Partout nous devons constater le déclin des Eglises.
Nous pouvons remarquer quatre aspects de cette situation : d’abord un déclin doctrinal; puis le déclin
d’une vraie spiritualité ; il s’ensuit des divisions ; et finalement on constate la perte de la jeunesse.
Quelles seraient les causes d’une telle dégradation de beaucoup d'Eglises ?
Ces causes sont nombreuses mais relevons également une raison importante, souvent oubliée, de ce
déclin :
la négligence et la disparition du culte de famille.
Que nous dit la Bible à ce sujet ?
“Si quelqu’un n’a pas soin des siens, surtout de ceux de sa famille il a renié la foi et est
pire qu’un infidèle.” (I Timothée 1 :8)
Sur bien des sujets, la Bible nous parle explicitement.
Sur d’autres, il nous faut tirer des leçons précises à partir d’indications fragmentaires que l’on trouve
dans différentes parties de la Bible.
C’est le cas de notre sujet.
Le texte de la première lettre de Paul à Timothée que nous venons de citer semble nous parler uniquement
des soins matériels que nous devons accorder à nos parents âgés.
Mais pour un chrétien, l’expression prendre soin des siens n’implique-t-elle rien d’autre que de fournir à
ses proches, et ici tout particulièrement à ses parents, la nourriture, le logement et le vêtement ?
Le chrétien ne doit-il pas prendre soin des siens sur le plan spirituel aussi ?
Le livre des Actes nous dit que Corneille, l’officier romain, tout en étant un païen était un homme
pieux..
Mais sa piété en tant que chef de famille responsable n’était pas une piété individualiste; elle ne le
concernait pas lui seul mais toute la maisonnée placée sous son autorité.
Lorsque Pierre arriva chez lui, c’était toute la communauté familiale qui attendait le message de
Dieu.
Peut-on imaginer qu’une telle piété familiale ait cessé avec la réception du Saint-Esprit et avec le
baptême de toute sa famille ? (Actes 10)
Il n’est guère possible de légitimer bibliquement la doctrine du baptême des petits enfants, à partir du
fait de conversions multiples comme celles qui eurent lieu dans la maison de Corneille ainsi qu’à d’autres occasions.
Nous pensons cependant que nous pouvons tirer des conclusions précises pour notre sujet sur ce qui y est
dit de la piété familiale pratiquée dans de telles communautés.
C’est cette piété domestique communautaire que nous appelons le culte de famille .
Le livre des Actes des Apôtres contient de nombreuses indications précises nous montrant que la vie de
l’église à cette époque était étroitement liée à la piété communautaire des familles chrétiennes qui en faisaient partie.
Regardons d’un peu plus près ce que la Bible nous dit au sujet de l’exercice de cette piété.
Comme pour d’autres questions pratiques, c’est l’Ancien Testament qui nous fournit l’enseignement de
base.
Cet enseignement est repris et est appliqué de manière plus précise et plus approfondie par le Nouveau
Testament à la vie de tous les chrétiens.
Cet enseignement biblique sur le culte de famille réapparait dans l’Eglise de Dieu chaque fois que le
Saint-Esprit remet en honneur la lecture et la prédication de la Parole de Dieu.
En étudiant ces textes, nous y verrons de manière précise, ce que Paul voulait dire aux chrétiens quand il
écrivait dans sa lettre aux Ephésiens :
“Et vous pères, n’irritez pas vos enfants, mais élevez-les en les instruisant et en les
avertissant selon le Seigneur.” (Ephésiens 6 :4)
" Pères, n'irritez point vos enfants, de peur qu'ils ne perdent courage. (...) Celui qui
agit injustement, recevra selon son injustice; et il n'y a point d'acception de personnes."(Colossiens 3 21/25)
Exemples tirés de l’Ancien Testament
Que faisait le patriarche Noé ?
Lors de la sortie de l’arche après la délivrance du déluge Noé rendit à Dieu un culte
familial :
“Noé bâtit un autel à l’Eternel ; il prit de toutes les bêtes pures et de tous les animaux
purs et il offrit des holocaustes sur l’autel.“ (Genèse 8 :20)
Le patriarche Job se comportait de la même façon.
Lui aussi rendait un culte à Dieu pour sa famille.
Voici ce que nous lisons à son sujet :
“Cet
homme était intègre et droit ; il craignait Dieu et s’écartait du mal.”
