Ecc 3:1 Il y a un temps pour tout, un temps pour toute chose sous les cieux:
Ecc 3:2 un temps pour naître, et un temps pour mourir; un temps pour planter, et un temps pour arracher ce qui a été planté;
Ecc 3:3 un temps pour tuer, et un temps pour guérir; un temps pour abattre, et un temps pour bâtir;
Ecc 3:4 un temps pour pleurer, et un temps pour rire; un temps pour se lamenter, et un temps pour danser;
Ecc 3:5 un temps pour lancer des pierres, et un temps pour ramasser des pierres; un temps pour embrasser, et un temps pour s'éloigner des embrassements;
Ecc 3:6 un temps pour chercher, et un temps pour perdre; un temps pour garder, et un temps pour jeter;
Ecc 3:7 un temps pour déchirer, et un temps pour coudre; un temps pour se taire, et un temps pour parler;
Ecc 3:8 un temps pour aimer, et un temps pour haïr; un temps pour la guerre, et un temps pour la paix.
Ecc 3:9 Quel avantage celui qui travaille retire-t-il de sa peine?
Ecc 3:10 J'ai vu à quelle occupation Dieu soumet les fils de l'homme.
Ecc 3:11 Il fait toute chose bonne en son temps; même il a mis dans leur coeur la pensée de l'éternité, bien que l'homme ne puisse pas saisir l'oeuvre que Dieu fait, du commencement jusqu'à la fin.
Ecc 3:12 J'ai reconnu qu'il n'y a de bonheur pour eux qu'à se réjouir et à se donner du bien-être pendant leur vie;
Ecc 3:13 mais que, si un homme mange et boit et jouit du bien-être au milieu de tout son travail, c'est là un don de Dieu.
Ecc 3:14 J'ai reconnu que tout ce que Dieu fait durera toujours, qu'il n'y a rien à y ajouter et rien à en retrancher, et que Dieu agit ainsi afin qu'on le craigne.
Ecc 3:15 Ce qui est a déjà été, et ce qui sera a déjà été, et Dieu ramène ce qui est passé.
Chers frères et sœurs,
Il y a quelques années, une maison d’édition tout à fait laïque a publié, en Angleterre puis en France, des petits livres de poche qui contenaient des livres de la Bible : il y avait les 4 évangiles, l’Apocalypse, les Psaumes. Et bien, savez-vous quoi ? Aussi bien en Angleterre qu’en France, c’est le livre de l’Ecclésiaste qui s’est le mieux vendu. A croire que la sagesse grave et pessimiste que l’on prête à l’auteur de ce livre (appelé Qohélet en hébreu) attire nos contemporains. L’Eglise, elle, fait preuve de plus de retenue. Le livre apparaît peu dans les lectionnaires, et il fait rarement l’objet de sermons. Pourtant, une lecture chrétienne du livre de l’Ecclésiaste pourrait, en plus de nous édifier, offrir à nos contemporains une approche spirituelle à leurs questions. Parmi ces questions « quel est le sens de ma vie » revient souvent. Notre passage d’aujourd’hui y répond d’une façon détournée en demandant « comment trouver un sens à sa vie ? ».
Beaucoup connaissent les premières paroles de Qohelet « vanité des vanités, tout est vanité ». Cette affirmation du caractère vain de la vie humaine, nous la retrouvons dans notre passage. Certains diront : « ça commence mal, nous cherchons un sens à la vie, et vous dites qu’il n’y en a pas ». Mais, en fait, la pensée de Qohelet va, progressivement, nous amener à fonder notre foi sur quelque chose de solide.
Il y a un temps pour tout, un temps pour toute chose sous les cieux dit le v.1. Et les versets qui suivent, sont l’illustration de cette idée, présentée sous forme de poême.
Ces versets sont eux aussi bien connus. Certains ont cherché à donner à ce passage une structure, à lui trouver une cohérence, sans parvenir à un résultat unanime ou convaincant. Ce que nous avons là, ce sont 7 paires d’opposés. On pourrait les étudier en détail. Ce serait prendre le risque de confondre l’arbre avec la forêt. Retenons plutôt les idées claires et essentielles :
-Qohelet nous parle de l’existence humaine, et place son propos en l’englobant dans la dimension de la vie et de la mort.
