vendredi 24 décembre 2010

LUC 2.1-20 (veillée de Noël)




1En ces jours-là parut un décret de César Auguste, en vue du recensement de toute la terre habitée. 2Ce premier recensement eut lieu pendant que Quirinius était gouverneur de Syrie. 3Tous allaient se faire recenser, chacun dans sa propre ville. 4Joseph aussi monta de Galilée, de la ville de Nazareth, pour se rendre en Judée, dans la ville de David appelée Bethléem, parce qu'il était de la maison et de la famille de David, 5afin de se faire inscrire avec Marie, sa fiancée, qui était enceinte.
6Pendant qu'ils étaient là, le temps où elle devait accoucher arriva, 7et elle mit au monde son fils premier-né. Elle l'emmaillota et l'installa dans une mangeoire, parce qu'il n'y avait pas de place pour eux dans la salle.
8Il y avait, dans cette même région, des bergers qui passaient dans les champs les veilles de la nuit pour garder leurs troupeaux. 9L'ange du Seigneur survint devant eux, et la gloire du Seigneur se mit à briller tout autour d'eux. Ils furent saisis d'une grande crainte. 10Mais l'ange leur dit : N'ayez pas peur, car je vous annonce la bonne nouvelle d'une grande joie qui sera pour tout le peuple : 11aujourd'hui, dans la ville de David, il vous est né un sauveur, qui est le Christ, le Seigneur. 12Et ceci sera pour vous un signe : vous trouverez un nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire. 13Et soudain il se joignit à l'ange une multitude de l'armée céleste, qui louait Dieu et disait :
14Gloire à Dieu dans les lieux très hauts,
et, sur la terre, paix parmi les humains en qui il prend plaisir !
15Lorsque les anges se furent éloignés d'eux vers le ciel, les bergers se dirent les uns aux autres : Allons donc jusqu'à Bethléem, et voyons ce qui est arrivé, ce que le Seigneur nous a fait connaître. 16Ils s'y rendirent en hâte et trouvèrent Marie, Joseph, et le nouveau-né couché dans la mangeoire. 17Après l'avoir vu, ils firent connaître ce qui leur avait été dit au sujet de cet enfant. 18Tous ceux qui les entendirent s'étonnèrent de ce que disaient les bergers. 19Marie retenait toutes ces choses et y réfléchissait. 20Quant aux bergers, ils s'en retournèrent en glorifiant et louant Dieu pour tout ce qu'ils avaient entendu et vu, conformément à ce qui leur avait été dit.


Chers frères et soeurs,
Chers amis,


Nous pouvons avoir des sentiments mitigés à propos de Noël. C'est souvent un temps joyeux, où les familles peuvent se réunir, un temps où l'on va échanger des cadeaux, un temps peut-être aussi pour quelques jours de vacances au milieu de l'hiver. Noël, c'est aussi un temps où, sensibles à l'esprit de la saison, nous savons aussi nous montrer généreux pour nos paroisses ou pour les associations qui cherchent à soulager la misère du monde. Alors oui, Noël, même pour ceux d'entre nous qui ne sont pas croyants, est un temps de joie.
Mais soyons honnêtes, et reconnaissons que Noël n'est pas que cela. Il y a le Noël des camps de réfugiés à travers le monde, où s'entassent les victimes des guerres et des catastrophes naturelles. Il y a le Noël de tous ceux qui ont eu une enfance difficile et qui ont souvent bien du mal à entrer dans l'esprit de la fête à cause de leurs mauvais souvenirs. Il y a le Noël de ceux qui s'inquiètent parce qu'ils n'ont plus de travail, qu'ils sont malades ou esseulés.
Alors, rassurez-vous. Je ne veux surtout pas gâcher votre soirée, vous faire sentir coupables de la joie que vous pouvez éprouver: bien au contraire! Appréciez-là totalement: elle est un don de Dieu. Mais il n'en demeure pas moins qu'au coeur de Noël, on ne trouve pas les cadeux, la famille et les bons repas.
Au coeur de Noël, frères et soeurs, on trouve la crainte, la douleur, la séparation, les conflits, le péché et la mort. Parce que c'est à cause de toutes ces choses que nous expérimentons tous d'une façon ou d'une autre que Dieu a envoyé son Fils Jésus vers nous pour qu'il naisse dans l'étable de Bethléem.
Jésus est venu faire face à ces choses qui nous tourmentent et nous apporter la paix. C'est que les anges affirment dans l'évangile de cette veillée : « Gloire à Dieu au plus haut des cieux et sur la terre paix pour ses bien-aimés. ». N'est-ce pas pour cela que Jésus est venu? Pour glorifier Dieu et donner la paix?

