13 Alors Jésus vint de la Galilée jusqu'au Jourdain vers Jean, pour être baptisé par lui, 14 mais Jean s'y opposait en disant: «C'est moi qui ai besoin d'être baptisé par toi, et c'est toi qui viens vers moi?»15 Jésus lui répondit: «Laisse faire maintenant, car il est convenable que nous accomplissions ainsi tout ce qui est juste», et Jean ne lui résista plus.16 Dès qu'il fut baptisé, Jésus sortit de l'eau. Alors le ciel s'ouvrit [pour lui] et il vit l'Esprit de Dieu descendre comme une colombe et venir sur lui.17 Au même instant, une voix fit entendre du ciel ces paroles: «Celui-ci est mon Fils bien-aimé, qui a toute mon approbation.
Frères et sœurs, aujourd'hui, c'est encore un jour de fête ! Oh, ce n'est pas une fête très connue ; on ne la remarque pas beaucoup, d'autant qu'elle vient quinze jours seulement après Noël. Et Noël a pris chez nous une telle importance, qu'on en vient à oublier cette autre célébration, celle du baptême de Jésus. C'est pourtant un moment tout à fait décisif dans la vie de Jésus, puisque cet acte marque le début de son ministère. Et je vous propose, ce matin, de voir ce que cet acte représente, pour Jésus et pour nous.
Habituellement, les Juifs ne reçoivent pas le baptême. Cet acte est réservé, à cette époque, à des païens qui veulent devenir juifs. C'est un geste de purification destiné à effacer symboliquement la tache, la souillure du paganisme. Cependant, Jean-Baptiste donne le baptême à des Juifs. Car Jean estime que beaucoup de Juifs ont besoin, eux aussi, d'être purifiés, tout comme les païens. Ainsi, le sens du baptême de Jean, c'est d'abord l'aveu des fautes, auxquelles on décide de renoncer. Et c'est ensuite le début d'une vie différente, vécue en accord avec la volonté de Dieu. C'est le sens des exhortations que Jean adresse à ceux qui demandent le baptême. Dans cette scène assez extraordinaire du baptême de Jésus, nous pouvons retenir deux éléments, qui nous paraissent fournir la clé, le sens, de ce geste pour Jésus et, par contre-coup, pour nous.
Le premier élément, ce sont les cieux qui s'ouvrent et l'Esprit Saint qui descend sur Jésus. Le second élément, c'est la voix qui dit : "Celui-ci est mon Fils bien-aimé". Donc, d'abord, les cieux qui s'ouvrent. On trouve dans la Bible des indications sur ce que veulent dire les cieux ouverts et les cieux fermés. Il y a eu des époques, dans l'histoire d'Israël, où l'infidélité envers Dieu se répandait parmi la population ; l'exemple venait même de haut, puisque le roi lui-même adhérait, le premier, à d'autres religions ; c'était le cas, en particulier, au temps du roi Achab. Alors, Dieu décide d'empêcher la pluie de tomber, pour qu'on se rende compte qu'abandonner Dieu est une bien mauvaise chose. On dit alors que le ciel est fermé. Le ciel fermé est le signe d'une rupture entre Dieu et les hommes, le signe que, par la faute des hommes, la communion avec Dieu est rompue. A l'inverse, quand les cieux s'ouvrent, cela signifie que la communion est rétablie, que le lien cassé est renoué. Il y a une réconciliation. Les cieux s'ouvrent au-dessus de Jésus lors de son baptême ; cela veut dire que maintenant, à cet endroit précis, à ce point de l'histoire, Dieu fait un geste dans notre direction. Il se réconcilie avec nous. Cet événement a lieu dans la personne de Jésus. Avec Jésus et en lui, Dieu se fait proche de nous. Il n'existe plus de distance ; ce qui nous séparait de lui disparaît. Les cieux ouverts, c'est la suppression de l'obstacle qui nous empêchait d'être intimes avec Dieu. Alors, parce que les cieux s'ouvrent au-dessus de Jésus, l'Esprit Saint peut venir sur lui. Les cieux ouverts le laissent passer.
Qu'est-ce que c'est que l'Esprit Saint ? Si nous comprenons bien les textes bibliques qui parlent de lui, l'Esprit n'est pas une sorte de vapeur, un être immatériel et sans consistance, qui émanerait de Dieu le Père. Quand il est question de l'Esprit, dans la Bible, il s'agit souvent de la puissance de Dieu, de sa puissance agissante dans une personne ou dans les événements. Le Saint Esprit est une personne, unie au Père et au Fils. Dans ce baptême du Seigneur, nous trouvons une manifestation claire de la Sainte Trinité.