-le chiffre des 7 paires d’opposés nous renvoie lui à l’idée de totalité : ce sont tous les aspects de notre existence que Qohelet a à l’esprit.
Et il est vrai que lorsque nous observons ce texte, nous y trouvons aussi bien des émotions (la joie/la tristesse, l’amour/la haine) que des activités (planter/arracher, bâtir/détruire). Elles permettent, toutes ensembles, d’évoquer la totalité de l’expérience humaine ici-bas. Mais, encore une fois, nous n’avons pas à chercher un plan caché ici. Ce que nous avons, c’est une liste, assez aléatoire. Assez ambiguë aussi : la guerre est en général un mal, mais il peut être bon de se battre contre un tyran. La haine est une mauvaise chose, mais pas quand il s’agit de haïr le mal et le péché. De même, il y a des choses qu’il n’est pas sain de garder et que nous ferions mieux de jeter.
Alors que nous reste-t’il ? Quand nous considérons cette liste, nous avons l’impression de nous trouver devant notre propre vie, avec sa succession d’époques et de travaux. C’est comme si nous étions devant la grande roue du temps qui ne s’arrête jamais et qui fait monter puis descendre, puis remonter, toutes ces choses, aussi bien l’amour que la haine, aussi bien le succès que l’échec. Mais il n’y a pas de logique, et nous sommes un peu pris de vertige. La succession de ces cycles de création et de destruction ne semble aller nulle part, elle semble échapper à toute direction, à toute vision d’ensemble et nous sommes désemparés. Et bien, c’est justement cela que veut Qohelet. Et il enfonce finalement le clou dans ce verset 9 quand il demande :
Quel avantage celui qui travaille retire t’il de sa peine ?
Et la réponse qui s’impose est « aucun ». Il n’y a pas d’avantage, seulement la constatation que nos vies sont une suite de temps et d’époques et que tout ce que nous pouvons accomplir est condamné à n’être que transitoire. Je peux réussir brillamment dans ma carrière, mais rien ne dit que cela durera toujours. Et combien sont-ils ceux qui ont travaillé toute leur vie pour créer une entreprise solide qui a été ruinée en quelques années par les descendants ? Alors, sommes-nous condamnés au désespoir devant ce cycle ininterrompu de destructions et de créations ? Non, tel n’est pas le message de Qohelet. Bien sûr, le Sage veut nous voir désespérer de ce que nous croyons être nos accomplissements, nous montrer qu’ils ne sont que « poursuite du vent ». Mais, en même temps, il veut nous montrer une autre voie, la seule en fait qui permette à l’homme de comprendre le sens réel de sa destinée.
Le caractère transitoire de toute œuvre humaine, Qohelet le contraste rapidement avec l’action divine. Le verset 14 dit « J’ai reconnu que ce que Dieu fait durera toujours, qu’il n’y a rien à y ajouter ni à y retrancher, et que Dieu agit ainsi afin qu’on le craigne ». Ce que Dieu fait durera toujours. Quelle différence avec l’homme !! Ce que Qohelet nous dit ici, c’est que le plan éternel de Dieu s’accomplit, selon sa volonté, ce que Dieu a décidé de faire, dans sa souveraineté, il le fait et le maintient. L’œuvre de Dieu n’est pas soumise aux aléas du temps, car il est le maître du temps. Reconnaître cette vérité, reconnaître qu’il n’y a aucune commune mesure entre le Créateur et nous, les créatures, c’est le premier pas vers « la crainte de Dieu ». Cette crainte, dans la Bible, ne désigne pas la peur, mais le respect absolu de l’homme envers Dieu.
Oui, les humains doivent reconnaître le fossé qui les sépare de leur Créateur. Ce fossé est d’autant plus grand qu’il n’est pas seulement celui entre le Créateur et la créature, mais aussi celui entre un Dieu infiniment saint et une humanité totalement corrompue par le péché. Ce péché, qui met une séparation entre nous et Dieu dit Esaïe (59.2). Ce péché dont le salaire est la mort. Ce péché qui nous condamne tous et qui condamne aussi tout ce que nous pouvons chercher à accomplir.