Mais dès lors, il y a un problème. Si Jésus est venu apporter la paix, pourquoi connaissons-nous toujours la peur, la douleur et la mort? Pourquoi tant de gens, même des croyants, sont-ils déprimés, tristes ou angoissés si Jésus, le Prince de la Paix est venu?
Et bien, c'est là où le message de Noël commence à être intéressant.
Est-ce que vous avez remarqué que, quand Saint Luc raconte la naissance de Jésus, il a l'air de passer dessus vite fait, un peu blasé? Luc dit simplement:
“elle accoucha de son fils premier-né, l'emmaillota et le déposa dans une mangeoire, parce qu'il n'y avait pas de place pour eux dans la salle d'hôtes” (2.7).
C'est tout. Pas d'éclairs ou de tonnerre dans le ciel, pas de tremblement de terre,pas de feux d'artifice, pas de grandes orgues. En fait, il n'y a rien d'extraordinnaire dans la naissance de Jésus, à part le fait qu'il soit né dans une étable et encore, Jésus n'a été ni le premier ni le dernier à avoir une naissance un peu mouvementée!
Quand nous lisons ce texte, il semble que le moment merveilleux, capital, de la naissance de Jésus passe presqu'inaperçu, sans conséquences. C'est comme s'il n'y avait rien de spécila dans cet évènement.
Mais, tout de suite après, Luc attire notre attention sur l'histoire remarquable de quelques bergers qui se trouvaient non loin de là dans les champs. Ce qu'il faut bine comprendre, c'est que les bergers étaient à l'époque très peu considérés. Ils avaient l'image de demi-vagabonds, de gredins toujours à se voler leurs troupeaux. Leur métier était sale, auprès des bêtes, et peu payé.
Bien plus, les bergers se retrouvaient aussi en marge sur le plan religieux. Ils étaient même impurs. La loi juive, celle de l'Ancien Testament, interdisait tout contact avec des dépouilles d'animaux ou des charognes. Pas facile, quand on travaille au milieu des bêtes. Et bien sûr, avant d'aller faire un sacrifice au temple, il fallait un temps de purification, qu'ils ne pouvaient sans doute pas s'accorder! Et ne parlons même pas du repos obligatoire du sabbat, lui aussi exigé par la Loi de Moïse; il fallait bien garder les bêtes, même le samedi! Peu considérés par les hommes, les bergers étaient aussi vus comme des mécréants indignes des faveurs de Dieu.
Et bien, c'est sur ces hommes qui se trouvaient dans les ténèbres (pas seulement celles de la nuit, mais aussi celles de l'exclusion) que s'est levée la grande lumière de la gloire de Dieu.

La première réaction des bergers a été la peur, compréhensible: comment subsister devant un Dieu très saint? Mais tout de suite, l'ange leur adressa un message: “ Soyez sans crainte, car voici, je viens vous annoncer une bonne nouvelle, qui sera une grande joie pour tout le peuple : Il vous est né aujourd'hui, dans la ville de David, un Sauveur qui est le Christ Seigneur ; et voici le signe qui vous est donné : vous trouverez un nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire.” (2.10-12)