(Job
1 :1) Ses fils et ses filles organisaient des banquets les uns chez
les autres. Alors,“Job envoyait chercher ses fils et les sanctifiait,
puis il se levait de bon matin et offrait pour
chacun d’eux un holocauste, car Job disait : Peut-être mes fils
ont-ils péché et ont-ils maudit Dieu dans leur coeur. C’est ainsi que
Job agissait toujours.” (Job
1 :5)
Nous avons déjà là un modèle de piété familiale chrétienne.
Prenons le cas d’un Abraham.
Lors de la visite des trois envoyés aux chênes de Mamré, peu de temps avant la destruction de Sodome et
Gomorrhe.
L’Eternel présent parmi ses visiteurs dit à Abraham :
“Cacherais-je
à Abraham ce que je vais faire? Abraham deviendra certainement une
nation grande
et puissante, et en lui seront bénies toutes les nations de la
terre. Car je l’ai choisi afin qu’il ordonne à ses fils et à sa famille
après lui de garder la voie de l’Eternel, en prodiguant la
justice et le droit ; ainsi l’Eternel accomplira pour Abraham ce
qu’il avait dit à son sujet.” (Genèse 18 :17-19)
Etant habités par la même foi que celle qui animait Abraham nous sommes ses enfants chéri(e)s
(Romains 2 :28-29; Galates 3 :7).
Ne devrions-nous pas également ordonner à nos fils et à leurs familles qui nous suivront de garder la voie
de Dieu en pratiquant la justice et le droit ?
Jacob fit de même lors de sa rencontre avec l’Eternel à Bethel, rencontre où son nom fut changé de Jacob en
Israël.
Car il célébra là un culte familial exigeant préalablement la purification des siens :
“Jacob
dit à sa famille et à tous ceux qui étaient avec lui : Otez les dieux
étrangers qui
sont au milieu de vous, purifiez-vous et changez de vêtements. Nous
nous lèverons et monterons à Béthel ; là je dresserai un autel au Dieu
qui m’a répondu au jour de ma détresse et qui a été
avec moi pendant le voyage que j’ai fait.” (Genèse 35 :1-3)
Nous voyons à nouveau ici comment le père de famille exerçait ses fonctions de prêtre et de
prophète.
Ces fonctions ne se limitent pas à la seule période des patriarches où le culte public, plus tard célébré
dans le tabernacle ou le temple, n’était pas encore institué.
Le sacrifice de la Pâque fut célébré séparément par chaque famille israëlite lors de la sortie
d’Egypte.
Cet exemple montre clairement que la famille juive formait alors une cellule religieuse autonome.
Certes l’institution du culte et des sacrifices ainsi que le développement de la fonction prophétique et,
plus tard, celui de la royauté davidique, limitèrent la portée de ces fonctions religieuses du père de famille.
Mais la famille juive n’en demeura pas moins l’endroit par excellence où l’Israëlite pieux adorait Dieu et
apprenait à le connaître.
Nous prendrons un dernier exemple dans l’Ancien Testament avec Josué.
Ces paroles qu’il adressa à la fin de sa vie aux familles d’Israël s’appliquent également aux familles
chrétiennes de tous les temps :
“Maintenant,
craignez l’Eternel et servez-le avec intégrité et fidélité. Otez les
dieux qu’ont
servis vos pères, de l’autre côté du fleuve et en Egypte, et servez
l’Eternel. Et si vous ne pensez pas devoir servir l’Eternel, choisissez
aujourd’hui qui vous voulez servir : ou les dieux
que servaient vos pères au-delà du fleuve, ou les dieux des Amoréens
dans le pays desquels vous habitez. Moi et ma maison, nous servirons
l’Eternel.” (Josué 24 : 14-15)
Comment puis-je “moi et ma maison servir l’Eternel“
sans pratiquer un culte de
famille, sans consacrer quotidiennement en famille un moment pour
adorer Dieu, le louer, lire et méditer sa Parole en commun, intercéder
auprès de Lui ?
Le psalmiste nous pose la question :
“Comment le jeune homme rendra-t-il pur son sentier ? “
et il répond,
“En observant ta Parole .” (Psaume 119 : 9)
Mais comment ce jeune homme (cette jeune fille)
pourra-t-il observer la Parole de Dieu s’il ne
reçoit pas chaque jour de son père, de sa mère, dans sa famille,
régulièrement, jour après jour, l’instruction de cette Parole ?
Ceci nous amène à examiner les prescriptions de la Loi divine relatives à cette question.
