lundi 2 août 2010

LUC 12.13-21


The Rich Fool (Le Riche Insensé)
James B. Janknegt
Autres textes de ce dimanche: Eccl 1.2; 2.21-23 Col 3.1-11




13 Du milieu de la foule, quelqu'un dit à Jésus: «Maître, dis à mon frère de partager notre héritage avec moi.»
14 Jésus lui répondit: «Qui m'a établi pour être votre juge ou pour faire vos partages?»
15 Puis il leur dit: «Gardez-vous avec soin de toute avidité, car la vie d'un homme ne dépend pas de ses biens, même s'il est dans l'abondance.»
16 Il leur dit cette parabole: «Les terres d'un homme riche avaient beaucoup rapporté. 17 Il raisonnait en lui-même, disant: 'Que vais-je faire? En effet, je n'ai pas de place pour rentrer ma récolte.
18 Voici ce que je vais faire, se dit-il: j'abattrai mes greniers, j'en construirai de plus grands, j'y amasserai toute ma récolte et tous mes biens,
19 et je dirai à mon âme: Mon âme, tu as beaucoup de biens en réserve pour de nombreuses années; repose-toi, mange, bois et réjouis-toi.' 20 Mais Dieu lui dit: 'Homme dépourvu de bon sens! Cette nuit même, ton âme te sera redemandée, et ce que tu as préparé, pour qui cela sera-t-il?'
21 Voilà quelle est la situation de celui qui amasse des trésors pour lui-même et qui n'est pas riche pour Dieu.» 22 Jésus dit ensuite à ses disciples: «C'est pourquoi je vous le dis: ne vous inquiétez pas pour votre vie de ce que vous mangerez, ni pour votre corps de ce dont vous serez habillés.



Chers frères et soeurs,

L'Evangile de ce dimanche contient deux histoires tragiques. La première voit deux frères se disputer à propos de l'héritage paternel. L'un deux vient vers Jésus et lui demande de prendre parti pour lui. Mais Jésus n'a rien à faire de cette histoire: «Qui m'a établi pour être votre juge ou pour faire vos partages?». Les Juifs de l'époque ont la Loi de Moïse pour régler ces questions là. Ce qui intéresse Jésus,c'est le salut des âmes; c'est un autre héritage, celui de la vie éternelle. Alors Jésus prévient: «Gardez-vous avec soin de toute avidité, car la vie d'un homme ne dépend pas de ses biens, même s'il est dans l'abondance.»

Jésus raconte à ce moment là une parabole. C'est une autre histoire tragique: celle d'un homme qui s'est usé toute sa vie à accumuler la richesse et qui n'en a jamais profité. Jésus ne donne pas de nom à cet homme, mais je vous propose, pour lui donner plus de réalité, de l'appeler Simon. Simon était un homme riche, qui avait vraiment recontré le succès. Des champs et des granges à perte de vue. Simon était un homme frugal, toujours à l'affût des comptes, qui savait où passer le moindre centime. Il savait invsetir sagement et prudemment. Les comptes étaient toujours équilibrés au centime prêt. Simon était un gros travailleur, oeuvrant dès l'aube jusque tard le soir. Jamais de repos, de loisirs. Si Simon prenait du temps pour aller à la Synagogue, c'était vraiment parce qu'il le fallait, et le repos obligatoire du Sabbat devait bien lui coûter (dans tous les sens du terme d'ailleurs!). Pour sûr, Simon n'était pas un feignant, oh non, sans doute, et il savait s'y faire pour gagner des sous, et pas qu'un peu.
Et puis une année, par hasard ou par bonne fortune (peu impote la fçaon dont vous nommez la main de Dieu), les terres de Simon ont fourni une récolte exceptionelle. Tout y était: juste assez de soleil, juste assez de pluie; des températures et un sol parfaits! Le résultat: des montagnes de grains,
à entasser dans les silos et les granges.
Cette nuit-là, Simon était au téléphone avec son comptable et son conseiller en placements financiers, en train d'élaborer le moyen de tirer le meilleur profit de ces gains extraordinnaires. Bien sûr, dans un pays comme la Palestine du temps de Jésus, il y avait de quoi soulager bien des misères... Mais pour lui, le plus important, c'était de préparer sa retraite. Simon voulait se retirer des affaires. Avec une grande question: où ranger tout ce grain??
Alors Simon a élaboré un plan bien ingénieux: bâtir de nouvelles installations,
quelque chose qu'on avait jamais vu dans le canton. Sans doute que le Crédit Agricole allait suivre, et prestement! Et puis ensuite, avec toutes ses réserves garanties pour des années; enfin la belle vie. Les vacances, le soleil, les croisières sur la Méditerranée, le ski à Megève.

