monde entier prisonnier du péché afin que ce qui avait été promis soit accordé par la foi en Jésus-Christ à ceux qui croient.
23 Avant que la foi vienne, nous étions prisonniers sous la garde de la loi en vue de la foi qui devait être révélée. 24 Ainsi la loi a été le guide chargé de nous conduire à Christ afin que nous soyons déclarés justes sur la base de la foi.
25 Depuis que la foi est venue, nous ne sommes plus soumis à ce guide.
26 Vous êtes tous fils de Dieu par la foi en Jésus-Christ;
27 en effet, vous tous qui avez été baptisés en Christ, vous vous êtes revêtus de Christ. 28 Il n'y a plus ni Juif ni non-Juif, il n'y a plus ni esclave ni libre, il n'y a plus ni homme ni femme, car vous êtes tous un en Jésus-Christ.
29 Si vous appartenez à Christ, vous êtes donc la descendance d'Abraham [et] vous êtes héritiers conformément à la promesse.


Frères et soeurs, entrons dans l’année nouvelle avec le désir de marcher à la lumière de l’Evangile et de servir notre Dieu ! Vivons-la comme un cadeau et une bénédiction. Voulez-vous la recette ? Mes amis, la voici : regardez ce que Dieu a fait pour vous. C’est la seule façon d’y entrer avec confiance et en paix : Regardez ce que Dieu a fait !
Et qu’a-t-il fait ? Quelque chose d’incroyable et de grandiose. Nous l’avons vu il y a quelques jours : le Seigneur tout-puissant - que le ciel et la terre ne peuvent contenir - s’est fait homme ! Il s’est incarné dans le corps d’un petit enfant que l’on a couché dans une crèche, faute de place dans les auberges de Bethlehem. Huit jours plus tard, conformément à la loi de Moïse, il a été circoncis. Ses parents obéirent ainsi au commandement donné au peuple d’Israël. Saint Paul écrit, dans cette même épître : "Lorsque le moment est vraiment venu, Dieu a envoyé son Fils, né d’une femme, né sous la loi, pour racheter ceux qui étaient sous la loi" (4.4).
"Né d’une femme, né sous la loi". Tous les humains naissent sous la loi. Qu’est-ce que cela veut dire ? Dans notre passage, ce matin, Paul précise : "Nous étions prisonniers sous la garde de la loi". Prisonnier, c’est-à-dire privés de liberté. C’est ce que nous étions, dit Paul. Et pour nous libérer, Christ a partagé notre condition ; il s’est soumis à notre humanité.
Frères et soeurs, le monde a toujours fêté le passage de la nouvelle année, longtemps avant que ne vienne Jésus-Christ, et qui pourrait prétendre qu’elle commence nécessairement un premier janvier ? Ce sont les hommes qui ont fignolé le calendrier, ce qui explique que les Juifs ont le leur, celui des Musulmans est différent et celui des Chinois également. Un calendrier est fait selon des conventions humaines… Dans le même temps, si vous consultez d’anciens calendriers liturgiques, vous constaterez que les plus anciens parmi nous avaient coutume de se réunir le premier janvier – et cela quel que soit le jour de la semaine. Et ce n’était pas spécialement pour célébrer le Nouvel An. Alors pourquoi se réunissaient-ils ? Parce que l’Eglise fête aujourd’hui la circoncision et le saint nom de Jésus. Et si nous pouvons, en plus, célébrer le jour du Seigneur, quelle bénédiction !
Le Seigneur du ciel et de la terre est venu se mettre sous la loi pour nous en délivrer. Pour que la grâce soit manifestée, pour nous inonder de son amour et de son pardon, il a fallu qu’il prenne notre place sous la loi, qu’il l’accomplisse dans toute sa rigueur, qu’il subisse même le châtiment qu’elle réserve aux pécheurs. "Christ – écrit Paul dans le même chapitre - nous a rachetés de la malédiction de la loi en devenant malédiction pour nous" (Ga 3.13). Paul formule encore différemment cette même vérité aux Corinthiens : "Celui qui n’a pas connu le péché, Dieu l’a fait devenir péché pour nous, afin qu’en lui nous devenions justice de Dieu" (2Co 5.21) !
Cela a commencé huit jours après sa naissance. Ce chemin - qui pour lui s’appelle souffrance et pour nous : délivrance - le conduira jusqu’à la croix.
Quand je pense que tant de gens dans la chrétienté en sont encore à dire : "Si Dieu existe, il doit me connaître et savoir que je suis un honnête homme. Il me sauvera". Ou bien : "Le défunt a tant souffert qu’il a bien mérité le paradis"; et encore : "Il était si bon. Il a fait tant de bien autour de lui. Peu importe ce qu’il croyait, si Dieu est juste, il saura en tenir compte"… Et dire qu’on entend ce genre de message du haut de tant de chaires dans l’Eglise chrétienne.
