13 »Vous êtes le sel de la terre. Mais si le
sel perd sa saveur, avec quoi la lui rendra-t-on? Il ne sert plus qu'à
être jeté dehors et piétiné par les hommes.
14 Vous êtes la lumière du monde. Une ville située sur une montagne ne peut pas être cachée, 15 et on n'allume pas non plus une lampe pour la mettre sous un seau, mais on la met sur son support et elle éclaire tous ceux qui sont dans la maison.
16 Que, de la même manière, votre lumière brille devant les hommes afin qu'ils voient votre belle manière d'agir et qu'ainsi ils célèbrent la gloire de votre Père céleste.
14 Vous êtes la lumière du monde. Une ville située sur une montagne ne peut pas être cachée, 15 et on n'allume pas non plus une lampe pour la mettre sous un seau, mais on la met sur son support et elle éclaire tous ceux qui sont dans la maison.
16 Que, de la même manière, votre lumière brille devant les hommes afin qu'ils voient votre belle manière d'agir et qu'ainsi ils célèbrent la gloire de votre Père céleste.
"Sel de la terre et lumière du monde", voilà ce que
nous devons être ! C'est un bel idéal… Pourtant, plus d'un parmi nous
aurait envie de dire : "Non, ce n'est pas possible, ou : je laisse ça à
d'autres ! Je n'ai ni les dons, ni les connaissances nécessaires ! Et
puis, quel effet cela ferait si je me présentais par exemple sur la
place de la Réunion avec micro et haut-parleur pour crier : Ecoutez,
vous tous qui passez par là, je suis le sel de la terre et la lumière du
monde. J'apporte la lumière dans vos ténèbres !" Les gens diraient en
hochant la tête : "Encore un illuminé…" Mais sans aller jusque-là, ne
faut-il pas que nous soyons sel de la terre et lumière du monde parmi
nos proches ? Plusieurs répondraient sans doute : "Je manque trop de
confiance en moi ! Je n'ai ni la force, ni le courage suffisants.
J'aurais besoin de plus de conviction, il me faudrait vivre ma foi de
façon plus authentique et la reconnaître plus courageusement. Mais je
doute si souvent et je suis fréquemment découragé ; je n'ose pas
toujours m'en remettre fidèlement à Christ. J'ai peur des moqueries et
je crains d'être mis à l'écart. Parfois, je suis vraiment démotivé…"
Quelques-uns enfin refuseraient immédiatement en disant : "Le sel de la
terre, la lumière du monde ? Il ne manquerait plus que ça ! C'est
apporter de l'eau au moulin des chrétiens trop sûrs d'eux ! J'en connais
qui s'imaginent n'importe quoi et surtout croient tout savoir mieux que
les autres ! Et la plupart du temps, ce sont des gens à l'esprit étroit
qui jugent mal tous ceux qui ne pensent pas exactement comme eux. Ils
ne sont pas tolérants ; des chrétiens aussi prétentieux rebutent et font
peur… "
Alors, que faut-il ? Avoir plus ou moins de confiance
en soi, plus ou moins d'audace ? Frères et sœurs, c'est une fausse
alternative ! Et nous restons coincés là tant que nous entendons ce
texte nous dire que nous devons être "sel de la terre et la lumière du
monde. " Jésus n'a jamais dit cela ! Il ne dit pas : "Vous devez être le
sel de la terre et la lumière du monde." Il ne dit pas non plus :
"Soyez le sel de la terre et la lumière du monde", mais : "Vous êtes le
sel de la terre ; vous êtes la lumière du monde". Il n'a pas dit : "Vous
devez l'être", mais "Vous l'êtes" ! Ce n'est pas une injonction à
laquelle il m'est impossible d'obéir, mais une affirmation. Nous sommes
le sel de la terre et la lumière du monde. Et vous savez pourquoi ?
Parce que Christ nous justifie, il nous décharge de tous nos péchés ! Il
fait de nous des rachetés, des enfants de Dieu, des héritiers du
Royaume et donc le sel de la terre. Lui qui est lumière du monde allume
en nous quelque chose qui éclaire les hommes. Et c'est pourquoi il peut
dire : "Vous êtes le sel de la terre et la lumière du monde". C'est une
affirmation à recevoir avec humilité et reconnaissance. Et cela vaut
également quand notre existence est entachée par la faiblesse, le manque
de conviction ou le sentiment d'impuissance. Ici, il n'est pas question
de diplômes laborieusement obtenus, ni de compétences individuelles, ni
de pouvoir personnel, mais il s'agit de ce que le Christ a fait de
nous. En tout cas, Paul l'a écrit ainsi : "C'est par la grâce que vous
êtes sauvés, par le moyen de la foi. Et cela ne vient pas de vous, c'est
le don de Dieu. Ce n'est pas par les œuvres, afin que personne ne
puisse se vanter. En réalité, c'est lui qui nous a faits ; nous avons
été créés en Jésus-Christ pour des œuvres bonnes que Dieu a préparées
d'avance afin que nous les pratiquions" (Ep 2. 8-10) . Ce que Christ a
fait de nous, nous aide à être des chrétiens aussi bien humbles et
modestes qu'heureux et rayonnants !
