Chers
frères et sœurs,
Chers amis,
Il y a dans le langage typique de certains milieux chrétiens une expression "rencontrer le Christ" qui évoque une expérience vécue de découverte de Christ. Comme beaucoup d'expressions toutes faites, elle a le don de m'énerver, mais nous devons bien admettre qu'elle est vraie. Rencontrer le Christ vivant n'est pas une option pour un croyant. Etre Chrétien, c'est rencontrer le Christ ressuscité, et les récits qui racontent les apparitions du Christ vivant à ses disciples après le matin de Pâques en témoignent encore et encore.
Chers amis,
Il y a dans le langage typique de certains milieux chrétiens une expression "rencontrer le Christ" qui évoque une expérience vécue de découverte de Christ. Comme beaucoup d'expressions toutes faites, elle a le don de m'énerver, mais nous devons bien admettre qu'elle est vraie. Rencontrer le Christ vivant n'est pas une option pour un croyant. Etre Chrétien, c'est rencontrer le Christ ressuscité, et les récits qui racontent les apparitions du Christ vivant à ses disciples après le matin de Pâques en témoignent encore et encore.
Je voudrais avec vous méditer sur l'histoire de ces deux "pèlerins" sur la route d'Emmaüs ce matin. Nous ne savons presque rien d'eux, à part un nom, Cléopas. Nous ne savons pas s'il s'agit de deux amis ou d'un couple, mari et femme. Nous ne savons pas d'ailleurs précisément où se trouvait le village d'Emmaüs. En fait, qu'importe? En l'occurrence, je crois que tout ce flou sur les détails nous aide aussi à nous identifier à ses deux disciples qui cheminent ensemble ce matin là.
Ils discutaient ensemble de tout ce qui s'était passé dit Luc, et sans doute leur dialogue était-il lourd et triste. Ils parlent de la mort de Jésus, et de cette histoire incroyable de tombe vide qu'on leur a rapportée avant qu'ils ne quittent Jérusalem. Une histoire qu'ils ne savaient pas trop comment expliquer mais que, de toute évidence, ils n'ont pas crue. Voilà pourquoi ils s'en vont, le cœur lourd, amer et déçu. C'est à ce moment là que Jésus se met à marcher avec eux. Et c'est là une première bonne nouvelle pour nous: savoir que quand nous sommes en train de nous battre avec le doute, quand nous essayons de trouver un sens à notre vie, quand nous devons faire face à la déception et à la tristesse, Jésus est là, avec nous. En Esaïe, Dieu dit "j'habite dans les hauteurs et la sainteté, mais je suis avec l'homme brisé et abattu, afin de redonner vie au cœur abattu" (57.15).
Oh, bien sûr, les deux disciples ne reconnaissent pas Jésus. Luc nous précise "leurs yeux étaient empêchés de le reconnaître". Empêchés par leurs propres tristesses et leurs manques de foi? Peut-être. Mais aussi et surtout, je crois, au risque de vous choquer, empêchés par Dieu lui-même. Car si nous croyons en un Dieu qui se montre, qui se révèle, il ne faut jamais oublier que ce même Dieu choisit le moment et la façon dont il se révèle. C'est là un point essentiel de ce texte, et je vous demande de garder cette pensée pour plus tard.Jésus marche deux à côté des deux pèlerins. "Vous parlez de quoi? Ca n'a pas l'air d'aller??".
"De
Jésus de Nazareth, qui était un prophète puissant en actes et en
paroles devant Dieu et devant tout le peuple, les chefs des prêtres
et nos magistrats l'ont fait arrêter pour qu'il soit condamné à
mort et l'ont crucifié. Nous espérions que ce serait lui qui
délivrerait Israël".
Cette réponse est fascinante. Tout d'abord, faites attention aux temps employés: Jésus ETAIT un prophète, nous ESPERIONS que ce serait lui qui délivrerait Israël.
