lundi 6 octobre 2008

Deutéronome 8, 1 - 18 (Dimanche des actions de grâces)

1 ¶ Tout le commandement que j’institue pour toi aujourd’hui, vous veillerez à le mettre en pratique, afin que vous viviez, que vous vous multipliiez et que vous entriez en possession du pays que le SEIGNEUR a promis par serment à vos pères.
2 Tu te souviendras de tout le chemin que le SEIGNEUR, ton Dieu, t’a fait parcourir pendant ces quarante années dans le désert, afin de t’affliger et de te mettre à l’épreuve, pour savoir ce qu’il y avait dans ton cœur, pour voir si tu observerais ou non ses commandements.
3 Il t’a donc affligé, il t’a fait souffrir de la faim et il t’a nourri de la manne que tu ne connaissais pas et que tes pères n’avaient pas connue, afin de t’apprendre que l’homme ne vit pas de pain seulement, mais que l’homme vit de tout ce qui sort de la bouche du SEIGNEUR.
4 Ton manteau ne s’est pas usé sur toi et tes pieds n’ont pas enflé pendant ces quarante années.
5 Sache donc bien que le SEIGNEUR, ton Dieu, t’instruit comme un homme instruit son fils.
6 Tu observeras les commandements du SEIGNEUR, ton Dieu, en suivant ses voies et en le craignant.
7 Car le SEIGNEUR, ton Dieu, te fait entrer dans un bon pays, un pays de cours d’eau, de sources et d’abîmes qui jaillissent dans les vallées et dans les montagnes ;
8 un pays de froment, d’orge, de vignes, de figuiers et de grenadiers ; un pays d’oliviers et de miel ;
9 un pays où tu mangeras sans avoir à te rationner, où tu ne manqueras de rien ; un pays où les pierres sont du fer, et où tu extrairas le cuivre des montagnes.
10 ¶ Lorsque tu mangeras et que tu seras rassasié, tu béniras le SEIGNEUR, ton Dieu, pour le bon pays qu’il t’a donné.
11 Garde–toi d’oublier le SEIGNEUR, ton Dieu, de ne pas observer ses commandements, ses règles et ses prescriptions, tels que je les institue pour toi aujourd’hui.
12 Lorsque tu mangeras et que tu seras rassasié, lorsque tu bâtiras et habiteras de belles maisons,
13 lorsque ton gros bétail et ton petit bétail se multiplieront, que l’argent et l’or se multiplieront pour toi et que tout ce qui t’appartient se multipliera,
14 prends garde, de peur que ton cœur ne s’élève et que tu n’oublies le SEIGNEUR, ton Dieu, qui te fait sortir de l’Egypte, de la maison des esclaves.
15 Il t’a fait marcher dans ce désert grand et redoutable, pays des serpents brûlants, des scorpions et de la soif, où il n’y a pas d’eau ; il a fait jaillir pour toi de l’eau du rocher de granit,
16 il t’a fait manger dans le désert la manne que tes pères ne connaissaient pas, afin de t’affliger et de te mettre à l’épreuve, pour te faire du bien par la suite.
17 Et tu te dirais : « C’est par ma force et la vigueur de ma main que j’ai acquis toutes ces richesses ! »
18 Tu te souviendras du SEIGNEUR, ton Dieu, car c’est lui qui te donne de la force pour acquérir ces richesses, afin d’établir son alliance, celle qu’il a jurée à tes pères –– voilà pourquoi il en est ainsi en ce jour.

(Nouvelle Bible Segond)


Une fête d'actions de grâces : un culte pour dire merci à Dieu !
Vous penserez peut-être : nous remercions Dieu chaque jour ! Avons-nous besoin d’un dimanche pour lui apporter une offrande spéciale ? Peut-être pas. Mais vous savez comme moi qu’il est difficile d'être reconnaissant. Voyez les dix lépreux de l'Evangile ! Un seul revient pour adorer son bienfaiteur !
Imaginez cela dans une paroisse (hypothèse absurde !) : un dixième des membres éprouve du plaisir à venir au culte. Un dixième est prêt à rendre service quand on a besoin d’eux. Un dixième soutient son activité par un don régulier ! Où sont donc passés les autres sauvés de la lèpre du péché ?