Analysons ce message. La première partie, c'est “soyez sans crainte”. N'ayez pas peur. Mais pourquoi n'aurions-nous pas peur? Nous avons peur des attaques terroristes, de la crise, de la maladie...Pourquoi n'aurions-nous pas peur? Il y a des raisons pour celà!
Pourquoi? Parce que l'ange annonce une “bonne nouvelle”. Nous avons un Sauveur. Nous avons quelqu'un pour nous purifier de nos péchés. Nous avons le Christ. C'est Noël, la venue de celui qui devait venir pour sauver le monde, et chacun d'entre nous. Mais ce qu'il faut bien saisir, c'est que Noël n'est pas la naissance d'un remarquable enseignant spirituel, d'un être humain d'exception. L'ange nous dit aussi que Jésus est le Seigneur.
Dans l'Ancien Testament, ce terme “Seigneur” est toujours employé pour désigner Dieu. Alors quand l'ange dit que Jésus est “le Christ, le Seigneur”, il dit que l'enfant qui vient de naître à Bethléem est Dieu fait homme! Dieu lui-même est notre Sauveur. Le Dieu éternel qui a créé les cieux et la terre vient sous la forme d'un enfant pour apporter le salut et la paix.
C'est une décalration remarquable, qui résume en fait en grande partie la vision chrétienne de Dieu et son action dans nos vies, mais comment savoir si c'est vrai, surtout quand nous expérimentons la peur, la souffrance et la mort?
L'ange continua à dire: “ceci sera pour vous un signe : vous trouverez un nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire”. Un signe. Une confirmation. Une preuve. Et, à ce moment-là, une armée d'anges appârut soudain, chantant les louanges de Dieu et disant: “Gloire à Dieu dans les lieux très hauts, et, sur la terre, paix parmi les humains en qui il prend plaisir !”
Et voilà le vrai message de Noël. Le premier Noël a été annoncé à des bergers, à ces marginaux, à ces gagne-petit, à ces impurs. Là, loin des gens bien et satisfaits, dans les ténèbres et parmi les moins-que-rien, la peur et la mort ont dû céder la place.
Mais pourquoi suis-je en train de dire que le premier Noël a eu lieu là, et non sur la scène de la Nativité, que représentent nos crèches? Parce que c'est là que pour la première fois le message a été annoncé. C'est là que la Parole de Dieu a été adressée à des gens qui, comme vous et moi, étaient indignes de la recevoir. C'est là que la bonne nouvelle est arrivée: Dieu nous aime et il a envoyé son Fils unique pour que nous soyons réconciliés avec lui et pardonnés de toutes nos fautes.
Alors, Noël, c'est cette bonne nouvelle? Noël, c'est la Parole de Dieu, parole de salut et d'espérance pour nous? Oui, c'est ça. Mais cette Parole, elle peut être confirmée, vérifiée.
Comment les bergers ont-ils réagi? La Bible nous dit qu'ils sont allés voir par eux-mêmes. Ils se sont rendu en toute hâte à Bethléem pour voir si ce que les anges venaient de leur annoncer était bien vrai. Et ils ont trouvé l'enfant Jésus dans la mangeoire, tout comme celà leur avait été annoncé. La Parole de paix et de joie était confirmée et vraie!
Et là, remarquez ce qui arriva. Les bergers dirent à Joseph et à Marie ce que les anges leur avaient dit à propos de Jésus. Bien sûr, Jospeh et Marie avaient déjà reçu la visite d'anges porteurs de nouvelles sur l'enfant qui allait naître. Mais ces nouvelles étaient aussi parvenus à d'autres, qui n'étaient que d' humbles bergers méprisés. Et ces bergers qui avaient reçu le message devienrent à leur tous messagers. Ils allèrent annoncer à d'autres ce qui leur avait été annoncé concernant cet enfant qui venait de naître. Ils allèrent dire à d'autres que le Christ, le Sauveur était né pour apporter paix et salut à un monde déchiré.
Et c'est cette bonne nouvelle qui résonne encore ici ce soir. C'est cela Noël: l'annonce de la Bonne Nouvelle (de l'évangile) que Dieu a envoyé son Fils pour être notre sauveur. Cette bonne nouvelle, elle est confirmée pour nous comme elle l'a été pour les bergers. La naissance de Jésus est la confirmation que Dieu a tenu sa promesse, la preuve qu'il nous aime.
Aujourd'hui de par le monde, trop de gens connaissent la souffrance, l'angoisse, la solitude...Noël n'efface pas tout celà d'un coup de baguette magique, mais il nous apporte la bonne nouvelle que même si nous devons passer par ces choses, la paix et le salut nous sont donnés si nous croyons en Jésus-Christ. Comment en être sûr? Parce que Jésus-Christ, le Fils de Dieu, s'est fait homme et est venu parmi nous.
Bien sûr, peu de gens nient que Jésus soit réellement né il y a en gros 2000 ans en Terre Sainte. Mais beaucoup ne croient pas que cette naissance confirme le message de paix et d'espérance que Dieu adresse à chacun d'entre nous. Pour beaucoup de gens, la naissance de Jésus n'est qu'un évènement historique, qui ne confirme rien de significatif pour leur vie.

