35Ce
même jour sur le soir, Jésus leur dit : Passons sur l'autre
rive. 36Après avoir renvoyé la foule, ils l'emmenèrent dans la
barque où il se trouvait, et il y avait aussi d'autres barques avec
lui. 37Il s'éleva une forte bourrasque, et les vagues se jetaient
dans la barque au point qu'elle se remplissait déjà. 38Et lui, il
dormait à la poupe sur le coussin. Ils le réveillèrent et lui
dirent : Maître, tu ne te soucies pas de ce que nous
périssons ? 39Il se réveilla, menaça le vent et dit à la
mer : Silence, tais-toi. Le vent cessa et un grand calme se fit.
40Puis il leur dit : Pourquoi avez-vous tellement peur ?
Comment n'avez-vous pas de foi ? 41Ils furent saisis d'une
grande crainte et se dirent les uns aux autres : Quel est donc
celui-ci, car même le vent et la mer lui obéissent ?
Chers
frères et soeurs en Christ
chers
amis
Nous
sommes réunis aujourd'hui pour le Dimanche de l'Eglise Persécutée.
Cette journée spécialement consacrée à la cause des chrétiens
qui souffrent pour la foi.
On
estime qu'il y a eu plus de chrétiens tués à cause de leur foi au
20ème siècle que durant toute l'histoire de l'Eglise. Les
estimations les plus basses indiquent que 26 millions de personnes
ont été tués parce qu'elles étaient chrétiennes au siècle
dernier. Durant ce 20ème siècle, c'est bien sûr dans le monde
communiste que la persécution a été la plus forte.
Héritier
de la Révolution Française, le Marxisme-Léninisme nourrissait
comme elle une haine farouche de la foi chrétienne. On ne peut
compter, en URSS et dans les pays du Pacte de Varsovie, les églises
détruites, les croyants exécutés ou emprisonnés, les atteintes
systématiques à la liberté de conscience.
A
l'époque, hélas, de trop nombreuses églises occidentales ont fait
le choix du silence, de la compromission ou même de la complicité
active, comme ce fut le cas pour le prétendu « Conseil
Oecuménique des Eglises », totalement infiltré par le KGB.
Le pasteur László
Tőkés, qui a été un des artisans de la Révolution Roumaine de
1989 a d'ailleurs toujours amèrement regretté le « refus des
églises occidentales de présenter les conditions réelles des
églises de Roumanie et leur volonté de prétendre que tout allait
bien dans notre pays et que les églises pouvaient accomplir leur
mission dans la paix et la liberté »
Il
serait honteux et tragique que les églises s'égarent encore de la
même façon.
Bien
sûr, grâce à Dieu, le communisme s'est effondré en Europe. Mais
en Chine, à Cuba, en Corée du Nord, au Viet-Nam, des chrétiens
sont encore persécutés.
Cependant,
en ce début de 21ème siècle, le visage de la persécution
anti-chrétienne a changé. Il existe un index mondial de la
persécution, qui sur la base de données factuelles, recense les
pays où les droits des chrétiens sont bafoués. Je vous cite les
cinq premiers de cette triste liste: la Corée du Nord
(200
à 400 000 chrétiens nord-coréens, à la clandestinité absolue,
nombreuses arrestations en 2011); l'Afghanistan (pas une seule église
dans le pays, même pour les étrangers. En octobre, les Talibans ont
publié une déclaration promettant d'épurer le pays de tous les
chrétiens, qu'ils soient locaux ou étrangers. Les chrétiens des
organisations humanitaires restent une cible fréquente); l'Arabie
Saoudite (Aucune église n'est autorisée et les célébrations
chrétiennes sont interdites dans les lieux publics. En outre,
l'apostasie est passible de mort en Arabie Saoudite); la Somalie
(L'intégrisme islamique est le premier responsable de la
persécution. Personne n'est censé être chrétien en Somalie, aussi
les croyants d'origine musulmane n'ont-ils pas de communautés
organisées.) et enfin l'Iran (La persécution de certaines minorités
religieuses s'est intensifiée en Iran depuis 2005. Plus de 200
chrétiens ont été arrêtés durant la période concernée par
l'Index Mondial de Persécution 2012. Le 19 octobre 2010, le Guide
suprême iranien a accusé «les ennemis de l'islam d'installer le
christianisme en Iran et d'y encourager son expansion»)
Bien
sûr, on pourrait parler du Nigeria où presque chaque semaine des
églises sont attaquées et des chrétiens tués par des Islamistes
ou de la situation de la minorité chrétienne du Pakistan. La
journée ne suffirait pas à cette longue litanie de souffrances.
