dimanche 26 février 2012

MARC 1.29-30

Chers frères et soeurs en Christ
chers amis,

Nous commençons en ce dimanche notre parcours de Carême. C'est un temps spécial, mis à part pour nous recentrer sur l'oeuvre de salut de Christ. L'année dernière, nous avions étudié sur le Petit Catéchisme de Martin Luther pour approfondir les bases de notre foi. Pour ce carême 2012, je vous propose de suivre une série de prédications intitulée « Jésus et les femmes ».
Je me suis rendu compte avoir peu prêché sur les rencontres entre Jésus et les femmes. Par ailleurs, on accuse souvent le christianisme d'être une religion mysogine (tout en oubliant qu'il y en a d'autres...!!). L'Eglise l'a sans doute été au cours des âges, mais je crois que le ministère de Jésus, sa relation avec les différentes femmes qui l'ont entourée durant son ministère ou qui ont eu un rôle dans l'Eglise primitive, nous donnent une tout autre image.

Ce bref texte nous renvoie au début de l'Evangile de Marc, que nous avons lu depuis décembre dernier. Laissez-moi vous rafraîchir un peu la mémoire: Commencement de l'Evangile de Jésus-Christ. Jena le Baptiste dans les lieux déserts, avec ses drôles d'habits et son régime alimenatire particulier qui baptise Jésus. Les cieux qui s'ouvrent. «Tu es mon Fils bien-aimé, tu as toute mon approbation.». Jésus dans le désert pour 40 jours. Puis le début du ministère: repentez-vous et croyez la Bonne Nouvelle du Royaume.
Jésus part pour Capernaüm. Il choisit une bande de pécheurs mal dégrossis pour être ses premiers disciples.
Puis arrive un jour de sabbat. Jésus enseigne. Tout le monde est ébaubi: «  ce Jésus est vraiment différent de tous les autres ». Finalement, Jésus chasse un esprit impur en lui ordonnant de se taire.
Et c'est donc là que nous trouvons notre histoire d'aujourd'hui.

En sortant de la synagogue, ils se rendirent avec Jacques et Jean à la maison de Simon et d'André.La belle-mère de Simon était couchée avec de la fièvre; aussitôt on parla d'elle à Jésus. Il s'approcha, la fit lever en lui prenant la main, et [à l'instant] la fièvre la quitta. Puis elle se mit à les servir.

Première et rapide remarque: les théologiennes féministes détestent ce verset « elle se mit à les servir ». Bien sûr! Il faut remettre la femme en bon état pour qu'elle puisse faire la boniche! Au passage, certains théologiens plus...conservateurs ont bel et bien donné ce sens à passage.
Mais c'est une fausse interprétation. L'histoire de la belle-mère de Pierre nous dit autre chose. Comme Marc ne la nomme pas, je vous propose de l'appeler (juste pour ce sermon) Rachel.
Je ne pense pas que Jésus a guéri Rachel pour qu'elle puisse préparer un petit quelque chose. Nous devons bien nous replacer dans le contexte social de l'époque et dans le contexte de l'Evangile de Marc. Alors rappelons-nous que pour un homme vivant en Palestine au 1er siècle, il était totalement tabou de même toucher une femme avec laquelle il n'avais pas au moins un lien de parenté. Et le fait de toucher un malade rendait impur. Et c'était un péché que de travailler durant le sabbat (et c'était le sabbat, puisque Jésu revient juste de la synagogue). On voit donc dans ces deux lignes Jésus totalement bousculer un nombre d'interdits, notamment des interdits sur les relations homme-femme.
Et je crois que si Jésus a fait cela, ce n'est pas par provocation, et encore moins parce qu'il n'était pas capable de se faire cuire un oeuf au plat. Je crois que cette scène avec Rachel est une démonstration de ce dont Jésus parlait 11 versets plus haut: «Le moment est arrivé et le royaume de Dieu est proche. Convertissez-vous et croyez à la bonne nouvelle!»
Nous avons, dans un sermon récent, que le royaume de Dieu, c'est l'espace où Dieu agit, où sa souveraineté est reconnue. En préchant le Royaume de Dieu, Jésus dit « ça y est, Dieu est lâché! Vous n'allez plus pouvoir le contenir dans vos jolies petites boites bien religieuses, le limiter à ce que vous croyez bon et raisonnnable: c'est lui qui décide et qui commande! »
Prêcher le Royaume, pour Jésus, ça signifie que Dieu s'approche comme il ne s'est jamais approché auparavant. Et Jésus va faire entrer dans ce royaume les gens auxquels on se serait peu attendus: de simples pécheurs, un démonique guéri dans une synagogue...et puis une petite vieille bien malade: notre « Rachel ».
Et on voit bien que cette irruption a lieu partout, pour tous, sans exclusive. Le récit de la guérion de notre femme Rachel survient, dans un cadre domestique, juste après l'exorcisme de l'homme dans l'espace public et religieux de la synagogue. Dans les deux cas, le Royaume de Dieu s'est approché.

