Pasteur
Jon Ehlers (Angleterre). Traduction: F. Bohy.
ESAÏE
6.1-8
Dimanche
de la Sainte Trinité – 3 juin 2012 - Mulhouse France
CONFERENCE
LUTHERIENNE EUROPENNE
La
grâce, la paix et la miséricorde vous
soient données de la part de Jésus-Christ, notre Sauveur qui vit
éternellement !
Le
texte de ce matin est un passage de
l’Ancien Testament que nous trouvons dans Esaïe 6,1-8.
L'année de la mort du roi Ozias, j'ai vu
le Seigneur assis sur un trône très élevé; le bord inférieur de son
vêtement remplissait le temple.
2 Des séraphins se tenaient au-dessus de lui. Ils avaient chacun six ailes: deux dont ils se couvraient le visage, deux dont ils se couvraient les pieds et deux dont ils se servaient pour voler.
3 Ils se criaient l'un à l'autre: «*Saint, saint, saint est l'Eternel, le maître de l'univers! Sa gloire remplit toute la terre!»
4 Les montants des portes se sont mis à trembler à cause de la voix qui retentissait et le temple a été rempli de fumée.
5 Alors j'ai dit: «Malheur à moi! Je suis perdu, car je suis un homme aux lèvres impures, j'habite au milieu d'un peuple aux lèvres impures et mes yeux ont vu le roi, l'Eternel, le maître de l'univers!»
6 Cependant, l'un des séraphins a volé vers moi, tenant une braise qu'il avait prise sur l'autel à l'aide de pincettes.
7 Il a touché ma bouche avec elle et a dit: «Puisque ceci a touché tes lèvres, ta faute est enlevée et ton péché est expié.»
8 J'ai entendu le Seigneur dire: «Qui vais-je envoyer et qui va marcher pour nous?» J'ai répondu: «Me voici, envoie-moi!»
2 Des séraphins se tenaient au-dessus de lui. Ils avaient chacun six ailes: deux dont ils se couvraient le visage, deux dont ils se couvraient les pieds et deux dont ils se servaient pour voler.
3 Ils se criaient l'un à l'autre: «*Saint, saint, saint est l'Eternel, le maître de l'univers! Sa gloire remplit toute la terre!»
4 Les montants des portes se sont mis à trembler à cause de la voix qui retentissait et le temple a été rempli de fumée.
5 Alors j'ai dit: «Malheur à moi! Je suis perdu, car je suis un homme aux lèvres impures, j'habite au milieu d'un peuple aux lèvres impures et mes yeux ont vu le roi, l'Eternel, le maître de l'univers!»
6 Cependant, l'un des séraphins a volé vers moi, tenant une braise qu'il avait prise sur l'autel à l'aide de pincettes.
7 Il a touché ma bouche avec elle et a dit: «Puisque ceci a touché tes lèvres, ta faute est enlevée et ton péché est expié.»
8 J'ai entendu le Seigneur dire: «Qui vais-je envoyer et qui va marcher pour nous?» J'ai répondu: «Me voici, envoie-moi!»
Prions
Dieu :
Seigneur
Dieu, notre rocher et notre gracieux
Rédempteur : reçois favorablement les paroles de ma bouche et
les ferventes pensées de nos cœurs. Amen.
Notre
foi chrétienne est solidement ancrée dans
l’histoire. Il y a 2000 ans, une personne du nom de Jésus de
Nazareth naquit dans une vraie étable, reposa sur de la vraie paille
et fut adoré par de vrais bergers. Sa famille dut fuir de vrais
soldats, devant de vraies épées pour se rendre en Egypte. Jésus a
travaillé du vrai bois avec ses mains en tant que charpentier. Il a
offert de la vraie nourriture pour nourrir de vraies foules affamées.
Il a guéri de nombreuses personnes de vraies maladies. Il est
vraiment mort sur la croix et a répandu son vrai sang pour nous. Il
est vraiment ressuscité physiquement des morts au matin de la
première Pâques. Ses apparitions aux disciples furent réelles ;
il est monté au Ciel. Ce personnage bien réel a rendu possible
notre rencontre avec Dieu, Dieu étant réellement entré dans
l’histoire pour nous rencontrer et nous sauver. Aussi ne
devrions-nous pas être surpris de ce que Esaïe commence ce passage
par une référence historique : L’année
de la mort du roi Ozias, – c’était
aux alentours de l’an 740 avant Jésus-Christ. Le roi Ozias régna
durant plus de 50 ans. Tout au long de son règne, la prospérité
fut la règle dans tout Israël. Mais à la fin de sa vie, des nuées
d’orage s’amoncelèrent à l’horizon : les Assyriens
surgirent.