Mais Dieu ne laisse pas l’homme dans son péché, il ne le laisse pas confronté au désespoir de sa condition déchue. Il veut libérer les humains de la vie vide de sens à laquelle ils se sont eux-mêmes condamnés. Qohelet dit « Dieu a mis dans le cœur des hommes la pensée de l’éternité ». Pour autant que nous le sachions, les chats, les singes ou les autres animaux ne se posent pas de questions sur ce qui leur arrive. Ils ne se demandent pas quel est le sens de leur destinée. C’est comme si Dieu nous murmurait « regarde, il y a quelque chose de plus que cette vie aux horizons fermés. Et moi, je suis là ». Dieu veut nous ouvrir les yeux sur une nouvelle dimension : celle d’une restauration de nos êtres et de nos vies. Et Dieu nous donne cette vie nouvelle en Jésus, par qui nous avons le pardon et nous sommes adoptés comme enfants de Dieu. Pascal disait que tous les hommes ont dans leur cœur un vide en forme de Dieu : seul Jésus peut le combler.
Et c’est seulement en chrétiens que nous pourrons avoir un regard juste sur la vie, qui va nous la faire approcher différemment :
-Tout d’abord, nous allons pouvoir vivre dans la confiance envers Dieu.
Cette confiance envers le Père n’est pas le début de la vie chrétienne : elle est la vie chrétienne. Nous pouvons dire, comme le Psalmiste « En toi je me confie, ô Eternel, je dis : tu es mon Dieu ! Mes destinées sont dans ta main » (Psaume 31.16). Et c’est une chose précieuse que de savoir que nous ne sommes pas condamnés à être soulevés par les vents d’un destin hasardeux, mais que notre vie est entre les mains de Dieu. Cela ne veut pas ire que nous comprendrons nécessairement tout ce qui va nous arriver ou qu’il nous sera révélé pourquoi nous devons passer par telle ou telle chose. TAPISSERIE.
Et bien, le chrétien connaît le tisserand, qui nous a promis qu’il tisserait toujours ce dont nous avons besoin : courage, joie, résolution, sa présence. Il ne nous abandonnera jamais.
Et sur cette assurance, nous pouvons bâtir un deuxième aspect de notre existence :
la capacité à jouir de la vie qui nous est donnée.
v.12-13. Une fois que nous avons admis la souveraineté de Dieu, nos limites, une fois que nous avons mis notre foi en Christ, alors nous pouvons avoir qu’il y a un plan à nos vies, que celui qui tisse notre destinée est notre Père qui nous aime, celui qui veut nous donner une espérance et un avenir. Et c’est cela qui va nous permettre de jouir des bonnes choses que nous trouvons ici-bas et qui nous viennent de Dieu : le sourire d’un enfant quand on revient à la maison fatigué le soir, le métier qui nous a été donné, les amis, une promenade dans les champs en automne. Le fait que nos yeux soient fixés vers le Ciel ne nous rend pas aveugle à la beauté de ce que nous trouvons sur cette terre. Ce n’est pas de l’hédonisme, la recherche du plaisir pour le plaisir mais le fait de savoir que ces bonnes choses viennent de Dieu et qu’elles sont pour que nous en jouissions. Quand on tourne vers lui ses regards, on est rayonnant de joie dit le Psaume 34.7 et Néhémie renchérit « ne vous affligez pas, car la joie de l’Eternel sera votre force » (8.10)
Et c’est bien le message de l’Ecclésiaste pour nous : vivre avec Dieu et pour Dieu, en nous réjouissant d’avoir un Père qui nous aime et qui est souverain, un Sauveur qui est mort pour nous, un Saint Esprit qui nous façonne. Nous pouvons avoir la liberté de jouir de la vie ici et maintenant, pas en regardant vers un passé enjolivé ou vers des lendemains forcément radieux.
C’est le don de Dieu à ceux qui croient en lui et lui font confiance pour tisser la vie qu’il leur a donnée.
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