Que Jésus reçoive le Saint-Esprit veut dire que, désormais, il va agir avec la puissance de Dieu, que cette puissance va travailler avec lui et à travers lui. Quand Jésus parlera, ce sera avec cette puissance-là. Quand il opérera des miracles, quand il guérira des gens, c'est la puissance de Dieu qui le fera. N'oublions pas que, immédiatement après cette scène du baptême, Jésus va affronter la tentation ; il fera face au mal dans toute son étendue. Et il sortira vainqueur de l'épreuve, il surmontera la tentation de se mettre au service du mal. L'Esprit Saint, la force de Dieu, le rendra capable de ne pas céder au mal, d'être plus fort que lui. Voilà ce qu'on peut dire, très rapidement, sur le premier élément de cet épisode du baptême de Jésus.
Le second élément, avons-nous dit, c'est la voix qui vient des cieux, autrement dit la voix de Dieu, qui dit : Celui-ci est mon Fils bien-aimé, celui en qui je mets mon plaisir. Comment comprendre cela ? Le Symbole de Nicée-Constantinople confesse Jésus-Christ, Fils unique de Dieu, né du Père avant tous les siècles...qui na pas été fait mais engendré, qui est de la même substance que le Père et par qui toutes choses ont été faites. On voit que la filiation de Jésus est bien diffèrente de ces demi-dieux (comme Hercule) issus des amours de divinités païennes et d'humains. Ici, le Père affirme: il est mon Fils, revêtu de la divinité. Jésus, ne l'oublions jamais, frères et soeurs, c'est le divin qui s'incarne dans la faiblesse d'un corps humain, c'est Dieu qui se fait homme, c'est Dieu qui vient vers nous pour accomplir une grande mission.
Pour savoir quelle est cette mission, on peut se reporter à ce que dit le prophète Esaïe au début de son chapitre 42, texte que nous avons entendu tout à l'heure ; il s'agit du premier de ces poèmes qu'on appelle les "chants du Serviteur". Il se trouve que ce poème convient tout à fait à ce que Jésus accomplit. Le serviteur, donc, ou le fils, selon une traduction grecque, parle en public, mais sans crier. Il n'impose pas son point de vue, il le propose seulement à qui veut l'écouter. Le serviteur ne brise pas le roseau froissé ; on doit sans doute comprendre par là qu'il respecte les faibles, qu'il ne les brutalise pas, mais qu'il les aide à se relever. Le serviteur guérit les malades, il libère les prisonniers.
Alors, bien entendu, le prophète Esaïe n'avait sans doute qu'une idée imprécise de ce que serait Jésus (si tant est que l'Esprit lui eut même donné de saisir le sens complet de sa prophétie). Mais toujours est-il que ce message d'Esaïe s'applique à Jésus, quand on voit ce que Jésus fait. En relisant Esaïe à la lumière du ministère de Jésus, on peut dire que Jésus réalise le programme qui était tracé par Esaïe. Jésus a guéri des malades, il a libéré des gens, non pas d'une prison de pierre, mais de la prison de leur culpabilité, de la prison de l'exclusion sociale. Il a commencé d'annoncer la Bonne Nouvelle à des païens, en guérissant la fille d'une femme cananéenne. Tel est le programme du Fils de Dieu.*
Quand Jésus se présente pour le baptême, Jean commence par ne pas vouloir le baptiser, mais Jésus lui répond : "Laisse faire. C'est ainsi qu'il convient d'accomplir toute justice". La justice, c'est "ce que Dieu demande", comme le comprend une traduction moderne. La justice, ce n'est pas seulement ce baptême, mais c'est aussi tout ce qui suivra. La justice, ce sont ces gens pardonnés qui commenceront une vie nouvelle, ce sont ces ennemis réconciliés...La justice, c'est ce que Dieu nous donne en Christ. Ceux qui croient en lui sont déclarés justes, leurs fautes sont effacées. Mais pour cela,; il a fallu que Jésus s'identifie à nous autres pécheurs. Voilà pourquoi son ministère a commencé par un baptême de repentance, lui qui n'avait à se repentir de rien, tout comme il a porté la condamnation de nos péchés à la croix alors qu'il avait mené une vie parfaite...
Frères et sœurs, la voix qui vient des cieux ne s'adresse pas à Jésus ; elle s'adresse à nous. La voix ne dit pas : "Tu es mon Fils" ; elle dit : "Celui-ci est mon Fils". Cette voix se fait entendre à notre intention ; c'est nous qu'elle interpelle. Nous voici invités à la foi. Nous voici invités à reconnaître en Jésus l'envoyé de Dieu, celui qui réalise tout ce qui est juste et qui nous appelle à devenir, nous aussi, enfants de Dieu par la foi!
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