samedi 22 janvier 2011

PSAUME 27

Le Roi David , (toile d'Eugène Ristau)


De David.
L'Eternel est ma lumière et mon salut: de qui aurais-je peur? L'Eternel est le soutien de ma vie: qui devrais-je redouter? 2 Quand des méchants s'avancent contre moi pour faire de moi leur proie, ce sont eux, mes persécuteurs et mes ennemis, qui trébuchent et tombent.
3 Si une armée prend position contre moi, mon coeur n'éprouve aucune crainte. Si une guerre s'élève contre moi, je reste malgré cela plein de confiance.
4 Je demande à l'Eternel une chose, que je désire ardemment: je voudrais habiter toute ma vie dans la maison de l'Eternel, pour contempler la beauté de l'Eternel et pour admirer son temple, 5 car il me protégera dans son tabernacle, le jour du malheur, il me cachera sous l'abri de sa tente, il m'élèvera sur un rocher.
6 Déjà ma tête se dresse au-dessus des ennemis qui m'entourent. J'offrirai des sacrifices dans sa tente avec des cris de joie, je chanterai, je célébrerai l'Eternel.
7 Eternel, écoute ma voix, car je fais appel à toi, aie pitié de moi et exauce-moi! 8 Mon coeur dit de ta part: «cherchez ma face» Je te recherche, Eternel!
9 Ne me cache pas ta face, ne repousse pas avec colère ton serviteur! Tu es mon secours: ne me laisse pas, ne m'abandonne pas, Dieu de mon salut! 10 Même si mon père et ma mère viennent à m'abandonner, l'Eternel m'accueillera.
11 Eternel, enseigne-moi ta voie, conduis-moi dans le sentier de la droiture, à cause de mes ennemis.
12 Ne me livre pas à la merci de mes adversaires, car de faux témoins s'attaquent à moi, des hommes qui ne respirent que la violence.
13 Oh! si je n'étais pas sûr de voir la bonté de l'Eternel au pays des vivants... 14 Espère en l'Eternel! Fortifie-toi et que ton coeur s'affermisse! Espère en l'Eternel!




Chers frères et soeurs,
chers amis,

Faites-vous partie de ceux qui se sentent plus proche de Dieu dans un contexte particulier? Certains ressentiront plus la communion avec notre Père divin dans une magnifique cathédrale où se déroule une liturgie solennelle. Quant à moi, je suis plutôt de ceux qui sont plus à l'aise et qui se sentent plus proche de leur Dieu dans les bosquets et les clairières. Tout cela reste très personnel bien sûr, et très subjectif aussi. Néanmoins je pense que nous cherchons tous la présence de Dieu, nous désirons tous être plus près de lui.

C'est je crois le thème qui traverse ce psaume écrit par David. Nous ne connaisons pas les circonstances exactes de cette rédaction. Certains pensent que David devait alors faire face à une crise grave dans sa vie. D'autres pensent que le roi d'Israël présente plutôt ici une sorte de résumé de sa propre expérience spirituelle. Peu importe en fait, car ce que ce psaume nous donne, c'est une image d'un croyant cherchant son Dieu et se confiant en lui dans toutes les circonstances de sa vie.

Le psaume 27 a un début très proche de celui du psaume 23, où David dit: « le Seigneur est mon berger » pour aussitôt ajouter: « je ne manquerai de rien ». Dans le psaume 27, on a une construction analogue: « Le Seigneur est ma lumière et mon salut» suivi de « de qui aurai-je peur? ». En fait, les trois premiers versets du psaume 27 témoignent d'une foi presque indécente de solidité et d'assurance: David n'a pas peur de ses ennemis, David n'a pas peur d'une armée qui le menacerait, David n'a pas peur de se retrouver plongé dans les combats d'une guerre! Tout cela semble un peu trop parfait n'est-ce pas? Un peu trop beau pour être vrai sans doute...