Frères et sœurs, l'ingratitude fait partie de notre nature depuis la chute. Elle est vivace et résiste au meilleur désherbant ! Or une paroisse ingrate n'est pas fréquentable. Elle épuise son pasteur ; on y attrape l'avarice et la sécheresse du coeur. Une paroisse ingrate n'a rien compris à l'amour de son Dieu. Elle passe à côté de l'essentiel.
Ce passage du Deutéronome est comme un sermon d'actions de grâces que Dieu adresse à Israël. Le thème pourrait en être le suivant :
- Mon peuple, souviens-toi ! - Mon peuple, prends garde !


I
Ce sermon de Dieu est meilleur que tous ceux que je ne pourrai jamais écrire. C’est un bilan d'amour. Premier élément du bilan : Mon peuple, souviens-toi ! J'ai fait une alliance avec toi. Moïse écrit : « L'Eternel ton Dieu te donnera la force pour acquérir les biens de la terre de Canaan, afin de confirmer […] son alliance qu'il a juré à tes pères ».
Cette terre arrosée de torrents, avec son lait, son miel, ses vignes, ses figuiers était une vraie chance après l’esclavage : Dieu poursuivait son plan de grâce ! Personne ne peut prendre en défaut sa fidélité. C’est pourquoi le sermon commence à l’ombre des pyramides et rappelle la libération. Dieu souligne la longue traversée du désert (au sens propre !) et son assistance dans cette épreuve.
Et voici maintenant « le bon pays », le repos attendu enfin accessible. Chaque étape de ce bilan confirme l’alliance jurée à Abraham, Isaac et Jacob : ce qu’il dit arrive ; ayez donc confiance !
Quand les Hébreux évoquaient les dix plaies d'Egypte, la traversée de la Mer Rouge et leur vie au désert, ils devaient se souvenir que Dieu ne les avait jamais abandonnés. En considérant ces événements – assez extraordinaires, tout de même ! – ils devaient savoir que Dieu serait assez puissant pour accomplir toutes ses promesses. Leurs yeux devaient se porter vers l’accomplissement ultime de cette alliance : la venue du Messie qui sauverait les hommes de leurs péchés.
Et nous frères et sœurs ? Sommes-nous vraiment moins favorisés ? Paul témoigne : « tout ce qui a été écrit d'avance l'a été pour notre instruction ».
Retrouvons, dans nos Bibles, les événements de nos propres bénédictions !
Ainsi, chaque prédication nous dit : Souviens-toi de l'alliance de grâce que Dieu fait avec toi en Jésus-Christ ! Notre Baptême nous dit : Souviens-toi comment le Seigneur a fait ce jour-là une alliance d'amour avec toi pour t'adopter comme son enfant bien-aimé ! Chaque repas de communion nous dit : Souviens-toi comment ton Seigneur vient chez toi, avec son corps et son sang pour resserrer ses liens d'amour, des liens qu'il ne coupera jamais !
Deuxième constat : comme Israël, nous avons, nous aussi, notre terre de Canaan avec ses oliviers, ses vignes, son lait et son miel. Il nous a aussi préparé « un avenir heureux » (v.16) ; c’est le vêtement, la nourriture, le travail, le salaire, la paix, l'ordre, la justice, la famille… Les bienfaits de Dieu dans nos vies ne sont-ils pas très nombreux ?
Avec eux, Dieu nous dit : Souviens-toi de moi. Je connais tes besoins. Je sais bien que tu n’es pas un pur esprit ! Tu as un corps. Laisse-moi donc prendre soin de ton corps ! Souviens-toi quel Dieu je suis pour toi ! Ne t’ai-je pas formé dans le ventre de ta mère ? Ne t’ai-je pas connu lorsque tu as été fait dans le secret ? Comment douter alors que tu aies de la valeur à mes yeux ? Comment pourrais-je t’abandonner ?
