MATTHIEU 11.25-30
Que la grâce et la paix de notre seigneur Jésus Christ soit avec chacun d’entre vous. Amen.
Chers frères et sœurs, nous savons tous que les prix de l’essence augmentent de façon vertigineuse à l’heure actuelle. Pour faire face à ce problème, je propose à ceux d’entre vous qui possèdent un jardin une solution toute simple : y forer un puits pour en extraire du pétrole. Voilà qui serait économique (c’est un système d’autosubsistance) et facile (plus besoin d’aller à la pompe !). N’est-ce pas là une idée tout à fait ingénieuse ?
Bien sûr que non ! Nous savons tous que ce type de forage nécessite des moyens techniques très importants. Surtout, nous savons tous que le sol de la région parisienne ne contient que très peu d’hydrocarbures. Et bien, chercher à extraire du pétrole dans notre région, c’est comme essayer de connaître Dieu sans creuser dans sa Parole, ou essayer de sonder le Seigneur en nous basant sur nos raisonnements, notre logique, sur ce que nous croyons que Dieu est ou devrait être, s’il est un Dieu convenable. Voilà un piège redoutable, contre lequel Jésus nous avertit dans l’évangile de ce jour, et dont ses paroles nous font sortir.
I
Notre passage se situe dans un contexte difficile pour Jésus. Tout d’abord,
Jean-Baptiste, son cousin, doute : « Es-tu celui qui doit venir ou devons-nous en attendre un autre ? »(v.3). En clair : « es-tu bien le Messie ? ». Il est vrai que l’enseignement de Jésus suscite bien des oppositions ; les choses se passent souvent mal. Jésus est accusé par beaucoup d’être un libertin, prenant plaisir à cotoyer les débauchés (v.19). Et le Seigneur se lamente sur Chorazin, Bethsaïda, Capernaüm, toutes ces villes qui ont été témoins de ses miracles, qui ont entendu son message, et qui lui ont tourné le dos (v. 20-24).
Malgré cela, malgré les insultes, malgré le rejet, Jésus loue son Père. Il sait que son Père contrôle toutes choses, que rien n’arrive hors de sa volonté. Tout s’accomplit parce que Dieu l’a « voulu ainsi » ou, pour reprendre la traduction de la Colombe « selon son bienveillant dessein ». Pourquoi Jésus loue t’il son Père ?
« parce qu’il a caché ses choses aux sages et aux intelligents et qu’il as révélées aux enfants ». Etrange déclaration, vraiment. Que veut donc dire Jésus ?
Bien sûr, le Seigneur parle ici de son expérience. Ceux qui se sont le plus opposés à lui, ce sont les chefs religieux, les experts de la Loi, les théologiens émérites, les savants. Encore aujourd’hui, la plus grande partie de l’élite intellectuelle occidentale (y compris dans certaines facultés de théologie) se complaît dans le mépris le plus complet de la foi chrétienne biblique, vue comme juste bonne pour quelques fondamentalistes arriérés.
Devons-nous tomber dans l’anti-intellectualisme ? Non, et ce n’est pas de cela que parle Jésus. Bien au contraire, on pourrait dire que l’Eglise n’a jamais eu autant besoin d’une pensée solide, exigeante, si elle veut pouvoir répondre aux défis du temps. Ce que le Seigneur dénonce ici, c’est de façon très générale tous ceux qui, intellectuels ou non, se croient sages et intelligents, et pensent pouvoir se baser sur leur propre raison, leur propre intelligence pour refuser la Parole de Dieu ou la juger, ceux qui gardent un cœur impénitent. « Malheur à ceux qui sont sages à leurs yeux et qui se considèrent intelligents ! » dit le prophète Esaïe (5.21). A l’opposé, on trouve les « enfants », c'est-à-dire tous ceux qui sont touchés par la Parole du salut, qui reconnaissent qu’il n’y a en eux aucun mérite, qu’ils n’ont rien à apporter à Dieu et mettent en lui leur confiance.
