Communiqué du Scoutisme Français face à la proposition de loi votée le 12 mars à l'AN
Sont membres du Scoutisme Français :
les Eclaireuses et Eclaireurs Unionistes de France (EEUdF), les
Eclaireuses et Eclaireurs de France (EEDF), les Eclaireuses et
Eclaireurs Israélites de France (EEIF), les Scouts et Guides de France
(SGDF), les Scouts Musulmans de France (SMF).
La proposition de loi « visant à étendre
l’obligation de neutralité à certaines personnes ou structures privées
accueillant des mineurs et assurer le respect du principe de laïcité »,
élaborée sans concertation ni débats publics, que l’Assemblée nationale
doit examiner le jeudi 12 mars, se présente comme une application du
principe de laïcité alors qu’elle le contredit frontalement, ainsi que
toute la jurisprudence du Conseil d'Etat et de la Cour de cassation.
Centenaire, le scoutisme en France rassemble
des mouvements laïques et des mouvements confessionnels. En tant que
mouvements d’éducation populaire, dont la qualité pédagogique est
reconnue, les uns et les autres reçoivent des subventions publiques.
Or l’article 2 de la proposition de loi prévoit
que les personnes morales de droit privé qui accueillent des mineurs
protégés, c'est à dire tout mineur accueilli collectivement, par exemple
dans un mouvement de scoutisme, seront soumises à une « obligation de
neutralité en matière religieuse ».
C’est la première fois que serait posé en
France le principe d’interdiction de subventions publiques à des
activités à caractère confessionnel, alors que la loi de 1905 n’interdit
que les subventions à des activités cultuelles. Il s’agirait d’une
évolution majeure des principes de la laïcité française.
Il est certes prévu que les organisations
pourront se prévaloir d’un « caractère propre » leur permettant de
bénéficier de financements publics. Mais cette condition est
stigmatisante. La liberté de religion, pourtant garantie par la
Constitution, comme la liberté de conscience, et par la convention
européenne des droits de l’homme, deviendrait un droit d’exception,
marqué par la suspicion.
Ce texte de circonstance, mal étudié, menace
les mouvements de scoutisme et, plus fondamentalement, la concorde
nationale sur un sujet sensible, sur lequel il serait raisonnable de se
garder de toute improvisation.
Nous en demandons le retrait.
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