Troisième révélation, plus intime encore que la sécurité matérielle : Dieu nous secourt dans la détresse.
« Souvenez-vous – écrit Moïse - de la longue marche que le Seigneur votre Dieu vous a imposée à travers le désert, pendant quarante ans ; il vous a ainsi fait rencontrer des difficultés pour vous mettre à l’épreuve, afin de découvrir ce que vous aviez au fond de votre cœur et de savoir si, oui ou non, vous vouliez observer ses commandement […] Comprenez donc bien que le Seigneur votre Dieu veut vous éduquer comme un père éduque son fils ».
Ces paroles nous rappellent que Dieu n’est pas un homme pour mal aimer. Son affection dépasse nos « meilleures intentions » - pour reprendre le titre d’un beau film – (intentions) qui peuvent se révéler finalement catastrophiques. S'il a parfois traité son peuple avec dureté, c'était pour l'éprouver, pour… l’éduquer, dit le saint Esprit. Israël, en effet, était un peuple rétif et à la contestation permanente.
A nous aussi, Dieu nous dit : il m'arrive de te secouer par des épreuves. Mais souviens-toi, je le fais parce que tu es mon enfant et que toi aussi, tu as tes jours d'orgueil et d'insatisfaction. Toi aussi, tu as besoin d'être éduqué.
C’est la pédagogie divine, d’un Père pour ses enfants : « De cette manière, écrit Moïse, il vous a montré que l’homme ne vivra pas de pain seulement, mais de toute parole que Dieu prononce ».
Cela veut dire que Dieu vient avant le souci du pain, de l'argent, de l’appartement et de tout ce qui va avec. « Il vient avant » : je veux dire qu’il est la source de votre pouvoir d’achat : c’est lui qui répand la manne et fait pleuvoir les cailles au désert, entretient la veuve de Sarepta, multiplie les pains et les poissons, console le malheureux et tient debout celui qui défaille. Cela veut dire que son secours pour ses enfants ne dépend pas des bruits de crises, de récessions et de cracks boursiers... Rien n'est impossible à Dieu !
Aujourd'hui, il nous dit : C’est vrai, tu marches dans un monde aride en foi et pauvre en Dieu. Un monde qui affole et angoisse avec complaisance sans se soucier des conséquences sur les moins armés à supporter ce matraquage permanent, par les médias notamment. Tu marches à travers des pièges ; tu passes par des déserts pleins d'hostilités et de confusions.
La voie large de la frilosité, du repli sur soi est sans cesse devant toi, tellement logique et convaincante. Mais, quand tu écoutes la radio le matin en faisant ta toilette, souviens-toi aussi que moi, l’Eternel ton Dieu, je donne le secours et la vie, la paix et le salut, le pain et les fruits même dans les déserts les plus pauvres. Garde ma Parole ! Accroche-toi à mes promesses. Avec elles tu me possèdes tout entier.
Voilà, chers amis, le bilan que Dieu fit ce jour-là devant son peuple ! Voilà ce qu'il fait aussi avec nous en Jésus-Christ. Car nous sommes son peuple, le troupeau de son pâturage. Ce bilan doit nous pousser à la louange, à l’adoration et la consécration, à des offrandes généreuses qui montent à Dieu comme un parfum de joie ! Puissions-nous être une paroisse digne de ce bilan d'amour !


