dimanche 9 février 2014

1 CHRONIQUES 11.22-25

Chers frères et soeurs en Jésus-Christ,
chers amis,

Nous avons commencé récemment dans le cercle biblique de Melle une série d'études sur des personnages de l'Ancien et du Nouveau Testament. Pendant que je préparais cette série, je suis « tombé » sur un personnage de l'Ancien Testament dont le nom ne vous dira peut-être rien... Si je vous dis « Benaja », cela évoque t'il quelque chose pour vous ?
Pas de problème si ce nom ne vous dit rien : Benaja n'est pas un personnage majeur de la Bible, mais je voulais ce matin voir avec vous ce que sa vie et son caractère nous enseignent. Laissez moi vous le présenter en lisant 1 Chroniques 11.22-25
22 Benaja, le fils de Jehojada, qui était un homme vaillant de Kabtseel, fut célèbre par ses exploits. C'est lui qui frappa les deux héros de Moab. Il descendit au milieu d'une citerne et il y frappa un lion, un jour de neige.
23 Il frappa un Egyptien de 2 mètres et demi qui tenait à la main une lance de la grosseur d'un cylindre de métier à tisser. Il descendit contre l'Egyptien avec un bâton, arracha la lance de sa main et s'en servit pour le tuer.
24 Voilà ce que fit Benaja, fils de Jehojada. Il eut une grande réputation parmi les trois vaillants hommes.25 Il était le plus considéré des trente, mais il n'égala pas les trois premiers. David l'admit dans sa garde personnelle.

Benaja apparaît comme un être assez exeptionnel, un homme sans doute assez dur, un baroudeur, un personnage clé de la période d'établissement de la dynastie de David.

Nous ne savons, à vrai dire, pas grand-chose de sa vie : quelques références éparpillées dans l'Ancien Testament. Pourtant, nous pouvons avec ces quelques textes dispersés, nous faire une idée du type d'homme qu'il incarnait.
Benaja, nous venons de le lire, était un guerrier, un combattant, un homme manifestement doté d'un grand courage. Il appartenait à ce que l'on appelle les vaillants hommes de David, un groupe de trente soldats valeureux qui entouraient le roi d'Israël, et Benaja faisait partie de l'élite de ce groupe.
David finit par en faire le chef de sa garde personnelle : Benaja possédait donc déjà une certaine autorité.
Nous lisons aussi qu'après la mort de David, son fils Salomon monta sur le trône, et que Benaja était présent parmi les grands du royaume à cette occasion. D'ailleurs Salomon le maintint à son poste. C'est que Benaja était un homme sur lequel on pouvait compter. Lorsque le trône de Salomon fut menacé par la révolte de son frère Adonia, Benaja resta aux côtés de son roi et aida à rétablir l'ordre. Toute sa vie, Benaja combattit donc contre les ennemis extérieurs ou intérieurs du royaume. Finalement, Salomon en fit même le général en chef de l'armée d'Israël.
On voit donc que Benaja n'était pas qu'un homme fort et courageux. Car la force et le courage peuvent, après tout, être mal employés. Mais Benaja était aussi un homme fidèle, fidèle à ses souverains, à la dynastie établie par Dieu, et par là donc fidèle à Dieu lui-même.

Fort bien me direz-vous, mais qu'est-ce que ça me fait ? En quoi la vie d'un homme ayant vécu il y a si longtemps et qui n'a pas laissé un trace majeure dans l'histoire du monde mérite t'elle que nous nous y intéressions ce matin ?
Parfois, on a l'impression que les textes de l'Ancien Testament n'intéressent pas beaucoup de chrétiens, comme s'ils étaient devenus caducs. Et pourtant, eux aussi ont été inspirés du Saint Esprit, et ils contiennent bien des leçons et bien des promesses pour nous. C'est le cas de l'histoire de Benaja.

