dimanche 1 avril 2012

MARC 11.1-11

11 Lorsqu'ils approchèrent de Jérusalem, près de Bethphagé et de Béthanie, vers le mont des Oliviers, Jésus envoya deux de ses disciples
2 en leur disant: «Allez au village qui est devant vous. Dès que vous y serez entrés, vous trouverez un ânon attaché, sur lequel personne n'est encore monté. Détachez-le et amenez-le.
3 Si quelqu'un vous demande: 'Pourquoi faites-vous cela?' répondez: 'Le Seigneur en a besoin', et à l'instant il le laissera venir ici.»
4 Les disciples partirent; ils trouvèrent l'ânon attaché dehors près d'une porte, dans la rue, et ils le détachèrent.
5 Quelques-uns de ceux qui étaient là leur dirent: «Que faites-vous? Pourquoi détachez-vous cet ânon?»
6 Ils répondirent comme Jésus le leur avait dit, et on les laissa faire. 7 Ils amenèrent l'ânon à Jésus, jetèrent leurs vêtements sur lui, et Jésus s'assit dessus. 8 Beaucoup de gens étendirent leurs vêtements sur le chemin, et d'autres des branches qu'ils coupèrent dans les champs.
9 Ceux qui précédaient et ceux qui suivaient Jésus criaient: «Hosanna! Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur!
10 Béni soit le règne qui vient [au nom du Seigneur], le règne de David, notre père! Hosanna dans les lieux très hauts!»
11 Jésus entra à Jérusalem et se rendit au temple. Après avoir tout regardé autour de lui, comme il était déjà tard, il sortit pour aller à Béthanie avec les douze.



Chers frères et soeurs en Christ,
chers amis

Nous commençons en ce dimanche la commémoration de la semaine la plus importante de l'histoire de l'humanité. Durant cette semaine, nous allons, plus encore qu'à l'habitude, méditer sur les souffrances, la mort et la résurrection de Jésus-Christ, par lesquelles nous avons le pardon, le salut et la paix.
Et c'est donc une semaine, où nous faisons mémoire de la dernière semaine de la vie terrestre de Jésus qui commence avec le dimanche des Rameaux (quand Jésus est entré à Jérusalem pour la dernière fois) et se termine avec le dimanche de Pâques. C'est une semaine qui réunit la tristesse du Vendredi Saint et la joie immense de la résurrection. C'est ce que l'Eglise chrétienne appelle la semaine sainte.
Dimanche des Rameaux...Une grande foule fait un accueil triomphal à Jésus. Les gens jettent leurs vêtement sur son chemin pour lui faire honneur, et ils chantent et crient: «  «Hosanna! Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur!
Béni soit le règne qui vient [au nom du Seigneur], le règne de David, notre père! Hosanna dans les lieux très hauts!»

La première chose que l'on remarque en lisant ce texte, c'est l'importance des mouvements, des verbes de mouvements: «  approchèrent, envoya, allez, amenez, précédaient, suivaient »
Vous voyez? Le groupe s'approche de Jérusalem. Les disciples vont au village. Ils amènent l'ânon à Jésus. Il y a ceux qui précèdent et ceux qui suivent. Et, dans tout cela, il y a le Règne de Dieu qui vient.
Tout bouge, parce que l'Evangile est mouvement, parce que l'Evangile ne nous laisse pas statiques mais nous met en mouvement.
Mais attention, l'Evangile ne tourne pas en rond ! Il ne revient pas sur lui-même. Le mouvement est dirigé vers un lieu, il est orienté vers des personnes. Le Règne de Dieu vient vers les hommes. S'il est possible de marcher vers le Royaume, en compagnie du Christ, c'est bien parce que le Royaume vient, parce qu'il s'est approché. C'est bien parce que le Christ est venu.

Oui, Christ est là, Christ vient...mais il y a un tragique, un terrible malentendu. Car une bonne partie des gens qui acclment Jésus en ce jour se retourneront contre lui quelques jours plus tard et crieront « crucifie-le »
C'est que le malentendu porte sur la nature du royaume que Jésus apporent. Ici, les gens est dans la joie parce qu'elle reconnaît que Jésus est en train d'accomplir une des prophéties du prophète Zacharie: "Sois transportée d'allégresse, fille de Sion! Pousse des cris de joie, fille de Jérusalem! Voici, ton roi vient à toi; Il est juste et victorieux, Il est humble et monté sur un âne, Sur un ânon, le petit d'une ânesse." (Zach 9.9)
Les gens s'attendent à ce que Jésus devienne un roi puissant comme son ancêtre David. Ils 'attendent- à ce qu'il chassent les Romains. Ils s'attendent, ils s'attendent...à tant de choses qui ne vont pas arriver, où qui vont prendre une forme qu'ils vont être incapables de reconnaître.
C'est la deuxième leçon de ce texte: Jésus accepte les acclamations publiques de la foule (et c'est une exception) mais il refuse de se plier aux exigences de la foule. L'Eglise aussi doit constamment se demander si elle est bien fidèle à sa mission, si elle n'est pas tentée de s'adapter aux exigences de la société, comme si nous étions une entreprise qui cherche à augmenter ses parts de marché. Non, frères et soeurs, l'Eglise ne peut pas plus transiger sur le sens de sa mission que le Seigneur ne l'a fait.