I
Christ a fait de nous le sel de la terre. Il dit :
"Vous êtes le sel de la terre" ! Qu'est-ce que le sel ? Le sel, c'est
diverses choses. D'abord, c'est un condiment. Le sel donne du goût aux
aliments. Quiconque a déjà mangé des nouilles ou des frites non salées
en sait quelque-chose, ou celui qui doit manger sans sel sur
prescription médicale. Pas de bon repas sans sel ! Une petite quantité
suffit : personne ne voudrait gâcher son repas par excès de sel. Chaque
grain à lui seul a de la force et du goût ; on devine le sel dans le
potage, même si on ne le voit pas. Ainsi "Le monde vous devinera",
pourrait dire Jésus. "Il devinera que vous vivez de grâce et de pardon.
Il devinera que j'habite en vous, il devinera quelque chose du pouvoir
de l'Evangile, si vous me faites confiance aux temps du bonheur et du
malheur, aux jours de joie ou aux heures d'angoisse, si vous résistez au
mal, si vous vivez dans l'amour et la crainte de Dieu. Vous êtes la
saveur de la terre" !
Le sel donne du goût. Le sel conserve également ! A la
fin du 19 e siècle apparaissaient les premiers réfrigérateurs et plus
tard les congélateurs. Mais il y a 2000 ans déjà, on savait conserver la
viande, le poisson ou la choucroute grâce au sel ! On prenait soin de
frotter longuement et régulièrement les aliments avec du sel. La croûte
qui en résultait permettait de conserver la viande et le lard… Quelle
est l'image ? C'est comme si Jésus nous disait : "Grâce à mes fidèles,
je sauvegarde le monde et le préserve de la corruption. Votre désir
d'accomplir ma volonté, votre fidélité à mes commandements, votre
attachement à ma parole, le fait que vous bâtissiez en tenant compte de
mes promesses, votre foi et vos prières, vos cultes et vos communautés
de vie sont autant de remparts pour ma création. Parce que vous évoluez
dans le monde, vous le préservez du naufrage et retardez son jugement.
Ce n'est pas pour rien que vous vivez. A travers vous, je protège
l'humanité qui sans vous se détruirait d'elle-même. A travers vous, la
création actuelle sera gardée jusqu'aux derniers jours". Jésus fait des
hommes des disciples qui portent en eux le pouvoir du sel et protègent
le monde des poisons et des bactéries qui s'introduisent là où Dieu est
absent. Celui qui chaque jour prie pour le monde et ses habitants, et
s'efforce de témoigner de Christ et de son Evangile, celui-ci agit comme
le sel qui conserve. Bien plus : du sel sur une plaie brûle tout en
guérissant. C'est ainsi que nous, les chrétiens, devons poser le doigt
sur les plaies de notre société. Le monde a besoin du frein et du miroir
de la loi divine ; s'il n'ouvre plus sa Bible et étouffe sa conscience,
qui le corrigera ? Nous avons pour consigne express de mettre notre
grain de sel dans tous les grands débats qui agitent nos sociétés.
Le sel donne du goût. Le sel conserve. Le sel porte
aussi ! La Mer Morte contient tellement de sel qu'elle porte les gens,
même ceux qui ne savent pas nager. Nous sommes appelés à porter ceux qui
ne savent pas nager et qui risquent de se noyer spirituellement dans
leurs difficultés. Nous ne devons pas nous laisser absorber ni assimiler
par le monde au risque de disparaître ou, ce qui revient au même : de
perdre notre saveur et de devenir inutiles ! N'oublions pas que Jésus
dit aussi : "Si le sel perd de sa saveur, avec quoi la lui rendra-t-on ?
Il ne sert plus qu'à être jeté dehors et piétiné par les hommes" (Mt 5.
13) . En fait, le sel sale toujours. Mais pour qu'il sale, il faut
qu'il soit mêlé aux aliments. Aussi longtemps qu'il reste au placard, il
ne sert à rien. De même, le sel que je garde l'hiver dans mon garage
doit être répandu devant ma maison si je veux que la glace fonde. Ce
n'est qu'au contact direct avec les hommes que nous sommes le sel de la
terre. Si nous ne vivons que pour nous seuls, si nous ne prions que pour
nous et pas pour les autres, nous ne serons qu'un kilo de gros sel à
l'abri dans son emballage.
