vendredi 6 avril 2012

LUC 23.34 (Vendredi saint 2012)

Chers frères et soeurs
chers amis,

Les Evangiles nous rapportent sept paroles prononcées par le Christ crucifié. Chacune d'entre elles est profondément riche de sens et elles font souvent l'objet des méditations du Vendredi Saint.

Ce soir, je vous invite à porter notre attention sur la première d'entre elles, rapportée par Luc dans son évangile:

«Père, pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu'ils font.» Luc 23.34

Ces paroles, le texte grec de Luc nous dit que Jésus les a en fait prononcées plusieurs fois.
«Père, pardonne-leur» alors qu'on lui plantait des clous dans les mains et les pieds.
«Père, pardonne-leur» alors qu'on hissait sa croix
«Père, pardonne-leur» alors qu'il était là, suspendu entre ciel et terre...
Il aurait pu prier « Père, délivre-moi » ou « Père, juge les » ou « Père, venge moi ». Mais il a prié « Père, pardonne-leur ».

La première chose à remarquer ici est que Jésus prie. Luc nous l'a montré priant au début de son ministère (Luc 3.21) et, dans ces derniers instants de sa vie terrestre, Jésus prie encore. Ces mains ne pourrant plus guérir car elles sont clouées au bois, ses pieds ne pourront plus le conduire vers ceux qui ont besoin de secours, car ils sont immobilisés sur le bois, il ne peut plus enseigner ses disciples qui l'ont abandonné ou la foule qui le conspue, mais Jésus peut encore prier. Nous aussi, quand nous sommes arrivés au point où nous ne pouvons plus humainement rien faire, il nous reste toujours en ce monde l'arme puissante de la prière. Jésus prie pour ses bourreaux, nous aussi nous pouvons persévérer et prier pour les plus grands pécheurs, pour ceux qui se sont éloignés depuis des années des chemins du Seigneur, pour une situation qui semble inextricable. L'exemple de Jésus nous montre que rien n'est hors d'atteinte de la prière.

Deuxièmement, nous voyons ici le Seigneur accomplir les prophéties qui avaient été prononcées à son sujet par le prophète Esaïe 700 ans avant sa venue:
Voilà pourquoi je lui donnerai sa part au milieu de beaucoup et il partagera le butin avec les puissants: parce qu'il s'est dépouillé lui-même jusqu'à la mort et qu'il a été compté parmi les criminels, parce qu'il a porté le péché de beaucoup d'hommes et qu'il est intervenu en faveur des coupables. (Esaïe 53.12)
Esaïe a avait prédit que le Sauveur promis intercéderait pour les coupables. La prophétie se réalise: « Père, pardonne-leur »

Ceci nous amène au troisième point de cette méditation. Jusqu'ici, Jésus n'avait jamais hésité à pardonner les péchés lui-même. Et, en sa faisant, il avait clairement affirmé son identité divine, car « qui peut pardonner les péchés, si ce n'est Dieu seul » (Marc 2.7). Jésus, pleinement homme et pleinement Dieu avait bien affirmé «le Fils de l'homme a sur la terre le pouvoir de pardonner les péchés » (Matthieu 9.6). Mais à ce moment là Jésus n'est pas sur la terre: il est élevé sur la croix infâme, où il agit en tant que substitut pour son peuple, là encore une prophétie s'accomplit. Esaïe avait prédit:
5 Mais lui, il était blessé à cause de nos transgressions, brisé à cause de nos fautes: la punition qui nous donne la paix est tombée sur lui, et *c'est par ses blessures que nous sommes guéris.
6 Nous étions tous comme des brebis égarées: chacun suivait sa propre voie, et l'Eternel a fait retomber sur lui nos fautes à tous.

Si Jésus peut demander au Père « pardonne-leur » c'est parce qu'il est en train d'accomplir ce qui est nécessaire à notre pardon: l'expiation de nos fautes.

Le quatrième point que je voudrais souligner tient à la deuxième partie de la prière du Seigneur: « Père, pardonne-leur car ils ne savent pas ce qu'ils font ». Et là il y a un problème, car il ne faudrait pas croire que leur ignorance leur méritait le pardon. D'ailleurs, en condamnant Jésus injustement, Pilate savait très bien ce qu'il faisait. En forgeant de fausses preuves pour accuser Jésus, les chefs religieux juifs savaient très bien ce qu'ils faisaient. En hurlant « crucifie-le!! » la foule savait très bien ce qu'elle demandait!
En fait, la loi de l'Ancien Testament précisait bien que les péchés commis involontairement devaient être expiés au même titre que les péchés volontaires. D'ailleurs, même en droit français, « nul n'est censé ignorer la loi » c'est-à-dire que nul ne peut dire « je ne savais pas que la loi interdisait de faire ceci ou cela, je ne savais pas que c'était mal, donc je suis innoncent ». Et bien non.Vous voyez, pour nos juristes, l'ignorance n'est en aucun cas l'innocence. Il en est de même pour Dieu!
Alors, oui, ceux qui ont crucifié Jésus étaient aveuglés par la haine et l'ignorance. Ils ne reconnaissaient pas en lui le Fils de Dieu, le Messie. Mais cet aveuglement était en lui-même une manifestation de leur culpabilité:
« voici quel est ce jugement: la lumière est venue dans le monde et les hommes ont préféré les ténèbres à la lumière parce que leur manière d'agir était mauvaise. » Jean 3.19
Mais ne nous y trompons pas mes amis: nous aussi nous avons crucifié Jésus, nos péchés l'ont amené sur la croix.

Qui peut t'avoir attiré ce supplice ?
C'est moi, Seigneur, oui, c'est mon injustice.
De ces tourments, où ton amour t'expose,
Je suis la cause.

Et cette prière de Jésus pour des coupables, ceux qui étaient près de la croix comme vous et moi, montre l'immensité de l'amour de Dieu. La croix nous ouvre les portes de la grâce divine. C'est par elle et par elle seule que nous devons passer pour devenir par la foi enfants de Dieu et appeler Dieu « notre Père ».

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