Savez-vous pourquoi Frédéric HORNING est devenu le grand prédicateur du réveil en Alsace, au 19e siècle ? C’est parce que, jeune vicaire fraîchement sorti de la faculté de théologie, il crut devoir dire à une mourante : "Chère Madame, vous avez été si pieuse que Dieu vous doit le salut"!
La veille dame lui répondit sèchement : "Vous vous moquez de moi, Monsieur le Vicaire ! Ne me parlez donc pas de mes mérites, mais des mérites que mon Sauveur a accompli pour moi"!

Et comme le jeune pasteur luthérien ne comprenait pas, sa paroissienne ajouta : "Lisez Luther et vous comprendrez"! Frédéric HORNING se mit donc à lire Luther et il comprit que la consolation qu’il avait cru devoir prononcer était en réalité du poison, puisqu’aux antipodes de l’Evangile !
Non, frères et soeurs, le salut n’est pas dans ce que nous faisons, mais dans ce que Dieu a fait pour nous. Il s’est mis sous la loi, il a versé un peu de son sang le 8ème jour pour en répandre beaucoup plus une trentaine d’années plus tard, à Jérusalem et au Golgotha. Voilà ce qui nous sauve ! Avec une telle promesse, nous pouvons entrer dans l’année nouvelle en rachetés du Seigneur.
De même que Marie et Joseph ont fait circoncire Jésus pour obéir à la loi du Seigneur, de même les parents chrétiens demande sans attendre le baptême pour leur enfant, parce qu’ils ont appris avec l’apôtre Paul que le baptême est la nouvelle circoncision (Col 2.11-12). Ainsi l’enfant entre-t-il dans l’Alliance par pure grâce, sans le secours de sa volonté ni de son intelligence : c’est là, selon l’Ecriture, que se passe sa seconde naissance (Jn 3.3-6).
D’autre part, Jésus a reçu officiellement son nom ce jour-là, le jour où il fut circoncis. L’évangile que nous venons d’entendre le confirme : "Huit jours plus tard, ce fut le moment de circoncire l’enfant ; on lui donna le nom de Jésus, nom que l’ange avait indiqué avant sa conception" (Luc 2.21).
Bien sûr, le bébé de Marie n’est pas le premier à s’appeler Jésus. Ce n’est pas un prénom inventé de toute pièce comme certains parents en affublent leurs enfants depuis quelques temps. Beaucoup de Juifs s’appelaient Jésus, ou Josué, qui reprend la même racine. Ces prénoms signifient "Yahvé sauve". Mais cette fois, ce n’est pas le voeu ou la supplication : "Seigneur, sauve-nous » ! C’est l’accomplissement d’une promesse, l’affirmation d’une réalité : Jésus est le Sauveur promis. L’ange avait dit à Joseph : "Tu lui donneras le nom de Jésus car c’est lui qui sauvera son peuple de ses péchés" (Mt 1.21). En somme, le programme du sauveur était visible dans son identité.
Frères et soeurs, si nous voulons accueillir l’année nouvelle comme une année de grâce, regardons ce que Dieu a fait pour nous. C’est la seule façon d’y entrer avec confiance et avec la paix du coeur : contemplez ce que Dieu a fait ! Il nous a donné un Sauveur. C’est avec lui que nous entrons en 2012. Cela veut dire aussi que nous n’y entrons pas seuls !
Beaucoup se choisissent des guides, des conducteurs. Mais que vaut leur autorité ? Paul a une image pour cela. Il écrit dans notre passage : "La loi a été le guide chargé de nous conduire à Christ… Depuis que la foi est venue, nous ne sommes plus soumis à ce guide" (v. 24-25). Le mot grec désigne ici l’esclave chargé de conduire l’enfant à ses maîtres, de le surveiller, le protéger et au besoin le corriger.
A nous de choisir, donc : voulons-nous rester des enfants sous la discipline d’un guide, ou voulons-nous connaître l’enseignement de l’Esprit et la liberté que procure la parole de Dieu ?
Ecoutez l’apôtre ce matin : "Vous êtes tous fils de Dieu par la foi en Jésus-Christ ; en effet, vous tous qui avez été baptisés en Christ, vous avez revêtu Christ" (v.27). Commencer l’année en chrétien, c’est y entrer par la foi en Christ. C’est y entrer en enfant de Dieu. Alors on peut le faire avec confiance et dans la paix du coeur. Christ saura faire de 2012 une année de grâce.
