Frères et sœurs, la parole de ce matin est à mon avis l’une des plus « lumineuses » des Ecritures. Elle nous éclaire, en effet, sur ce qu’était notre vie loin de Dieu, et notre bonheur, à présent, de lui appartenir. Un coup de projecteur sur des sujets que beaucoup cherchent et croient trouver hors de l’Eglise : l’assurance d’une relation solide avec Dieu, l’endurance dans l’épreuve, la patience à aimer notre prochain jusque dans ses différences… Tout cela n’est rien d’autre que notre réponse à un amour plus grand encore, un simple remerciement pour le jour où Jésus nous a dit – et ce sera le thème de notre méditation : Je te donne la lumière !
- Hier encore, tu vivais dans les ténèbres.
- Aujourd’hui, tu es lumière dans le Seigneur ; et enfin :
- Fuis les ténèbres et marche dans la lumière !
Hier encore, tu vivais dans les ténèbres.
Primitivement, dans la Bible, les ténèbres sont l’absence de vie :
« Au commencement… la terre était informe et vide, dit le premier verset de la Genèse ; les ténèbres couvraient l’abîme. »
Puis le sens se précisa pour désigner le Shéol, la région des morts, sous la terre, où le soleil n’arrive pas. Ainsi Job déprimé s’écrie (17.13) : « Le séjour des morts sera mon domicile, c’est dans les ténèbres que je prépare mon lit ! ». Dans un sens figuré, le terme désigne l’obscurité spirituelle dans laquelle l’homme est plongé quand il vit loin de Dieu. Une obscurité mortelle puisque sur elle règne le prince des Ténèbres, le diable ! Ainsi, l’apôtre Pierre écrit, dans sa première lettre (1P 2.9) : « [Le Christ] vous a appelés des ténèbres à sa merveilleuse lumière… »
Notez bien que cette nuit de péché doit quand même posséder un certain confort puisque beaucoup s’y plaisent et profitent de la vie comme au temps du patriarche Noé… Personnellement, j’en ai fait partie. Triste constat pour l’Eternel (Es 1.3) : « J’ai nourri et élevé des enfants, dit-il - mais ils se sont révoltés contre moi. Le bœuf connaît son propriétaire et l’âne la mangeoire de son maître, cependant Israël ne connaît rien, mon peuple n’a pas d’intelligence. »
C’est quand ont en sort, en fait, qu’on réalise a posteriori que tout cela menait à la mort. Oui, nous sommes sortis des ténèbres quand Dieu nous a donné la lumière. Aujourd’hui, tu es lumière dans le Seigneur.
Que dit Paul ? « [Jésus] s’est donné lui-même pour nous comme une offrande et un sacrifice dont l’odeur est agréable à Dieu. » (v.2)
Jésus s’est donné lui-même. Nous retrouvons ici, comme dans bien d’autres passages de la Bible, ces images d’offrande et de sacrifice. Les comprenons-nous vraiment ?
Avant Jésus, les croyants apportaient des sacrifices à Dieu. C’était la loi de Moïse. Imaginez la scène : l’arche de l’alliance est un coffre renfermant les tables de la Loi. Cette loi qui dénonce l’homme parce qu’elle n’est pas respectée ; elle représente, en fait, tout ce qui sépare l’homme de son Créateur. Dieu a constamment cette loi sous les yeux ; elle lui rappelle – si l’on peut dire – que l’homme est pécheur. Sur l’autel, le grand prêtre égorge un jeune agneau. Le sang coule sur le couvercle de l’arche et s’interpose, en quelque sorte, entre la loi – contenue dans l’arche - et le regard de Dieu. Le sang de l’animal « couvre » alors les tables de la loi et, par la même, le péché de l’homme. Or, rappelez-vous ce que Jean Baptiste dit à ses disciples au sujet de Jésus : « Voici l’agneau de Dieu qui ôte le péché du monde ! » Tout cela annonçait bien le grand sacrifice de Jésus.
C’est le cœur de notre foi : Jésus est l’offrande que Dieu dut exiger pour que sa justice soit satisfaite ! Notre péché a coûté à Dieu son Fils unique… Paul écrit encore dans sa lettre aux Romains (3.25) : « C’est lui que Dieu a destiné à être par son sang une victime expiatoire (c’est-à-dire de remplacement), une victime pour ceux qui croiraient. » Jésus est mort à notre place, et grâce à sa mort nous ne mourrons pas, mais nous vivrons pour toujours auprès de lui. En subissant la mort, le salaire du péché, il nous dispense précisément de la subir éternellement !
Maintenant que nous sommes rachetés, nous sommes enfants de Dieu, « enfants bien-aimés » ! Les orphelins d’hier sont devenus fils de Dieu.
