samedi 13 novembre 2010

2 THESSALONICIENS 3.6-13

Illustration de Luc 21.5-19







Malachie 3.19-20; Luc 21.5-19


6 Nous vous recommandons, frères et soeurs, au nom de notre Seigneur Jésus-Christ, de vous éloigner de tout frère qui mène une vie désordonnée et ne suit pas les instructions reçues de nous.
7 Vous savez vous-mêmes comment il faut nous imiter, car nous ne nous sommes pas livrés au désordre parmi vous 8 et nous n'avons mangé gratuitement le pain de personne; au contraire, nuit et jour, dans la fatigue et dans la peine, nous avons travaillé pour n'être à la charge d'aucun de vous. 9 Non que nous n'en ayons pas le droit, mais nous avons voulu vous donner en nous-mêmes un modèle à imiter.
10 En effet, lorsque nous étions chez vous, nous vous recommandions ceci: si quelqu'un ne veut pas travailler, qu'il ne mange pas non plus. 11 Nous apprenons cependant que quelques-uns parmi vous mènent une vie désordonnée: ils ne travaillent pas mais se mêlent des affaires des autres.Nous apprenons cependant que quelques-uns parmi vous mènent une vie désordonnée: ils ne travaillent pas mais se mêlent des affaires des autres.
12 Nous invitons ces gens-là, et nous les encourageons par notre Seigneur Jésus-Christ, à travailler paisiblement pour manger leur propre pain.
13 Quant à vous, frères et soeurs, ne négligez pas de faire le bien.




Chers frères et soeurs,
chers amis,

Même si nous savons que les trois derniers dimanches de l'année liturgique sont traditionnellement assez sombres dans leur thématique, les textes d'aujourd'hui nous frappent peut-être par l'atmosphère qui s'en dégage.

Dans Luc, Jésus et ses disciples contemplent la maginique architecture du Temple et Jésus coupe court à la rêverie en disant: « «Les jours viendront où il ne restera pas pierre sur pierre de ce que vous voyez, tout sera détruit.» (21.6)
Interloqués, choqués sans doute même par l'idée que le coeur de la vie religieuse juive puisse être détruit, les disciples veulent en savoir plus. Ils ne sont pas déçus. Jésus continue ses prédictions: des imposteurs tenteront de les égarer (21.8), il y aura « des guerres et des soulèvements » (21.9), «Une nation se dressera contre une nation et un royaume contre un royaume. Il y aura aussi de « grands tremblements de terre » et beaucoup d'autres choses réjouissantes, incluant des famines, des épidémies auquel il ne faut pas manquer de rajouter des « phénomènes terrifiants » (21.11). Quant à vous,pendant ce temps, vous pouvez vous attendre à être arrêtés et persécutés; vous serez livrés aux synagogues et enfermés dans les prisons, « on vous traînera devant des rois et devant des gouverneurs à cause de mon nom » (21.12).

A ce moment-là, les disciples pensaient sans doute « eh oh, minute, on était juste partis faire un tour du côté du Temple », mais Jésus en rajoute une couche: « 16 Vous serez trahis même par vos parents, par vos frères, par vos proches et par vos amis, et l'on fera mourir plusieurs d'entre vous.
17 Vous serez détestés de tous à cause de mon nom ».

C'est ça l'Evangile? C'est ça la Bonne Nouvelle selon Luc? Soyons honnêtes, ça ressemble plutôt à de très mauvaises nouvelles. Ces paroles de Jésus évoquent moins l'Evangile qu'un scénario de film-catastrophe à gros budget.

Les autres lectures de ce dimanche ne font rien pour allèger l'impact du texte de l'Evangile. Les paroles du Prophète Malachie aussi sonnent comme un avertissement lugubre: « Car voici: le jour vient, ardent comme un brasier, où tous les arrogants et ceux qui font le mal seront comme du chaume. Ce jour-là, ils seront consumés par le feu, déclare l'Eternel, le Seigneur des armées célestes. Et il n'en restera ni rameaux ni racines. »
Quant à notre lecture en 2 Thessaloniciens, elle n'a certes pas le même poids de dangers et de menaces, mais elle est aussi inquiétante dans la mesure où elle décrit un problème qui est en train de miner une communauté chrétienne pourtant connue pour être saine.

Ce qui inquiète Paul, ce sont les chrétiens de Thessalonique qui « mènent une vie désordonnée » ou, comme le dit la NBS qui vivent « dans l'indiscipline ». Nous verrons tout à l'heure ce qu'il veut dire par là. En tout cas, son message final est clair: « Quant à vous, frères et soeurs, ne négligez pas de faire le bien ».
Le ton sombre de nos lectures nous incite à la gravité, à la réflexion. Pour les premiers chrétiens qui ont reçu les paroles de Christ, ses prédictions apocalyptiques étaient la source d'une interrogation inquiète. Pour ceux qui étaient d'origine juive, notamment, l'idée de la destruction du Temple n'était pas sans poser un problème d'ordre pratique: comment un monument aussi gigantesque, dont la plus petite pierre pesait deux tonnes, pouvait-il être détruit?

