dimanche 13 janvier 2013

ESAIE 43.1-7


Maintenant, voici ce que dit l'Éternel, celui qui t'a créé, Jacob, celui qui t'a façonné, Israël: N'aie pas peur, car je t'ai racheté. Je t'ai appelé par ton nom: tu m'appartiens!2 Si tu traverses de l'eau, je serai moi-même avec toi; si tu traverses les fleuves, ils ne te submergeront pas. Si tu marches dans le feu, tu ne te brûleras pas et la flamme ne te fera pas de mal.
3 En effet, je suis l'Éternel, ton Dieu, le Saint d'Israël, ton sauveur. J'ai donné l'Égypte en rançon pour toi, l'Éthiopie et Saba à ta place. 4 Parce que tu as de la valeur à mes yeux, parce que tu as de l'importance et que je t'aime, je donne des hommes à ta place, des peuples en échange de ta vie.5 N'aie pas peur, car je suis moi-même avec toi. Je ramènerai ta descendance de l'est et je te rassemblerai de l'ouest.6 Je dirai au nord: «Donne!» et au sud: «Ne retiens personne! Ramène mes fils des pays lointains et mes filles de l'extrémité de la terre,7 tous ceux qui portent mon nom, que j'ai créés pour ma gloire, que j'ai façonnés, que j'ai faits.»


Chers frères et sœurs en Christ,
chers amis,

Dorothy Law Nolte était une psychologue, qui a beaucoup fait pour remettre l'enfant au cœur de l'éducation. Dans un de ses livres, elle a écrit un poème intitulé « Les enfants apprennent ce qu'ils vivent ». Écoutons le:

Si un enfant vit dans la critique, Il apprend à condamner.
Si un enfant vit dans l’hostilité, Il apprend à se battre.
Si un enfant vit dans le ridicule, Il apprend à être gêné.
Si un enfant vit dans la honte, Il apprend à se sentir coupable.
MAIS
Si un enfant vit dans la tolérance, Il apprend à être patient
Si un enfant vit dans l’encouragement, Il apprend à être confiant.
Si un enfant vit dans la motivation, Il apprend à se valoriser.
Si un enfant vit dans la loyauté, Il apprend la justice.
Si un enfant vit dans la sécurité, Il apprend la foi
Si un enfant vit dans l’approbation, Il apprend à s’aimer.
Si un enfant vit dans l’acceptation et l’amitié,
Il apprend à trouver l’amour dans le monde.

Dorothy Law Nolte avait raison. Un enfant dont les parents passent son temps à lui dire « tu n'es qu'un bon à rien » finira par le croire et sera sans doute condamné à croire que l'échec est son lot. Mais même en tant qu'adultes, l'image qu'on nous renvoie a une importance cruciale dans la construction de notre identité et de nos actes.
Ce que nous entendons sur nous peut nous édifier ou nous détruire, petit à petit. Réfléchissez un peu: quelles sortes de message pouvons-nous entendre aujourd'hui: « t'as pas le profil du job, merci d'aller voir les ressources humaines pour ton départ ». « tu es trop vieux, trop malade, trop bête, trop gros », « si tu étais vraiment quelqu'un, tu aurais une Rolex à 50 ans ».

Quand j'ai travaillé dans un contexte américain, j'ai connu quelque chose qu'on se sait pas faire en France: ça s'appelle l' affirmation: la capacité à féliciter et à encourager quelqu'un qui a fait du bon travail.

Je crois que nous vivrions mieux si nous recevions plus souvent de tels messages. Des messages comme celui que Dieu, par la bouche de son prophète Esaïe a adressé aux Juifs exilés à Babylone après l'invasion de leur pays par Nébuchanetsar au 6ème siècle av. JC. Le Temple de Jérusalem était détruit, Jérusalem était en ruines, les familles avaient été dispersées, la nation entière était dans le chaos. Tous les symboles de leur identité et tout ce qui pouvait faire leur fierté, tout ce qui faisait leur vie avait été mis à bas.

Et je pense que les gens qui ont bâti notre lectionaire ont eu un petit coup de génie en plaçant ce texte le jour où nous méditons ensemble sur le baptême de Christ et aussi sur notre baptême. Car ce texte si ancien de l'Ancien Testament est une magnifique illustration de ce qu'on appelle la vie baptismale, c'est-à-dire la vie que nous pouvons vivre quand nous entrons pleinement dans tout ce que notre baptême signifie si nous avons la foi en Christ.
Dans notre baptême, comme en Esaïe, Dieu commence par nous dire « n'aie pas peur ». Mais cela n'est pas qu'un creux encouragement. Dieu nous dit « n'aie pas peur » et il nous donne des raisons pour bannir la peur.
Tout d'abord Dieu nous rappelle qu'il nous a créés et façonnés. Peut-être que nous arriverions à plus nous aimer nous-mêmes si nous nous rappelions plus souvent que c'est Dieu qui nous a faits, que nous sommes son ouvrage, que nous reflétons son image, que par là même nous sommes pourvus d'une dignité et d'une beauté que rien ne pourra jamais nous enlever. Notre vie vaut le coup d'être vécue, parce que c'est Dieu qui nous l'a donnée.

