2Ch 16:10 Asa fut irrité contre le voyant, et il le fit mettre en prison, parce qu'il était en colère contre lui. Et dans le même temps Asa opprima aussi quelques-uns du peuple.
2Ch 16:11 Les actions d'Asa, les premières et les dernières, sont écrites dans le livre des rois de Juda et d'Israël.
2Ch 16:12 La trente-neuvième année de son règne, Asa eut les pieds malades au point d'éprouver de grandes souffrances; même pendant sa maladie, il ne chercha pas l'Éternel, mais il consulta les médecins.
2Ch 16:13 Asa se coucha avec ses pères, et il mourut la quarante et unième année de son règne;
2Ch 16:14 on l'enterra dans le sépulcre qu'il s'était creusé dans la ville de David. On le coucha sur un lit qu'on avait garni d'aromates et de parfums préparés selon l'art du parfumeur, et l'on en brûla en son honneur une quantité très considérable.
Frères et sœurs, depuis le début du mois d’août, nous retraçons ensemble le règne du roi Asaph. Aujourd’hui, nous arrivons au dernier volet de cette méditation. Un thème pour cette 3e partie :
La chute du roi Asaph : les leçons et les avertissements que nous devons en tirer.
Résumé des épisodes précédents. En ce temps-là, Juda et Benjamin formaient un royaume distinct, séparé des dix autres tribus d’Israël qui avaient sombré dans l’idolâtrie. Dieu préservera ces deux tribus du néant car il s’est engagé à bénir toutes les nations de la terre par la postérité d’Abraham. Le messie, en effet, est fils d’Abraham, d’Isaac et de Jacob, fils de David, de Salomon et de cette lignée des rois de Juda. Au début de son règne, Asaph, roi de Juda remporta une grande victoire militaire contre un ennemi supérieur en nombre ; cette victoire fut sans doute suivie de beaucoup d’autres car il s’appuyait entièrement sur l’Eternel, son Dieu. En son nom, il renversa les autels des dieux païens qui subsistaient encore dans le pays, n’hésitant pas à braver les propres membres de sa famille lorsqu’ils étaient corrompus. Dix années de paix permirent au pays de prospérer, tant au plan économique que culturel, de sorte que Asaph le bâtisseur, en noble héritier de Salomon, fonda de nouvelles villes et fortifia les plus anciennes.
Hélas, tout ceci, nous disent le livre des Rois et des Chroniques, avait fini par lui tourner la tête. Quand l’orgueil vous prend, on oublie la main qui vous bénit et l’on se croit assez fort pour mener sa barque tout seul. Ce péché est grave pour un homme ordinaire ; il l’est davantage encore pour un roi responsable de tout un peuple. Ainsi, quand Baécha, roi d'Israël, jaloux de sa puissance, lui déclare la guerre, Asaph semble agir comme si Dieu n’existait plus. Il procède à une habile manœuvre politique pour briser l’alliance de son ennemi avec le roi de Syrie. Plus fort encore, Asaph puise dans les caisses du temple pour convaincre ce roi étranger de se retourner contre son ancien allié et le frapper dans le dos. Or Dieu avait interdit à son peuple de traiter alliance avec les nations païennes. Ainsi prise en tenaille, l’offensive de Baécha se termina en débâcle et assura à Asaph une victoire éclatante.
Frères et sœurs, n’oublions pas qu’en dépit de sa triste situation politique et religieuse, le royaume du Nord était quand même composé des enfants d’Israël, des descendants de tous ceux qui avaient vus les plaies d’Egypte et traversé la mer Rouge à pieds secs ! Même si ces dix tribus avaient sombré dans l’aveuglement de l’idolâtrie, sans doute y avait-il encore des familles qui restaient fidèles au Dieu de Moïse. Ce devait donc être déjà assez pénible pour Dieu de voir son peuple divisé. Mais qu’un roi Syrien participe à cette guerre fratricide dut vraiment l’ulcérer !
Tel fut le début de la fin pour Asaph, un roi pourtant si prometteur.
C'est ainsi que le péché se couche à la porte de chaque croyant et le guette patiemment, attendant pour le surprendre et le déstabiliser spirituellement.
Ce n'est donc pas sans raison que nous prions tous les jours : pardonne-nous nos offenses, et délivre-nous du mal ! Nous savons par expérience que bien des problèmes et des tentations peuvent nous faire tomber.