Retenez
simplement qu'on estime qu'au moins 150 millions de chrétiens
répartis dans 60 pays sont confrontés à la persécution chaque jour
(60% d'entre eux sont des enfants) et 400 millions sont exposés à
des risques forts. La persécution prend différentes formes:
discrimination à l'emploi à à l'éducation, limitations de la
liberté de culte, destructions des églises, viols, enlèvements,
assassinats...
Cela,
même les médias séculiers ont dû en rendre compte. Comme l'a dit
Bernard-Henri Lévy dans Le Point en 2010 « les chrétiens
forment aujourd'hui, à l'échelle de la planète, la communauté la
plus constamment, violemment et impunément persécutée. »
150
millions de chrétiens dans la tempête. Et leurs épreuves sont nos
défis, comme nous le rappelle le thème de ce DEP.
Oh,
bien sûr, il n'y a pas besoin d'être soumis à la persécution pour
se sentir dans la tempête. Nous n'avons pas besoin de vivre en Irak
ou au Nigeria pour poser cette question vitale à Dieu: « Maître,
tu ne te soucies pas de ce que nous périssons ? »
Nous
pouvons nous demander pourquoi Jésus laisse ses disciples passer par
la tempête? Pourquoi l'Eglise doit-elle passer dans la tempête? Je
pense que notre bref passage nous enseigne que Jésus peut conduire
ses amis dans la tempête afin qu'ils puissent mieux le connaître.
Le
contexte de notre passage éclaire beaucoup de choses. Jésus
commence à être connu, son enseignement interpelle, ses miracles
émerveillent...Les gens se posent la question « qui est cet
homme? »
Les
disciples, eux, écoutent, observent jusqu'à ce huitième chapitre
où Jésus leur dit de monter dans la barque pour traverser le lac.
Ici, les disciples se sentent à leur aise: ce sont des pécheurs,
ils ont l'habitude des bateaux. Jésus, lui, se repose. Soudain, une
tempête se lève, une de ces tempêtes qui peuvent soudain frapper
le lac de Galilée. Les disciples font preuve de toute leur maîtrise,
mais ils sentent que les choses leur échappent. La tempête est plus
forte qu'eux.
En
dernier recours; ils crient à Jésus: « Maître, tu ne te
soucies pas de ce que nous périssons ? »
Les
tempêtes de nos vies nous font poser des questions. « qui
suis-je pour toi, Seigneur? »; « Est-ce que tu
t'intéresses vraiment à moi? »
Dans
leur panique, les disciples semblent craindre que le stock de
compassion de Jésus soit épuisé, qu'il ne puisse ou ne veuille
rien faire pour eux, lui qu'ils ont vu faire tant de miracles pour
les autres.
Je
crois que nous pouvons nous reconnaître dans ce cri. Voilà des
hommes qui avaient marché avec Jésus depuis le début, qui avaient
reçu de sa part une attention spéciale. Ils savaient sans doute
beaucoup de choses sur Jésus, plus que la plupart des gens. Mais
cette crise de la tempête les a amené à un autre niveau, plus
profond. Quand les disciples ont crié à Jésus, c'était leur
propre vie qui était en jeu.
