mercredi 10 février 2010

LUC 8.4-15




4 Une grande foule se rassembla et des gens vinrent vers lui de diverses villes. Alors il dit cette parabole:5 «Un semeur sortit pour semer sa semence. Comme il semait, une partie de la semence tomba le long du chemin; elle fut piétinée et les oiseaux du ciel la mangèrent.6 Une autre partie tomba sur un sol pierreux; quand elle eut poussé, elle sécha, parce qu'elle manquait d'humidité.7 Une autre partie tomba au milieu des ronces; les ronces poussèrent avec elle et l'étouffèrent. 8 Une autre partie tomba dans la bonne terre; quand elle eut poussé, elle produisit du fruit au centuple.» Après cela, Jésus dit à haute voix: «Que celui qui a des oreilles pour entendre entende.»9 Ses disciples lui demandèrent ce que signifiait cette parabole. 10 Il répondit: «Il vous a été donné, à vous, de connaître les mystères du royaume de Dieu; mais pour les autres, cela est dit en paraboles, afin qu'en voyant ils ne voient pas et qu'en entendant ils ne comprennent pas.11 Voici ce que signifie cette parabole: la semence, c'est la parole de Dieu.12 Ceux qui sont le long du chemin, ce sont ceux qui entendent; puis le diable vient et enlève la parole de leur coeur, de peur qu'ils ne croient et soient sauvés. 13 Ceux qui sont sur le sol pierreux, ce sont ceux qui, lorsqu'ils entendent la parole, l'acceptent avec joie; mais ils n'ont pas de racine, ils croient pour un temps et abandonnent au moment de l'épreuve.14 Ce qui est tombé parmi les ronces, ce sont ceux qui ont entendu la parole, mais en cours de route ils la laissent étouffer par les préoccupations, les richesses et les plaisirs de la vie, et ils ne parviennent pas à maturité.15 Ce qui est tombé dans la bonne terre, ce sont ceux qui ont entendu la parole avec un coeur honnête et bon, la retiennent et portent du fruit avec persévérance.




Chers frères et sœurs,

Parmi les grandes bénédictions que Dieu m'a accordées et pour lesquelles je lui rends grâce réside la fait que je peux vivre et élever mes enfants chez moi, à la campagne. Quand on est pasteur, le fait d'être issu d'un milieu rural présente des avantages insoupçonnés.
Par exemple, il n'y a pas besoin d'être ingénieur de l'Institut National d'Agronomie pour se rendre compte que le semeur de notre texte travaille d'une façon désastreuse.
Voilà un paysan qui ne laboure pas, qui ne fertilise pas, qui ne s'inquiète pas du temps qu'il fait. Et quand bien même il aurait fait toutes ces choses, ça n'aurait servi à rien: nous le voyons semer ses graines n'importe où, sans faire attention à la nature du terrain.

Seule une graine sur quatre a sa chance. Les autres sont mangées par les oiseaux, ne trouvent pas d'eau ou sont étouffées par les ronces. En ce qui concerne les semences, ça n'est ni fait ni à faire comme on dit dans le Poitou!
Imaginez qu'un agriculteur moderne fasse la même chose: ses graines, on les retrouverait dans la cour de la ferme, le long du chemin qui mène aux champs, sur la Place du Temple. Ce paysan dépenserait plus en graines que ce qu'il pourrait espérer tirer de sa récolte. Disons-le: mener son exploitation de cette façon, c'est la meilleure façon de se ruiner complètement!!

Mais nous n'avons pas à prévenir la Chambre d'Agriculture. Car le semeur de la parabole n'est pas un paysan ordinaire. Le semeur, c'est Dieu, et je crois que c'est sous cet angle que nous devons lire cette parabole.

Souvent, les sermons sur ce récit se concentrent sur les terrains. On demande "quelle sorte de terre êtes-vous? Avez-vous bien reçu la Parole de Dieu?". J'ai un problème avec cette approche, parce que je pense qu'elle néglige le fait que nous sommes tous, à certains moments de nos vies, un des quatre terrains dont Jésus parle.
Nous avons tu fait taire la Parole de Dieu parce que nous étions trop occupés par le bruit de nos soucis. Nous avons, à un moment ou à un autre, refusé de l'entendre parce que nous préférions suivre la voie du péché. De tout cela, nous devons nous repentir. Repentons-nous et tournons avec confiance vers Dieu car cette parabole nous parle de l'amour obstiné du Dieu semeur.

Dieu est sauveur parce qu'il est semeur. Il dépose ses graines partout. La Bible nous dit que Dieu veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité. Voilà pourquoi Dieu continue à semer, encore et toujours, et partout. Il sait que le diable et le monde n'arriveront pas à détruire toutes les graines, que certaines vont germer.