Pas mal comme plan. Avec néanmoins un petit oubli: le fait qu'ultimement, ce sont els plans de Dieu qui s'accomplissent, et pas les nôtres. Cette nuit-là Dieu a parlé à Simon et lui a dit « Simon, quel fou tu fais!! Cette nuit tu vas mourir, et ta montagne de grains n'aura pas plus de valeur là où tu vas qu'une poignée de haricots. Tes biens dans lesquels tu t'es confié, pour lesquels tu as tant sacrifié, ils vont être placés sous tutelle du juge des successions et ils finiront dans la poche d'un lointain petit neveu auquel tu n'auras pas donné 15 euros de ton vivant ».

Pauvre Simon. Il meurt seul et, en fait, vraiment pauvre. Bien sûr, ici, je lis entre les lignes, mais comme notre histoire ne mentionne pas d'épouse ou d'enfants dont l'homme se serait soucié en préparant l'avenir, il est plus que probable qu'il n'y avait au cimetière que ces rares proches: son notaire et son banquier. C'est vrai que quand on passe sa vie à courir après le fric, on n'a pas vraiment le temps de construire un couple, une famille ou des amitiés.

Le plus grand drame dans cette hsitoire est qu'on sent que Simon n'a jamais été capable d'apprécier sa richesse. Quand il gagnait beaucoup d'argent, il fallait en gagner encore plus l'année suivante. En fait, Simon cherchait à se protéger en accumulant les biens. Que cherchait-il? La puissance que donne l'argent? Sans doute, mais alors il oubliait que cette puissance là est finalement assez fragile et ne peut rien face à celui qui est le Tout-puissant.
Que cherchait Simon? La sécurité que donne l'argent? Sans doute, mais là encore qu'elle est relative et fragile cette sécurité. En tou cas, elle n'a jamais empêché la mort de frapper où elle veut et quand elle veut!

Oui, Simon était un insensé. Ce mot apparâit aussi dans le Psaume 14 où il est dit: « L'insensé dit en son coeur: il n'y a pas de Dieu ». Simon a mené sa vie comme si Dieu n'existait pas. Ca se voit dans son vocabulaire: ma récolte, mes greniers, mes biens. Pas une seule fois, Simon ne remercie Dieu pour ce qu'il lui a donné, pas une seule fois il ne lui rend grâce d'avoir béni ses efforts, pas une seule fois il ne le consulte dans la prière pour savoir quoi faire avec sa récolte et surtout, quand Simon dit avoir enfin trouvé la sécurité, c'est parce que ces greniers sont pleins, pas parce qu'il a placé sa foi en Dieu. Simon est athée, il vit sans Dieu. Il n'y a pas de place dans son existence pour le Dieu vivant. Il n'y a pas de relation personnelle avec le Seigneur. Il n'y a pas de foi.

Le plus triste, c'est qu'à cause de ça Simon n'a jamais pu profité de son immense richesse. Il n'a jamais su ce que c'était que de s'assoir confortablement sur une terrasse avec vue sur la mer en buvant un bon vin. Il n'a même jamais su ce que c'était que de prendre du temps pour marcher main dans la main avec la femme qu'on aime. Simon était trop occupé pour tout ça! Trop occupé à amasser, à empiler, à thésauriser, à investir, à valoriser. Et au milieu de tout ça, il n'a jamais pu reconnaître celui qui est la source de toutes nos bénédictions. Oui, vraiment, quelle folie!!
Le livre de l'Ecclésiaste appelle une vie comme ça « vanité », au sens de vide, de pouruite du vent. Le livre est parfois attribué à Salomon, fils de David et roi d'Israël. Salomon s'y connaissait en richesse, lui qui était un des souverains les plus puissants de la région. Et voici ce qu'il a dit en 2.24 « Il n'y a de bonheur pour l'homme qu'à manger et à boire, à faire jouir son âme du bien-être, au milieu de son travail; mais j'ai vu que cela aussi vient de la main de Dieu ». Cette attitude de sagesse et de dépendance tranquille envers Dieu, Salomon la contraste, au v. 21-23, avec celle de l'homme qui a travaillé très dur durant toute sa vie et dont tout l'argent va aller à « un homme qui ne s'en est pas occupé » c'est-oà-dire un héritier que, si ça se trouve, va tout manger en moins de dix ans (je connais des familles, nombreuses, où ça s'est produit).
Remarquez, ce n'est pas que les priorités du pauvre Simon étaient fausses. Dans ce domaine, il ne s'agit pas de placer Dieu en premier. On ne peut pas dire « Dieu en premier, puis ma famille, puis mon désir effréné de ganger du fricx, qui est ma petite idolâtrie perso ». Non, il ne s'agit pas mettre Dieu en premier mais de le mettre au centre. C'est lui qui est la source, c'est lui qui possède la parole qui créée et qui soutient. Et le grain et la grappe, le pain et le vin, les granges, le bétail et tous les dons parfaits que nous recevons viennent de lui, que nous l'ademttions ou non. Voilà pourquoi, quand quelqu'un me demande combien donner à la paroisse, je le renvoie normalement vers la trésorière mais je précise quand même quelque chose qui est une réalité spirituelle: il ne s'agit pas de donner à la paroisse, il s'agit de redonner à Dieu en signe de reconnaissance.
Oui frères et soeurs, Dieu est au milieu, il est central.

