dimanche 28 août 2011

Esaïe 55. 1-5

Un problème d'ordre technique nous empêche de poster le sermon de ce dimanche sur le blog. Nous vous proposons une prédication du pasteur François Poillet, de Mulhouse.

Esaïe
Vous tous qui avez soif, venez vers l'eau, même celui qui n'a pas d'argent! Venez, achetez et mangez, venez, achetez du vin et du lait sans argent, sans rien payer! 2 Pourquoi dépensez-vous de l'argent pour ce qui ne nourrit pas? Pourquoi travaillez-vous pour ce qui ne rassasie pas? Ecoutez-moi vraiment et vous mangerez ce qui est bon, vous savourerez des plats succulents.3 Tendez l'oreille et venez à moi, écoutez donc et vous vivrez! Je conclurai avec vous une alliance éternelle *pour vous assurer les grâces promises à David.4 Je l'ai établi comme un témoin pour les peuples, comme un guide et un chef pour eux.5 Tu appelleras des nations que tu ne connais pas, et des nations qui ne te connaissent pas accourront vers toi à cause de l'Eternel, ton Dieu, du Saint d'Israël, parce qu'il te donne sa splendeur.

 Frères et soeurs, je n’ai pas encore eu le courage de le faire, mais je pense que je le ferai bientôt : coller sur ma boîte aux lettres une étiquette disant : « Pas de Pub, SVP ». Car il y en a vraiment de trop. Bricoman (plus pro, moins cher), LIDL (moins cher !), Saturn (plus radin, plus malin !), Super U, Prix Bas, et j’en passe… Et chacun, particulièrement à l’approche de la rentrée, de vouloir être le partenaire de mon pouvoir d’achat, d’offrir un fort pourcentage de remise de fidélité immédiate ( !) et d’étaler ses occasions à saisir. Et dire que toute cette pub atterrit la plupart du temps, à peine sortie de la boîte aux lettres, dans la poubelle à papier.
Dieu aussi fait-il de la pub ? Le passage que nous méditons ressemble étrangement à la harangue d’un commerçant sur les marchés. Mais le Seigneur s’y prend autrement : il ne nous demande pas d’ouvrir notre porte-monnaie. Il ne nous dit pas comme les parfums l’Oréal : « Vous le valez bien ». Il n’y a rien à payer mais tout à gagner. Rien à faire valoir, et donc rien à mériter. L’offre que Dieu me fait est gratuite, elle est merveilleuse et unique, elle est là pour tous !
I
L’offre de Dieu est gratuite. L’Eternel envoie son prophète sur la place publique. Esaïe ressemble à un homme sandwich, ou plutôt à un camelot chargé de vanter sa marchandise, dont la voix retentit au loin et attire les foules. « Venez, achetez, mangez, buvez et vous serez rassasiés. Vous n’aurez plus ni faim ni soif ! » Et, cerise sur le gâteau, vous n’avez rien à payer, ni maintenant, ni plus tard. « Venez, venez, venez, mangez, buvez. » Oui, Dieu fait de la pub, et il sait qu’à force de répéter les choses, il finit par attirer l’attention des gens. « Les nations accourront », nous dit le texte, et ce ne seront pas des nigauds qui se laissent prendre au piège de l’achat impulsion, mais des gens qui savent où sont les véritables trésors.
Dieu fait tout pour être entendu, car il sait combien les hommes ont besoin de ce qu’il a à offrir. Ils ne le trouveront nulle part ailleurs, chez aucun des bonimenteurs religieux de ce monde.
Il y a cependant une grande différence entre tous les tracts publicitaires qu’on me dépose dans la boîte aux lettres et la publicité que Dieu s’efforce de faire. Si Lidl, Super U ou Prix bas m’abreuvent de leur pub, ce n’est pas parce qu’ils me porteraient dans leur coeur, mais parce qu’ils veulent mes sous. Ils veulent faire des affaires, et pour cela ils ont besoin de mon argent. C’est aussi simple que cela. Ce n’est pas, mais alors pas du tout le sens de la démarche de Dieu quand il me fait une offre. Ce qu’il cherche, ce n’est pas son propre intérêt, mais le mien. Pourquoi ? Parce qu’il m’aime, au-delà de tout ce que je peux imaginer.
L’amour, en effet, ne calcule pas. Il est gratuit. Comme c’est le cas de ce qui se passe régulièrement à l’église, quand nous entrons dans l’alliance de grâce du baptême, que nous entendons l’Evangile, que nous sommes déliés de nos péchés, que nous prenons le pain et le vin comme ce matin, qui est la communion au corps et au sang de Jésus. C’est gratuit.
« Vous tous qui avez soif, venez vers l’eau, même celui qui n’a pas d’argent ! Venez, achetez et mangez, venez acheter du vin et du lait sans argent, sans rien payer ! » Aucun piège. Pas d’anguille sous roche ni d’eau dans le gaz. Nous ne prêchons pas pour prendre les gens au filet.