II
Jésus a fait aussi de nous la lumière du monde. Il
dit : "Vous êtes la lumière du monde". De nouveau une image toute
simple. La lumière est précieuse. Elle est indispensable. Sans lumière,
pas de vie. Aujourd'hui, il n'est même plus nécessaire d'appuyer sur un
bouton pour avoir de la lumière. Beaucoup de lumière. 500 watts, c'est
le rayonnement émis par une lampe halogène actuelle, c'est-à-dire
l'équivalent de 5OO bougies ! Autrefois il fallait se contenter d'une
modeste lampe à huile. Mais elle aussi baignait de lumière toute la
maison qui, à l'époque, ne se composait souvent que d'une seule pièce.
"Vous êtes la lumière du monde". Le message du Seigneur est le
suivant : "Partout où vous vivrez avec moi, il y aura de la lumière, car
je suis la lumière du monde et vous me portez dans votre cœur, vous
m'emmenez sur vos chemins. Ainsi ma parole est une lumière à vos pieds.
Votre chemin est éclairé. Vous avez mon pardon. Il illumine les ténèbres
de votre âme. Bien plus : en tant que disciples, vous vivez dans la
vérité et dans l'amour, ce qui fait de vous la lumière du monde".
L'apôtre Paul ne pense pas différemment quand il écrit : "Ce n'est plus
moi qui vis, c'est Christ qui vit en moi ; et ce que je vis maintenant
dans mon corps, je le vis dans la foi au Fils de Dieu qui m'a aimé et
qui s'est donné lui-même pour moi" (Ga 2.20) . Là où vivent des
chrétiens, de la lumière rayonne du ciel !
Frères et sœurs, il en va de la lumière comme du sel.
Elle ne doit pas rester dans un coin : "Une ville située sur une
montagne ne peut pas être cachée, dit Jésus, et on n'allume pas non plus
une lampe pour la mettre sous un seau, mais on la met sur son support
et elle éclaire tous ceux qui sont dans la maison" (Mt 5.14) . C'est
sous un seau que l'on éteignait autrefois la lumière. Elle étouffait par
manque d'oxygène. C'est précisément ce que nous ne devons pas faire
avec les dons de Dieu ! Nous ne pouvons pas garder secrète notre vie
avec Dieu. Nous, chrétiens, sommes des feux d'espérance, des phares pour
ceux qui cherchent à s'orienter dans ce monde. Ce que Dieu nous a
offert ne doit pas être gardé pour nous. Il n'est pas question de
limiter notre statut de chrétien à notre domaine privé. Cela serait tout
aussi insensé que de fixer le lustre de la salle à manger à l'intérieur
du bahut ou d'installer le lampadaire dans le vaisselier ! Ce serait
ridicule… On ne peut pas emboîter le pas à Jésus en se cachant. Paul
écrit aux Corinthiens : "Que vous mangiez, que vous buviez ou quoi que
vous fassiez, faites tout pour la gloire de Dieu" (1Co 10.31) . Donc,
même le manger et le boire. Même l'exercice de notre profession, notre
travail quotidien, notre vie de couple, notre attitude envers notre
conjoint, la façon dont nous éduquons nos enfants, même nos passe-temps
favoris et la manière dont nous organisons nos loisirs. Tout ce que font
les chrétiens est sous la lumière du Seigneur et demande à se propager.
Cela vaut aussi pour ce culte et tout ce que, par la suite, tout au
long de cette journée, nous allons faire, dire et même penser. Nous
avons un appel missionnaire, pas seulement par l'expression de notre
foi, mais aussi par nos actes. Jésus est saveur et lumière à travers
nous.
III
Je pourrais m'arrêter là, car ce que nous venons
d'entendre suffit amplement pour nous montrer ce qu'il convient de
faire. Mais pour que personne ne puisse m'adresser de reproches du
genre : "Encore un de ces sermons abstraits qui ne débouchent sur rien",
je vais parler de façon pleinement concrète et vous donner de quoi
l'appliquer de façon tout à fait pratique. Je me limiterai à deux
exemples.
Où Jésus a-t-il prononcé les mots de notre texte ?
Dans le Sermon sur la montagne. Dans quel contexte ? Là où il dit
encore : "Vous avez appris qu'il a été dit aux anciens : ‘Tu ne
commettras pas de meurtre'… Mais moi je vous dis : Tout homme qui se met
sans raison en colère contre son frère mérite de passer en jugement ;
celui qui traite son frère d'imbécile mérite d'être puni par le
tribunal, et celui qui le traite de fou mérite d'être puni par le feu de
l'enfer" (Mt 5.21-22) .