Les enseignements de Loi de Dieu
Examinons ensemble les enseignements de la Loi de Dieu se rapportant à l’instruction que les parents
doivent donner à leur enfants au sujet des choses de Dieu.
La Thora — et l’enseignement de la loi ne diffère aucunement de celui du Nouveau Testament
— ne
nous parle pas d’écoles du dimanche, de groupes de jeunes, de
classes de catéchumènes ou d’écoles chrétiennes comme instruments
établis par Dieu pour l’instruction de la jeunesse.
Ce n’est pas que de telles institutions pédagogiques ne puissent avoir leur place, et parfois une place
capitale, dans l’éducation chrétienne des jeunes.
Je pense ici en particulier à la nécessité urgente de fonder aujourd’hui des écoles vraiment
chrétiennes.
Mais l’accent de la Parole porte ailleurs.
Il place ici la responsabilité carrément sur les épaules de la famille.
Nous
pouvons ajouter que sans cette instruction familiale biblique des
enfants par leurs parents, ces
instruments ecclésiastiques ou scolaires que nous venons de nommer
ne pourront que très difficilement aboutir à la formation spirituelle et
intellectuelle véritable de nos jeunes de manière à ce
que plus tard ils puissent, à leur tour, devenir ces piliers sans
lesquels de nouvelles familles bibliques ne sauraient subsister.
Dans le livre du Deutéronome que nous pourrions appeler (avec les Proverbes) le livre des
familles, nous lisons :
“Quelle
est, en effet, la grande nation qui ait des dieux aussi proche d’elle
que l’Eternel
notre Dieu l’est de nous toutes les fois que nous l’invoquons ? Et
quelle est la grande nation qui ait des préceptes et des ordonnances
justes, comme toute cette loi que je vous présente
aujourd’hui? Seulement, prends garde à toi et veille attentivement
sur ton âme, tous les jours de ta vie, de peur que tu n’oublies les
événements que tes yeux ont vus, et qu’ils ne s’éloignent de
ton coeur ; fais-les connaître à tes fils et aux fils de tes fils.”
(Deutéronome 4 :7-9)
Il n’est pas question ici de ce que les sacrificateurs ou les docteurs de la loi instruisent la jeunesse
d’Israël.
Mais chaque père de famille doit faire connaître les enseignements de Dieu à ses propres enfants afin que
la génération nouvelle puisse elle aussi recevoir le dépôt de la foi et le garder.
Comment le père ou la mère israélite devaient-ils répondre aux interrogations de leurs enfants sur les
cérémonies du culte, sur l’histoire d’Israël et sur les lois du peuple de Dieu ?
Nous lisons encore dans le Deutéronome :
“Lorsque
demain ton fils te demandera : Que signifient ces déclarations, ces
prescriptions
et ces ordonnances que l’Eternel notre Dieu vous a commandées? Tu
diras à ton fils : Nous étions esclaves du Pharaon en Egypte, et
l’Eternel nous a fait sortir de l’Egypte à main forte.
L’Eternel a opéré, sous nos yeux, des signes et des prodiges, grands
et désastreux, contre l’Egypte, contre Pharaon et contre toute sa
maison; et il nous a fait sortir de là, pour nous amener
dans le pays qu’il avait juré à nos pères de nous donner. L’Eternel
nous a commandé de mettre en pratique toutes ces prescriptions et de
craindre l’Eternel, notre Dieu, afin que nous soyons
toujours heureux et qu’il nous conserve la vie, comme il le fait
aujourd’hui. Pour nous la justice sera d’observer et de mettre en
pratique tous ses commandements devant l’Eternel, notre Dieu,
comme il nous l’a commandé.” (Deutéronome 6 :20-25)
Nous
voyons à nouveau que le rapport éducatif fondamental est celui du père
au fils, de la mère à sa fille;
et que le lieu privilégié de cette communication de la Vérité divine
est la famille et, avant tout, le culte rendu en famille à Dieu.
“Ecoute
Israël ! L’Eternel notre Dieu, l’Eternel est un. Tu aimeras l’Eternel
de tout ton
coeur, de toute ton âme et de toute ta force. Et ces paroles que je
te donne aujourd’hui seront dans ton coeur. Tu les inculqueras à tes
fils et tu en parleras quand tu seras dans ta maison,
quand tu iras en voyage, quand tu te coucheras et quand tu te
lèveras. Tu les lieras comme un signe sur ta main, et elles seront comme
des fronteaux entre tes yeux. Tu les écriras sur tes
portes.” (Deutéronome 6 :4-9. Voyez aussi Deutéronome 11 : 18-21).