Esaïe
est un vrai historien de l’Ancien Testament ; les événements
historiques qu’il relate de façon précise sont une annonce de la
part de Dieu, au sujet de Dieu. Au fil des années, le roi Ozias
s’était éloigné et séparé de Dieu, se plaçant ainsi sous le
jugement divin (2Rois 15,5 ; 2Chr 26,16ss) ; bien que sa
mort approchât, il persista dans son impénitence. Tandis que les
ténèbres de la mort se refermèrent sur lui, Ozias devint pour
Esaïe le symbole d’une nation elle aussi éloignée et séparée
de l’amour de Dieu, par suite du choix et de la rébellion du
peuple. Esaïe craignit qu’il n’y ait plus d’espoir pour son
peuple. Mais à l’heure de la mort – autant de celle du roi que
de la nation – Esaïe réalisa que le Seigneur avait encore une
Parole de vie et de renouveau pour eux.
Lorsque
le roi terrestre mourut, Esaïe eut une
vision du Roi céleste. Il fut confronté au Roi de majesté, de
gloire et de sainteté. Le Roi des rois et le Seigneur des seigneurs
est assis sur un trône royal et céleste, au-dessus de toutes choses
et entouré de l’armée céleste qui chante ses louanges. Cette
présence d’Esaïe devant le Dieu vivant eut sur lui un effet
apaisant et salutaire.
Nous
avons hélas ! souvent tendance à
vouloir nous mettre en valeur. Mais nos efforts dans ce sens sont le
comble de la folie. Permettez-moi de vous en donner une illustration.
Quel est le principal sujet de conversation pour la plupart des
gens ? Eux-mêmes. Pour la plupart d’entre nous, nous sommes
imbus de nous-mêmes ; nous aimons bien être sur le devant de
la scène, sous le feu des projecteurs. Que ce soit en essayant de
montrer notre importance ou en évoquant nos grands malheurs, nous
aimons bien paraître.
Or
c’est Dieu qu’il faut célébrer. De fait, il est si grand et si
impressionnant que seuls ses vêtements et ses qualités sont évoqués
ici. Les pans de sa robe emplissait le temple, tandis que les
séraphins s’écriaient : « Saint,
saint, saint ». Saint désigne ce
qui est distinct, différent, totalement séparé de tout le reste.
Dieu est tellement au-dessus de tout ce qui existe que le seul mot
utilisé pour Le décrire est « saint ». Non seulement il
est saint, mais il est trois fois saint ; le plus saint de ce qui est
saint ; rien ne peut être plus saint. Tout son être et sa
personnalité sont saints ; il est absolument pur, juste, d’une
totale rectitude, véridique, plein de grâce. Tel est le Dieu en la
présence duquel Esaïe fut placé ; tel le Dieu en la présence
duquel nous sommes placés.
Confronté
à la sainteté absolue de Dieu, Esaïe eut
une réaction de terreur : « Malheur
à moi ; je suis perdu ! détruit,
ANEANTI ! » Toutes ses illusions volèrent en éclat lorsqu’il
se trouva face à face avec le Dieu saint et éternel. En présence
de Dieu qui est « saint, saint,
saint », Esaïe comprit et
réalisa au plus profond de lui-même à quel point il était
pécheur.
Ce
qu’il ressentit le plus, ce fut le sentiment de sa culpabilité à
cause de ses « lèvres impures » ;
ces lèvres impures étant elles-mêmes l’expression d’un cœur
pécheur et d’une volonté rebelle et obstinée. Esaïe avait
entendu les louanges pures des séraphins et pu les comparer avec ce
qui sortait de sa bouche. Le contraste était accablant, et en soi,
une condamnation.
Mais
que ressort-il d’une comparaison entre
nos lèvres et nos discours avec ceux des séraphins ? Jacques
nous dit : « La langue,
personne ne peut la dompter ; c’est un mal qu’on ne peut
réprimer ; elle est pleine d’un venin mortel » (3,8).
Comme il est facile de faire un mauvais
usage de notre langue ; par des plaintes, des médisances, des
paroles de malédiction. Souvent davantage employée au mal, il ne
reste guère de temps à la langue pour louer Dieu ou même lui
adresser des prières. Sommes-nous un peuple aux lèvres impures ?
En ce cas, nous sommes en bonne compagnie, – Esaïe y compris.
Mais
ne nous laissons pas aller à la panique ou au désespoir. Car de
même que le séraphin s’est approché d’Esaïe, de même Dieu
s’approche de nous dans sa Parole pour nous apporter le pardon et
nous délivrer de notre culpabilité. L’ange toucha les lèvres
d’Esaïe avec une braise prise sur l’autel des sacrifices ;
ce qui valut au prophète d’être en règle avec Dieu. Son péché,
sa culpabilité et sa terreur furent ôtés. Ce fut l’œuvre de
Dieu ; c’est Lui qui pourvut aux moyens de pardonner le péché
d’Esaïe et de le rendre apte au service de son Seigneur.