Pourtant, la question se pose: n'est-ce pas là la réalité que Dieu nous demande de vivre? Et cette réalité est je crois fondée sur un tout petit mot, que vous n'avez peut-être pas remarqué: « ma ». David ne dit pas « Le Seigneur est lumière » mais, « le Seigneur est ma lumière ». La foi n'est donc pas pour David quelque chose de purement intellectuel et lointain, mais une réalité vivante et personnelle. Nous aimons réciter le Credo (« je crois en Dieu... ») dans notre liturgie. Mais connaître la bonne doctrine et la laisser illuminer notre vie sont deux choses différentes.
Le soleil brille pour tout le monde. Mais si je fais le choix de vivre dans une maison aux volets fermés, je ne verrai pas le soleil, même quand il est à son zénith. De la même façon, que je croie en Dieu ou que je n'y croiepas, Dieu est lumière. Mais si je veux profiter du soleil, il faut que je m'en approche.
Nous pouvons aborder les grandes doctrines bibliques de la même façon:
Dieu est amour. C'est vrai. Cela a rempli des pages et des pages de théologie. Mais seule l'assurance de savoir que Dieu m'aime moi peut remplir ma vie.
Dieu est tout-puissant. Vérité splendide, mais qui ne prendra pleinement son sens que quand je vais reconnaître que ce Dieu tout-puissant me guide et me protège sur les chemins de l'existence.

Dieu est la lumière de David, il est son salut. Voilà pourquoi David peut dire: je n'ai peur de personne. Il est possible, devant une telle déclaration, de faire preuve d'une certaine ironie. David ne ferait-il pas partie de ces êtres totalement immergés dans les nuages de la spiritualité et qui ne touchent même plus terre? Non, certainement pas. David avait reçu la dure éducation d'un petit paysan. Il était devenu un guerrier, habitué à la rudesse des combats. Il avait été appelé à monter sur la trône d'Israël, chargé de guider et de protéger tout un peuple. Non, David n'était pas un doux rêveur: la vie ne le lui avait pas permis!!

C'est bien un homme, un vrai, plongé dans le tumulte de la vie qui parle et qui demande « une chose, que je désire ardemment: je voudrais habiter toute ma vie dans la maison de l'Eternel, pour contempler la beauté de l'Eternel et pour admirer son temple, 5 car il me protégera dans son tabernacle, le jour du malheur, il me cachera sous l'abri de sa tente, il m'élèvera sur un rocher. »

Une chose. Pas une foule de choses, pas trois, pas deux. Une seule et unique chose. Le plus profond désir de David, c'est de ressentir la communion avec son Dieu, d'être dans sa présence, de marcher avec lui. Voilà la chose qu'il recherche.
Et pourtant! Si l'on admet que ce psaume a été écrit lors d'une des périodes les plus sombres de la vie de David (peut-être la révolte de son fils Absalom, quand, dépossédé du trône, il dût quitter Jérusalem et mener une guérilla), on se serait attendu à ce qu'il demande autre chose ou, en tout cas, des choses en plus. Mais David ne recherche qu'une chose: être avec son Dieu. Est-ce aussi notre désir, quand la vie nous secoue? Est-ce que vraiment, la seule chose que nous désirons ardemment est de demeurer tout prêt du Seigneur? Adopter cette attitude demande sans doute un effort véritable pour s'extirper de nos craintes, pour ne plus avoir les yeux fixés sur nos besoins, même légitimes.
« Cherchez d'abord le Royaume de Dieu, et toutes choses vous seront données en plus » a dit Jésus. C'est un exhortation: « cherchez d'abord le royaume de Dieu ». Mettez votre relation avec Dieu au dessus de tout, placez-là avant tout. N'acceptez rien qui pourrait lui enlever cette prééminence.
C'est aussi une promesse: « toutes choses vous seront données en plus ». Votre Père sait ce dont vous avez besoin, mieux que vous. Comme David, confiez-vous en lui pour qu'il prenne soin de vous, pour qu'il vous protège, vous et ceux que vous aimez.

Il ne faudrait cependant pas croire que ce psaume 27 nous présente une vision rêvée de la vie du croyant. Ce n'est pas un long fleuve tranquille. Il y a dans ce psaume une deuxième partie, qui débute au verset 7: « Eternel, écoute ma voix, car je fais appel à toi, aie pitié de moi et exauce-moi! ».