Voilà pourquoi, dans l'Eglise primitive, un grand nombre de spéculations courraient sur le retour de Christ. C'était notamment le cas à Thessalonique où, comme nous l'avons vu la semaine dernière, certains croyaient que le retour de Christ avait déjà eu lieu. Paul corrige cette notion en disant qu'avant que Christ revienne, le mal ne fera que progresser sous la conduite d'un mystérieux « homme de péché » (2.3). En clair, dit l'apôtre, les choses vont encore empirer!!

En général, en face d'une menace, la réaction la plus courante est la panique: pensez à l'attitude de nos concitoyens il y a quelques semaines quand il n'y a qu'un risque de pénurie de carburant: des queues sans fin aux stations-services!!
Si, comme Luc l'annonce, nous pouvons nous attendre à être arrêtés et jugés, tout cela dans la cadre de catastrophes naturelles et de guerre, on comprend que certains chrétiens du 1er siècle aient cédé à la panique. La panique, la peur mène au désespoir, à l'envie de fuir, d'agir vite. En situation de panique, on se replie sur soi, on se sent seul et les issues peuvent paraître toutes bouchées.

Je crois que nous vivons tous avec des peurs. Pour certains d'entre nous, il y a des phobies bien spécifiques (le noir, les araignées). Nous avons peur pour notre emploi, pour l'équilibre de nos comptes, pour notre couple, pour notre santé ou celle d'un être cher. Nous devons faire face à de sproblèmes moraux qui semblent inextricables. Les plus jeunes sont soumis à la pression du groupe et à celle des parents ou encore à la peur d'être rejeté par celui ou celle qui est tellement mignon.
En plus, il y a les peurs collectives: la Bourse va t'elle s'effondrer? Allons nous sauver le système des retraites? Serons-nous touchés par les conflits qui déchirent le monde?

En fait, le mot panique est du vocabulaire religieux. Il est associé avec le dieu Pan, divinité grecque des bois, des champs et de la fertilité. Vous savez, Pan, c'est cet être mi-homme, mi-bouc. Pan aimait surprendre les voyageurs en leur infligeant la plus grande terreur de leur vie!! Cette terreur soudaine et irraisonnée, les Grecs l'appelaient panique? La panique est la peur qui vous vient d'on ne sait où et qui semble impossible à contrôler.
Mais, en fait, Luc ne veut pas que ceux qui reçoivent son témoignage cèdent à la panique. Il prévient, il avertit. Si des temps difficiles arrivent, ne soyez pas surpris! Si vous êtes arêtés et jugés, « Cela vous donnera une occasion de témoignage » et Jésus y attache une promesse: « je vous donnerai des paroles et une sagesse telles qu'aucun de vos adversaires ne pourra s'y opposer ni les contredire ». Ultimement, ne vous inquiètez pas; je serai toujours avec vous, même si le pire devait arriver.

Mais la panique n'est pas la seule réaction possible. Paul en savait quelque chose: à Thessalonique, on ne paniquait pas, bien au contraire. Non, à Thessalonique, on feignassait!! Comme je vous l'ai dit tout à l'heure, certains croyants de cette communauté était persuadés que le retour de Christ avait déjà eu lieu ou au moins qu'il était très proche, imminent. Et du coup, ils étaient tombés dans l'inactivité. « je suis paysan, mais je ne vais plus rien planter: à quoi bon, je ne sais même pas si Christ ne sera pas de retour avant la récolte » « je suis boutiquier mais je ne fais plus rien entrer en magasin: à quoi bon, puisque Jésus sera sans doute de retour avant que j'aie écoulé mon stock ». Tous ces gens avaient abandonné, leurs responsabilités, leur travail, leurs projets d'avenir et ils se contentaient d'attendre le retour du Seigneur. Mais, du coup, comme il existait une forte solidarité au sein de la communauté chrétienne, ils se retrouvaient à vire aux crochets des autres croyants, êtres moins spirituels qui, eux, n'avaient pas renoncé à leur activité.

Paul refuse absolument de se laisser impressioner par cette pseudo-spiritualité: «6 Nous vous recommandons, frères et soeurs, au nom de notre Seigneur Jésus-Christ, de vous éloigner de tout frère qui mène une vie désordonnée et ne suit pas les instructions reçues de nous.
7 Vous savez vous-mêmes comment il faut nous imiter, car nous ne nous sommes pas livrés au désordre parmi vous 8 et nous n'avons mangé gratuitement le pain de personne; au contraire, nuit et jour, dans la fatigue et dans la peine, nous avons travaillé pour n'être à la charge d'aucun de vous...
11 Nous apprenons cependant que quelques-uns parmi vous mènent une vie désordonnée: ils ne travaillent pas mais se mêlent des affaires des autres. »
La NBS rend cette dernière de manière très juste « au lieu d'agir, ils s'agitent ». Et oui, on peut ne rien faire et s'agiter beaucoup. Comme ils ne travaillaient plus et n'avaient qu'à attendre le repas, nos « super-chrétiens » avaient tout le temps de mettre leur nez dans ce qui ne les concernait pas, notamment la vie de la communauté et celle de leur frères et soeurs. Cela rappelle les instructions de Paul à Timothée vis-à-vis de certaines veuves qui,; vivant aux crochets de l'église « apprennaient à aller de maison en maison; et non seulement [étaient] oisives, mais encore causeuses et intrigantes, disant ce qu'il ne faut pas dire » (1 Timothée 5.13).