C'est
du passé, pour eux, tout est fini. Bien plus, la réponse de Cléopas
montre qu'il n'avait rien compris à l'identité et à la mission de
Jésus. Pour eux Jésus était un prophète, rien de plus. Bien sûr
ils avaient bien espéré qu'il soit le Messie, mais pour eux comme
pour beaucoup de juifs de l'époque, le Messie devait être le
libérateur qui viendrait les délivrer de l'occupation romaine manu
militari. Ils pensaient que Jésus allaient écraser les occupants.
Mais il était mort, et avec lui leurs espoirs et leur foi. Pourquoi?
Parce que ce qu'ils attendaient ne pouvait pas être fait par un
Messie crucifié comme le dernier des bandits.
Cléopas
demande à celui qui les a rejoints "es-tu le seul à ne pas
savoir ce qui s'est passé ces jour-ci à Jérusalem??". En
fait, Cléopas ne savait pas ce qui s'était passé à Jérusalem. Il
connaissait les évènements qui s'étaient produits mais il n'en
saisissait pas le sens.
Alors Jésus doit tout reprendre à zéro. "Hommes sans intelligence, dont le coeur est lent à croire tout ce qu'ont dit les prophètes! Ne fallait-il pas que le Messie souffre ces choses et qu'il entre dans sa gloire?". Ce que Jésus va expliquer, en se basant sur les promesses de l'Ancien Testament, c'est que le Messie annoncé ne devait pas venir dans la puissance et la force mais vivre dans la faiblesse et expier par sa mort les péchés des hommes. Quels textes Jésus a-t-il utilisés? Nous n'en savons rien, mais peut-être s'est il servi d'Esaïe 53 que nous avons lu lors du Vendredi Saint.
3 Méprisé et délaissé par les hommes, homme de douleur, habitué à la souffrance, il était pareil à celui face auquel on détourne la tête: nous l'avons méprisé, nous n'avons fait aucun cas de lui.4 Pourtant, *ce sont nos souffrances qu'il a portées, c'est de nos douleurs qu'il s'est chargé. Et nous, nous l'avons considéré comme puni, frappé par Dieu et humilié.5 Mais lui, il était blessé à cause de nos transgressions, brisé à cause de nos fautes: la punition qui nous donne la paix est tombée sur lui, et *c'est par ses blessures que nous sommes guéris.6 Nous étions tous comme des brebis égarées: chacun suivait sa propre voie, et l'Eternel a fait retomber sur lui nos fautes à tous.
Le Messie ne devait pas être un guerrier libérateur. Le Messie devait être un serviteur souffrant dont le sang devait couler pour que nous soyons purifiés de nos fautes. Ce que Jésus est en train de dire, de faire comprendre en se servant de la Parole de Dieu.
C'est
là quelque chose d'essentiel. Nous parlons ce matin de rencontrer
Jésus. Encore faut-il rencontrer le vrai Jésus, le Jésus dont la
Bible rend témoignage, le Jésus confessé depuis des siècles par
la véritable Eglise dans le Credo de Nicée-Constantinople. Pas un
de ces Jésus alternatifs tels que beaucoup de pseudo-théologies en
fabriquent, pas une sorte de Che Guevara palestinien, pas une espèce
de gourou New Age, non : le vrai Christ. Ce vrai Jésus, nous le
connaîtrons à travers la Parole lue, méditée, écoutée dans la
prédication de l'Eglise. Les deux pèlerins avaient une vision du
Messie totalement opposée à celle de Jésus et de la Bible. Voilà
pourquoi ils n'ont d'abord pas pu le reconnaître. Mais si nous
rencontrons le Christ de l'Ecriture, vrai homme et vrai Dieu, par les
blessures duquel nous sommes guéris, alors notre cœur commencera à
bruler d'un feu nouveau.
C'est ce qui arrive aux deux pèlerins alors que cet étranger bizarre. Mais ils ne sont pas encore arrivés à Emmaüs. Cela c'est une autre étape, à laquelle nous devons aussi arriver.
C'est ce qui arrive aux deux pèlerins alors que cet étranger bizarre. Mais ils ne sont pas encore arrivés à Emmaüs. Cela c'est une autre étape, à laquelle nous devons aussi arriver.
