lundi 11 février 2008

Matthieu 4.1-11

Mes chers amis,

L’Evangile de ce jour nous fait rentrer dans le carême en nous amenant à réfléchir ensemble sur le sens de la tentation de Jésus au cours de ses 40 jours de jeûne dans le désert. Et, par cela, il nous amène à mieux saisir la nature de ce que Jésus a fait pour nous.

Tout d’abord, il nous faut rappeler le contexte précédent. Jésus vient d’être baptisé. L’Esprit de Dieu est descendu sur lui et Dieu a clairement annoncé : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j’ai mis toute mon affection ».
C’est tout de suite après ce moment glorieux que Jésus est emmené par l’Esprit Saint dans le désert pour y être tenté par le diable. C’est bien ainsi que les choses se passent : Satan est le tentateur, mais c’est Dieu qui amène son Fils à le confronter dans l’épreuve de la tentation. Dieu a envoyé son Fils unique pour vaincre Satan, et le combat doit commencer d’emblée. Et le diable va choisir trois angles d’attaques par lesquels il va chercher à ruiner la relation de Jésus avec le Père.

I. Les tentations

La première des tentations du diable peut paraître assez grossière, mais elle est en fait très pernicieuse. Après tout, quel mal y a-t-il à manger après un jeûne de 40 jours ? Mais il y a derrière tout ça une ruse de l’ennemi. Le diable cherche à faire douter Jésus de l’amour et du soin de Dieu envers lui. C’est comme s’il lui disait « Dieu t’appelle son fils et il te laisse mourir de faim au milieu du désert ? Il t’a abandonné plutôt. Tu ne vois pas qu’il faut que tu te débrouilles tout seul ?».
La seconde tentation, elle, consiste à éprouver la protection de Dieu. La troisième enfin, incite Jésus à se détourner de Dieu et à adorer le diable pour obtenir la domination sur la Terre.

Le diable cherche, par tout cela, à détourner Jésus de son ministère, à le faire sortir du plan de salut que la Père a conçu. Et ce premier combat de Jésus est aussi sa première victoire, une victoire qui préfigure celle de la Croix.

II. La victoire par la Parole

Comment Jésus réussit-il à vaincre le diable ? Par la Parole de Dieu. Même s’il ne cite pas directement la Bible lors de la première tentation, sa réponse est claire « l’homme ne vivra pas de pain seulement mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu », il se réfère donc à la Parole divine pour dire qu’elle est toute aussi important pour lui que la nourriture physique. De même, Jésus va contrer le diable qui tort le sens des Ecritures pour le tenter en utilisant les Ecritures elles-mêmes, et rien d’autre.
C’est ce que, nous aussi, nous devons faire. Nous devons reconnaître que nous avons besoin des vérités de la Bible pour nourrir notre vie spirituelle. Nous avons besoin de la Bible parce que c’est elle qui nous assure qu’en Jésus-Christ, nous sommes devenus enfants de Dieu et que notre Père nous aime. Nous avons besoin de la Bible pour nous rappeler les promesses et les commandements du Seigneur. Nous avons besoin de la Bible pour combattre l’erreur et persévérer dans la vérité. Nous avons besoin d’utiliser cette épée de l’Esprit qui est notre arme contre les attaques du diable.
Jésus remporte la victoire en utilisant la Parole. Mais cette victoire, il est fondamental de nous rendre compte qu’il la remporte pour nous.