Il y a quelque chose d'autre de précieux dans l'histoire de Rachel. La précison, justement qu'apporte Marc: « Puis elle se mit à les servir. ». C'est vrai, Rachel sert Jésus, mais seulement après que Jésus l'ait servie, elle, en lui redonnant la santé. Rachel a peut-être donné à Jésus de quoi se restaurer , mais c'est lui qui l'a restaurée.
Souvenez-vous: Jésus a touché la main de Rachel et elle va se servir cette main pour agir.
D'autre part, il est frappant que Marc parle du service de Rachel, alors même que dans son Evangile, il va décrire Jésus comme étant, justement, le grand serviteur...Peut-être y a t'il là une piste? Et puis, après tout, dans le Nouveau Testament, seuls des anges ou des femmes sont décrits comme servant Jésus.
Et je suis convaincu que, pour « Rachel » ce service a pris une toute autre dimension que les tâches domestiques auxquelles elle était limitée auparavant. Elle devient agent de ce qu'elle vient de recevoir: l'amour, la grâce et la guérison. Pas parce qu'elle y est obligée parce qu'elle est une femme, pas par tradition, mais librement et avec dignité.

Et cela ouvre sur la suite du texte, qui dit qu'après le coucher du soleil on amena les malades et les démoniaques. Et Marc dit que « toute la ville était là ».
Ne sommes-nous pas tous un peu malades? N'avons-nous pas tous notre lot de démons dans nos vies? Il est plus facile de pointer du doigt ceux qui ont un problème bien identifié, pour paraître sain et normal, surtout si nous appartenons à la classe de eux qui savent dissimuler leurs problèmes et leurs failles. Jésus, lui, voit plus loin et veut tous nous restaurer. Et j'aime à imagnier Rachel servir aussi ceux qui, malades ou oppressés, atendent devant sa maison que Jésus les touhce. Je l'imagine relevant ses manches, mais aussi s'agenouillant pour encourager, pour témoigner de ce que Christ a fait dans sa vie, pour dire de garder espoir. Parce que dans la royaume de Dieu, il n'y a pas de trésor à protéger, mais des cadeaux à partager.

Parce que nous sommes « sauvés pour servir ». Parce que Dieu veut se servir de nos mains qu'il a touchées quand il nous a relevés. Encore aujourd'hui, Jésus se sert de nos mains (et de tout notre être) pour répandre la Bonne Nouvelle de son Royaume. Les mains qui baptisent et donnent la Cène, la bouche qui annonce la Parole de Dieu, les jamabs qui nous mènent vers la maison de ceux qui ont besoin d'une présence ou d'un encourgament: de tout cela Dieu se sert.
J'ai dit la semaine dernière que Dieu veut restaurer tout notre être être. Il le veut par ce qu'il nous aime et qu'il veut notre bien. Mais il le veut aussi parce qu'il y a encore beaucoup de guérison et d'espoir à apporter dans ce monde, et qu'il veut se servir de nous pour cela.
Le royaume de Dieu s'est bel et bien approché. Comme les pécheurs mal dégrossis, comme le démoniaque, comme la petite vieille de la maison de Capernaüm, croyez en la Bonne Nouvelle.

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