Car
une fois arrivés dans le village, les deux compagnons disent à
Jésus "reste avec nous". Qu'elle est belle cette parole:
"reste avec nous". Nous qui brûlons à l'écoute de la
Parole de Dieu, allons-nous le laisser s'éloigner ou allons-nous lui
demander de se manifester pleinement? Pas si nous suivons l'exemple
de pèlerins. Mais alors, il faudra lui ouvrir notre maison. Comme
l'a dit Mickaël Oxen "Ouvrir nos portes, dire: reste avec nous,
c'est accepter de remettre complètement en cause notre religion
personnelle, nos idées sur le Christ pour nous mettre à l'écoute
de la Parole de Dieu".
A cette présence que vous pouvez ressentir à vos côtés, dites "reste avec nous".
C'est alors que nous nous ouvrirons à la grâce d'une rencontre complète avec le Christ. En effet, une fois installés, il faut bien manger. "Jésus prit le pain et, après avoir prononcé la prière de bénédiction, il le rompit et le leur donna". Ca ne vous rappelle rien tout ça??
A cette présence que vous pouvez ressentir à vos côtés, dites "reste avec nous".
C'est alors que nous nous ouvrirons à la grâce d'une rencontre complète avec le Christ. En effet, une fois installés, il faut bien manger. "Jésus prit le pain et, après avoir prononcé la prière de bénédiction, il le rompit et le leur donna". Ca ne vous rappelle rien tout ça??
Oui,
c'est à ce moment que les yeux des disciples s'ouvrent totalement,
et qu'ils reconnaissent celui qui, la nuit où il fut livré, prit du
pain et, après avoir rendu grâce le rompit et le donna à ses
disciples en disant "prenez mangez ceci est mon corps qui est
donné pour vous", le corps du Fils de Dieu brisé pour le
pardon de nos fautes.
Et
tout de suite après, Jésus disparaît. Pourquoi? Pour montrer son
pouvoir? Non, je crois que Luc veut ici nous montrer qu'il est plus
important pour nous de voir Jésus dans la Parole et les sacrements
que dans sa chair. Il est plus important de rencontrer le Christ
vivant dans la Parole et les sacrements avec les yeux de la foi que
de le voir avec les yeux de notre tête.
Et
le reste de l'histoire nous le prouve(Lc 24. 35-49) ; les deux
disciples retournent à Jérusalem et qu'est-ce qui se passe? :
Les amis de Jésus sont rassemblés
Jésus
apparaît au milieu d'eux
La
Parole est annoncée
Un
repas est partagé
Exactement comme dans l'histoire des pèlerins d'Emmaüs. Exactement comme dans les autres Evangiles où l'on retrouve le même schéma: disciples rassemblés, présence de Jésus, écoute de la Parole, partage du pain. Exactement comme dans le livre des Actes où Luc décrit ainsi la jeune église: ils persévéraient dans l'enseignement des apôtres (Parole), dans la communion fraternelle (rassemblement) dans la fraction du pain et dans les prières (repas) (Actes 2.42).
Est-ce
que vous voyez où je veux en venir? Le culte de la première église
était fondé sur l'expérience de la rencontre avec le Christ
ressuscité! Car nos cultes n'ont pas d'autre raison d'être que de
rencontrer le Christ vivant. Nous nous rassemblons, nous écoutons la
Parole, nous rompons le pain ensemble et nous sommes assurés de la
présence de Christ au milieu de nous. Ensemble, nous rencontrons le
Christ ressuscité.
Alors,
ne négligeons pas ces moyens par lesquels nous rencontrons notre
Seigneur et nous nourrissons notre foi. Nous avons besoin d'eux pour
avoir la force, comme les pèlerins d'Emmaüs, comme les premiers
chrétiens, d'aller dire aux autres: "Jésus est ressuscité!"
afin qu'ils puissent le rencontrer comme leur Seigneur et leur
Sauveur.
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