dimanche 3 février 2013

LUC 4.14-31


14 Jésus, revêtu de la puissance de l'Esprit, retourna en Galilée, et sa réputation gagna toute
la région.
15 Il enseignait dans les synagogues et tous lui rendaient gloire.
16 Jésus se rendit à Nazareth où il avait été élevé et, conformément à son habitude, il entra dans la synagogue le jour du sabbat. Il se leva pour faire la lecture,
17 et on lui remit le livre du prophète Esaïe. Il le déroula et trouva l'endroit où il était écrit:
18 L'Esprit du Seigneur est sur moi, parce qu'il m'a consacré par onction pour annoncer la bonne nouvelle aux pauvres; il m'a envoyé [pour guérir ceux qui ont le coeur brisé,]
19 pour proclamer aux prisonniers la délivrance et aux aveugles le recouvrement de la vue, pour renvoyer libres les opprimés, pour proclamer une année de grâce du Seigneur.
20 Ensuite, il roula le livre, le remit au serviteur et s'assit. Tous ceux qui se trouvaient dans la synagogue avaient les regards fixés sur lui.
21 Alors il commença à leur dire: «Aujourd'hui cette parole de l'Ecriture, que vous venez d'entendre, est accomplie.»

22 Tous lui rendaient témoignage; ils étaient étonnés des paroles de grâce qui sortaient de sa bouche et ils disaient: «N'est-ce pas le fils de Joseph?» 23 Jésus leur dit: «Vous allez sans doute me citer ce proverbe: ‘Médecin, guéris-toi toi-même’, et vous me direz: ‘Fais ici, dans ta patrie, tout ce que, à ce que nous avons appris, tu as fait à Capernaüm.’» 24 Il leur dit encore: «Je vous le dis en vérité, aucun prophète n'est bien accueilli dans sa patrie. 25 Je vous le déclare en toute vérité: il y avait de nombreuses veuves en Israël à l’époque d'Elie, lorsque le ciel a été fermé 3 ans et 6 mois et qu'il y a eu une grande famine dans tout le pays. 26 Cependant, Elie n’a été envoyé vers aucune d'elles, mais seulement vers une veuve de Sarepta, dans le pays de Sidon. 27 Il y avait aussi de nombreux lépreux en Israël à l’époque du prophète Elisée, et cependant aucun d'eux n’a été purifié, mais seulement Naaman le Syrien.»
28 Ils furent tous remplis de colère dans la synagogue, lorsqu'ils entendirent ces paroles. 29 Ils se levèrent, le chassèrent de la ville et le menèrent jusqu'à un escarpement de la montagne sur laquelle leur ville était construite, afin de le précipiter dans le vide. 30 Mais Jésus passa au milieu d'eux et s'en alla.









