dimanche 21 octobre 2012

LUC 5:1-11

Chers frères et soeurs en Christ,
chers amis,

Il y a quinze jours nous avons médité ensemble sur le texte de Joël au l'exhortation « n'aie pas peur » était centrale. Nous avons pu voir que ce « n'aie pas peur» est en fait au coeur du message que Dieu adresse à son peuple à travers les générations.
Quelques temps plus tard, l'un d'entre vous m'a dit « d'accord, il était question de ne pas voir peur, mais cela ne disait pas 'aie confiance' »
Il est vrai qu'il y a une nuance entre le fait de ne pas avoir peur et le fait d'avoir confiance. Ils sont bien sûr proches l'une de l'autre, mais ils ne sont pas absolument identiques.
Alors ce matin, interrogeons-nous un peu sur la confiance.
La confiance est essentielle, et même à des niveaux dont vous n'avez peut-être pas conscience. Par exemple, pensez à un billet de 20 euros: il ne vaut 20 euros que parce que vous avez confiance dans les autorités qui l'ont émis. Sinon, ce n'est qu'un bout de papier!
La confiance est aussi précieuse. Il est précieux d'être quelqu'un dans lequel on a confiance. Il est précieux aussi de pouvoir faire confiance à d'autres: son conjoint, sa famille, un médecin, un notaire...C'est précieux parce que cela est libérateur.
Et la confiance en Dieu me direz-vous? Déjà, il est intéressant de constater qu'en français, « foi » et « confiance » partagent une même racine latine. Voilà qui nous met déjà sur la piste: avoir la foi en Dieu n'est pas uniquement savoir des choses (même correctes) à propos de la Trinité, de Christ mais c'est aussi être dans une relation de confiance. Notre Dieu n'est pas un concept: il est Dieu, il est vivant et il est réel.

Pour aller plus loin, je vous propose de méditer sur un texte que nous trouvons au début de l'Evangile de Luc:

Comme la foule se pressait autour de [Jésus] pour entendre la parole de Dieu, et qu'il se tenait près du lac de Gennésareth, il vit au bord du lac deux bateaux d'où les pêcheurs étaient descendus pour laver leurs filets. Il monta dans l'un de ces bateaux, qui était à Simon, et il lui demanda de s'éloigner un peu du rivage. Puis il s'assit, et du bateau il instruisait les foules.
Lorsqu'il eut cessé de parler, il dit à Simon : Avance en eau profonde, et jetez vos filets pour pêcher. Simon lui répondit : Maître, nous avons travaillé toute la nuit sans rien prendre. Mais, sur ta parole, je vais jeter les filets. L'ayant fait, ils prirent une grande quantité de poissons : leurs filets se déchiraient. Ils firent signe à leurs associés qui étaient dans l'autre bateau de venir les aider. Ceux-ci vinrent et remplirent les deux bateaux, au point qu'ils enfonçaient. Quand il vit cela, Simon Pierre tomba aux genoux de Jésus et dit : Seigneur, éloigne-toi de moi : je suis un homme pécheur. Car l'effroi l'avait saisi, lui et tous ceux qui étaient avec lui, à cause de la pêche qu'ils avaient faite. Il en était de même de Jacques et de Jean, fils de Zébédée, les compagnons de Simon. Jésus dit à Simon : N'aie pas peur ; désormais ce sont des êtres humains que tu prendras. Alors ils ramenèrent les bateaux à terre, laissèrent tout et le suivirent. (Luc 5.1-11, NBS)


Cet épisode se produit quelques jours seulement après que Jésus ait guéri la belle-mère de Pierre. Ce dernier ressent donc au moins un grand respect pour Jésus et il est conscient de son pouvoir. Mais il lui reste beaucoup à apprendre pour comprendre que Jésus est vraiment.
Pierre, vous le savez, est pêcheur. Il vient de passer toute une longue nuit à lancer ses filets. En vain. Il n'a rien pris. Il y a des jours comme ça, n'est-ce pas? Et parfois les jours deviennent même des semaines voire des mois comme ça...
Alors quand Jésus lui demande de se servir de son bateau comme d'une estrade, pour enseigner les gens, Pierre n'a bien sûr aucune raison de dire non.
Mais le nouveauté c'est que Jésus, une fois qu'il a terminé, dit à Pierre de faire quelque chose de proprement ridicule. «  Avance en eau profonde, et jetez vos filets pour pêcher »
C'est ridicule, parce que c'était la nuit que le poisson remonte à une faible profondeur, près du rivage, et qu'il peut moins détecter les filets. Alors quand Jésus dit de faire tout le contraire de ce qu'il faut faire, Pierre se dit sans doute que ce Jésus est sans doute très bon pour l'enseignement (et, à la limite, pour les charpentes...) mais qu'il ferait sans doute mieux de s'en tenir à ce qu'il connaît. C'est lui le pêcheur professionnel, le patron du bateau. Il n'a pas besoin qu'on lui apprenne son travail, Pierre.
La réponse de Pierre est un des pivots de ce texte. «  Maître, nous avons travaillé toute la nuit sans rien prendre. Mais, sur ta parole, je vais jeter les filets »
Le mot traduit pas « maître » est, en grec, l'équivalent de « responsable, chef... ». Certains y voient comme une pointe de sarcasme « à vos ordres, mon capitaine!! »...tout en sachant très bien que cela ne servira à rien. Et pourtant, à ce moment de sa vie spirituelle, Pierre en sait assez sur Jésus pour jeter quand même ses filets, contre toute logique.
Et je crois que ce jour-là, au tout début de son chemin aux côtés de Christ, Pierre a fait un grand pas. Le pas de la confiance.
Parce que c'est une chose que d'acouter un maître spirituel et de le trouver fantastique. C'est encore mieux s'il guérit vos proches. Mais là, Jésus touche à un territoire que nous aimons croire sous notre contrôle: celui de notre vie dans ce qu'elle a de plus quotidien, celui de notre métier.