Les Proverbes, commentaire de la Loi de Dieu
Dans les sept premiers chapitres du livre des Proverbes nous trouvons un commandement répété bien des fois
qui engage les pères à instruire leurs propres enfants dans les voies de Dieu.
Ces textes énumèrent toutes les bénédictions qui découleront d’un tel enseignement familial reçu avec
docilité par les enfants.
“Mon
fils si tu reçois mes paroles, et si tu retiens mes commandements (…)
Alors tu comprendras
la crainte de l’Eternel. Et tu trouveras la connaissance de Dieu (…)
Alors tu comprendras la justice, l’équité, la droiture, toutes les
routes qui mènent au bien.” (Proverbes
2 :1-9)
“Mon
fils, n’oublie pas mon enseignement. Et que ton coeur garde mes
commandements. Car ils
augmenteront la durée de tes jours, les années de ta vie et de ta
paix (…) Ne sois pas sage à tes propres yeux, crains l’Eternel,
écarte-toi du mal, ce sera la santé pour ton corps et un
rafraîchissement pour tes os” (Proverbes 3 :1-8)
“Mon fils, sois attentif à ma sagesse.Tends l’oreille à mon intelligence afin que tu gardes la
réflexion, et que tes lèvres retiennent la connaissance.” (Proverbes 6 :20-23)
Et finalement cette si belle description des fruits d’une éducation parentale chrétienne :
“Ecoutez mes fils, l’instruction d’un père
Et soyez attentif, pour connaiîre l’intelligence;
Car je vous donne un bon savoir.
Ne rejetez pas mon enseignement.
J’étais, en effet, un fils pour mon père
Un fils tendre et unique auprès de ma mère.
Il m’enseignait alors et me disait :
Que ton coeur retienne mes paroles;
Garde mes commandements et tu vivras.(…)
Voici le commencement de la sagesse : acquiers la sagesse,
Avec tout ton acquis, acquiers l’intelligence.
Exalte-là : elle t’élèvera;
Elle fera ta gloire, si tu l’embrasses
Elle mettra sur ta tête un gracieux ruban,
Elle t’ornera d’un magnifique diadème.” (Proverbes 4 :1-9)
Toutes ces citations du livre des Proverbes amènent comme conclusion ces paroles :
“Oriente le jeune garçon sur la voie qu’il doit suivre
Même quand il sera vieux, il ne s’en écartera pas.” (Proverbes 22 :6)
Et soyez attentif, pour connaiîre l’intelligence;
Car je vous donne un bon savoir.
Ne rejetez pas mon enseignement.
J’étais, en effet, un fils pour mon père
Un fils tendre et unique auprès de ma mère.
Il m’enseignait alors et me disait :
Que ton coeur retienne mes paroles;
Garde mes commandements et tu vivras.(…)
Voici le commencement de la sagesse : acquiers la sagesse,
Avec tout ton acquis, acquiers l’intelligence.
Exalte-là : elle t’élèvera;
Elle fera ta gloire, si tu l’embrasses
Elle mettra sur ta tête un gracieux ruban,
Elle t’ornera d’un magnifique diadème.” (Proverbes 4 :1-9)
Toutes ces citations du livre des Proverbes amènent comme conclusion ces paroles :
“Oriente le jeune garçon sur la voie qu’il doit suivre
Même quand il sera vieux, il ne s’en écartera pas.” (Proverbes 22 :6)
Paul : sanctification des familles par l’enseignement de la vérité dans le foyer
Dans la première épître aux Corinthiens l’apôtre Paul en traitant du cas des mariages mixtes,
païens-chrétiens, montre la puissance vivifiante et sanctifiante de cet enseignement familial de la Vérité.
De tels chrétiens mariés à des inconvertis ne doivent pas s’en séparer car ils détiennent des moyens
capables de gagner leur conjoint à la foi.
Ce sont ces mêmes moyens, dit Paul, qui sanctifient les enfants de familles chrétiennes.
Ne vous séparez pas, dit-il au conjoint chrétien :
“Car
le mari non-croyant est sanctifié par la femme, et la femme
non-croyante est sanctifiée
par le frère, autrement …” ajoute-t-il de manière significative “…
vos enfants seraient impurs tandis qu’en fait ils sont saints.” Si telle
est lasituation des enfants élevés dans des familles
mixtes cette sainteté sera encore plus évidente des enfants dont les
deux parents partagent la même foi. Paul précise sa pensée en
écrivant : “En effet, comment savoir, femme, si tu sauveras
ton mari? Ou savoir mari, si tu sauveras ta femme?” (I Corinthiens
7 :12-16)
Mais comment s’opèrent, bibliquement, tant la sanctification que le salut ?