Si nous ne reconnaissaons pas ce fait, si nous ne croyons pas en lui, notre coeur va se fabriquer une nouvelle religion, avec des idôles, càd de faux dieux. L'argent est une idôle très appréciée dans notre société, tout comme l'est une sexualité débridée. Remarquez, vous avez pu entendre que c'était déjà comme ça du temps de Paul. Vous voyez en fait, le problème ne vient pas de l'argent. Un billet de 100 euros n'a jamais attaqué personne!! Le problème est que nos coeurs sont mauvais et naturellement enclins au mal.
Ce n'est pas l'argent qui est la racine de tous les maux selon la Bible, c'est l'amour de l'argent. Et la raison pour laquelle nous avons si souvent dans notre société un rapport si malsain avec l'argent, c'est parce que c'est un rapport religieux. Nous vénérons le fric, nous lui attribuons une toute-puissance. Cela va jusque dans les milieux chrétiens où, trop souvent, les gens sont plus soucieux de préparer leurs enfants à leur premier salaire qu'à leur première communion.

Le résultat de cette religion de l'argent? Alors que les français n'ont jamais été aussi riches, nous sommes anxieux et misérables, comme le pauvre Simon qui restait debout tard la nuit en se demandant ce qu'il allait faire de son argent. Les idôles détruisent toujours ceux qui l'adorent et notre culte du fric nous détruira, individuellement et collectivement. Quelque soit votre idôle, c'est elle qui devient le centre de votre amour, de vos craintes, de votre confiance, de votre espérance. Faites de quoique ce soit (santé, argent, famille, voiture) une religion et vous ne pourrez plus l'apprécier parce que vous serez devenu le serviteur de ce qui autrefois vous servait. Souvenez-vous: les dieux demandent toujours des sacrifices.

La religion de l'argent nous vole notre joie. Elle va la plupart du temps vous demander de vous tuer au travail pour pouvoir faire rentrer plus à la fin du mois. Et nombreux sont ceux qui ont tellement peur de manquer d'argent (la plupart du temps pour acheter des choses inutiles) qui'l n'apprécient même pas celui qu'ils ont, comme le pauvre Simon.
Quand nous craignons de voir quelque chose nous échapper, nous le serrons très fort. Mais il nous faut voir la vie non pas avec le poing crispé de l'inquiétude mais avec la main ouverte de la foi.

La foi en Jésus est la clé du contentement et la fin de nos fausses religions. Et là je ne parle pas de savoir des choses à propos de Jésus, mais de connaître Jésus lui-même: le Fils de Dieu qui est venu mourir pour vos péchés afin que vous sotiez pardonnés. Vous connaissez peut-être cette histoire, mais y croyez-vous? Est-ce que, contrairement à Simon, vous laissez Dieu faire la différence dans vos vies?

En commentant l'Evangile que nous avons lu, Ambroise de Milan dit « elles ne sont pas à nous les choses que nous ne pouvons emporter avec nous... Seule nous suit la miséricorde qui nous procure les tabernacles éternels ».
En langage d'aujourd'hui, on pourrait dire « le coffre-fort ne suit pas le cercueil. La seule chose qui reste, c'est la vie éternelle que seul Jésus peut nous donner ».

La foi en Christ espère. La foi en Christ a confiance en la mort expiatoire et en la résurrection de Jésus. La foi en Christ, surtout, donne le repos. Nous avons beaucoup parlé de travail aujourd'hui. Mais en Jésus, nous pouvons enfin nos reposer de nos oeuvres et de leur vanité. Par la foi, nous pouvons cesser d'être esclaves de nos horaires de dingue, de notre addiction au travail, de nos inquiètudes. Nous pouvons nous poser, nous reposer, et écouter la Parole de Dieu, comme Marie l'a fait dans l'évangile de dimanche dernier. Comme elle, nous pouvons prendre du temps avec Jésus. Il nous invite à un repas aujourd'hui. Nous mangeons et nous buvons. Ce n'est pas par hasard si nous communions au corps et au sang de Jésus et si nous nous souvenons de sa mort dans un repas. Parole et sacrement. Nous pouvons, comme on dit chez nous, « retrouver le goût du pain », mais d'un pain céleste, d'un pain de vie (Jean 6). Nous pouvons manger et boire avec plaisir parce que toute notre vie est entre les mains du Seigneur Christ. Les anciens avaient un proverbe « mangeons et buvons, car demain nous mourrons » (Es 22.13, 1 Co 15.32), pour nous, chrétiens, nous pouvons au moment de nous approcher de la Cène lui apporter une toute petite modification, mais qui change tout: « mangeons et buvons, car demain, nous vivrons ».



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