Cette phrase témoigne d'un combat, dur, âpre. Ce n'est pas un combat contre des ennemis armés, non: c'est le combat de David contre lui-même. Dans la société assez niaisement pacifiste où nous vivons, la notion de combat est dévalorisée. Pourtant, Paul nous invite bien à mener « le bon combat de la foi » et il décrit en Ephésiens l'armure complète du chrétien...
Ce combat de la foi, ces heures sombres de l'âme, les plus grands croyants les ont traversées. Les plus grands serviteurs de Dieu ont pu passé par le creuset du doute.Le combat est parfois rude pour garder la confiance absolue en ce Dieu que l’on aime.

David a tout misé sur Dieu, il ne faudrait pas qu'il s'en retrouve confus. Sa prière se fait donc appel au secours. Mais ce qui est frappant, c'est que Dieu parle à son serviteur. « Mon coeur dit de ta part: «cherchez ma face» ».
C'est Dieu qui prend l'initiative de secourir David. N'oublions jamais que c'est lui qui nous a aimés le premier, et non l'inverse!
Cherchez ma face, dit Dieu. La face, c'est ce qui représente l'être même d'une personne. Et nous chrétiens, croyants de la Nouvelle Alliance, je crois que nous jouissons sur ce point d'un grand privilège comparé à David. Nous pouvons contempler la face de Dieu en Christ. En Jésus, Dieu s'est montré à nous de façon complète et non plus partielle comme c'était le cas dans l'Ancien Testament. En Jésus-Christ, nous pouvons être assurés de l'amour de Dieu et de sa grâce pour nous. Alors prenons courage: notre foi repose sur une base solide et éprouvée. Nous pouvons contempler la bonté du Seigneur en regardant son Fils bien-aimé.

Fort d'une nouvelle assurance, David demande de nouveau quelque chose: Eternel, enseigne-moi ta voie, conduis-moi dans le sentier de la droiture.
David veut apprendre quel est le sentier où le Dieu de justice veut qu'il marche. Il veut une aide, mais il veut aussi un guide.
Trop souvent, nous essayons d'emprunter nos propres chemins. Trop souvent aussi, nous dévions de la voie droite que le Seigneur a tracé pour son peuple! Le « sentier de la droiture », cela suppose que d'autres sentiers, eux, sont bien tortueux! Alors, mes frères, demandons comme David d'être gardés et d'avancer sur le droit chemin, loin des erreurs, des hérésies, des compromis. Pour cela, consultons régulièrement la carte vers le Ciel qu'est la Sainte Bible. C'est là que nous entendrons la vérité qui sort de la bouche de Dieu et que les mensonges du monde se tairont.

La fin de ce psaume est un peu comme le bouquet final d'un feu d'artifice. David n'a jamais cherché à embellir ce qui se passe en lui-même, mais il va sortir vainqueur grâce au Seigneur. Et cette fin de prière, elle nous bouscule trois mille ans après!
Oh! si je n'étais pas sûr de voir la bonté de l'Eternel au pays des vivants...

Avec tout ce que David a dit de Dieu (sa lumière, son salut), avec ce qu’il vient de lui dire maintenant dans son combat pour garder la confiance, c’est à lui-même maintenant que David parle, comme pour se raisonner, se rassurer, se prendre en main aussi.
Espère en l'Eternel! Fortifie-toi et que ton coeur s'affermisse! Espère en l'Eternel!

Autrement dit : j’ai tout dit à Dieu. Je lui ai exprimé ma confiance joyeuse; je lui ai dit la situation dramatique dans laquelle je me trouve, je ne lui ai pas caché mes luttes intérieures. A présent, Le moment est venu de m'en remettre à lui et de poursuivre ma route sereinement sous le regard de Dieu.

David avait cette grâce de pouvoir connaître une paix et une joie authentique. Trois mille ans plus tard, Dieu souhaite encore nous voir vivre sa joie et sa paix. Et, pour nous comme pour David, le chemin reste le même: se reposer sur notre Dieu, lui dire « merci et amen » et mener le combat de la foi grâce à la force qu'il nous donne.
Et que le coeur de chacun de nous puisse lui dire, de la part de Dieu: « Espère en l'Eternel! Fortifie-toi et que ton coeur s'affermisse! Espère en l'Eternel! »

Amen!

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