S’agirait-il d’une espèce de parfum spirituel qui agit magiquement par osmose, sans paroles, sans
enseignement, sans prise de conscience, de repentance, de conversion ?
Pour ce qui regarde le salut Paul répond de la manière la plus claire dans l’épître aux
Romains :
“Comment donc invoqueront-ils celui en qui ils n’ont pas cru ? Et comment croiront-ils en
celui dont ils n’ont pas entendu parler? Et comment entendront-ils parler de lui sans prédicateurs?” (Romains 10 :14)
Ainsi le mari chrétien et inversement annonçant la Parole à son épouse incroyante est un prédicateur de la
Parole de Dieu.
Il en est de même pour le père ou la mère à l’égard de leurs enfants non-régénérés.
Car c’est la Parole de Dieu prêchée fidèlement et dont la prédication est accompagnée de l’action du
Saint-Esprit qui seule régénère l’enfant.
Là
où le conjoint par souci de paix doit garder le silence sur les
questions se rapportant à la foi, son
obéissance silencieuse à la Parole de Dieu sera comme un
enseignement visible et cette instruction par l’exemple conduira à des
circonstances où il sera possible d’annoncer verbalement
l’Evangile.
Une telle situation où l’enseignement verbal n’est pas immédiatement possible ne peut se produire que là où
un chrétien est marié à un non chrétien.
Pour ce qui concerne une famille chrétienne normale, ce n’est évidemment pas aux enfants d’imposer silence
à leurs parents.
Jacques n’écrit-il pas :
“Il nous a engendrés selon sa volonté, par la parole de la vérité.” (Jacques
1 :18)
Et Paul ajoute,
“Ainsi la foi vient de ce qu’on entend et ce qu’on entend vient de la parole du Christ.”
(Romains 10 :17)
Il en est de même pour la sanctification dont la régénération n’est que le premier moment.
Paul le dit également au sujet de la prière par laquelle nous remercions Dieu pour notre
nourriture :
“ Tout est sanctifié par la Parole de Dieu et la prière.” (I Timothée
4 :4)
Ce texte, si on y ajoutait la louange des cantiques, pourrait être pris comme une excellente définition du
culte de famille.
Jésus-Christ Lui-même, en Jean 17, prie pour ceux qui croiraient en Lui par la
prédication de la Parole de Dieu dans tous les âges de l’Eglise :
“Je ne te prie pas de les ôter du monde, mais de les garder du Malin. Ils ne sont pas du monde,
comme moi je ne suis pas du monde. Sanctifie-les par la Vérité; ta parole est la vérité.” (Jean 17 :15-17)
C’est cette Parole prêchée quotidiennement dans la famille qui a le pouvoir de régénérer le conjoint non
croyant.
C’est cette même parole fidèlement lue et expliquée chaque jour dans le culte de famille qui a le pouvoir,
accompagnée de la prière fervente des parents, de sanctifier nos enfants.
N’oublions pas qu’en Christ, le chrétien est prêtre, prophète et roi.
Dans le culte de famille le père exerce les fonctions de prêtre et de prophète.
Dans ce culte domestique il offre un sacrifice de louange à Dieu, intercède pour sa famille, lit et
explique la Parole de Dieu à sa maisonnée.
Comme chef de famille, il en est le roi, le magistrat.
Les difficultés qu’expérimentent bien des Eglises avec leurs jeunes proviennent tout d’abord de l’atrophie,
du dépérissement, de la disparition de cette institution biblique du culte familial.
Si
les jeunes dans beaucoup d'Eglises sont tellement réfractaires à la
Parole de Dieu, s’ils sont si
marqués par l’esprit du monde, cela ne viendrait-il pas en premier
lieu de l’abandon par les chrétiens de ces Eglises de cette prédication
quotidienne de la Parole de Dieu dans leurs foyers
?
Comment
nos jeunes peuvent-ils être gardés du mal, protégés des influences
néfastes du monde, fortifiés
dans la foi et encouragés à faire le bien si nos foyers ne font pas
chaque jour l’expérience de cette force vivifiante qui vient de la
lecture fidèle, en commun, de la Parole de Dieu, des
cantiques chantés ensemble, de la prière commune adressée à Dieu ?