III. La victoire pour nous

Pour comprendre cela, il nous faut réaliser que cette histoire de la tentation de Jésus renvoie tout droit à l’histoire du peuple d’Israël.
Les Hébreux ont passé 40 ans dans le désert après avoir quitté l’Egypte. Jésus y a passé 40 jours.
Jésus a été tenté pour douter de la bonté de Dieu envers lui et il a refusé. Les hébreux, se trouvant affamés, ont murmuré contre Moïse et Aaron et leur ont dit « vous nous avez menés dans ce désert pour faire mourir de faim toute cette multitude » (Ex 16.3)
Jésus a été tenté pour mettre l’action de Dieu à l’épreuve et il a refusé. Les hébreux ont demandé « l’Eternel est-il au milieu de nous ou n’y est-il pas ? » (Ex 17.7 Massa veut dire « tentation » et Meriba « querelle »).
Jésus a été tenté pour adorer Satan, et renier le vrai Dieu, et il a refusé. Les hébreux se sont construits un veau d’or pour lui vouer un culte (Exode 32.4).
Jésus remporte la victoire là où le peuple de Dieu a échoué lamentablement et s’est laissé entraîner au doute et à la rébellion. Ce qu’Israël n’a pas pu accomplir, Jésus le fait. D’ailleurs, toutes les paroles de la Bible que Jésus emploie sont tirées du récit du séjour du peuple hébreu dans le désert.
Jésus est le nouvel Israël, celui qui entre pleinement dans le plan de Dieu sans tomber dans la tentation. Là où la faiblesse des hébreux s’était manifestée, la puissance de Dieu remporte la victoire.
Et nous, si nous regardons à nous-même, ne nous rendons-nous pas compte que nous sommes comme les hébreux : rebelles, insatisfaits, des proies faciles pour la tentation dans laquelle nous tombons si facilement ? Heureusement, Jésus a vaincu l’adversaire pour nous. Il n’avait pas une nature pécheresse comme la nôtre, mais il a été tenté comme nous. Pourquoi ? L’auteur d’Hébreux nous donne une première raison « du fait qu’il a souffert lui-même et qu’il a été tenté, il peut secourir ceux qui sont tentés » (Héb 2.18). En remportant la victoire sur le diable, Jésus nous a libérés. Mais Jésus a fait plus que vaincre Satan durant ces 40 jours ; il a aussi montré qu’il obéissait parfaitement à la Loi de Dieu et qu’il suivait sa volonté.
Et c’est un aspect de notre récit que nous devons mettre en avant : Jésus a accepté de passer par le chemin de l’humilité, de se conformer à la volonté du Père qui l’avait amené à cet endroit d’épreuve.

En Matthieu comme en Marc et en Luc, il est clair que les trois tentations dont nous venons de parler n’ont été que la culmination des attaques de Satan. Quand Matthieu dit « le diable le laissa », ça ne veut pas dire qu’il n’est jamais revenu. Non, Jésus a fait face à la tentation durant toute sa vie, et jusqu’au jardin de Gethsemane et jusqu’à la croix, pour qu’il sorte du plan de Dieu. L’Ecriture nous dit que « nous n’avons pas un souverain sacrificateur qui ne puisse compatir à nos faiblesses ; au contraire, il a été tenté comme nous en toutes choses, sans commettre le péché » (Héb 4.15).
Jésus n’a pas fait cela pour gagner les faveurs de Dieu, mais pour que nous puissions être regardés avec faveur par Dieu.

Alors, oui, il peut paraître étrange de commencer nos méditations de carême par le début du ministère terrestre de Jésus, en fait, par un récit placé avant même que ce ministère ait commencé. C’est que ce passage marque le début de la confrontation entre notre Seigneur et le diable, que nous y voyons Jésus prendre le chemin de la Croix.
Il est fréquent qu’en carême nous accordions une très grande place aux souffrances de Jésus. Il est donc possible que nous oubliions que toute sa vie a été faite d’une obéissance complète à la Loi de Dieu. C’est ce que Paul dit en Romains 5 :
« 19 Car, comme par la désobéissance d’un seul homme beaucoup ont été rendus pécheurs, de même par l’obéissance d’un seul beaucoup seront rendus justes.20 Or, la loi est intervenue pour que l’offense abonde, mais là où le péché a abondé, la grâce a surabondé,21 afin que, comme le péché a régné par la mort, ainsi la grâce règne par la justice pour la vie éternelle, par Jésus–Christ notre Seigneur. »

Oui, Jésus est venu pour écraser la tête du serpent, pour nous racheter de la malédiction du péché qui pesait sur nous, héritée de nos parents Adam et Eve. Cette victoire, il la partage avec nous, tout comme il a gardé la loi pour nous. Entrons-nous aussi dans ce carême avec un sentiment de gratitude et de victoire.

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