dimanche 25 mars 2012

Habacuc (Attaques terroristes de Toulouse et Montauban)

Chers frères et soeurs en Christ,
chers amis,

maréchal des logis-chef (sergent-chef) Imad Ibn Ziaten, 1er Régiment du Train Parachutiste (30 ans)
caporal Abel Chennouf, 17eme Régiment de Génie Parachutiste (26 ans)
1ère classe Mohamed Legouade, 17eme Régiment de Génie Parachutiste (24 ans)
Jonathan Sandler (30 ans),
ses deux enfants Aryeh et Gabriel, (3 ans et 6 ans)
Miryam Monsonégo (8 ans)
Tels sont les noms des victimes des tueries qui ont endeuillé notre pays dans les derniers jours. A cette triste litanie, il faut rajouter les noms des blessés, parfois graves: Sapeur de 1ère classe Loïc Liber du 17eme Régiment de Génie Parachutiste, un lycéen en 17 ans de l'école Ozar Hatorah, et plusieurs policiers du RAID.

Ces actes de terrorisme aveugle ont volontairement visé des symboles:
des soldats de notre armée, qui chaque jour défend notre nation, qui lui doit sa plus totale gratitude. Honneur leur soit rendu.
Un professeur et des enfants juifs.
Ne nous y trompons pas: à travers eux, c'est l' ensemble de notre pays qui a été visé par l'islamisme, cette idéologie qui, depuis des années déjà, attaque notre civilisation occidentale, nos valeurs, notre mode de vie.

La tragédie que notre pays a vécu ces derniers jours nous confronte à la réalité du mal. Je voudrai ce matin que nous réfléchissions à cette tragédie en tant que communauté chrétienne, et cela implique pour nous de revenir à la Parole de Dieu, à la Bible.

Je voudrais donc vous inviter à entendre des paroles tirées du livre du Prophète Habacuc, dans l'Ancien Testament:
2 Jusqu'à quand, Eternel, vais-je crier à toi? Tu n'écoutes pas. J'ai crié vers toi pour dénoncer la violence, mais tu ne secours pas!
3 Pourquoi me fais-tu voir le mal et contemples-tu l'injustice? Pourquoi l'oppression et la violence sont-elles devant moi? Il y a des procès et des conflits partout.4 Aussi, la loi est sans vie, le droit est sans force, car le méchant triomphe du juste et l'on rend des jugements corrompus.
5 *Jetez les yeux parmi les nations, regardez et soyez saisis d'étonnement, d'épouvante, car je vais faire à votre époque une oeuvre que vous ne croiriez pas, si on la racontait.6 Je vais faire surgir les Babyloniens. C'est un peuple impitoyable et impétueux qui traverse de vastes étendues de pays pour s'emparer de demeures qui ne sont pas à lui.7 Il est terrible et redoutable, il est la source de son droit et de sa grandeur.8 Ses chevaux sont plus rapides que les léopards, plus agiles que les loups du soir. Ses cavaliers se déploient, ses cavaliers arrivent de loin, ils volent comme l'aigle qui fond sur sa proie.9 Tout ce peuple vient pour se livrer au pillage, le visage tendu vers l'avant, et il rassemble des prisonniers comme du sable.10 Il se moque des rois, et les princes sont l'objet de ses railleries. Il rit de toutes les forteresses: il amoncelle de la terre et il les prend.11 Alors il change d'avis et poursuit sa marche, et il se rend coupable. Sa force à lui, voilà son dieu!