Comment nos familles pourront-elles être sauvées et sanctifiées si nous écartons de leur sein les moyens de
grâce que Dieu nous a donnés pour atteindre ces buts ?
Conclusion
Ma conclusion traitera brièvement de quelques considérations pratiques relatives au culte de famille et
formulera certaines observations sur les bienfaits que l’on peut attendre de son exercice régulier et fidèle.
Qui doit diriger le culte ?
La famille est autant une entité spirituelle qu’une institution sociale, économique et politique.
Le chef de ce petit corps social est le père.
Ainsi ce sera normalement la tâche du père de famille d’instruire sa famille dans les choses de
Dieu.
Il devra évidemment être assisté, comme en toutes
choses, par son épouse.
Que doit-être le contenu de ce culte ?
Avec de tout petits enfants, on peut se contenter de prier et de chanter avec eux, bien que leur
participation au culte de leurs parents ne pourra que leur faire du bien.
Il ne faut pas penser, comme le font couramment ces adeptes de la pédagogie moderne (e.g. Piaget),
qui sont bien malheureusement trop nombreux parmi les chrétiens, que
les enfants en bas âge ressemblent intellectuellement à de petits
animaux.
Comme ceux-ci ils seraient incapables de raison et leur l’intelligence devrait évoluer pour atteindre celle
de l’âge adulte.
Selon cette psychologie évolutive les enfants au début de leur scolarité ne seraient pas encore parvenus au
stade d’êtres humains pleinement rationnels.
Mais une telle perspective est entièrement fausse.
Dès sa venue à l’existence, l’enfant est créé à l’image de Dieu.
Il est dès ses débuts doué de toutes les facultés humaines.
Son intelligence peut être éveillée bien plus tôt que ne le pensent nos psychologues-épistémologues
évolutionnistes.
Normalement ce culte de famille devrait, comme tout culte normal, comporter les éléments
suivants :
(a) la lecture de la Bible et son explication;
(b) le chant de cantiques, de psaumes et de choeurs tirés de la Parole de
Dieu;
(c) la prière de louange et d’intercession en commun.
La cène, le baptême et le sermon étant des actes proprement ecclésiastiques, doivent évidemment être
réservés aux occasions où l’Eglise toute entière se rassemble.
Ajoutons ici quelques remarques supplémentaires :
- Au fur et à mesure que grandissent les enfants, une place plus grande devrait être réservée pour leurs questions, pour leurs remarques. Le culte de famille doit être un endroit où les enfants peuvent exprimer leurs préoccupations, leurs interrogations, leurs difficultés sans pour autant que ce moment de recueillement en famille devienne un simple lieu de discussion et de bavardage. Il faut à tout prix maintenir dans le culte de famille les sentiments de crainte et de respect dûs à Dieu.
- Tous devraient prier. Le culte de famille est l’endroit où les enfants apprennent à s’adresser librement et directement à Dieu. Les sujets de prière doivent être adaptés aux circonstances de la vie de la famille, de la vie de chacun, de l’Eglise et même de la nation.
- La routine n’est guère à craindre si la piété des parents reste vivante.
Quand doit avoir lieu le culte de famille?
Anciennement, dans les familles issues de la Réforme du XVIème siècle, (et cela était souvent aussi le
cas dans celles issues des Réveils du XIXème siècle), un bref recueillement en famille avait lieu le matin.
Le soir, un culte plus substantiel était célébré pour toute la maisonnée.
Ceci impliquait la participation de tous ceux qui vivaient sous le même toit, visites, serviteurs et
apprentis inclus.
C’est ce qui se passait aussi dans mon enfance dans notre famille missionnaire en Afrique du Sud.
C’est aussi ce que l’on pouvait voir dans les familles de paysans Afrikaners d’origine calviniste.
Dans notre famille, nous n’avons qu’un seul culte de famille avec nos cinq enfants.
Il a lieu ordinairement le soir, directement après le souper, car les enfants doivent ensuite se séparer
pour vaquer à leurs affaires, faire leurs leçons, laver la vaisselle, jouer d’un instrument, etc…
Il est toujours plus difficile de les rassembler une fois qu’ils se sont dispersés.
Cette bonne routine doit être maintenue avec beaucoup de persévérance et de force.
Il faut, comme pour toute discipline saine, constamment résister à notre tendance naturelle à la
négligence.
Le culte de famille doit ainsi devenir aussi habituel que les repas.
Il n’est aucunement facultatif.