Mais revenons au roi Asaph. Alors que l’on pavoise à Jérusalem et que le champagne coule à flot, Han Ani, prophète de l’Eternel, vient jouer les troubles fête. Il annonce à Asaph un châtiment : Son règne ne connaîtra plus la paix. Désormais, la guerre ne s'éloignera plus de sa royauté.
Par cette pénible et vexante prédication, Asaph aurait dû trouver le temps de se repentir. Ne l’oublions pas : c’est pour fortifier son enfant que Dieu le corrige, et jamais pour le briser. L’avertissement d’un frère doit lui rappeler sa faiblesse et l’aider à reprendre confiance. Dieu ne se lasse jamais de nous accueillir et de nous pardonner. C'est pourquoi Pierre écrit (1 Pierre 5:6) : « Humiliez-vous sous la puissante main de Dieu ; et il vous élèvera au temps convenable ». Donc, même si cela nous fait mal, humilions-nous devant notre Dieu. Luther a raison de nous faire dire, dans l'explication du 3E Article du Credo : « Je crois que je ne puis, par ma raison et mes propres forces, croire en Jésus-Christ, ni aller à lui ». Ce sont là les termes d'une humilité spirituelle conforme à la vraie piété.
Chers amis, le péché me rend chaque jour si fragile que je ne pourrais jamais croire, ni vivre chrétiennement, ni demeurer dans une foi vivante sans le secours permanent de l'Esprit Saint. Il faut donc que Dieu déploie envers moi des trésors de grâce et de puissance pour que je demeure solide dans la foi. Ce n'est pas sans raison qu'il est écrit : « Par la puissance de Dieu vous êtes gardés par la foi pour le salut ».
Voici pourquoi la réaction d'Asaph au message du prophète est désolante. Au lieu de revêtir le sac et la cendre, comme certains de ses ancêtres l’avaient fait avant lui dans une situation semblable, il se met en colère ! Et fait jeter en prison ce prophète de malheur qui ose lui annoncer de si vilaines paroles. Asaph devait se dire : en voilà un qui ne me gâchera plus le plaisir de mes victoires !
C’est une page bien sombre de l’histoire sainte, je vous l’accorde, qui nous rappelle qu'il est très difficile de s'humilier devant Dieu : notre révolte se dévoile, elle est mise à nu ; il nous faut reconnaître notre péché parce que la croix du Christ révèle notre faute.
C’est la raison pour laquelle, avant toute autre parole le dimanche, avant tout autre action dans la liturgie de notre culte, nous nous courbons devant le Seigneur pour implorer sa grâce et confesser notre indignité.
Cela dit - permettez-moi cette parenthèse - : demander pardon de manière générale et impersonnelle, c'est facile. Mais s'humilier de façon précise pour un péché qui nous touche de près, c'est beaucoup plus délicat. Exprimer sa faute en présence d’un frère, voilà une démarche qui semblera à beaucoup d’entre nous bien plus rebutante !
De ce point de vue, nous autres luthériens sommes peut-être un peu coincés ! C’est tellement vrai que la confession en commun, au culte dominical, telle que nous la pratiquons aujourd’hui, n’existait pas dans l’Eglise ancienne. Ce n’est qu’au Moyen Age, et par des détours compliqués, qu’elle s’est introduite dans la messe romaine. Contre les idées reçues, sachez aussi que Luther n’a jamais rejeté l’usage de la confession privée : elle était, selon lui, la véritable préparation à l’office divin. Le réformateur recommandait même que l’on se prépare la veille, chez soi, à recevoir la Parole et prendre la Cène dignement. En vérité, c’est parce que nous avons réduit notre culte à cette heure dominicale que nous maintenons la confession en commun. Avec la vie moderne a disparu la confession privée, et l’on peut le regretter.
Asaph, lui, ne regrette rien, pas plus en privé qu’en public. Si l’orgueil ne l’avait pas rendu aveugle, il aurait sans doute honoré le prophète et lui aurait dit : Merci de me parler si franchement de la part de Dieu ! Merci de m'aider à voir clair en mon coeur et de me ramener sur le droit chemin !