J'ai travaillé plusieurs années avec un patron
remarquable à bien des égards, mais qui avait une grande faiblesse :
sous le coup d'une forte contrariété, il était capable de vous incendier
et de vous rabaisser plus bas que terre… C'était le patron, et vous
étiez l'employé… Ici, Jésus affirme que nous ne devons pas dire
"imbécile" ni "fou" à qui que ce soit. Pas sous l'empire de la colère,
en tout cas, car une flambée de colère est l'équivalent d'un meurtre… Si
ces paroles étaient dites par un pasteur, on pourrait rétorquer : "Bof,
il exagère. Ce n'est pas si grave que ça ! " Mais ce n'est pas moi qui
le dit, frères et sœurs, c'est le Seigneur Jésus-Christ, le Fils de
Dieu, le Roi des rois, le Seigneur des seigneurs. Et c'est avec lui
qu'il faudra s'arranger si nous estimons qu'il va trop loin. Et aussi
avec l'apôtre Jean, qui écrit : "Tout homme qui déteste son frère est un
meurtrier, et vous savez qu'aucun meurtrier n'a la vie éternelle en
lui" (1Jn 3.15) .
Bien-aimés, nous ne serons sel de la terre et lumière
du monde que si nous nous comportons différemment des fils de ce monde,
de ceux qui réagissent au mal par le mal ; si nous interdisons à notre
cœur de céder à la facilité, de répondre à la méchanceté par la
méchanceté, à l'injure par l'injure. Ainsi seulement nous prouverons
notre communion vivante et authentique avec Jésus, dont l'Esprit nous
habite et non celui du monde. Jésus ajoute encore dans le Sermon sur la
montagne : "Vous avez appris qu'il a été dit : Tu ne commettras pas
d'adultère. Mais moi je vous dis : Tout homme qui regarde une femme pour
la convoiter a déjà commis un adultère avec elle dans son cœur" (Mt
5.27-28) . Il y a des années de cela, j'ai fait rougir toute une classe
de collégiens en leur avouant qu'à ce tarif, je commettais l'adultère
plusieurs fois par jours ! Ces paroles aussi sont de la bouche même de
notre Seigneur et Sauveur, au nom duquel nous avons été baptisés.
L'adultère ne commence pas dans un lit, mais dans le cœur. L'adultère se
cache déjà dans les recoins les plus secrets de notre cœur, dans notre
regard et sur nos lèvres. "En effet, c'est du cœur que viennent les
mauvaises pensées, les meurtres, les adultères, l'immoralité sexuelle,
les vols, les faux témoignages, les calomnies", dit aussi Jésus (Mt
15.19) .
Nous ne serons sel de la terre et lumière du monde
qu'à la seule condition de nous efforcer sérieusement, et avec l'aide de
Dieu (sinon c'est peine perdue), de vivre pudiquement et modestement en
pensées, en paroles et en actes. Ce n'est absolument pas notre vocation
d'imiter le monde en tout, sous prétexte que si tout le monde fait
quelque chose, cela ne peut pas être mauvais. Notre modèle de vie n'est
pas celui du monde mais celui qu'attend de nous notre Dieu et Seigneur.
Nous ne sommes sel de la terre et lumière du monde que si nous gardons
le mariage en tout honneur et sainteté. Ainsi seulement nous
reconnaîtrons que le mariage est l'œuvre du Seigneur et la sexualité un
don de Dieu, que sexe et mariage sont excellents à condition qu'ils
procèdent de sa volonté. Ainsi, et uniquement ainsi, ils nous
apporteront le bonheur véritable et contribueront au bienfait de
l'humanité. Nous sommes appelés à vivre purs et saints, au vu du 6 e
commandement. Ainsi le nom de Dieu sera sanctifié et nous prendrons part
à sa bénédiction !
Oui, chers frères et sœurs, c'est cela – et bien
d'autres choses encore - être chrétien. Jésus le dit lui-même. Et si
cela nous paraît difficile, demandons-nous où nous pourrions trouver la
force pour agir dans ce sens. Pour cela, il n'y a qu'un moyen, qu'une
réponse : lever les yeux vers Golgotha. Là, un jour, le ciel s'est
assombri, mais au milieu des ténèbres a resplendi la lumière du monde.
Alors, celui qui est mort pour nos péchés a dit : "Père, pardonne-leur,
car ils ne savent pas ce qu'ils font. " Là, à l'ombre de la croix, où le
Fils de Dieu nous a sauvés, les disciples qui en ont besoin trouveront
toujours la force d'être sel de la terre et lumière du monde.
Amen.
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