Il est aussi important spirituellement qu’une famille se nourrisse en commun de la Parole de Dieu qu’il est
essentiel que ses membres se nourrissent physiquement.
La famille dans sa vie communautaire doit être centrée sur la Bible, sur la louange commune de Dieu et sur
la prière adressée au Dieu trois fois saint et non sur la télévision ou le journal quotidien, etc.
Pour que cette institution soit rétablie, se maintienne et se fortifie il faut que les parents
(et en particulier le père) fassent preuve d’une autorité persévérante, douce mais ferme et patiente.
Ils devront faire face à la résistance de leurs enfants tant qu’ils ne marchent pas personnellement avec
Dieu.
Mais - faut-il le dire ? Dans une famille chrétienne l’orientation spirituelle et pratique ne vient pas des
enfants mais des parents.
Ce ne sont pas les désirs si variables des enfants qui doivent déterminer la direction donnée à la
famille.
Nous sommes les disciples de Jésus-Christ et non du Dr. Spock ou du Professeur Piaget !
La présence d’étrangers dans le foyer ne doit pas être une raison de supprimer ou de déplacer l’heure du
culte de famille.
Nos voisins, amis et parents ont eux aussi droit à être exposés à la Parole de Dieu lue et méditée en
famille.
Le culte de famille tient une place intermédiaire indispensable entre le culte personnel du chrétien et le
culte de l’Eglise.
Le culte de famille se trouve placé entre le culte personnel que le chrétien rend à Dieu dans l’intimité et
le culte qu’il rend avec ses frères et soeurs réunis en Eglise.
Sans le premier, le culte de famille dégénérera en routine, car il a besoin d’être nourri d’une communion
personnelle intime des parents (et des enfants) avec la divine Trinité.
Mais
sans le culte de l’Eglise, le culte de famille risque de dévier, car
pour demeurer sain, il a
constamment besoin de la nourriture spirituelle que Dieu fournit
d’habitude seulement à l’Eglise rassemblée sous la direction de ceux qui
sont seuls autorisés à lui donner l’enseignement public
de la Parole de Dieu.
Le culte de famille se place ainsi entre la communion intime du croyant avec Dieu et l’adoration
communautaire des chrétiens rassemblés en Eglise.
Là
où le culte de famille est vigoureux et vivant, il devient une cellule
de vie chrétienne vigoureuse et
efficace et rend inutile ces églises de maisons, parfois tristement
mal nécessaire dû à la décomposition de l’Eglise institution, mais qui
en d'autres circonstances plus discutables
(indépendantisme, rebellion, liberticisme...) font un immense tort à la vie de l’église locale et aux paroisses.
Quels bienfaits doit-on attendre de l’institution d’un culte
de famille régulier ?
(a) Il s’agit tout d’abord d’une obéissance aux commandements de Dieu. Cette
obéissance, comme toute obéissance à Dieu, entraînera de nombreuses bénédictions.
(b)
La lecture familiale de la Bible, la prière en commun et le chant ne
peuvent
qu’avoir des effets bénéfiques sur les enfants. Les exposer ainsi
régulièrement à la Parole divine est une manière excellente de leur
annoncer l’Evangile et de faire progresser l’oeuvre de
sanctification dans leur vie. Même s’ils ne deviennent pas dans leur
enfance des chrétiens qui connaissent Dieu personnellement comme Père,
ce qui aura été semé portera très souvent des fruits
remarquables à long terme .
(c)
Pour les parents, et en particulier pour le père, le fait d’assumer
selon ses
capacités une telle responsabilité spirituelle ne peut que
contribuer à ses progrès dans la Foi et dans la connaissance de Dieu.
Etre ainsi obligé d’affronter spirituellement ceux qui chaque jour
nous voient vivre ne peut que nous rendre plus conscients de nos
insuffisances comme pères et mères et nous obliger à recourir à la
miséricorde de Dieu pour avoir la force de persévérer dans une
telle responsabilité.