Au lieu de cela, il le fait jeter en prison ! Pire encore : le récit nous apprend qu'à partir de ce jour il commença à opprimer une partie du peuple, sans doute parce que son règne s’était mué en une sorte de dictature, où l’on assassine les opposants. On voit ici combien un péché en amène un autre et combien cette chaîne entraîne l’homme dans la spirale de la perdition. Sans Dieu, son comportement se dégrade bien vite. Asaph commet une double injustice (souvenez-vous aussi de David): Il fait emprisonner le messager de Dieu et devient pour son peuple un tyran. Dans tout Juda, on devait se dire : Comment se fait-il que notre bon roi Asaph soit devenu soudain si injuste et si méchant, lui qui, autrefois, craignait l’Eternel son Dieu ?
Hélas ! Quand Dieu se retire de notre coeur et de nos affaires, le mal reprend vite ses droits et tout commence à aller de travers. Autant l'Evangile rend un homme doux, paisible et juste, autant l'incrédulité peut faire de lui un homme égoïste et intolérant.
Le cœur d’Asaph s’est endurci terriblement. Il s'en prend physiquement au prophète, en le privant de sa liberté. Or, agresser un porte parole, un ambassadeur, c’est agresser celui qui l’envoie ; cela, Asaph semble l’avoir oublié. De même, ce n'est pas parce qu'on jette un prophète en prison qu'on empêche Dieu d'agir. Asaph avait appris tout cela, mais maintenant le péché lui fait prendre des décisions insensées. Il connaît la doctrine, mais il ne la comprend plus, et il ne la comprend plus parce qu'il persiste dans l’incrédulité.
C’est ce qu’on appelle l’endurcissement, voyez-vous. L’exemple le plus célèbre nous est connu par Pharaon, roi d’Egypte auquel Moïse s’opposa avant l’Exode. Pharaon voyait les prodiges extraordinaires accomplis par le dieu des Hébreux. Et à chaque fois, Moïse revenait à la charge : « Pharaon, laisse partir mon peuple ! ». Mais Pharaon s’entêtait toujours ! Dans son orgueil, il durcissait même sa position et accablait davantage les Hébreux. Et les plaies d’Egypte se faisaient de plus en plus fortes, et les Egyptiens en souffraient de plus en plus, mais Pharaon était devenu aveugle. La fin de l’histoire, vous la connaissez : Pharaon céda finalement quand son propre fils fut frappé avec les autres premiers nés d’Egypte, puis il se ressaisit et donna l’ordre à son armée de prendre en chasse le peuple de Dieu.
Vous savez, il n’y a pas que les soucis de la vie et la paresse naturelle qui éloigne une personne de l’église. J’ai eu, au moins à deux reprises dans mon ministère, le devoir pénible d’agir comme Han Ani le prophète : avertir fermement un frère ou une sœur parce que leur vie ne ressemblait plus à une vie sanctifiée par l’Esprit. Il peut s’agir d’un péché auquel il faut renoncer parce qu’il est en opposition flagrante avec les dix commandements ; il peut aussi s’agir d’une attitude particulièrement désinvolte face aux devoirs de tout membre d’une communauté chrétienne. Et le pasteur a le devoir, dans ces cas là, d’aller trouver ces personnes, de les exhorter à se ressaisir, à prier pour elles bien sûr en espérant que le saint Esprit produise la repentance. Le pasteur se conforme ainsi aux recommandations que nous fait la Bible, en Matthieu 18 par exemple. Parfois – excusez-moi l’expression, mais – ça marche, et d’autre fois, cela ne marche pas. La personne s’enferre dans ses positions, comme Asaph, et fait comprendre au pasteur qu’il n’est plus le bienvenu. On ne jette pas le pasteur en prison, mais on peut le jeter aux oubliettes, ainsi que son adresse et son enseignement.