Oui, la Parole de Dieu est puissance en vue du salut de quiconque croit. Mais l’homme naturel (avec ses seules capacités mentales) n’accepte pas les choses de l’esprit de Dieu. Elles sont pour lui une folie, et il ne peut même pas les connaître (1 Co 2.14), car notre intelligence naturelle est corrompue par le péché depuis la Chute d’Adam et Eve. Elle ne peut donc pas être un guide fiable. La foi n’est pas le résultat d’un processus intellectuel, ou encore d’une décision que nous aurions prise. Elle est le don de Dieu (Eph 2.18).
Prenons donc garde, car l’orgueil (intellectuel mais aussi religieux, social ou moral) est un redoutable obstacle à l’Evangile. Il rend le cœur insensible aux besoins de l’âme. Il ferme la porte à la grâce et à la vraie sagesse.
II
Oui, refuser Jésus, comme le font les « sages et intelligents » de notre texte, c’est refuser le salut, la vie éternelle. C’est ce que Jésus affirme très clairement « personne ne connaît le Père, si ce n’est le Fils et celui à qui le Fils veut le révéler » (v.27). En clair : personne ne peut connaître vraiment Dieu sans passer par Jésus. Jésus est le seul chemin vers Dieu. Si ces paroles vous semblent intolérantes, c’est parce qu’elles le sont bel et bien. Jésus ne croit pas, comme beaucoup aujourd’hui, que toutes les religions mènent à Dieu, qu’elles ne sont que des chemins différents vers un même but. « Nul ne vient au Père que par moi » nous dit le Seigneur.
Il y a de cela quelques années, Michael Ramsey, archevêque de Canterbury et chef spirituel de l’église anglicane, était l’invité d’une grande émission de télé américaine, le Late Night Show de Johnny Carson. Immédiatement après son arrivée sur le plateau, un des invités l’a apostrophé très directement :
« -Vous savez ce que je n’aime pas dans votre religion ?
-Non, quoi donc ?
-Je n’aime pas votre exclusivisme, votre intolérance. Vous dites que Jésus est le seul chemin vers Dieu.
-Et bien, en fait, répondit l’archevêque, je n’ai jamais dit cela. C’est Jésus lui-même qui l’a affirmé. En tant que chrétien, je reçois les paroles de la foi transmises par l’Eglise. Je n’ai pas à être en désaccord avec Jésus ou à réinterpréter ses propos. Je suis son disciple, et en tant que tel, j’enseigne ce qu’il a enseigné. »
Je trouve que Michael Ramsey a fait là une belle et forte réponse chrétienne, la seule que nous devons faire à notre société post-moderne. Nous devons continuer à proclamer, avec douceur mais aussi conviction, cette bonne nouvelle du salut en Jésus seul. Ce n’est pas notre message, nos idées personnelles ou celles de Luther que nos croyons et prêchons : c’est le message véridique de Jésus Christ. Jésus est le seul à pouvoir nous sauver, parce que lui seul était le Fils de Dieu. Lui seul a vécu une vie parfaite et sans tache. Lui seul est mort à notre place sur la croix, pour expier nos fautes. Lui seul a vaincu la mort au matin de Pâques.
Oui, Jésus est doux : il pardonne. Oui, il est humble de cœur : il accepte de nous aimer et de nous sauver, nous qui sommes pécheurs : « lui dont la condition était celle de Dieu, il n’a pas estimé comme une proie à arracher d’être égal avec Dieu,
mais il s’est dépouillé lui–même, en prenant la condition d’esclave, en devenant semblable aux hommes ; après s’être trouvé dans la situation d’un homme,il s’est humilié lui–même en devenant obéissant jusqu’à la mort, la mort sur la croix. »
(Phil 2.6-8). Aimant, prêt à pardonner : telle est l’image de Dieu que Jésus nous révèle dans la Bonne Nouvelle.
Voila pourquoi Jésus nous appelle et nous dit : « Venez à moi, vous tous qui êtes fatigués et chargés, et je vous donnerai du repos. ». Nous avons tous des fardeaux à porter dans nos vies, parfois plusieurs à la fois. Des problèmes de santé, le chômage, une désentente au sein de la famille, un travail dans lequel on ne s’épanouit pas…Mais il y a un fardeau plus lourd encore : c’est celui de nos fautes, et de celui-là, seul Jésus peut nous délivrer.