Je
crois que Jésus s'est servi de cette tempête pour se placer
directement au coeur de leurs questionnements. Totalement incapables
de faire face, ils n'avaient personne d'autre vers qui se tourner. Et
je crois que Dieu veut que son peuple veut qu'il reconnaisse qu'il
est un Dieu souverain et un Dieu d'amour dans lequel nous pouvons
pleinement nous confier, en arrêtant de nous reposer sur nos propres
forces.
Jésus
a entendu la prière de ses disciples. Il
se réveilla, menaça le vent et dit à la mer : Silence,
tais-toi. Le vent cessa et un grand calme se fit. Puis il leur dit :
Pourquoi avez-vous tellement peur ? Comment n'avez-vous pas de
foi ?
Jésus
manifeste sa puissance divine en commandant à l'eau et au vent de se
calmer.
Marc
dit alors que les disciples furent remplis d'une grande crainte. Mais
ce n'était pas la peur de la tempête, mais ils étaient saisis de
respect devant les pouvoirs de celui qu'ils croyaient connaître, et
dont ils venaient de réaliser qu'il était beaucoup plus que ce
qu'ils pensaient.
« Quel est donc celui-ci, car même le vent et la mer lui
obéissent ? »
Voilà
pourquoi Jésus leur a demandé « pourquoi avez-vous peur? ».
c'était une façon de demander: vous n'avez pas encore compris? Je
suis Dieu, un avec le Père, et je suis avec vous et pour vous. Vous
n'avez aucune raison d'avoir peur.
Je
crois qu'une des raisons de la faiblesse de nos églises aujourd'hui
est que notre Dieu est trop petit. Nous sous-estimons sa capacité à
agir dans nos vies et la vie de nos églises.
Quelqu'un
a demandé un jour « pourquoi l'Eglise persécutée est-elle
plus forte que nous? » La réponse était « C'est parce
que les chrétiens persécutés doivent se poser chaque jour la
question: ma foi vaut-elle la peine d'être vécue? »
Oui,
quand on est confronté à la persécution, on est bien obligé de se
recentrer sur ce qu'il y a d'essentiel. Sur le Christ, et sur le
Christ seul. Un Christ vivant, et glorieux qui intercède pour son
peuple.
Un
mot pour terminer. Si les disciples n'avaient pas accompagné Jésus
sur le bateau, ils ne seraient pas passés par la tempête. Mais ils
sont partis avec leur maître. De la même façon, nos frères
persécutés passent par la tempête parce qu'ils suivent Jésus et
qu'ils lui sont fidèles.
Il
n'y a pas de persécutions en France, mais on y trouve quand même un
laïcisme agressif potentiellement liberticide.
A
quelques kilomètres d'ici, à Grand-Ry le 22 février 1688 une
assemblée protestante clandestine de 1500 personnes fut surprise par
le Dragons du Roi qui ouvrirent le feu sans sommation. Il y eut un
nombre encore inconnu de mrots et de blessés, 3 condamnés à la
pendaison et 31 condamnés aux galères. Alors laissez-moi vous poser
une question: que se passerait-il si demain, comme nos ancêtres
huguenots, nous devions faire face à la persécution?
Etre
en mouvement avec Jésus et obéir à son ordre de mission peut
clairement nous amener dans des tempêtes. Je crois que le défi qui
nous est lancé, c'est d'avoir les mêmes priorités que Jésus,
c'est d'avoir une vision claire de qui il est et de ce qu'il fait. Il
est notre Seigneur et notre Dieu, et aussi celui de nos frères qui
vivent dans la persécution, et pour lesquels nous allons maintenant
prier.
Amen.
(Cette méditation a été en partie préparée avec l'aide fournie dans le dossier spécial de l'association Portes Ouvertes.)
(Cette méditation a été en partie préparée avec l'aide fournie dans le dossier spécial de l'association Portes Ouvertes.)
2 commentaires:
Belle prédication; je pense qu'il est très utile de se souvenir ainsi de nos frères et soeurs persécutés dans le monde et de se tenir prêts.
Merci de nous avoir rappelé les souffrances de nos frères.
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