Mais cette naissance est là pour que nous puissions accueillir la paix et le salut. Comment être sûr, même si notre Noël n'est pas ce que nous aurions souhaité? Parce que la Bible nous dit que Jésus est né pour nous. Comment être certain que Dieu est fidèle? Parce que Jésus est né pour nous. Comment savoir si la Parole de Dieu est véritable? Parce que Jésus est né pour nous.
Il y a une dizaine d'années, en Russie, une fête de Noël fut organisée pour les enfants d'un orphelinat chrétien. Cet établissement accueillait une centaine d'enfants, orphelins ou venant de familles désintégrées. Beaucoup avaient été victimes de violences et de mauvais traitements. Un pasteur raconta l'histoire de Noël, en se basant comme nous l'avons fait sur l'Evangile de Luc. Puis on donna aux enfants du carton, de la ficelle, du coton et des ciseaux pour qu'ils fabriquent chacun une petite crèche. Le pasteur remarqua que le petit Misha, 6 ans, avait placé deux bébés dans la mangeoire. Il interrogea l'enfant, qui avait peut-être mal compris. En un rien de temps, Misha répéta le récit de Luc, mais en changeant un peu un détail: “Marie a mis son bébé dans la mangeoire. Jésus m'a vu et il m'a demandé si j'avais une maison. Je lui ai dit que je n'ai plus de papa et plus de maman et que je n'ai plus de maison. Alors Jésus m'a dit que je pouvais venir avec lui. Je lui ai dit que je n'avais rien à lui donner, mais il m'a dit qu'il voulait juste être mon ami. Alors, je suis allé avec lui dans la mangeoire et Jésus m'a regardé et m'a dit que je pouvais rester avec lui pour toujours”.
Alors qu'il finissait son histoire, des larmes coulaient sur les joues de Misha. D'un seul coup, il alla se blottir entre les bras du pasteur et pleura à chaudes larmes. Le petit orphelin venait de trouver quelqu'un qui ne l'abandonnerait jamais, qui ne le battrait jamais et qui resterait toujours avec lui.
Oui, au coeur de Noël, on trouve les enfants battus placés en orphelinat. Au coeur de Noël, on trouve la crainte, la douleur, la séparation, les conflits, le péché et la mort.
Mais c'est pour vaincre toutes ces ténèbres que Dieu a fait se lever sur nous la grande lumière de Christ. Au coeur de Noël se trouvent la paix et le salut en Jésus-Christ. Comment peut-on en être sûr? Parce que Jésus est né pour nous, qu'il a vécu pour nous, qu'il a souffert et qu'il est mort pour nous, qu'il est resuscité et remonté auprès du Père pour nous.


Noël, c'est le moment où les promesses de Dieu se sont accomplies pour que “la paix de Dieu, qui surpasse toute intelligence, garde vos cœurs et vos pensées en Jésus Christ”

Amen.

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