III
Ce n’est pas que le seigneur nous garantisse une vie légère, épargnée par les épreuves et richement bénie matériellement comme voudraient nous le faire croire certains. En fait, Jésus nous parle ici du grand échange qu’il opère. « Prenez mon joug sur vous et recevez mes instructions ». Jésus a enlevé le poids du péché qui pesait sur nos épaules. A la place, il va mettre son joug. Qu’est-ce que cela veut dire ? Le joug, c’est bien sûr cette pièce de bois posée sur l’encolure de boeufs (entre autres) de façon à les faire travailler ensemble. Nous rendons-nous bien compte du symbolisme de cette image ? Dans un joug, ce sont deux animaux qui sont placés côte à côte. D’ailleurs, il y a en a toujours un qui est le plus robuste et un dispositif lui permet de porter l’essentiel de la charge.
Voila ce que Jésus nous dit : je vais être à tes côtés, je vais avancer avec toi, nous allons marcher ensemble, parce que nous sommes liés l’un à l’autre. La Bible dit de certains croyants de l’Ancien Testament qu’ils marchaient avec Dieu, pour signifier qu’ils menaient une vie dans la présence du Seigneur. Voila ce que nous donne le joug de Christ. Nous n’avons pas à porter notre charge seuls : Christ est là, avec nous. Nous rendons-nous bien compte de la consolation qu’offre cette pensée ? Nous n’avons pas à nous confier en nos propres forces sur le chemin de la vie, mais la même puissance qui a été déployée pour notre salut va nous accompagner tous les jours, jusqu’au bout de notre chemin, vers la victoire finale.
Le joug, dans la tradition juive, c’est aussi le symbole de l’autorité. Jésus nous dit donc ici : entrez à mon école, devenez mes disciples. Il nous invite à le regarder comme notre enseignant et à nous soumettre à lui comme notre Seigneur.
Mais son joug est doux. Le fardeau que Jésus met sur nos épaules, contrairement à celui qui pesait sur nous auparavant, est léger. C’est que le Seigneur, nous l’avons vu, est doux et humble de cœur. Jamais il ne voudra nous écraser et nous, connaissant l’amour qu’il nous a montré à la croix, nous pourrons le suivre et écouter sa voix avec confiance.
En nous invitant de prendre son joug sur nous, Jésus nous dit qu’il va nous instruire, nous fortifier, nous aider à mener une vie sainte et conforme à sa volonté, parce que ce sera une vie vécue à la lumière de l’Evangile. Jésus nous enseigne par la prédication. Il nous enseigne par la lecture personnelle de sa Parole. A ce sujet, nous avons la chance de disposer de notre petit receuil Notre Culte Quotidien, et des méditations qui l’accompagnent. Nous pouvons aussi avoir recours à ces ouvrages de vie chrétienne, tels que vous pouvez les trouver dans notre stand de librairie. Vous trouverez dans ces livres des solutions sur des points de foi difficiles, sur les priorités et l’attitude du chrétien dans le monde actuel, sur les problèmes d’éthique qui se posent à nos contemporains. Nous pouvons aussi piocher largement dans le stock de traités mis à notre disposition, et que nous pouvons bien sûr offrir à ceux de nos amis qui sont en recherche.
Jésus nous soutient par sa Parole, il nous rend aussi forts dans la sainte cène, ce repas qu’il a institué pour le bien de son peuple. Jésus est enfin à notre écoute dans la prière, que nous pouvons lui adresser à chaque instant.
Jésus va prendre soin de nous. Il va nous accompagner, car il est fidèle. Jésus nous donne dès aujourd’hui de nous reposer en lui et nous savons qu’un jour, au ciel, nous connaîtrons le repos complet et parfait que Dieu donne. Telle est l’assurance bénie de la foi en Jésus Christ.
« Il y a donc un repos de sabbat réservé au peuple de Dieu.
Car celui qui entre dans le repos de Dieu se repose de ses oeuvres, comme Dieu s’est reposé des siennes.
Empressons–nous donc d’entrer dans ce repos » Héb 4.9-11
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