Dieu donne une autre raison de ne pas avoir peur « je t'ai racheté. Je t'ai appelé par ton nom: tu m'appartiens! »
Je t'ai racheté. Le peuple était en exil, mais Dieu lui dit qu'il a déjà fait ce qu'il fallait pour les ramener chez eux, ce qui s'est accompli par la suite. C'est la même chose dans notre baptême: il est l'image de la purification de nos péchés qui a eu lieu il y a bien longtemps, quand Christ est mort sur la Croix pour nous, pour que nous soyons rachetés de nos fautes. N'aie pas peur, dit Dieu, parce qu'en Jésus je t'ai déjà donné tout ce dont tu avais besoin.

Comprenons-nous??
Dieu ne peut pas nous oublier, parce qu'il nous a créés.
Nous n'avons plus à vivre dans les chaînes du péché, de la peur, parce qu'il nous a rachetés.

Dieu dit « Je t'ai appelé par ton nom: tu m'appartiens! » (v.1b). C'est précisément ce qui arrive dans notre baptême. C'est là que Dieu nous dit « je t'ai choisi, tu es mon enfant ». C'est là que Dieu nous réclame comme membre de sa famille, car nous sommes toujours baptisés au sein de l'Église, du peuple de Dieu. Le baptême détruit tout individualisme, et nous rattache à quelque chose de plus grand que nous. Nous sommes baptisés, et Christ, dont nous célébrons le baptême aujourd'hui, nous veut pour lui.

Esaïe continue en utilisant des images qui rappellent la fuite d'Égypte. Il dit aux exilés: « parce que Dieu vous a choisis, votre exil ne sera pas définitif. Parce que le Seigneur vous a choisis, il ne permettra pas que vous perdiez votre identité de peuple de Dieu. Votre Père va vous protéger.


Dieu adresse une promesse aux exilés: « 2 Si tu traverses de l'eau, je serai moi-même avec toi; si tu traverses les fleuves, ils ne te submergeront pas. Si tu marches dans le feu, tu ne te brûleras pas et la flamme ne te fera pas de mal. » (v.2)

Cette parole, Dieu l'adresse à nous aussi aujourd'hui. Il y a certainement pour beaucoup d'entre nous, et il y aura encore, des moments où nous avons l'impression d'être submergés par les difficultés de l'existence. Des moments où nous aurons peur d'être écrasés par les pressions qui peuvent toucher nos vies. Des moments où les problèmes dans la famille, au travail ou à l'école risquent de nous consumer.
Mais Dieu est avec nous. Il n'a pas abandonné les exilés dans leur épreuves, et il ne nous abandonnera pas non plus. Nous lui appartenons. Nous sommes baptisés.

Et toutes ces promesses que Dieu nous adresse: son salut, la libération, la protection; tout cela a une origine qui ne se trouve pas en nous, qui nous est extérieure. Si Dieu nous dit « je suis l'Éternel, ton Dieu, le Saint d'Israël, ton sauveur » (v.3), ce n'est pas parce que nous l'avons mérité.
Cette parole, Dieu l'a adressé à un peuple qui l'avait rejeté, qui avait rompu son alliance, qui avait bafoué ses commandements (et qui en subissait les conséquences!!). Et nous aussi, nous sommes pécheurs, tout comme eux.
Et pourtant, Dieu n'a pas rejeté Israël, tout comme il ne nous rejette pas non plus.
Franchement, ça ne semble pas logique. Ça ne semble même pas juste. Et la seule réponse que Dieu donne vient de son cœur: «  Parce que tu as de la valeur à mes yeux, parce que tu as de l'importance et que je t'aime » (v.4)
Nous tous qui avons été baptisés au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit, nous avons été baptisés dans l'immensité de cet amour divin, rendu visible par l'eau de notre baptême, accompagnée par la Parole de Dieu.
Nous pouvons donc dire avec Paul: « j'ai l'assurance que ni la mort ni la vie, ni les anges ni les dominations, ni le présent ni l'avenir, ni les puissances,
39 ni la hauteur, ni la profondeur, ni aucune autre créature ne pourra nous séparer de l'amour de Dieu manifesté en Jésus-Christ notre Seigneur » (Romains 8.38-39).

Martin Luther a dû faire face dans sa vie à bien des combats dans sa lutte pour la vérité de l'Évangile. Parfois, il se sentait pris à la gorge, submergé, en proie aux craintes les plus profondes. Alors, Luther avait l'habitude de se toucher le front et de se dire à lui-même « j'ai été baptisé ». J'ai été baptisé, j'ai reçu le signe de l'amour de Dieu manifesté en Jésus-Christ.
Il ne suffit pas bien sûr d'avoir notre nom sur les registres de baptême de telle ou telle paroisse. Il faut avoir la foi en ce Dieu qui nous a aimés le premier, qui nous a sauvés et qui nous a baptisés en son saint nom.

Alors (et alors seulement) nous pourrons entrer dans toutes les bénédictions de notre baptême. Alors et alors seulement nous pourrons « apprendre ce que nous vivons » en tant que disciples de Jésus-Christ. Nous pourrons cesser de croire tous les mensonges sur nous-mêmes dont nous sommes bombardés chaque jour et qui pourraient nous détruire.
Alors nous serons au clair sur notre vraie identité et notre valeur en disant: «J'ai été baptisé, je crois en Jésus-Christ. Je suis un cher enfant de Dieu. J'ai de la valeur à ses yeux, j'ai de l'importance et il m'aime ».

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