samedi 20 novembre 2010

COLOSSIENS 1.12-20



2 Samuel 5.1-3; Luc 23.35-43




12rendez grâce au Père qui vous a rendus capables d'accéder à la part d'héritage des saints dans la lumière. 13 Il nous a délivrés de l'autorité des ténèbres pour nous transporter dans le royaume de son Fils bien-aimé, 14 en qui nous avons la rédemption, le pardon des péchés.

15 Il est l'image du Dieu invisible,
le premier-né de toute création ;
16 car c'est en lui que tout a été créé
dans les cieux et sur la terre,
le visible et l'invisible,
trônes, seigneuries,
principats, autorités ;
tout a été créé par lui et pour lui ;
17 lui, il est avant tout,
et c'est en lui que tout se tient ;
18 lui, il est la tête du corps — qui est l'Eglise.
Il est le commencement,
le premier-né d'entre les morts,
afin d'être en tout le premier.
19 Car il a plu à Dieu de faire habiter en lui toute plénitude
20 et, par lui, de tout réconcilier avec lui-même,
aussi bien ce qui est sur la terre que
ce qui est dans les cieux,
en faisant la paix par lui,
par le sang de sa croix.






Chers frères et soeurs,
chers amis,




En ce dernier dimanche de l'année ecclésiastique, durant lequel nous sommes invités à réfléchir ensemble à la royauté de Christ. Et pour se faire, nous avons lu ce magnifique passage de la lettre de Paul à l'Eglise de Colosses.
En fait, Paul n'avait pas été à l'origine de cette église. C'était un de ses compagnons d'oeuvre, Epaphras, qui avait amené l'Evangile dans la ville de Colosses (aujourd'hui en Turquie). Cette église de Colosses était en proie à des divisions et à des conflits doctrinaux (comme quoi, il n'y a rien de neuf sous le soleil), et Epaphras a sans doute demandé l'aide de Paul.
Nous ne savons pas au juste en quoi consistait « l'hérésie colossienne », mais elle semble avoir été complexe et ne pas avoir été faite d'un seul problème.

Paul ne connaît donc pas personnellement les chrétiens auxquels il écrit, et son ton dans cette lettre est assez général, ce qui nous donne une sorte d'image des principes clés de la foi chrétienne. Paul aborde en fait deux grands thèmes en Colossiens: ce que Christ a fait et ce que les chrétiens devraient faire.

Colossiens est en fait une invitation à considérer la personne de Christ, à bien comprendre qui il est et ce qu'il fait et à le replacer au coeur de nos vies. Il ne s'agit pas seulement de connaître quelques faits à propos de Jésus ou d'avoir d'assez bons souvenirs de son catéchisme: il s'agit de connaître Christ personnellement.

Dans le passage que nous avons lu, qui est peut-être un très ancien hymne de l'Eglise ancienne, Paul nous fait contempler Jésus et il utilsie pour cela plusieurs images:

Premièrement, il est l'image du Dieu invisible (v.15): voilà un paradoxe n'est-ce pas? L'image de quelque chose d'invisible...Réfléchissez y quelques instants. C'est une des choses les plus remarquables à propos de Jésus: il est Dieu incarné. En lui, Dieu se montre à nous. Jean nous dit dans son Evangile: « Personne n'a jamais vu Dieu. Mais le Fils unique, qui est Dieu et demeure auprès du Père, lui seul l'a fait connaître. » (Jean 1.18). Ce Dieu tellement difficile à appréhender avec notre pauvre logique, ce Dieu dont nous pouvons si facilement nous faire des images fausses, pouvons-nous vraiment le connaître? Oui, répondent les Ecritures chrétiennes. Nous pouvons le connaître parce qu'il s'est révélé à nous en Jésus-Christ.

Et cela est déjà un évangile, une Bonne Nouvelle, frères et soeurs. Parce que si Jésus nous montre qui est Dieu, comment il est, nous pouvons nous réjouir. Je crois que tous ceux qui ont lu le Nouveau Testament s'accordent sur une chose: Jésus est le plus pur exemple de grandeur d'âme et d'amour qu'on puisse trouver. Et si Jésus est amour, cela veut dire que Dieu nous aime! Nous n'avons plus à vivre sous la coupe de l'image détestable d'un Dieu jaloux et autoritaire que l'on a cherché durant des siècles à nous imposer. Non, Dieu est amour et il aime chacun d'entre nous et veut le ramener à lui: c'est pour cela qu'il a envoyé son Fils qui est « le rayonnement de sa gloire et l'expression de sa réalité même » (Hébreux 1.3). Regardez à Jésus: vous trouverez en lui la réalité même de Dieu, celle qui va nous libérer de nos fausses percéptions et de nos craintes.