Et le sens de la mission véritable de Jésus, la foule la donne, même si elle ne rend pas compte du sens de ses paroles.
« Hosanna, béni soit celui qui vient au nom du Seigneur »

Ce mot « hosanna » est tiré du Psaume 118. Il veut dire « Seigneur, sauve-nous! » mais était aussi devenue une expression de louange.
Mais Jésus n'a pas été un « sauveur » comme les gens voulaient qu'ils le soient. Le salut qu'il a apporté n'était pas une libération politique, mais la libération du péché et de la mort, qu'il nous a acquise sur la croix.
Oui, Jésus était bel et bien celui qui venait au nom du Seigneur, il était bel et bien le Fils unique venu du Père, venu donner sa vie pour la vie du monde.

Jésus vient, et l'Ecriture Sainte nous dit qu'il est venu pour sauver ce qui était perdu. Nous retrouvons là la notion de mouvement, et c'est ici le mouvement principal, essentiel: Dieu vient vers nous pour nous sauver.

Un des grandes richesses des églises luthériennes confessionnelles comme la nôtre est qu'elles restent fidèles à la liturgie historique. C'est très important, car la façon dont on mène le culte indique forcément ce que l'on croit. C'est ainsi que dans le libéralisme dans lequel j'ai grandi, on s'affranchissait joyeusement de la liturgie historique (invocation, credo...) tout simplement parce qu'on ne confessait pas la foi chrétienne classique et que le culte pouvait se transformer en conférence exposant une philosophie conformiste qui n'impressionne que la naïfs.
Mais dans la liturgie historique, on retrouve le plus souvent la partie suivante avant la sainte cène
Saint, saint, saint est le Seigneur notre Dieu
La terre entière est remplie de sa gloire
Hosanna, hosanna au plus haut des cieux
Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur

Vous le voyez, cette partie de la liturgie souvent prononcée avant la sainte cène est tirée du récit de ce dimanche des rameaux. Et cette bénédiction a tout à fait sa place avant la sainte cène.

Pourquoi? Parce que dans la Sainte Cène, Jésus vient vers nous selon sa promesse
Parce que, comme le dit le Petit Catéchisme« La grâce de la Sainte Cène nous est indiquée par ces mots: ''Donné et répandu pour vous en rémission des péché''. Ainsi, en vertu de ces paroles, nous recevons dans la Sainte Cène la rémission des péchés, la vie et le salut; car là où il y a rémission des péchés, il y a aussi vie et salut. »
Parce que la Cène que la communauté chrétienne partage est temps de louange à notre Dieu.

Oui, frères et soeurs, si nous devons retenir une chose de ce dimanche des rameaux, c'est bien cela: Jésus vient vers nous pour nous sauver et pour devenir notre roi.
Oh, bien sûr, il est possible que nous, nous fuyions ce Sauveur qui vient vers nous.
Nous pouvons être emportés loin de lui par le vent mauvais des fausses doctrines, nous pouvons courir vers les mirages que notre société place devant nous et où elle veut nous faire croire que nous trouverons le bonheur...Et pourtant, le Seigneur continue à appeler chacun d'entre nous, à venir vers lui, là où nous sommes en ce moment de nos vies. « Si nous sommes infidèles, il demeure fidèle » (2 Timothée 2.13)

Un mot de conclusion, qui ouvrira notre semaine sainte
On parle parfois de l'entrée triomphale de Jésus à Jérusalem. A l'origine, un triomphe était une cérémonie romaine au cours de laquelle un général vainqueur défilait dans Rome à la tête de ses troupes après une campagne victorieuse. Ici, Jésus défile avec sa petite troupe de disciples à Jérusalem. Surtout, contrairement aux généraux et empereurs romains, Jésus n'a pas encore acquis la victoire. Celle-ci ne sera définitive que par la croix et le tombeau vide du matin de Pâques, par lesquels Jésus vaincra le péché et la mort pour nous.

Alors bénissons toujours Jésus-Christ, notre unique Sauveur, qui vient au nom du Seigneur.

Amen.

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