Frères et soeurs, cela ne signifie pas que les cadeaux qu’il nous fait ne lui aient rien coûté. Il a payé cher, très cher. Que Dieu nous regarde de façon aussi favorable est dû uniquement à ce que son Fils Jésus-Christ s’est substitué à nous et a accompli la loi à notre place par son obéissance parfaite. Il est le remède divin au péché de l’homme. Dans sa vie, ses souffrances et sa mort parfaites, il s’est chargé des péchés du monde entier, de façon à pouvoir nous présenter à son Père parfaits, sans tâche ni souillure. Tel est le message de la Bible tout entière : Dieu lui-même a résolu en Jésus-Christ le problème de nos péchés et de notre culpabilité.
Justifiés et sauvés par sa grâce, par le moyen de la rédemption et par la foi, sans les oeuvres de la loi. Attention ! Je n’ai pas dit qu’on n’a pas besoin de faire des oeuvres ! J’ai dit que nous n’avons pas à payer notre salut…
Le festin auquel Dieu nous invite est gratuit, entièrement gratuit. Les aliments offerts en sont une image. C’est d’abord tout simplement de l’eau et du pain, les aliments indispensables. Puis, dans la seconde partie du verset, viennent les aliments plus coûteux et plus nobles : le vin, qui est comme le lait des adultes, et le lait, ce vin des enfants (1P 2.2). Ainsi la satisfaction est non seulement suffisante, mais variée et même abondante pour tous. On ne peut entendre cette royale invitation de la grâce sans penser au : « Venez, car tout est prêt, » de la parabole (Mt 22.4). Parole que je prononcerai bientôt pour vous inviter à participer à la cène…
II
L’offre de Dieu est gratuite. Elle est aussi merveilleuse et unique. C’est plus que du haut de gamme ! C’est du top niveau ! Hélas, dans notre esprit surgit la question que l’on se pose toujours quand on a affaire à de la publicité : se pourrait-il que Dieu crée en nous des besoins qu’il se propose ensuite de satisfaire ? Est-ce que sans son offre nous ne serions pas tout aussi heureux et épanouis ? En d’autres termes : avons-nous vraiment besoin de son Evangile et de sa communion ?
La réponse est oui, nous en avons besoin, terriblement besoin. Jésus établit lui-même un lien entre lui, sa parole, et l’image de l’eau. La femme samaritaine, par exemple, avait demandé à boire à Jésus. Le Christ lui avait répondu : « Celui qui boira de l’eau que je lui donnerai n’aura jamais soif, et l’eau que je lui donnerai deviendra en lui une source d’eau qui jaillira jusque dans la vie éternelle » (Jn 6.35). Plus loin il déclare : « Celui qui croit en moi, des fleuves d’eau vive couleront de son sein, comme dit l’Ecriture » (Jn 7.38). Après avoir fait naître la foi par le miracle du baptême, Dieu poursuit donc son oeuvre pour la faire grandir et la fortifier : c’est la proclamation de sa parole qui nous purifie et nous nourrit, à l’aide de sermons et d’études bibliques centrées sur le Christ, l’eau de vie. Dieu agit encore par le témoignage des moniteurs de l’école du dimanche et le ministère des catéchistes qui racontent les histoires bibliques. C’est ainsi qu’il purifie et nourrit ses enfants par sa parole vivante, son aliment spirituel.
On a coutume de dire : « Ce qui ne coûte rien ne vaut rien.» Attention : les cadeaux de Dieu ne sont pas gratuits parce qu’ils ne vaudraient rien ou pas grand-chose, mais parce qu’ils sont indispensables, hors de notre portée. Esaïe demande : « Pourquoi dépensez-vous de l’argent pour ce qui ne nourrit pas ? Pourquoi travaillez-vous pour ce qui ne rassasie pas ? »
Les questions du prophète sont d’actualité. Ces jours derniers, je pense que nous étions nombreux à ne pas sortir sans une petite bouteille d’eau… Les 40° degrés – et davantage encore – ont éprouvé notre organisme et nous avons pensé à faire ce qu’il faut pour le protéger. Mais si notre société sait créer des plans sanitaires en cas de forte chaleur, elle pourrait – si elle ne l’est pas déjà – tomber sous la menace du prophète Amos : « Les jours viennent, déclare le Seigneur, l’Eternel, où j’enverrai la famine dans le pays, non pas la faim et la soif de l’eau, mais la faim et la soif d’entendre les paroles de l’Eternel. Ils iront çà et là pour chercher la parole de l’Eternel, et ils ne la trouveront pas »… (Am 8.11-12).
Mes amis, que ne dépense-t-on pas pour consulter les voyantes et les devins ? Que de gens croient trouver dans les horoscopes des révélations sur leur personnalité, des conseils pour leur vie sentimentale ou professionnelle. Je pense aussi à certaines formes de thérapies reposant sur des philosophies aux antipodes de notre foi, de méditations curatives pour lesquelles beaucoup consacre un budget certain… Ce pourrait-il que Dieu nous souffle à l’oreille :