Dans sa Ballade des gens heureux, Gérard le Normand chante : Tu n’as peut-être pas de titre, ni de grade, mais tu dis tu quand tu parles à Dieu…
Il a raison. Tu n’avais rien et te voilà heureux auprès d’un père qui te connaît – et l’intimité est telle que l’on ne s’embarrasse pas de formules de politesse -, un père qui t’écoute, qui comprend ce dont tu as besoin !
Tout cela depuis que Jésus nous a revêtus de sa sainteté ; Paul nous le rappelle : « Que l’immoralité… l’impureté ne soient pas même mentionnées parmi vous comme il convient à des saints. » (V.4)
Saints ! Le mot vient de la langue des patriarches ; il veut dire couper, séparer. Dieu sépare du monde un objet ou un homme pour le mettre à son service. Les apôtres reprendront ce thème : le saint est celui qui est consacré au service de Dieu, séparé du monde pécheur, appelé à servir Dieu.
« De la part de Paul, apôtre de Jésus-Christ, aux saints qui sont à Ephèse…» C’est la première phrase de notre épître, une salutation à des gens qui, comme vous, sont fidèles en Jésus-Christ. Perfectibles dans leurs œuvres, sans aucun doute, mais élus de Dieu, mis à part, arrachés aux ténèbres, illuminés de sa grâce.
C’est le troisième rappel de Paul : « Autrefois vous étiez ténèbres, maintenant vous êtes lumière dans le Seigneur » (V.9)
Tous les jeunes qui préparent le bac ont au moins une œuvre d’Albert Camus au programme. J’aime celle où il nous parle du théâtre qui selon lui, est un lieu de vérité, contrairement au monde où l’on s’ennuie… Il écrit ceci : « Prenez un de ces acteurs non - professionnels qui figurent dans nos salons, nos administrations ou plus simplement nos salles de générales. Placez-le sur cette scène, à cet endroit exact, lâchez sur lui 4000 watts de lumière, et la comédie alors ne tiendra plus, vous le verrez tout nu d'une certaine manière, dans la lumière de la vérité. »
« Dans la lumière de la vérité »… Cela ne vous rappelle rien ?
Voyez, ici, la littérature s’inspire des Evangiles. Rien qu’un exemple : Jean écrit au sujet de Jésus (1.4, 9) : « En [lui] il y avait la vie, et cette vie était la lumière des êtres humains. Cette lumière était la vraie lumière qui, en venant dans le monde, éclaire tout être humain. » Et un peu plus loin, Jésus dit lui-même, « Je suis le chemin, la vérité et la vie… »
Alors merci Seigneur, de m’avoir éclairé par la Bible, Parole de vérité ! Merci Jésus, parce que la Bible est comme une lampe à mes pieds, une lumière sur le sentier de ma vie… Merci Esprit saint parce que ta Loi est pour moi comme un phare qui me protège des récifs du péché et me rassure… Merci aussi Dieu, pour toutes les fois où je suis comme une petite lampe qui brûle en ton nom pour éclairer mon fils, ma fille, mon conjoint qui doutent encore…
Oui, nous étions « ténèbres » ; Dieu nous a donné la lumière et ce commandement : Fuis les ténèbres et marche dans la lumière !
En effet, entre lumière et ténèbres, la vie n’est pas la même. Versets 3 et 4 : « Que l’immoralité sexuelle, l’impureté sous toutes ses formes ou la soif de posséder ne soient même pas mentionnées parmi vous, comme il convient à des saints. Qu’on n’entende pas de paroles grossières, de propos stupides ou équivoques – c’est inconvenant – mais plutôt des paroles de reconnaissance. »
Immoralité sexuelle, impureté sont tous les péchés qui concernent le 6e commandement. Ce sont des plaies pour une société. Que ce soit vécu, ou simplement pensé, regardé, quel combat quotidien pour y échapper !
Ajoutés à la soif de posséder, tout cela attriste notre Dieu. Le chrétien ne veut pas de cela parce qu’il a changé de maître : des ténèbres, il est passé à la lumière ; pourquoi ferait-il offense au Dieu qui l’a sauvé ?
Alors, le sexe : c’est tabou ? Non ! Pas du tout. Dieu nous l’a donné, comme tous les organes de notre corps, pour jouir de la vie et être heureux. C’est d’ailleurs le thème de l’une de nos études bibliques et le rappel de toutes les préparations au mariage. Les filles et les garçons qui s’aiment et veulent se marier pour fonder un foyer doivent savoir que Dieu les bénira. Il a inventé le mariage pour donner du bonheur à ceux qui font le pari de la fidélité. Du bonheur, et beaucoup de joie à s’aimer ! Mais il est bien vrai que nous ne trouvons guère d’écho à cela dans le monde qui nous entoure, et Satan sait nous tenter comme si rien ne s’était passé, comme s’il était encore notre maître… C’est là que la prière est toute puissante pour l’éloigner de nous, pour affirmer que notre cœur nouveau aspire à une vie nouvelle !