Réflechissez bien: je crois qu'il est tout à fait possible d'être chrétien (j'entends par là avoir une compréhension correcte du message de la Bible) tout en étant en réalité athée sur bien des plans. On peut bien connaître son Catéchisme, on peut même y croire tout en refusant en réalité de croire que Jésus peut vraiment agir dans notre difficulté au travail, notre souci de santé...
Je crois que cette attitude a deux origines: d'une part, nous cherchons à garder le contrôle de pans entiers de nos vies; d'autre part, nous pensons au fond de nous-mêmes que le bras de Dieu est en fait trop court pour nous aider efficacement ici et maintenant. Au coeur de ces attitudes on trouve un manque de confiance en Dieu.


Je pense que Pierre en était là. «  D'accord Jésus, je te trouve formidable, mais pour cette histoire de pêche, tu racontes n'importe quoi quand même... ». Et pourtant, comme nous l'avons vu, Pierre fait le pas de la confiance. Oh, certainement avec beaucoup d'interrogations et de doutes, mais la confiance quand même. La confiance qui vient d'une rencontre avec ce Jésus tellement fort, tellement unique. Cette confiance à laquelle nous aussi nous sommes appelés quand il faut nous avancer en eau profonde.
A ce moment-là, sachons comme l'a fait Pierre nous baser « selon la Parole » de Jésus. Pierre n'est pas resté prisonnier des apparences, de l'apparente inutilité de ce que Jésus lui demandait. Il a fait confiance en sa parole, que nous pouvons aussi garder dans notre coeur.
Frères et soeurs, Dieu sait que la confiance n'est pas facile. Alors il nous a laissé sa Parole pour la nourrir. Cette parole qui nous dit:
« tes péchés te sont pardonnés », « je ne t'abandonnerai pas », « Si quelqu’un est en Christ, il est une nouvelle création. Les choses anciennes sont passées ; voici, toutes choses sont devenues nouvelles »
Les doutes de Pierre étaient compréhensibles. Mais Jésus a voulu l'enseigner, lui apprendre à se fier à sa parole et non à ce que nous appelons l'évidence. Cela c'est la confiance et celui que se confie en Dieu ne le regrettera jamais.


C'est ce qui est arrivé à Pierre. La pêche littéralement miraculeuse qui a suivi l'ordre de Christ lui a montré que ce Jésus s'y connaissait en d'autres choses que de la « spiritualité », que la nature même lui était soumise. Je peux vous dire, par ma propre expérience, que laisser Dieu diriger nos vies nous amène à prendre conscience toujours plus de sa puissance et de sa grandeur.
Pierre est sous le choc, parce qu'il comprend que, comme le disent les jeunes d'aujourd'hui, en face de lui « il y a du lourd, du très lourd ».
Seigneur, éloigne-toi de moi : je suis un homme pécheur
Vous voyez, il n'y a plus de « maître ». Jésus est le Seigneur. Pierre pensait qu'il dominait ce lac, les poissons, la façon de les prendre dans des filets, et il se rend compte que tout cela n'est rien face à la puissance de celui qui est en face de lui. Pierre était parti attraper des poissons, et c'est lui qui a été pris. Pris par la grandeur de Christ, pris par sa compassion aussi qui lui a fait donner son pain quotidien à Pierre.
Luc parle d'effroi, d'agenouillement, on pourrait parler de prostration. Mais Jésus va relever Pierre «  N'aie pas peur ; désormais ce sont des êtres humains que tu prendras. Alors ils ramenèrent les bateaux à terre, laissèrent tout et le suivirent »


Jésus annonce à Pierre que sa vie va changer, qu'il va lui confier une mission . Certes, nous en sommes encore loin et Pierre connaîtra encore bien des chutes (y compris en tant que figure éminente parmi les apôtres). Mais, de pêcheurs de poissons il va devenir pêcheur d'humains.
C'est ce que fait Jésus quand il entre dans une vie. Il la transforme, il la magnifie.


J'ai choisi ce texte pour vous parler de confiance. Mais je crois que la plus grandce confiance, c'est celle que Jésus fait à Pierre et à ses compagnons, cette bande de bras cassés lents à comprendre qu'il choisit pour devenir ses disciples, ses serviteurs.
Nous aussi, Jésus nous invite à le servir. Il y a tant à accomplir ne serait-ce qu'au sein de notre église locale, où tous peuvent trouver moyen d'être utiles.


Alors, comme Pierre et les autres, suivons Jésus. Faisons-lui confiance. Il nous fait confiance.


Amen.

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