II
Dans la deuxième partie de son sermon, Dieu veut mettre en garde. Ecoutez ce qu'il dit : « Vous aurez de quoi vous nourrir abondamment, vous vous construirez de belles maisons où vous vous installerez […], vous possèderez davantage d’argent, d’or et de biens de toute sorte. Veillez alors à ne pas devenir orgueilleux, au point d’oublier que le Seigneur votre Dieu vous a fait sortir d’Egypte où vous étiez esclaves ». Et plus loin (v. 17) : « Ne pensez jamais que vous avez atteint la prospérité par vous-mêmes, par vos propres forces » !
Dieu est bon pédagogue ; il est aussi fin psychologue. Il connaît bien le coeur de l'homme et notamment ses revirements et ses faiblesses. Vous le savez bien : il suffit que les circonstances favorisent notre travail, que s’installe une certaine sécurité matérielle pour que déjà naissent en nous deux sentiments très dangereux : l’ingratitude et l’orgueil. Même Salomon, dans sa célèbre prière, avoue que la richesse pourrait lui tourner la tête et le pousser à oublier Dieu.
Mais en Jésus, nous avons un ami attentif... et honnête. Il sait où le bât blesse. Il sait combien le matérialisme risque de nous étourdir, parfois jusqu'à l'aveuglement. Nous sommes tous reconnaissants pour le confort lié à l’industrialisation, mais voyez comme nos pays riches se sont déchristianisés ! Que sont devenus les grains d’Evangile semés au Rebberg et dans tous les beaux quartiers de nos grandes villes ? N'est-t-il pas triste de constater que l’argent a souvent un effet anesthésiant sur l’âme humaine ? Qu’au lieu d’apporter à l’homme du temps pour lui-même, il semble peu à peu dévorer son âme ? Que l’intelligence et la culture, au lieu de favoriser la connaissance des Ecritures, rivalisent avec elles et la tournent en ridicule ! Saint Jean écrit dans sa première épître : « Si quelqu’un aime le monde, il ne lui est plus possible d’aimer le Père. En effet, voici ce qui appartient au monde : la volonté de satisfaire ses propres désirs ou de posséder ce que l’on voit, ainsi que l’orgueil fondé sur les biens terrestres » (2, 15).
La prospérité peut encore avoir un autre effet malheureux sur l'homme : celui de l'amener à s'attribuer la gloire de ses biens et donc à rayer Dieu de sa vie et de sa piété. Le matérialisme et la société de consommation ont engendré plus de mécréants que le marxisme.
Quand il ne tremble pas pour son travail, que dit l’homme moderne ? « J'ai mon salaire – pas terrible, mais passons… - mon épargne – pour combien de temps, je ne sais pas… - mes crédits à la consommation, ma protection sociale, mon assurance-vie, ma sécu, ma mutuelle, ma caisse de retraite, mes spécialistes, ma clinique, mes loisirs, mon portable et bientôt ma résidence secondaire ! »
Dans ce discours, tout est pensé, planifié, organisé en vue d'un risque zéro. Donc Dieu est disqualifié ; il est coiffé au poteau.
Mais quand on y réfléchit, on touche les sommets de l'absurde. Depuis quand l'homme est-il le maître de sa vie, de son avenir et surtout de sa santé et de sa mort ? Que Dieu souffle, et déjà l’homme éternue. David nous rappelle que l'homme est comme l'herbe et sa vie comme le souffle du vent.
Jésus ne dit pas autre chose : « Que sert-il à un homme de gagner le monde s'il perd son âme » ? Au riche de la parabole qui se flattait de son capital, Dieu dit : « Insensé, demain ton âme te sera redemandée » !
Alors oui, il y a des choses qu’il faut toujours rappeler : « Si vous oubliez le Seigneur votre Dieu – écrit Moïse -, si vous vous mettez à rendre un culte à d’autres dieux, à les adorer et à les servir, je vous avertis solennellement aujourd’hui que vous disparaîtrez complètement. Oui, si vous n’obéissez pas au Seigneur votre Dieu, vous disparaîtrez comme les nations que le Seigneur va éliminer à votre approche » !
Ce message vaut bien sûr pour nous aujourd’hui : Eglise, prends garde ! Chrétien, attention ! Si tu ne me prends pas au sérieux, si tu me considères comme une quantité négligeable dans ta vie et ta piété, si tu crains que je ne prenne trop de place, tu risques de « disparaître » dit le Seigneur ; tu disparaîtras… de ma présence, de mon intimité, de mon plan de salut en Jésus-Christ.
Alors oui, rappelons le thème du sermon divin :
Mon peuple, souviens-toi de mon alliance d'amour et combien je t'ai aimé en Jésus-Christ ! Mon peuple, prends garde ! Que les biens que je te donne ne te fassent pas oublier que je suis ton Dieu, maintenant et pour toujours. Alors, sois fidèle jusqu'à la mort, et je te donnerai la couronne de vie.
Amen !

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