Le livre d'Habacuc est un petit livre de la Bible (3-4 pages). Il a été écrit vers 600 av JC. Comme nous le sommes aujourd'hui, Habacuc et les membres fidèles du peuple de Dieu étaient confrontés à la réalité du mal. Dans ces premières paroles, Habacuc fait une liste des maux de sa société, qui a rejeté Dieu: violence, injustice, oppression, conflits, procès faussés et les mauvais plus nombreux que les bons. Est-ce que ça ne vous rappelle pas quelque chose? Je ne pense pas que notre société soit meilleure que celle d'Habacuc, et c'est parce que, quelque soit le lieu ou l'époque, le coeur de l'homme est profondément pécheur.
Au v.4, le prophète dit « la loi est sans vie », et la loi, c'est la Parole de Dieu. Nous aussi, nous avons rejeté les normes morales de la Bible, nous aussi, nous nous sommes détournés des commandements divins.
Nous aussi, comme l'a dit un autre prophète d'Israël nous nous sommes mis « à appeler mal ce qui est bien et bien ce qui est mal, à changer les ténèbres en lumière et les lumières en ténèbres » (Esaïe 5.20). Nous aussi, nous sommes dans un état de profonde décadence morale.
Habacuc prêche contre cette décadence, mais personne ne semble écouter. Alors il pose une question: pourquoi le mal prospère t'il? Pourquoi est-ce que Dieu ne fait rien? Ecoutez le v.2: « Jusqu'à quand, Eternel, vais-je crier à toi? Tu n'écoutes pas. »
Habacuc a prié, depuis longtemps, et rien ne se passe. Les gens pensent parfois que les hommes de foi ne sont jamais effleurés par le doute, qu'ils attendant patiemment que Dieu agisse, dans le calme. Mais Habacuc nous montre que c'est une fausse conception. Habacuc questionne Dieu, on pourrait presque dire qu'il le remet en question.

Et Dieu répond. Et il annonce qu'il va envoyer un peuple étranger, les Babyloniens, pour punir et détruire le royaume de Juda. Le Seigneur affirme à son prophète « je vais faire à votre époque une oeuvre que vous ne croiriez pas, si on la racontait. » Pourquoi? Parce que les Babyloniens sont mauvais et cruels, encore plus que les Juifs. Les vv.6-11 offrent un description terrible de ce peuple.
Habacuc avait prié pour un réveil, il avait prié pour le peuple revienne de ses mauvaises voies...mais il n'avait jamais prié pour ça!
La première leçon que nous devons en tirer est que Dieu répond à nos prières et qu'il agit comme il le veut. Parfois, il permet que les choses empirent avant d'aller mieux. Nous ne pouvons pas vivre une relation avec un Dieu souverain et vivant sans nous attendre à une part d'inattendu, comme si Dieu se devait d'agir comme nous l'entendons et quand nous le voulons.

La réaction du prophète est rapportée dans les vv.12-13
12 N'es-tu pas depuis toujours, Eternel, mon Dieu, mon Saint? Nous ne mourrons pas! Eternel, tu as établi ce peuple pour exercer tes jugements. Mon rocher, tu l'as appelé pour infliger tes punitions.13 Tes yeux sont trop purs pour voir le mal, et tu ne peux pas regarder la misère. Pourquoi regarderais-tu les traîtres? Pourquoi garderais-tu le silence quand le méchant dévore celui qui est plus juste que lui?

On pourrait dire qu'Habacuc accepte la réponse de Dieu, mais qu'elle ne lui plaît pas. Bien sûr, le prophète dit que Dieu est éternel, qu'il es fidèle et que donc, selon sa promesse, il ne laissera pas son peuple périr totalement. Mais dans le même temps, on sent une réserve: « Pourquoi garderais-tu le silence quand le méchant dévore celui qui est plus juste que lui? » (parce que, enfin, même si Juda était dans un triste état, les Babyloniens étaient quand même pire!)
Ce que cette section nous montre, c'est la bonne attitude, l'attitude humaine face à la tragédie. Quand vous cotoyez quelqu'un qui passe par une épreuve, un deuil, une maladie ne lui dites pas « Dieu est bon, il fait agir toutes choses selon sa volonté et son plan parfait » pour ensuite citer Romains 8.28-29...
Devant l'épreuve et la tragédie, il ne sert à rien de nier notre peine, notre colère ou nos questions. Un auteur que j'aime beaucoup, Martin Lloyd-Jones se trompe d'ailleurs totalement quand il dit à ce sujet: « il ne doit pas y avoir d'interrogation, de questionnement, pas de doute concernant la bonté, la sainteté et la puissance de Dieu ».
Phrase admirable, mais programme impossible. Est-ce que vous pensez que Mme Sandler, dont la petite fille de 2 ans a hurlé toute la nuit en appellant son père assassiné n'a pas d'interrogation, de questionnement, pas de doute concernant la bonté, la sainteté et la puissance de Dieu en ce moment? J'en aurai si j'étais à sa place, j' en ai eu pour moins que ça.
Nous avons forcément des questions, des sentiments. Il est inutile de les réprimer, nous devons au contraire les exprimer.