« Pourquoi dépensez-vous de l’argent pour ce qui ne nourrit pas ? », pour ce qui laisse le coeur vide ?
Il est une vie qui demeure quand on a perdu l’envie de s’amuser comme le font ceux qui n’ont que l’amusement pour donner un sens à leur existence. Une vie qui demeure quand plus aucun argent ni plus aucune médecine ne peuvent nous guérir de la maladie dont nous souffrons, une vie qui démontre sa force précisément là où notre existence terrestre se heurte à ses limites. Le Seigneur nous propose une vie qui ne tourne pas autour de nos besoins, petits ou grands, de nos envies et de nos caprices, mais une vie comblée parce qu’elle jaillit de Dieu et détient de lui sa plénitude. Une vie plus forte que les problèmes du quotidien, plus forte que nos fautes et nos échecs, plus forte que la mort. « Venez, venez, venez », nous dit le prophète. Venez boire aux sources de l’Evangile !
Voilà la nourriture qui rassasie, l’eau qui apaise la soif, le vin qui réjouit. Voilà une publicité qui ne ment pas, une publicité qui ne crée pas de besoins factices et ne suscite pas de faux espoirs.
III
L’offre de Dieu est gratuite ; elle est merveilleuse et unique. Et enfin, elle est là pour tous. Jésus est avant tout le Messie d’Israël. Mais il est aussi, et la Bible est formelle à ce sujet, le Sauveur du monde entier.
Citons Esaïe : « Je t’ai établi comme un témoin pour les peuples, comme un guide et un chef pour eux. Tu appelleras des nations que tu ne connais pas, et des nations qui ne te connaissent pas accourront vers toi à cause de l’Eternel, ton Dieu, du Saint d’Israël, parce qu’il te donne sa splendeur. » (V.4-5).
Frères et soeurs, c’est de cela qu’il est question avant tout et de façon fondamentale dans le christianisme : Jésus, Dieu devenu homme, est le Sauveur du monde. C’est en confessant cela de ses lèvres que l’Eglise de Jésus-Christ est entrée dans l’histoire. Et c’est avec ce témoignage : Le Seigneur, c’est Jésus-Christ » (Ph 2.11) qu’elle parcourt l’histoire pour entrer dans l’éternité.

L’offre de Dieu est là pour tous, pour le Français que tu es, pour toi, homme ou femme, enfant, jeune, adulte ou vieux. Elle est pour ceux qui ont fait de longues études comme pour ceux qui ont commencé à travailler à 14 ou 15 ans. Elle est pour les employés comme pour les employeurs, pour les humbles CDD comme pour les cadres, pour les gros salaires comme pour les RMIstes, pour ceux à qui tout a réussi dans la vie comme pour ceux qui ont joué de malchance et essuyé de cruels échecs. Personne n’est exclu.
Elle est aussi sans condition ! Tu peux la rejeter, mais tu ne peux pas la mériter. Tu peux dire : « Je n’en veux pas, et la religion ne m’intéresse pas ! », mais tu ne peux pas dire : « Dieu me doit son amour et son salut. »
Il ne faut pas s’étonner que l’Eglise milite et se batte pour ce message, qu’elle se fasse pressante. La mission de l’Eglise n’est pas d’imposer l’Evangile aux gens, et encore moins de s’en servir pour leur mettre la pression et exercer une tyrannie sur leur âme. Elle est, et cela c’est Dieu qui le dit, de proclamer à tous les hommes qu’il n’y a de salut en aucun autre qu’en son Fils Jésus, l’Alpha et l’Oméga, le premier et le dernier, le Prince de la vie, celui qui a les clés de la mort et du séjour des morts.
L’Eglise elle-même n’a rien à y gagner. Elle ne se bat pas pour augmenter le nombre de ses fidèles et remplir ses bancs, ni pour améliorer ses rentrées d’argent. Elle se bat pour son Dieu, pour que son salut soit connu, accepté, cru et vécu. Elle se bat parce que le Seigneur veut remplir son paradis, parce qu’il voudrait que tous les hommes qu’il a créés se retrouvent un jour autour de son trône. Et pour cela, il ne suffit pas de dire : « Dieu est bon. Il ne manquera pas de pardonner nos peccadilles » !
C’est pourquoi l’Eglise ne peut pas se taire. Oui, elle a pour mission de faire de la pub pour son Dieu. « Venez, venez, venez », dit le prophète, « venez acheter sans argent, mangez et soyez rassasiés pour l’éternité"!
Frères et soeurs, ne faisons pas de mauvais procès à l’Eglise si elle insiste, si son invitation au salut se fait pressante et urgente ; elle ne fait qu’obéir à son Dieu dont l’offre est gratuite, merveilleuse et valable pour tous. Pour toi et pour moi, pour chacun de nous, pour les hommes du monde entier.
Amen !

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