Deuxièmement, Jésus est le premier-né de toute création. Ce verset ne veut pas dire que Jésus a été créé lui aussi. Ici, « premier-né » est à prendre au sens d'héritier.Le Fils premier-né était l'héritier de tout ce qui appartenait à son père. Donc, si Jésus est le premier-né de toute la création, cela veut dire que la création lui est soumise. C'est ce que soulignent encore les versets suivants: « c'est en lui que tout a été créé...tout a été créé par lui et pour lui...lui, il est avant tout, et c'est en lui que tout se tient » (v.16-17).

Paul ne veut pas que les chrétiens aient le moindre doute sur la grandeur de Christ, sur son infinie puissance, sur son règne sur l'univers entier. Au passage, je crois que nous pouvons trouver là un utile correctif à la vision trop répandue selon laquelle notre foi ne s'occuperrait que de notre salut personnel. Ici, Jésus est montré comme créateur et gardien de la création toute entière, et cela inclut aussi notre environnement, nos forêts, nos rivières, nos champs. Cela n'échappe pas à la main de Dieu et l'homme ne peut en faire ce qu'il veut. En ces temps d'angoisse écol:ogique tout à fait justifiée, l'Eglise peut puiser dans ces textes pour tenter de bâtir une réponse chrétienne à ces défis.

Troisièmement, Jésus est la tête du corps, qui est l'Eglise. Le chef de la création est aussi le chef de l'Eglise, de la communauté qu'il a créée et qui regroupe tous ceux qui croient en lui. Nous tendons je crois trop à l'oublier, et que parfois, à force de placer on ne sait quoi avant Jésus, nos églises perdent la tête. Quand j'entends que telle église est dirigée par un synode national (ou par un Pape) je me dis que j'espère pour elle que c'est avant tout Jésus qui la guide...
Et puis il y a ses multiples dénominations entre lesquelles l'Eglise est divisée: Catholiques Romains, Orthodoxes, Protestants de toutes les couleurs possibles et imaginables (Luthériens, Réformés, Baptistes, Pentecôtistes) à tel point que les gens « du dehors » ont du mal à s'y retrouver.
Et bien, je vais vous dire quelque chose: à l'heure actuelle, les personnes en recherche spirituellement peuvent se rapprocher du christianisme parce que la personne de Jésus les attire. Je n'ai jamais vu personne qui ait eu envie de devenir chrétien parce que la grandeur de l'ERF ou de l'Eglise Catholique ou Luthérienne l'avait aveuglé!
Ne confondons l'arbre de l'Eglise et la forêt de Christ.
C'est Jésus qui guide l'Eglise, et pas l'Eglise qui emmène Jésus où elle veut. Notre foi et notre espérance sont fondés sur la personne de Christ, pas sur l'Eglise. L'Eglise n'est qu'un moyen que Dieu a choisi pour annoncer un message. Ce message; c'est celui de Jésus.

Quatrièmement, Jésus est le premier-né d'entre les morts.
Il est déjà le premier-né de la création. Il est aussi celui d'entre les morts. Et, là aussi, il s'agit d'être l'héritier. Et, cette fois-ci, il hérite du don de la vie.
Ce verset ne dit pas que Jésus est le premier humain à être ressuscité: nous savons que ce n'est pas le cas et nous pensons notamment à son ami Lazare.
Mais il y a une différence: Lazare allait quand même devoir mourir un jour. Jésus a été le premier à revivre avec un corps glorifié. Jésus a été le premier à vaincre totalement la mort.
Et le premier-né d'entre les morts devait avoir de nombreux frères et soeurs. Ceux qui croient en lui sont enfants de Dieu et co-héritiers de la vie éternelle.
« mais à tous ceux qui l'ont reçu, il a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu— à ceux qui mettent leur foi en son nom.13Ceux-là sont nés, non pas du sang, ni d'une volonté de chair, ni d'une volonté d'homme, mais de Dieu » Jean 1.12-13.