Vous le voyez, Habacuc ne lâche pas Dieu, il veut chercher à comprendre, à faire sens. Et Dieu continue à répondre à son prophète.
Dans le début du deuxième chapitre, il dit « ne t'inquiète pas: les Babyloniens aussi seront jugés, en leur temps ». La Bible nous dit très clairement que chaque jour qui passe nous rapproche du grand jugement de Dieu. Elle nous dit aussi qu'il est réservé aux êtres humains de mourir une seule fois, après quoi vient le jugement (Hébreux 9.27)
Mohamed Merah a échappé au jugement d'un tribunal français. Il n'a pas échappé à celui de Dieu. Nul ne peut échapper à ce jugement-là.
Comme Dieu le dit au chapitre 2, il jugera, et alors malheur aux arrogants, aux cupides, aux malhonnêtes, aux violents, aux sensuels et aux idolâtres!!

Nous serons tous jugés. Bien sûr, nous ne sommes pas des monstres, comme Mohamed Merah et les membres d'Al Qaïda. Mais Paul nous prévient « tous ont péché et sont privés de la gloire de Dieu ». Tous, vous, moi.
Mais la Bonne Nouvelle se trouve au coeur du livre d'Habacuu, dans un simple verset, presque perdu dans le texte:
Il est plein d'orgueil, celui dont l'âme n'est pas droite, mais le juste vivra par la foi.

Au milieu du chaos, dans l'ombre de la mort, Habacuc reçoit ce message, qui est en fait celui de la Bible toute entière. Ne vous fondez pas sur vos oeuvres, sur votre force. Le juste vivra par la foi, ce que la Bible nous dit ailleurs d'autres façons:


« Celui qui croit en Jésus n'est pas jugé, mais celui qui ne croit pas est déjà jugé, parce qu'il n'a pas cru au nom du Fils unique Dieu »
« Qui croit au Fils a la vie éternelle (Jean 3.36)


Vous l'aurez compris, ce livre d'Habacuc est un dialogue entre Dieu et son prophète. Au premier chapitre, nous avons vu un Habacuc découragé, au deuxième un Habacuc choqué et interloqué. Dans le troisième chapitre, Habacuc est passé à un autre niveau.
Ce troisième chapitre, c'est celui de la louange. Ce n'est pas qu'Habacuc ait perdu tout sens des réalités, non. Il implore même «dans ta colère souviens-toi de ta compassion! » (3.1). Habacuc sait ques des choses terribles vont arriver et il intercède pour son pays, tout comme nous devons prier pour le nôtre dans des temps comme celui-ci.
Mais si Habacuc peut prier Dieu, c'est parce qu'il reconnaît sa grandeur: « Sa majesté couvre le ciel et sa gloire remplit la terre.C'est comme l'éclat de la lumière: des rayons partent de sa main; là réside sa force. » (3.3-4)
Surtout, Habacuc nous donne une dernière leçon dans les ultimes versets de son livre:
le figuier ne fleurira pas, la vigne ne produira rien, le fruit de l'olivier manquera, les champs ne donneront pas de nourriture; les brebis disparaîtront du pâturage, et il n'y aura plus de boeufs dans les étables.
18 Mais moi, je veux me réjouir en l'Eternel, je veux être dans l'allégresse à cause du Dieu de mon salut.19 L'Eternel, le Seigneur, est ma force: il rend mes pieds semblables à ceux des biches et il me fait marcher sur mes hauteurs.

Frères et soeurs, je ne sais pas quelles seront les conséquences directes ou indirectes de la tragédie de Toulouse. J'ignore même s'il y en aura.
Ce que je sais, c'est que si notre figuier devait ne plus fleurir et notre vigne ne plus rien produire, nous pourrons toujours nous réjouir en l'Eternel, être dans l'allégresse à cause du Dieu de notre salut, qui est notre force.

Amen +





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