L’enjeu est vital ; Paul ne le cache pas : « Aucun être immoral, impur ou toujours désireux de posséder plus - c’est-à-dire idolâtre - n’a d’héritage dans le royaume du Christ et de Dieu » (V.5) !
« Dans le royaume du Christ et de Dieu ». Figurez-vous que cette expression est unique dans le Nouveau Testament : on ne la trouve nulle part ailleurs !
Ce n’est sûrement pas un hasard. Vous voyez ici qu’on ne peut parler du règne du Christ sans parler du même coup du règne de Dieu ! Paul est clair, sans équivoque ; il rappelle en passant une vérité capitale : si Dieu est amour, les Ecritures nous enseignent aussi – ne l’oublions jamais – qu’il se montre impitoyable avec ceux qui sépare Christ de Dieu.
J’aime cette expression de l’apôtre : « Soyez les imitateurs de Dieu » et plus loin : « Vivez dans l’amour en suivant l’exemple de Christ ».
Quel est le modèle laissé par le Christ ? Paul écrit (V.9) : « Le fruit de l’Esprit – que possèdent les enfants de lumière - consiste en toute forme de bonté, de justice et de vérité. » Bonté, les uns envers les autres ; bonté pour nous pardonner réciproquement. Bonté quand l’individualisme règne ! Paul dit ailleurs que c’est le lien de la perfection.
Justice, à l’exemple de Joseph, dans l’Ancien Testament : un professionnel chrétien en terre païenne dont le premier principe était de tout régler selon les commandements de son Dieu. Le juste est celui dont la réputation est d’être équitable, de pratiquer l’hospitalité et de vivre en honnête homme. Il se conduit, en fait, comme l’artisan de paix des Béatitudes…
Bonté, justice et vérité. Nous parlions de la vérité tout à l’heure, en rapport avec la lumière… C’est un appel à être vigilant. Nous ne vivons pas dans ce monde pour tout en gober. A l’heure actuelle, où l’on ne sait plus ce qu’il faut croire ni à quel gourou se vouer, où le niveau de connaissance spirituelle est extrêmement bas, de sorte que si vous faites mine d’avoir un catéchisme solide, on vous traite de sectaire et d’endoctriné ! Oui, aujourd’hui plus que jamais, nous voulons construire notre foi sur la Bible pour reconnaître l’erreur et grandir dans la vérité !
Bonté, justice et vérité, en suivant l’exemple de Christ : ce sont des mots qui devraient être écrits dans nos agendas, en post’it au coin de l’écran de l’ordinateur et partout où notre regard se pose… Que de sujets de prière personnelle contenus dans ces trois mots !
Ainsi, élus de Dieu, saints et bien-aimés, nous marcherons de progrès en progrès vers le but parfait que nous donne Jésus, lui qui fut vraiment amour, justice et vérité… Et lorsqu’il reviendra dans toute sa gloire, nous dirons : « Abba, Père ! » et lui répondra : « Venez dans le royaume que je vous ai préparé ! »
Combien d’images pour nous faire goûter un peu de cet éternel bonheur ! La Bible nous dit (Mt 21.21) : A ceux qui ont été fidèles en peu de choses, Christ promet de confier beaucoup ! Et encore (Mt 5.12) : Notre récompense sera grande dans les cieux !
Vos noms sont inscrits dans le livre de vie, dit Jean dans l’Apocalypse, et il ajoute : Nous avons reçu un nom nouveau, le nom même de Jésus-Christ !
Alors, quand survient une épreuve, dans notre vie personnelle, professionnelle ou familiale ; dans notre vie d’Eglise aussi, c’est là qu’il nous faut lire et relire ces lignes par lesquelles l’apôtre s’adresse à nous ce matin ; les chrétiens d’Ephèse étaient des femmes et des hommes comme nous, avec leurs angoisses, leurs doutes, leurs occasions de chute… C’est dans ces moment là, oui, qu’il nous faut nous souvenir que nous ne vivons pas comme les païens qui n’ont pas d’espérance !
Notre vie, Dieu nous la donnée pour que nous en fassions quelque-chose de bon et de beau. Une vie qui suive l’élan du Seigneur. Une vie toute entière illuminée par la grâce promise que Dieu tient en réserve pour ses élus. Amen !
Pasteur François Poillet
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