Vous êtes tous faibles dans la foi. Moi aussi. Et Dieu sait cela. Il connaît nos faiblesses. Il connaît nos doutes. Devant l’inconnu, on évalue ses forces, on compte ses appuis. Ce qui est vrai dans la vie quotidienne est aussi une réalité chrétienne. Dieu nous dit : vas-y, je marche avec toi ! Il dit aussi – presque en passant, mais quel formidable argument : tu n’as pas été circoncis, mais rappelle-toi cet autre événement, tout à fait équivalent : ton baptême. "Vous êtes tous fils de Dieu par la foi en Jésus-Christ. Vous tous qui avez été baptisés en Christ, vous avez revêtu Christ"!
Cela, frères et soeurs, c’est de l’or d’évangile : vous avez revêtu Christ ! Le corset qui m’étouffait
est tombé. A la place : un habit de fête. Quand Jésus s’est fait circoncire, il est entré dans nos limites humaines de créatures déchues. En ordonnant à ses apôtres : "Allez, faites de toutes les nations des disciples, les baptisant au Nom du Père, du Fils et du saint Esprit", il a fait exploser ce carcan pour nous habiller de sa grâce. Le saint Esprit veut absolument nous en convaincre. Alors, il inspire aussi à l’apôtre ces paroles magnifiques : "Il n’y a plus ni Juif ni non Juif, il n’y a plus ni esclave ni libre, il n’y a plus ni homme ni femme, car vous êtes tous un en Jésus-Christ" (v.28).
Certains hommes juifs priaient Dieu au début de la journée. Ils remerciaient Dieu de ne pas les avoir fait naître esclaves, païens ou… femmes ! En ce temps-là, les esclaves n’avaient aucun droit et seuls les hommes pouvaient pénétrer dans le "parvis d’Israël", dans le temple. Paul dit ici que la foi en Christ transcende toutes les différences et unit tous les croyants. "Baptisés en Christ, nous avons revêtu le Christ", écrit Paul. Nous entrons dans l’année nouvelle marqués du sceau de notre Dieu à qui nous appartenons pour l’éternité. Et jusqu’à preuve du contraire, l’année qui s’ouvre est un jalon vers cette éternité. Vivons-la tous ensemble !
Nous avons naturellement tendance à nous sentir mal à l’aise avec ceux qui diffèrent de nous et à préférer la compagnie de ceux qui nous ressemblent. Lorsque nous permettons à nos différences de nous séparer de ceux qui, pourtant, partagent le pain et le vin avec nous, nous ne tenons aucun compte de ce que nous dit l’Esprit. Efforçons-nous plutôt de rencontrer et d’apprécier ces membres de la paroisse qui ne sont pas comme nous. Nous découvrirons probablement que nous avons bien plus en commun avec eux que nous ne le pensions.
Frères et soeurs, c’est en baptisés au nom du même Sauveur, revêtus de la même justice et de la même innocence, en enfants du même Père céleste que vous pouvez entrer dans l’année nouvelle. Vous ne la connaissez pas ? Lui, la connaît. Vous ne savez pas ce qu’elle vous réserve ? Dieu le sait. Vous ignorez où elle vous conduira ? L’horizon vous paraît-il bouché ? Vous démenez-vous avec vos craintes, vos incertitudes, vos coups de cafard, vos déprimes, vos regrets ? La vie avec ses obligations vous devient-elle pesante ? Chaque année qui passe vous fait-elle connaître de nouvelles maladies – dont vous n’imaginiez même pas l’existence étant jeune !? Tout cela est possible, mais il est vrai aussi qu’en Christ nous avons été pris par la main ; nous sommes conduits sur un chemin. S’il traverse bien souvent des vallées profondes, il finira par nous conduire sur les cimes de l’éternité. Quelqu’un nous y attend. Pour nous, il s’est fait appeler "Jésus" et il nous tend les palmes de la victoire.
Voyez-vous, quand on a cette espérance dans le coeur, on peut entrer dans l’année nouvelle paisible et serein. Puisque Dieu est là ! Puisqu’il est Père et qu’un père, c’est fait pour prendre son enfant par la main. Puisqu’il nous aime et nous veut du bien. Cette promesse, il l’a rendue visible par l’eau du baptême, et il la renouvelle toutes les fois que nous prenons la cène.
Alors face à l’individualisme et au repli sur soi, répondons en prenant le temps de louer ensemble un tel Dieu, le temps de fréquenter nos cultes et de chanter au Seigneur notre adoration et notre amour, le temps d’entendre son bel Evangile. Le temps aussi de le servir en aimant notre prochain, puisque le Seigneur nous a aimés, le temps de faire du bien autour de nous puisque lui-même nous a fait tant de bien. Le temps de faire un peu le ménage dans notre vie, de réviser peut-être nos priorités. En un mot, le temps de vivre en chrétiens et de glorifier son nom.
Le temps de faire de 2012 une année de louanges, de foi et d’amour.
Amen !

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