Chers frères et sœurs en Christ,
chers amis


Vous avez peut-être vu il y a une quinzaine de jours, des images de la cérémonie d'investiture de Barak Obama. C'est toujours un grand moment dans la vie nationale des USA, et il est marqué par l'inauguration adress, le discours d'investiture dans lequel le Président donne la vision et la direction de son mandat.
D'une certaine manière, les lignes que nous venons d'entendre contiennent le discours d'investiture de Jésus: une vision et une direction pour son ministère. Cela fait quelques mois que Jésus a commencé à prêcher, il a déjà réalisé des miracles. On parle de lui.
C'est alors que Jésus retourne à Nazareth. Chez lui. Là où il a grandi, où les gens sont ceux avec lesquels il a joué étant enfant; là où les gens sont ceux qui passaient des commandes pour l'atelier de charpentier de Joseph. Nazareth, c'est la maison de Jésus. Tout le monde le connaît.
Comme tout bon Juif, Jésus se rend à la synagogue et il se retrouve à faire la lecture de la Bible, dans le livre d'Esaïe.
L'Esprit du Seigneur est sur moi, parce qu'il m'a consacré par onction pour annoncer la bonne nouvelle aux pauvres; il m'a envoyé [pour guérir ceux qui ont le coeur brisé,]19 pour proclamer aux prisonniers la délivrance et aux aveugles le recouvrement de la vue, pour renvoyer libres les opprimés, pour proclamer une année de grâce du Seigneur.
Texte magnifique, rempli d'espérance. Examinons d'un peu plus près ce qu'il implique.
Tout d'abord, il est question d'une « bonne nouvelle », d'un évangile, de quelque chose qui apporte la joie et qui peut être reçu avec joie. Cette nouvelle est pour les pauvres, et la pauvreté dont Esaïe parle là est une pauvreté spirituelle. On peut avoir des milliers d'euros en banque et être d'une pauvreté terrible, parce que
Il est ensuite question de guérison des coeurs brisés, ces coeurs qui peuvent être les nôtres, parce que la vie est cruelle et laisse des blessures.
Vient ensuite la libération des captifs et des opprimés; parce qu'il y a tant de choses qui peuvent nous emprisonner: des peurs, des regrets...tant de choses qui peuvent nous opprimer: le poids de nos fautes, celui des circonstances, les exigences que nous nous imposons nous-mêmes.
Le texte d'EsaÏe parle aussi de rendre la vue aux aveugles. Jésus l'a fait au cours de son ministère, mais cette cécité physique est aussi le symbole de l'aveuglement spirituel qui est si souvent le nôtre et qui nous fait errer, ne voyant pas ce dont nous avons besoin et ce que Dieu nous apporte.
Enfin, Esaïe parle d'une année de grâce du Seigneur. C'est une allusion à l'année du Jubilé où, tous les 50 ans, toutes les dettes étaient effacées et où les esclaves étaient libérées. Cela résume bien le message d'Esaïe: il annonce quelqu'un qui apportera une libération, une remise à zéro, un nouveau départ...
Jésus a fini de lire. Il s'assoit (pour enseigner) et il dit:
Aujourd'hui cette parole de l'Ecriture, que vous venez d'entendre, est accomplie.
C'est la plus courte prédication de Jésus et c'est sans doute une des plus fortes. Ici, Jésus affirme clairement, au milieu des siens, qu'il est l'accomplissement des promesses, qu'il est celui que Dieu a envoyé, qu'il est le Messie tant attendu.
C'est énorme ce que Jésus affirme ici aussi clairement. Tellement grand que les gens de Nazareth ne vont pas pouvoir l'accepter, parce que leur Jésus est trop petit.
La question fuse: «N'est-ce pas le fils de Joseph?», le Jésus qu'ils connaissent si bien (ou qu'ils croient connaître??). Comment peut-il être le Messie?? Et puis, je suis sûr qu'une autre chose trouble les gens: c'est que Jésus a (volontairement) oublié de lire une partie du texte d'Esaïe. Le verset qui parle du « jour de la vengeance de notre Dieu ». Plus tard il dira qu'il n'est pas venu juger le monde mais le sauver. Le problème c'est que les juifs s'attendaient justement à un Messie qui allait juger, notamment juger les autres!
Il y a donc deux écueils pour les gens de Nazareth: d'une part, une trop grande familiarité avec Jésus les empêche de voir son vrai visage. Encore aujourd'hui, des gens se croient chrétiens parce qu'ils ont été régulièrement tamponnés (baptême, confirmation, mariage) mais ils n'ont aucune relation vivante avec le Christ ressuscité. Et même pour les croyants, il y a toujours un risque d'entrer dans une piété mécanique, de venir au culte « par habitude » et non pas avec la joie de la communion avec des frères et des sœurs On peut aussi parfois s'approcher de la table sainte en ayant un sens trop émoussé de toutes les bénédictions que nous apporte la sainte cène, ce merveilleux aliment spirituel. Un proverbe américain dit qu'on a du mal à apprécier ou à respecter ce qui nous est trop familier.
Le problème des gens de Nazareth est qu'ils ne pouvaient pas croire que Dieu, en la personne de son Fils, était présent au milieu d'eux, dans leur petit village. Nous devons nous convaincre que Dieu est présent partout, même et peut-être surtout, dans la banalité de nos vies quotidiennes. Nous avons un Dieu extraordinaire qui agit dans l'ordinaire: dans nos villages, dans nos vies quotidiennes. Dieu était là à Nazareth, à Capernaüm, à Jérusalem...il est encore là à La Couarde, à Beaussais, à Niort, à Melle. C'est nous qui parfois avons du mal à le reconnaître.
Le deuxième écueil est donc que les gens de Nazareth n'étaient pas contents du programme de Jésus. Un Messie sans jugement, ce n'est pas un vrai Messie. Il y a là un exemple remarquable d'incroyance. Tous ces gens croyaient en Dieu remarquez-le bien. Mais ils étaient incroyants dans un sens plus profond: ils refusaient de laisser Dieu être Dieu et agir comme il l'entendait. Les gens de Nazareth étaient persuadés que leurs idées, leur plan, étaient meilleurs que ceux de Dieu. Les gens de Nazareth refusaient Dieu tel qu'il avait choisi de se manifester en Jésus. Ils voulaient un Dieu à leur image, un Dieu qui pense et agisse comme eux. Voilà pourquoi ils ne pouvaient pas accepter Jésus.
Voilà pourquoi on est passé de la joie du retour à la maison de l'enfant du pays à une foule prête à lyncher Jésus. Ce rejet violent et meurtrier symbolise bien tout ce que Jésus a subi au cours de son ministère, et qui s'est achevé à la croix. Jésus a été rejeté par les hommes, pour que nous puissions être acceptés par Dieu.

Un dernier point. Je vous ai dit que les paroles d'Esaïe constituaient d'un certaine façon le « programme » de Jésus, sa vision, son but. Qu'en est-il de nous? Car si nous sommes l'Église, nous sommes le corps de Christ et notre mission est de continuer à répandre son message. Est-ce que, dans notre vie individuelle et collective, nous annonçons vraiment la bonne nouvelle aux pauvres, est-ce que nos paroles peuvent guérir les coeurs brisés et rendre al vue aux aveugles. Est-ce que nous sommes porteurs, dans nos paroles et dans nos actes, de pardon et de libération?


C'est ce que Jésus est venu nous annoncer. C'est ce en quoi nous croyons. C'est ce que nous devons proclamer sans relâche: une année de grâce du Seigneur. Puisse Dieu nous donner la grâce de reconnaître notre pauvreté, de croire en la bonne nouvelle et de la répandre en son nom.
Amen.


Aucun commentaire: