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Ce jour-là, le soir venu, Jésus leur dit: «Passons sur l'autre
rive.» 36 Après avoir renvoyé la foule, ils l'emmenèrent dans la
barque où il se trouvait; il y avait aussi d'autres barques avec
lui.37 Un vent violent s'éleva et les vagues se jetaient sur la
barque, au point qu'elle se remplissait déjà.
38 Et lui, il dormait à l'arrière sur le coussin. Ils le réveillèrent et lui dirent: «Maître, cela ne te fait rien que nous soyons en train de mourir?»
39 Il se réveilla, menaça le vent et dit à la mer: «Silence! Tais-toi!» Le vent tomba et il y eut un grand calme.40 Puis il leur dit: «Pourquoi êtes-vous si craintifs? Comment se fait-il que vous n'ayez pas de foi?»41 Ils furent saisis d'une grande frayeur et ils se disaient les uns aux autres: «Qui est donc cet homme? Même le vent et la mer lui obéissent!»
38 Et lui, il dormait à l'arrière sur le coussin. Ils le réveillèrent et lui dirent: «Maître, cela ne te fait rien que nous soyons en train de mourir?»
39 Il se réveilla, menaça le vent et dit à la mer: «Silence! Tais-toi!» Le vent tomba et il y eut un grand calme.40 Puis il leur dit: «Pourquoi êtes-vous si craintifs? Comment se fait-il que vous n'ayez pas de foi?»41 Ils furent saisis d'une grande frayeur et ils se disaient les uns aux autres: «Qui est donc cet homme? Même le vent et la mer lui obéissent!»
Jésus
et ses disciples traversent la mer de Galilée. Ils vont du bord juif
vers le bord des Gentils, du côté où ils sont chez eux vers celui
où ils sont étrangers, du côté où tout est familier vers celui
où tout est nouveau et différent. Nous n'avons peut-être jamais
traversé la Mer de Galilée, mais nous avons tous fait je pense ce
voyage qui nous mène vers un rivage nouveau et inconnu.
Cette
histoire n'est pas seulement celle d'une tempête et d'un voyage en
bateau. C'est une histoire qui parle de la vie. Qui parle de la foi.
Qui parle de la peur. Vie, foi, peur : on pourrait dire que ces trois là vont toujours ensemble.
Parfois
la mer de la vie est agitée. Le vent est fort. Le bateau prend l'eau
et menace de couler. Nous savons tous ce que c'est. Chacun de nous a
eu au moins une tempête dans sa vie. L'histoire de nos tempêtes
peuvent commencer par une visite chez le médecin ou le coup de fil
qui apporte la nouvelle. D'autres histoires de tempête commenceront
par des choix que nous avons faits, nos erreurs, nos péchés.
D'autres histoires évoqueront des relations humaines compliquées,
des projets tombés à l'eau, de chemins difficiles à trouver...
Certaines tempêtes nous tombent dessus d'un seul coup, alors que
pour d'autres on voit s'accumuler les nuages peu à peu.
Les
tempêtes arrivent et viennent nous frapper. Tempêtes de deuil et de
chagrin. Tempêtes de souffrance. Tempêtes de confusion. Tempêtes
d'échec. Tempêtes de déception et de regret. Tempêtes
d'incertitudes.
De
toute façon, les tempêtes sont liées à des circonstances qui
changent. La vie n'est pas plus contrôlable que la mer finalement.
Les choses ne se passent pas comme nous le voudrions. Parfois nous
avons l'impression que nous n'allons pas y arriver. L'ordre bien
douillet de nos vies peut être remplacé par un chaos complet. Nous
coulons. L'eau est profonde, et le nouveau rivage est tellement loin.
Je
ne sais pas si vous avez remarqué, mais dans de telles
circonstances, nous allons nous tourner vers Jésus, et bien souvent
sur un ton de reproche, comme les disciples le font ici. « cela
ne te fait rien que nous soyons en train de mourir? ». En
clair : Jésus, est-ce que tu t'intéresses seulement un peu à
nous ? Tu ne vois ce qui se passe ? Je pense que nous avons
tous déjà dit cela au milieu de nos propres tempêtes.
Ici,
une précision : les tempêtes ne sont pas nécessairement des
punitions. C'est arrivé pour Jonas, qui s'est retrouvé dans une
tempête alors qu'il fuyait pour ne pas obéir à Dieu. Mais ici, les
disciples sont dans la tempêtes précisément parce qu'ils ont obéi
à Jésus et qu'ils sont montés dans leur barque !
« cela
ne te fait rien que nous soyons en train de mourir? ». Au
milieu de la tempête, Jésus a l'air de se désintéresser
complètement, il a l'air absent, passif. Il dort, et les disciples
ne veulent pas d'un Jésus dormant : ça ne sert à rien !!
Pourtant,
Jésus est dans la même tempête et le même bateau que les
disciples. Il est entouré par la même eau, secoué par les mêmes
vagues, fouetté par le même vent. Sa réponse, elle, est
différente.
Pendant
que ses disciples s'angoissent, Jésus dort. Les disciples veulent
qu'ils fassent quelque chose : Jésus ne fait rien et dort,
paisible. Son sommeil nous montre quel la plus grande tempête et le
plus grand danger ne sont pas dans le vent, les vagues et l'eau (les
circonstances) mais bien en nous. La vraie tempête, la plus
menaçante est toujours celle qui fait rage en nous mêmes.
Cette
tempête intérieure est celle qui nous fait dériver, qui s'abat sur
notre foi et menace de nous faire couler. Le sentiment d'être
abandonné, l'incertitude du lendemain, le jugement (venant de nous
ou des autres) sont comme des vagues qui viennent nous frapper. Trop
souvent, la colère, l'isolement, le cynisme ou le déni
deviennent nos refuges dans la tempête.
«Silence!
Tais-toi!». Jésus parle à la mer et au vent. Jésus change le
temps, mais il invite surtout ses disciples à changer. Il parle au
vent et aux vagues de leur cœur. Les disciples ont parlé de ce qui
se passait autour d'eux. Jésus les renvoie vers ce qui se passe en
eux « «Pourquoi êtes-vous si craintifs? Comment se fait-il
que vous n'ayez pas de foi?»
La
parole de Jésus s'adresse plus à nous qu'aux circonstances de nos
vies. Les tempêtes arrivent. Il est faux de penser que les tempêtes
de nos vies peuvent être éliminées par la foi, ou par une foi
meilleure ou par une plus grande foi. La foi ne change pas la
tempête : elle nous change nous. La foi ne nous permet pas
magiquement d'éviter la tempête, mais elle est avec nous dans la
tempête. La foi est ce qui nous permet de voir Jésus et de savoir
qu'il est avec nous au cœur de la tempête. La foi est ce qui peut
nous permettre de ne pas intérioriser la tempête, de ne pas la
laisser dominer notre cœur.
Le
Saint Esprit souffle sur nous, et il est plus fort que tous les vents
mauvais qui peuvent s'abattre sur nos vies. La puissance de Dieu
dépasse tout ce qui peut nous affliger. L'amour de Dieu est plus
profond que toutes les eaux qui menacent de nous engloutir. Jésus
est là, présent dans chacune de nos tempêtes, et sa parole reste
la même : «Silence! Tais-toi!»
Dans
chacune de nos tempêtes, nous sommes placés devant un choix.
Qu'est-ce que nous allons laisser pénétrer en nous ? La
tempête, ou la paix qui vient de Jésus ? A quoi allons nous
nous soumettre ? À la crainte de la destruction ou à la
puissance de Dieu manifestée en Christ.
Dans
toutes nos tempêtes, plaçons notre foi en Jésus-Christ !
1 commentaire:
Merci pour ce beau texte; c'est très édifiant!
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