Dieu
procède de même avec nous. Sur l’autel
du sacrifice, Jésus Christ a offert sa vie à notre place, de
manière à détourner la colère de Dieu et nous obtenir le pardon
des péchés. Notre culpabilité a été ôtée et nos lèvres (ainsi
que notre esprit et notre corps tout entiers) ont été transformés
pour son service. De nos jours, Jésus vient à nous sur l’autel
avec son corps et son sang dans le Repas du Seigneur ; il touche
nos lèvres et notre vie toute entière avec son pardon. Il est là
« pour nous »¸
pour nous pardonner et nous fortifier ; goûtez et constatez combien
le Seigneur est bon !
Le
mot “expier” est une façon de parler imagée. Le mot habituel
est « racheter ». Il se réfère à une personne qui a
été obligée de se vendre elle-même comme esclave afin de payer la
dette qu’elle était dans l’incapacité de régler. La situation
de cette personne était désespérée. Survient alors le frère qui
la rachète de l’esclavage en payant le prix de la rançon – il
devient le REDEMPTEUR [= le ‘racheteur’]. Il paie le prix de
l’esclavage, c'est-à-dire la dette que l’esclave n’aurait
jamais pu payer, afin de libérer l’esclave. C’est exactement ce
que fit Jésus pour nous. Sur la croix, il a payé notre dette pour
nous acquérir la liberté. Il est devenu notre REDEMPTEUR. Nous
sommes maintenant en règle avec Dieu grâce au sang qu’il a versé.
Maintenant,
Dieu ne voit plus en nous des ennemis, mais ses enfants. Il nous
parle tendrement dans sa Parole. Il nous a adoptés et reçus dans sa
famille par le baptême. Il nous offre son pardon dans l’absolution.
Il touche nos lèvres avec son vrai corps et son vrai sang lors du
Repas du Seigneur, pour le pardon de nos péchés. Et quand nous
réalisons combien tout cela est vrai, alors nos vies sont vraiment
transformées ; nous sommes vraiment libérés pour vivre comme
des enfants de Dieu, comme de nouvelles créatures en Christ Jésus.
La
Loi nous conduit à dire : « Malheur
à moi, car mes lèvres sont impures et
elles me condamnent ». Mais Dieu merci, ceci n’est pas la fin
de l’histoire. L’Evangile nous dit que Jésus nous a rachetés,
qu’il a payé pour nous et que nous sommes déclarés saints,
absous et libres en Christ. Nous avons été purifiés.
Après
la purification vient la réponse à la grâce de Dieu. Dieu
demande : « Qui
enverrai-je ? » Nous
répondons souvent : « Envoie
quelqu’un d’autre ». Mais ce
n’est pas ce que fait Esaïe ; il dit : « Envoie-moi ».
Touché par la bonté de Dieu, il ne
pouvait pas garder cela pour lui-même ; il lui fallait partager
cette expérience avec d’autres. Ses lèvres ne pouvaient pas
restées silencieuses.
Dieu
a placé chacun de nous dans une situation
unique pour nous approcher de telle ou telle personne. Il nous a
donné à chacun des opportunités uniques et nous a équipés de
dons spécifiques pour partager la nouvelle de son amour avec elle.
Dieu nous a accordé le privilège de parler en son nom suite à son
appel. Que répondez-vous ? Envoie
quelqu'un d’autre, ou envoie-moi ?
Tout
au long de l’histoire, notre Dieu
continue d’agir et de travailler. Il se sert de vraies personnes
comme vous et moi, malgré nos défauts et nos lèvres impures, pour
porter le message d’amour et de pardon à notre communauté. Nous
continuons d’être confrontés à sa sainteté et à sa majesté.
Sa sainteté continue de nous révéler notre état de pécheurs.
Nous sommes toujours perdus et anéantis à cause de nos lèvres
empoisonnées. MAIS quelqu'un a payé pour nous et nous rachetés :
c’est Jésus, par sa mort et sa résurrection, qui sont des faits
historiques. Nous sommes pardonnés et notre culpabilité a été
effacée grâce au vrai corps et au vrai sang du Christ qui a touché
nos lèvres. Nous avons été transformés pour aller de l’avant
avec joie et avec des lèvres désireuses de partager la Bonne
Nouvelle de la mort et de la résurrection de Jésus pour le pardon
des péchés avec tous ceux que Dieu nous amène à rencontrer. Amen.
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