Premièrement, nous voyons que Benaja n'a pas eu peur de lutter seul. Certes, il a eu au cours de sa vie à commander des troupes , mais ses plus grands exploits, il les a accomplis seul, par lui-même.
Un homme capable d'affronter seul de grands dangers pour son peuple, pour son roi, pour son Dieu force l'admiration et révèle une envergure que nous pouvons envier. Car souvent, nous pouvons avoir l'impression d'être seul quand nous demeurons fidèle à Dieu dans cette société où la vraie foi est tellement rare. C'est ce qui est arrivé notamment à Athanase

Et je pense que l'on peut (avec prudence) considérer Benaja comme un type , c'est-à-dire comme une préfiguration (ô combien imparfaite) de notre seigneur Jésus-Christ.
Quand nous lisons les évangiles, nous voyons que Jésus a été l'homme parfaitement vaillant, qui a bravé seuls les ennemis les plus redoutables. Réfléchissez y : tout de suite après son baptême, il a été tenté par Satan lui-même qui voulait le détourner de sa mission. Ensuite, Jésus fit face aux nombreux esprits démoniaques dont il délivra bien des gens. D'autres fois, souvent, il s'attaqua aux maladies du corps et à la mort et beaucoup plus souvent, il brava victorieusement les menaces du péché.
Comme l'a dit un commentateur « on peut dire qu'il traversa les pires orages, fit face aux plus dangereux ouragans, fut frappé par l'adversité, l'abandon de ses disciples, le silence de Dieu et, finalement, la mort. Et tout cela, afin de nous protéger, de nous arracher au mal, de nous libérer, de nous sauver... »

Nous nous approchons doucement du carême et de la semaine sainte, alors pensez-y mes amis : à Gethsémanée, alors que la perspective du supplice le remplissait d'effroi, Jésus était seul (ses disciples dormaient). A la croix où son saint et précieux sang a coulé pour le pardon de nos fautes, Jésus était seul. Et ce qu'il a accompli à ce moment là, ce n'était pas pour prouver qu'il était le plus vaillant (même si il l'était sans aucun doute) mais pour nous et pour notre salut, afin que nous puissions être délivrés de tous nos ennemis et vivre en paix sous le regard de notre Dieu. Benaja a tué un jour un lion au fond d'une grotte, mais Christ a abattu Satan, le lion rugissant qui rôde autour de nous. Alors nous pouvons avoir que même si nous devons traverser l'épreuve, Jésus ne nous abandonnera jamais, lui qui est descendu pour nous dans les affres de la mort et l'enfer du mal.
Cela, c'est la Bonne Nouvelle que la Bible toute entière nous annonce, et d'une certaine façon, certes modeste, l'histoire de Benaja l'annonce et la préfigure.

Deuxièmement, nous notons que Benaja est en fait toujours associé à la grandeur des autres. Benaja a servi des rois, mais il n'était pas le roi. Je pense que vous avez rarement entendu un sermon sur lui, alors que Moïse, Salomon, Abraham...inspirent souvent les prédicateurs. D'ailleurs, notre texte dit bien qu'il n'était pas nécessairement le guerrier de David le plus prestigieux de par ses prouesses : « Il était le plus considéré des trente, mais il n'égala pas les trois premiers ».
Mais le jour du couronnement de Salomon, il était là, comme une sorte de représentant de la nation, aux côtés du grand prophète et du grand prêtre de l'époque.
Il y a dans l'histoire de chaque nation de « grands hommes » d'une dimension extraordinaire, qui sont souvent vus comme des références et même comme des modèles. Très peu de gens, reconnaissons le, présentent la matériel humain capable de les transformer en artisans de la transformation de l'histoire. Tout le monde n'est pas Jeanne d'Arc, Georges Washington, Churchill ou de Gaulle...
Ce qui me frappe, c'est justement que notre société est allergique à la grandeur, et semble se complaire dans la médiocrité. Je dis bien « médiocrité » et non pas « humilité », qui elle manque beaucoup hélas ! En fait, nous souffrons d'un terrible manque d'idéal, et beaucoup de nos contemporains se complaisent dans une existence sans but ni pourquoi. Regardons autour de nous : que voyons-nous ? Les débats incessants de pseudo-intellectuels parisiens donnant leur avis sur tout (en restant bien sûr dans les limites du politiquement correct), les médias qui nous rapportent tous les détails de la vie sentimentale compliquée de starlettes siliconées (et, depuis peu, du chef de l'Etat)...tout cela vole bas, très bas ! On parle du niveau de vie (et c'est compréhensible!) mais on oublie de parler des valeurs profondes et réelles. Il est difficile de s'extraire de cette gangue et de garder des perspectives plus larges, plus grandes.
Oui, je crois que, notamment en tant que chrétiens, nous ferions bien de réfléchir à ce qu'est la grandeur et à la rechercher dans nos vies, en pourchassant tout ce qui peut être médiocrité, compromis, manque de vision. Après tout, nous servons un grand Dieu, et nous devons le faire dans la grandeur.
Nous savons en effet que même si Dieu ne nous demande que de jouer un rôle apparemment modeste, chacun de nous a une grande valeur à ses yeux.