Et après ces quatres déclarations, Paul couronne sa pensée en disant afin « d'être [qu'il soit] en tout le premier ». Christ a la suprématie sur la création, sur l'Eglise et sur la mort. Et c'est cet être si puissant qui est venu sur terre pour nous. « 19 Car il a plu à Dieu de faire habiter en lui toute plénitude 20 et, par lui, de tout réconcilier avec lui-même, aussi bien ce qui est sur la terre que ce qui est dans les cieux ». Jésus est venu rétablir non seulement notre relation brisée avec Dieu, mais aussi un ordre cosmique bien plus grand.

Et après cette accumulation de mots, de phrases, d'idées soulignant la grandeu de Jésus, Paul termine son paragraphe par un renversement choquant. Comment Jésus, Dieu incarné, co-créateur at'il pu guérir notre relation avec Dieu? « par le sang de sa croix. »
Oui, frères et soeurs, pour que le monde puisse être réconcilié avec Dieu, pour que nous puissions être purifiés de nos fautes, Jésus a dû verser son sang dans une mort infâme, cloué sur une croix. Quel prix à payer, quel abaissement, pour celui qui règnait parmi les anges!
En Philippiens, Paul dit que Jésus « possédait depuis toujours la condition divine, mais il n'a pas voulu demeurer de force l'égal de Dieu. 7Au contraire, il a de lui-même renoncé à tout ce qu'il avait et il a pris la condition de serviteur. Il est devenu homme parmi les hommes, il a été reconnu comme homme ; 8il a choisi de vivre dans l'humilité et s'est montré obéissant jusqu'à la mort, la mort sur une croix. »
Quand nous pensons à un roi, ce sont souvent des images de palais luxueux, de gardes en grand uniforme, de dignitaires assemblés autour du trône qui nous viennent à l'esprit.
Mais la royauté de Jésus était bien différente. Comme il l'a dit lui-même
« Ma royauté n'est pas de ce monde » (Jean 18.36).
Une couronne royale / une couronne d'épines.
Un cortège royal (voiture de luxe) / un homme sur un âne.
Une table de banquet bien garnie / la table de l'Eucharistie avec du pain et du vin.
Une chambre royale / une crèche.
Il était bine difficile de voir un roi dans cet être cloué sur une croix entre deux criminels « si tu es roi, sauves-toi toi-même » disaient ceux qui l'entouraient. Mais Luc raconte qu'un des deux bandits dit à Christ: « Jésus, souviens-toi de moi quand tu entreras dans ton royaume. 43Il lui répondit : Amen, je te le dis, aujourd'hui tu seras avec moi dans le paradis. »
Amen. C'est vrai. C'est sûr et certain. Par la mort du roi-serviteur, nous pouvons être sûrs de notre destinée éternelle et de la grâce de Dieu pour nous.
La mort du Roi des Rois sur la Croix bouleverse toutes nos notions sur le pouvoir et sur la force. Il y a plus de pouvoir de ce corps supplicié que dans la puissance et les pompes de tous les rois, présidents, empereurs et premiers qui ont jamais existé et qui existeront jamais.
Il y a plus de pouvoir à nous changer nous-mêmes et à changer le monde dans l'humilité de Jésus que dans tous les chars d'assaut, les navires de guerre, les avions militaires de toutes les armées du monde.

Souvent, nous nous sentons faibles quand nous devons affronter les difficultés de la vie (âge, chomage, crises conjugales...). Mais la vie et la mort de Jésus sont là pour nous rappeller que « la puissance de Dieu s'accomplit dans notre faiblesse » (2 Corinthiens). Regardons à Jésus qui, par la foi en son nom, nous a rendus « saints, sans défaut et sans reproche » (Col. 1.22)
Tout est accompli. Le Roi-serviteur a assuré le bien-être de son peuple. Il continue à veiller sur chacun de nous, chaque jour.

Alors approchons du trône de la grâce, et qu'au nom de Jésus tout genou fléchisse dans les cieux, sur la terre et sous la terre, et que toute langue reconnaisse que Jésus-Christ est le Seigneurà la gloire de Dieu, le Père. (Phil. 2.10-11)

Amen.

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