Il est permis de penser qu’Asaph avait ses arguments pour justifier son attitude : en voilà assez de ce Dieu qui s’ingère constamment dans ma vie et m’empêche d’exister ! Ras le bol de cette suffisance à mon égard : ne suis-je pas le roi de Juda ? Etc. De même, j’ai toujours entendu ces gens justifier leur attitude par des arguments qui se voulaient très convaincants : marre de cette doctrine figée qui ne vit pas assez avec son temps ! Qu’est-ce que c’est que cet esprit rétrograde qui nous parle encore de péchés ? Fuyons cette petite secte où l’on demande aux membres une cotisation régulière…
Ainsi, les plus belles paroles de l'Evangile restent lettre morte lorsqu'on y fait obstacle. L’homme a ce pouvoir d’empêcher le Saint Esprit d'agir dans son coeur…
Grandeur et décadence : Asaph « tomba gravement malade – dit notre texte - et il souffrit grandement des pieds ; toutefois, même pendant sa maladie, il ne s'adressa pas à l'Eternel, mais seulement aux médecins ».
Asaph a-t-il les oreilles bouchées ? Dieu va l’atteindre d’une autre manière, directement dans sa chair. Quelle maladie notre roi avait-il pu contracter ? La lèpre, peut-être. Toujours est-il que le voici handicapé ; sa mobilité se trouve chaque jour plus réduite. Peut-être implorera-t-il enfin le secours et la miséricorde de son Dieu ! Mais là encore, on constate avec tristesse combien Asaph demeure spirituellement insensible et stupide. Il boude l'Eternel, comme un gamin vexé dans son amour propre. Il convoque à son chevet tous les médecins du royaume, sans un mot pour celui qui soigne tout à merveille et guide la main du chirurgien.
Vous savez : c’est le comportement de l’enfant en colère qui s’enferme dans sa chambre : il tourne le verrou et refuse d’ouvrir, pour se venger de ses parents et les punir ! Quelle terrible folie de se détourner de Dieu, lui qui a le pouvoir de nous faire tant de bien, tant pour le corps que pour l'âme !
On peut naturellement regretter que l'histoire du roi Asaph s'achève si mal. Mais la Bible reste réaliste et n'enjolive rien pour nos esprits avides de belles histoires. Le Saint Esprit nous montre les grandes faiblesses des rois, des prophètes et des patriarches, sans pudeur ni complaisance, pour nous rappeler que le péché est vraiment la triste réalité de notre quotidien. Le mal qui règne dans le monde n'est pas une fiction, mais une réalité affligeante et très douloureuse. Beaucoup de choses ont changé, souvent en bien, mais hélas une constante demeure : la nature de l'homme.
Par ailleurs, ces récits n'ont pas pour but de nous pousser vers Dieu par la peur, et il serait dommage de les mettre au placard sous prétexte que les paraboles sont plus douces à entendre ! La crainte anxieuse, la peur de la faute ne sont pas les moteurs de la vraie piété. Une telle foi n'engendre que la terreur et la déprime. Dieu ne nous attire pas à lui par la peur, mais par l'amour. Alors oui, l’exemple d’Asaph doit nous attrister, ainsi que son péché et son entêtement, mais pas Dieu ! Christ n'est pas venu si près de nous, dans notre monde, pour nous apprendre la peur de Dieu, mais la confiance, la joie et la paix. Asaph est désolant, mais pas Dieu !
Du reste, il a conservé sa grâce à Israël, son peuple, et ses promesses ont trouvé leur accomplissement en l’enfant de Marie.
Rappelons-nous toujours, frères et sœurs, qu’il n’y a qu’un péché que Dieu ne puisse pardonner : c’est l’incrédulité, c’est-à-dire le refus obstiné de croire en sa Parole ; c’est l’endurcissement dont je viens de vous parler. Pour le reste, mon Dieu, combien d’horreurs ne va-t-il pas effacer dans nos vies, et cela toutes les fois que nous le lui demanderons ? Aucune trahison, aucun crime, aucun blasphème ne résistent à la repentance et à l’absolution.
Dieu persiste, malgré nos péchés, à nous promettre sa grâce et son pardon, si nous venons à lui de tout notre coeur. Et même quand nous tombons, il veut nous relever. Asaph se détourne de son Dieu, mais Dieu ne se détourne pas de lui !
Ces paroles de David, son ancêtre, étaient à sa portée : « Quel autre ai-je au ciel que toi ? Et sur la terre, je ne prends plaisir qu'en toi. Ma chair et mon âme peuvent se consumer, Dieu sera toujours le rocher de mon coeur et ma meilleure part » (Ps 73:25,26).
Tant que nous prierons chaque jour ainsi, nous serons fermes, et notre foi sera en bonne santé ! Que Dieu nous soit en aide ! Amen !
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