Dieu est obstiné. Il n'abandonne pas. Il n'abandonne jamais. Même si nous le rejetons, il continue à répandre sa Parole, à nous appeler par elle. Cet amour obstiné de Dieu pour ceux qui le rejettent n'est pas nouveau. Déjà, dans l'Ancien Testament, nous voyons les Israëlites s'éloigner pour aller vers de faux dieux et le Seigneur chercher à les ramener à la vraie foi et à la vie. Les Juifs préféraient chercher les bonnes chose qui ne peuvent venir que de Dieu auprès des fausses divinités des peuplades voisines. Et dans l'Ancien Testament, nous entendons, encore et encore, Dieu avertir son peuple dire à son peuple que les faux dieux ne peuvent amener que la destruction, que lui seul peut donner la paix, la sécurité et la vie éternelle.

Quand Dieu a dit qu'il était un dieu jaloux, c'était parce qu'il savait que son peuple ne pouvait recevoir de bonnes choses qu'en lui. Il ne voulait pas qu'ils s'égarent loin de lui pour aller chercher ce dont ils avaient besoin ailleurs. C'est lui qui avait tout ce qui est bon, et il voulait le leur donner.

Et quand les Israelites s'enfonçaient dans leur idolatrie, Dieu les punissait. Il faisait tomber sa colère sur eux pour abaisser leur orgueil. Mais la colère de Dieu n'était jamais causée par un désir de vengeance, par une pulsion de haine. Le Seigneur voulait détruire les idoles, montrer à ceux qui avaient pris un mauvais chemin leur vanité pour leur permettre de se rendre compte que nous ne devons dépendre que de la grâce de Dieu seule.

Depuis la chute d'Adam et d'Eve, le Seigneur n'a jamais cessé d'appeler les humains à revenir vers lui. Il sème la Loi qui nous montre notre péché, l'Evangile qui nous donne le salut par la grâce. Inlassablement, Dieu sème les paroles de la vie éternelle, même si dans sa toute-puissance il sait que beaucoup refuseront de s'ouvrir à son amour.

Je sais que certaines sociétés de mission, qui s'occupent d'implanter des églises, ont déjà rayé l'Europe occidentale de leurs cartes. Elles ne croient plus utiles d'investir dans nos pays, pensant que le christianisme y est mort. Bien sûr, si l'on réfléchit selon les règles du marché qui ont tout corrompu, cela se comprend. Mais Dieu lui, veut continuer. Il veut continuer d'appeler à lui des gens, ici, en France, et c'est de nous qu'il veut se servir pour ça.
Connaissez-vous le très beau film de Marcel Pagnol "La Femme du Boulanger" avec Raimu et Ginette Leclerc? Voyez-le ou revoyez-le et vous vous rendrez compte qu'il exprime bien ce qu'est l'évangile. Je vous rappelle l'histoire: la jeune femme d'un boulanger provençal lève le pied avec un berger du village. L'histoire se passe mal pour elle et elle revient, ne sachant pas comment elle va être reçue. Et son mari, qui na jamais cessé de l'aimer l'accueille chez eux. Il y a cette scène fameuse où Raimu reporte toute sa colère et sa peine sur Pomponette, la chatte de la maison, qui était partie elle aussi, abandonnant le pauvre vieux chat Pompon.
C'est un peu une image de ce qui s'est passé pour nous. Nous étions enfants des ténèbres, ennemis de Dieu. Et le Père a envoyé son Fils unique pour souffrir, mourir et nous accorder le pardon de toutes nos fautes. Jésus a été puni à notre place et il nous a donné sa vie, sa sainteté, sa relation d'amour avec le Père. Tout cela est devenu nôtre à la croix, et nous en prenons possession par la foi.

Alors, c'est vrai, nous l'avons vu, nous n'offrons pas toujours un terrain très favorable. Ce n'est pas toujours la Beauce ou la Brie chez nous. Mais l'amour de Dieu ne se laisse pas arrêter par notre dureté de cœur ou par nos chutes et nos faiblesses. Il continue à nous montrer l'obstination de son amour. Le Père nous offre le salut, et il n'y a pas de condition à cette offre. Aucun de nos péchés ne le fera arrêter de semer sa parole de vie en nous.

Dieu veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité. C'est là pour nous à la fois une merveilleuse assurance et un ordre de mission pour l'église.
Dieu veut que vous croyiez en l'Evangile et que vous soyez sauvés. Il veut faire de vos vies des terrains qui seront propices à une riche récolte des fruits de la repentance.

La parabole de ce dimanche nous dit l'étendue, la folie de l'amour de Dieu pour les perdus. Cet amour sans limite, cet amour qui garde l'espérance et continue à chercher les brebis perdues, sachons nous aussi l'avoir dans notre témoignage auprès de ceux que nous connaissons, dans les actions d'évangélisation de notre paroisse dont nous devons tous être partie prenante, notamment par une prière fervent et régulière.

Le semeur continue à semer. Prions pour que la moisson soit grande.

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