Nous avons aussi vu qu'une des caractéristiques les plus remarquables de Benaja réside dans sa grande fidélité. Benaja, c'est l'homme solide, sur lequel on peut compter, même dans les moments critiques. Et cela nous amène à évaluer notre propre fidélité.
Certes, nous sommes des croyants de la Nouvelle Alliance. Contrairement au peuple d'Israël, nous ne sommes plus appelés à nous battre pour Dieu en employant l'épée et la lance. Mais nous sommes quand même dans un combat, et notre fidélité est éprouvée. Benaja est resté fidèle à son roi Salomon : restons nous fidèles à notre roi Jésus-Christ ?
Nous ne luttons pas contre la chair et le sang mais contre les dominations et les puissances, contre tout ce qui, spirituellement, s'oppose à l'avancée du royaume de Dieu sur terre. Ne nous trompons pas frères et soeurs : la vie chrétienne est une vie de combat, pas un prèlassement sur chaise longue !

Au nom de Jésus, nous sommes appelés à résister sans relâchement aux forces du mal, à lutter contre le diable qui veut ruiner la vie des hommes et bloquer l'église. Et cela, nous le ferons premièrement en annonçant clairement la Loi et l'Evangile, en célébrant notre seigneur Jésus, en aimant Dieu et notre prochain. Il faut que nos paroles et nos actes offrent une espérance et la vie nouvelle qui est en Jésus-Christ. Dans un monde marqué par tant de douleurs, morales et spirituelles, nous sommes appelés à amener le baume guérissant de la grâce de Dieu. Au Moyen-âge, les hommes ont honoré en bâtissant des cathédrales. Celles-ci sont aujourd'hui devenues des lieux de tourisme. Mais nous devons continuer à honorer Dieu, par loyauté envers Jésus , en vivant selon ses commandements et en annonçant la bonne nouvelle du salut aux pécheurs.

Enfin, je pense que Benaja peut être vu comme un modèle de la vie du disciple de Jésus-Christ. Son exemple nous aide à devenir d'authentiques serviteurs du Christ en étant des hommes et de femmes de courage et d'autorité et, surtout, de loyauté.

Ce matin, nous avons entendu Jésus dire à ses disciples « vous êtes le sel de la terre, vous êtes la lumière du monde ». Le sel, c'est ce qui conserve et qui donne du goût, la lumière c'est ce qui éclaire et chasse les ténèbres. Oui, Jésus nous a investis d'une autorité spirituelle. Nous sommes ses lieutenants. Derrière chacune de nos paroles et de nos gestes devraient apparaître le Christ et sa puissance, car c'est bien son autorité qui anéantit et ruine le pouvoir du mal et qui amène le règne de Dieu.

Comme Benaja, comme les vaillants hommes de David, nous pouvons aussi faire preuve de force et de courage. Il n'a jamais été facile d'être fidèle au seul vrai Dieu et de vivre selon sa sainte Loi. Il n'a jamais été facile d'être véritablement disciple de Jésus, et cela risque de l'être de plus en plus quand nous voyons autour de nous nos sociétés
Les risques sont grands pour nous : risque de ne pas oser témoigner de la vérité pour ne pas offenser (je pense ici notamment à ces églises qui n'ont toujours pas pris positions sur la question du pseudo « mariage » gay parce qu'elles veulent « prendre le temps de réfléchir à la question » : comme si la Bible n'était pas très claire sur le sujet!!), risque de nous réfugier dans un cocon chrétien protecteur mais étouffant, risque de sombrer dans l'amertume ou le découragement en voyant tant de choses s'écrouler autour de nous.
Nous devons balayer tout cela en nous rappelant la mission qui nous a été confiée et que l'apôtre Paul résume ainsi « Nous renversons les raisonnements et tout obstacle qui s'élève avec orgueil contre la connaissance de Dieu, et nous faisons toute pensée prisonnière pour qu'elle obéisse à Christ. » (2 Corinthiens 10:5)

Alors, allons nous choisir une position confortable ou bien prendre des risques pour servir Dieu et lui être fidèles ? Sommes-nous des hommes et des femmes de confiance sur lesquels Dieu peut compter pour accomplir son plan ? Voilà, chers amis, ce que veut dire être disciples de Jésus-Christ, et voilà comment un croyant d'il y a des milliers d'années, Benaja, fils de Jehojada. 


cette prédication s'inspire d'un méditation radiodiffusée du pasteur Aaron Kayayan. 

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