Bref, au lieu d'être des soutiens de la communauté dans son ensemble, certains chrétiens de Thessalonique étaient devenus des fardeaux pour elle.
Nous savons aussi qu'il y avait à l'époque que des prédicateurs itinérants allaient d'église en église et devenaient un problème (2 Jean en parle, de même qu'un très ancien texte chrétien, la Didaché). Certains de ces hommes avaient tendance à...s'éterniser dans les églises qui les avaient reçus et se comportaient comme de vraies sangsues.

Et facve à tous ces gens-là, l'avis de Paul (son exhortation plutôt) est clair « si quelqu'un ne veut pas travailler, qu'il ne mange pas non plus ». Moi et mes compagnons avons travaillé nuit et jour, nous n'avons jamais demandé d'argent parmi vous alors que nous en aurions eu le droit, alors si quelqu'un qui est tout à fait capable de subvenir à ses besoisn refuse de le faire, il n'y a aucune raison qu'il bénéficie de la solidarité des frères et des soeurs: laissez-le se débrouiller!

Vous voyez frères et soeurs, Paul est ici motivé par deux choses:

-d'une part, la notion d'ordre. Les paresseux de Thessalonique vivent dans le désordre parce que leur théologie étaient désordonnée et fausse. Les idées ont des conséquences: les idées justes ont des conséquences justes, les idées fausses ont des conséquences fausses. Et si Paul intervient sur ce problème, comme souvent ailleurs dans ses lettres, c'est pour bien montrer que tout n'est pas OK dans l'Eglise. Tout ne se vaut pas. Il y a le vrai et il y a le faux et ils ne sont pas conciliables. Nous voyons à l'heure actuelle certaines églises s'abandonner à des dérives complètes au niveau éthique, avec notamment l'acceptation de l'homosexualité. Mais cela n'arrive que parce qu'elles ont renoncé à reconnaître l'autorité des Ecritures!
Alors, frères et soeurs, demeurons fidèles à une pensée juste. Enracinons-nous dans les grandes vérités de la foi qui sont si bien exprimées dans le Petit Catéchisme, qui pourrait être plus souvent le sujet de notre étude et de notre méditation.

-d'autre part, le second souci de Paul se trouve dans la phrase finale de notre passage qu'on peut traduire par « ne vous lassez pas de faire le bien ». Probablment, certains chrétiens de Thessalonique commençaient à être découragés quand ils voyaient qu'ils devaient nourrir de grands gaillards tout à fait en mesure de ganger leur pain. Sans doute étaient-ils découragés de voir le troublme se répandre dans leur église et des hérésies la contaminer. « A quoi bon » se disaient-ils sans doute, lassés, fatigués.

Nous aussi, pour d'autres raisons, nous pouvons parfois être tentés de baisser les bras dans notre vie chrétienne. Nous avons besoinde persévérance et je crois que celle-ci sera plus facile à obtenir si nous savons que nous sommes engagés dans un marathon et pas un 100 mètres. Une bonne partie de l'épuisement spirituel des chrétiens vient du fait que nous nous mettons parfois sur les épaules des choses que nous n'avons pas à porter. Nous avons vu la semaine dernière que le Royaume de Dieu vient sans nos prières et qu'il ne dépend pas de nos efforts.
Soyons fidèles au jour le jour, là où Dieu nous a placés et ne dépendons de nos forces, mais de la sienne.

Comme l'a dit un jour Martin Luther « pendant que je bois mon petit verre de vin de Wittenberg, l'Evangile continue à avancer ». Une parole réconfortante, même si nous n'aimons pas la bière...

Ayez confiance en Dieu. Quand nous sommes confrontés à l'aridité et à la laideur de la situation dans le monde et dans l'Eglise, nos trois textes d'aujourd'hui nous rappellent que Dieu garde le contrôle et qu'il fait avancer son royaume. Comme l'a dit Helmut Thielicke « malgré le chaos, la stupidité, le péché, la vie ne deviendra pas un écheveau irrémédiablement emmêlé ».
Elle ne le sera pas parce que Jésus nous a promis d'être avec nous jusqu'à la fin du monde (et peu importe dès lors quand elle arrivera). Dieu ne va pas nous abandonner. Il nous a donné le salut par la mort du Christ pour nous. Nous pouvons être ses enfants. Il nous aime. Il a un plan pour nos vies et, même si nous pouvons parfois être tentés par la panique, nous pouvons être assurés qu'il le mènera à bien.
















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