(d)
Semer ainsi la Parole de Dieu lue d’une manière suivie tous les jours
de
l’année remplit la mémoire et l’intelligence des parents et des
enfants de la Parole de Dieu. Une telle discipline doctrinale et
spirituelle établit, tant chez les parents que chez les enfants,
une armature spirituelle et intellectuelle capitale dans la bataille
où nous sommes tous engagés contre la puissance d’égarement de l’esprit
anti-chrétien qui règne dans le monde. Pour les
enfants en particulier, il est très important qu’il existe dans la
famille un tel moment de ressourcement quotidien, car cette discipline
spirituelle familiale régulière les fortifiera dans leurs
luttes contre les influences intellectuelles et morales mauvaises
qu’ils doivent si souvent affronter à l’école. Là ils peuvent poser des
questions à leurs parents et recevoir de leur part des
réponses bibliques. Il est également incontestable que la discipline
régulière de la lecture en commun de la Bible et la concentration
intellectuelle et doctrinale qu’implique la prière en commun
forment les capacités intellectuelles de ceux qui pratiquent un tel
culte familial.
(e)
Pour l’Eglise, le fait que le père de famille conduise lui-même ainsi
le
culte familial et dirige la vie spirituelle de sa famille est un
immense bienfait. Une telle discipline familiale conduit à la formation
de parents spirituellement adultes et responsables, aptes
à assumer d’importantes tâches dans l’Eglise. C’est une pépinière
d’anciens et de diacres. Par ailleurs, méditer de cette façon chaque
jour la Bible en famille revient à s’exposer à toute la
Parole de Dieu. Cela ne peut qu’avoir des effets doctrinaux
bénéfiques sur ceux qui pratiquent une telle discipline. Une Eglise
locale dont toutes les familles pratiquent ce culte domestique sera
protégée de toutes sortes de difficultés spirituelles et doctrinales
car la faiblesse de nos Eglises dans ces domaines provient avant tout
d’une fréquentation insuffisante de la Bible. En plus,
c’est une immense force pour une Eglise locale d’avoir de nombreuses
cellules de prières familiales. Comme dit le dicton :“Une Eglise qui prie produit un pasteur qui prêche.” Une
telle Eglise entendra alors la Parole de Dieu prêchée avec force.
(f)
Un autre point important à considérer est qu’une famille qui prie et
lit
ainsi la Bible en commun et qui exerce en même temps une réelle
hospitalité devient par cela même une force d’évangélisation
remarquable. Comment pourrait-il en être autrement vu que, par cette
manière d’agir, la lumière de Dieu n’est pas cachée sous le boisseau
mais elle éclaire tous ceux qui peuvent entrer dans la maison ? Si ces
deux disciplines du culte familial quotidien et de
l’hospitalité étaient restaurées et généralisées dans les foyers
chrétiens nous n’aurions aucunement besoin d’avoir recours à toutes
sortes de méthodes d’évangélisation aussi artificielles que
nuisibles et inefficaces pour annoncer la Parole de Dieu dans nos
localités et à notre voisinage.
(g)
Finalement, un tel rassemblement quotidien autour de la Parole de Dieu
est un
merveilleux instrument de cohésion familiale. A une époque où tant
de forces tendent à disperser les membres de la famille, il est capital
pour la survie du foyer chrétien, de cette institution,
la famille, si indispensable tant pour la société que pour l’Eglise,
de restaurer le coeur spirituel de la vie familiale chrétienne dans son
ancienne plénitude.
- Là, tous sont rassemblés sous l’autorité de la Parole de Dieu.
- Là, s’exerce le ministère spirituel du berger de la famille, le père, qui rassemble ses brebis autour de la Parole de vie.
- Là tous peuvent prier Dieu et s’attendre à Sa réponse aux intercessions de chacun.
- Là, peuvent être amenés à Dieu les peines. les difficultés, les péchés de la journée. Car les membres de la famille laissés à eux-mêmes subiraient inévitablement les effets diviseurs provenant du péché et des peines quotidiennes.
- Là, chacun peut en commun se ressourcer et se décharger de cette lassitude morale et spirituelle qui peuvent devenir source de mort pour les familles même les plus vivantes.
- Là, surtout, la famille se réunit en la présence de Celui qui est la source de sa vie et de son unité, le Seigneur Jésus-Christ lui-même, pour lui exprimer en commun son amour, sa joie et son adoration.
Pour conclure, disons avec le psalmiste :
“Voici qu’il est bon, qu’il est agréable pour des frères d’habiter
ensemble!
C’est comme l’huile la meilleure qui, répandue sur la tête, descend sur la barbe, sur la barbe
d’Aaron, qui descend sur les bords de ses vêtements.
C’est comme la rosée de l’Hermon, qui descend sur les montagnes de Sion; car c’est là que
l’Eternel donne la bénédiction, la vie pour l’éternité.”
Psaume 133 :1-3
Amen,
Jean Marc Berthoud,
Théologien Réformé Baptiste,