samedi 1 août 2009

Genese 25.19-34 (Vie de Jacob 1)

19 ¶ Voici l’histoire d’Isaac : Isaac était fils d’Abraham.
20 A l’âge de quarante ans, il avait épousé Rébecca, soeur de Laban et fille de Betouel, un Araméen de Haute–Mésopotamie.
21 Mais Rébecca ne lui donnait pas d’enfant ; alors Isaac supplia le Seigneur en faveur de sa femme. Le Seigneur écouta sa prière, et Rébecca devint enceinte. Elle attendait des jumeaux.
22 Or les enfants se donnaient des coups dans le ventre de leur mère. Elle s’écria : S’il en est ainsi, à quoi bon être enceinte ? Elle alla consulter le Seigneur.
23 Le Seigneur lui dit : Il y a deux nations dans ton ventre, deux peuples distincts naîtront de toi. L’un sera plus fort que l’autre, l’aîné servira le plus jeune.
24 Lorsque fut arrivé le moment de l’accouchement, il n’y eut plus de doute : Rébecca avait des jumeaux.
25 Le premier qui sortit était roux. Il était couvert de poils, comme d’un manteau, et on l’appela Ésaü.
26 Après lui sortit son frère. Sa main tenait le talon d’Ésaü et on l’appela Jacob. Isaac avait soixante ans à leur naissance.
27 Les garçons grandirent. Ésaü devint un excellent chasseur qui aimait courir la campagne. Quant à Jacob, c’était un homme tranquille qui restait volontiers sous la tente.
28 Isaac préférait Ésaü, car il appréciait le gibier, tandis que Rébecca préférait Jacob.
29 ¶ Un jour que Jacob préparait un potage, Ésaü revint de la chasse, très fatigué,
30 et lui dit : Je n’en peux plus. Laisse–moi vite avaler de ce potage roux. – C’est pourquoi on l’a surnommé Édom, c’est–à–dire le Roux. –
31 Jacob répondit : Cède–moi d’abord tes droits de fils aîné.
32 Ésaü déclara : Je vais mourir de faim. A quoi me serviront mes droits de fils aîné ?
33 Jacob reprit : Jure d’abord. Alors Ésaü jura qu’il lui cédait ses droits de fils aîné
34 et Jacob lui donna du pain et du potage aux lentilles. Ésaü mangea et but, puis s’en alla. Il n’accorda aucune importance à ses droits de fils aîné.


Chers frères et sœurs,

Comme je vous l'ai annoncé la semaine dernière, nous commençons aujourd'hui une brève série de prédications sur la vie de Jacob. Peut-être me faut-il expliquer ce choix:
-d'une part, je crois qu'il est bon de prêcher aussi sur l'Ancien Testament, que l'on tend parfois à trop oublier.
-ce fait est d'ailleurs étrange: une étude réalisé aux Etats-Unis a montré que, parmi les étudiants impliqués dans des études bibliques (croyants ou non), une majorité préfère se pencher sur l'Ancien Testament. Je crois que la raison en est que l'Ancien Testament est composé d'une grande partie d'histoires. Dans les livres de l'Ancienne Alliance, il y a de l'action, des personnages intéressants, du suspense même. Les hommes et les femmes de l'Ancien Testament, après tous ces siècles, nous paraissent encore proches de par leur humanité même: ils nous ressemblent!

Nous voici donc devant le début de l'histoire des deux frères, Esaü et Jacob. Et, en fait, pour ce premier sermon sur Jacob, nous allons surtout parler d'Esaü, son aîné. J'ai choisi de me concentrer sur les derniers versets de notre passage. Je vous les relis:

Est-ce que vous avez, comme moi, l'impression qu'Esaü n'était pas nécessairement le plus grand génie que la terre ait porté? Le marché que son frère lui met en mains, c'est "je te donne du ragout, tu me laisses tout ton héritage". Et Esaü accepte, sur le champ.

Il aurait pourtant dû voir qu'il y avait anguille sous roche, ce pauvre Esaü. Sans doute avait-il entendu parler de la prophétie que sa mère avait reçue avant la naissance des deux faux jumeaux: "l'aîné servira le plus jeune". Sans doute savait-il que son charmant petit frère lui tenait déjà le talon quand ils étaient nés et que son nom même, "Jacob" ; est rattaché au verbe qui signifie "supplanter, usurper" (littéralement, "saisir par le talon").

Pourtant, malgré tout cela, Esaü tombe dans le panneau, tête baissée. Et ce qui est en cause ici, frères et sœurs, ce n'est pas une crétinerie effarante: c'est un problème spirituel. L'auteur de la lettre aux Hébreux (12.16-17) pose ainsi le diagnostic:

16 que personne ne méprise les choses sacrées, comme Ésaü qui, pour un seul repas, vendit son droit de fils aîné.
17 Plus tard, vous le savez, il voulut recevoir la bénédiction de son père, mais il fut repoussé. Il ne trouva aucun moyen de changer la situation, bien qu’il l’ait cherché en pleurant.

Que fait Esaü? Il vend son droit d'aînesse en échange d'un peu de nourriture. Or, ce droit d'aînesse représente quelque chose de fondamental dans la société de l'époque; il est accompagné de privilèges importants et d'une position de domination. Bien plus, Esaü est aussi (surtout?) le petit-fils d'Abraham, celui avec lequel Dieu avait conclu une alliance, une alliance de salut qui englobait bien sûr les descendants du patriarche.
Le droit d'aînesse d'Esaü n'était donc pas seulement une affaire d'héritage des biens familiaux: il avait une dimension spirituelle, parce qu'être l'aîné des descendants d'Abraham le plaçait dans une position particulière dans le plan éternel de Dieu.
Cela, Esaü le savait certainement. Et pourtant, avec une désinvolture totale, il abandonne sa position (qui plus est, par serment!). Et tout ça pourquoi? Parce qu'il a une grosse faim et qu'il se croit prêt à mourir (comme si l'on pouvait mourir d'une grosse hypoglycémie). Il ne devait quand même pas être trop en danger, Esaü, qui tout de suite après s'être rassasié repart tranquillement, comme si de rien n'était.
Non, Esaü n'était pas en danger de mort. Il a tout simplement montré une chose: il n'a rien à faire de son droit d'aînesse et de sa place dans le plan de Dieu. Pour lui, cela compte moins qu'un bol de soupe. Bien sûr, Jacob est un trompeur, mais jamais Esaü ne se serait laissé berner s'il avait accordé du prix à sa position d'aîné.

Et bien je crois frères et sœurs que nous pouvons faire la même erreur qu'Esaü: négliger ou mépriser l'essentiel au profit de quelque chose de passager et de peu de valeur.
Paul dit en Romains (5.8):


5 En effet, ceux qui sont sous l’emprise de la chair s’accordent aux tendances de la chair, tandis que ceux qui sont sous l’emprise de l’Esprit s’accordent aux tendances de l’Esprit. 6 Or la chair tend à la mort ; l’Esprit, lui, tend à la vie et à la paix.

Le problème d'Esaü est qu'il vivait selon la chair, c'est-à-dire selon sa propre nature humaine, sans se soucier des choses de Dieu, sans prendre en compte la réalité spirituelle. Ils sont nombreux aujourd'hui les Esaüs dont l'horizon est limité à l'acquisition de biens terrestres et qui préfèrent le potage du matérialisme à l'éveil spirituel. Ils croient vivre ,et même profiter de la vie, alors qu'ils passent à côté du plus important. Mais même nous chrétiens, il nous arrive trop souvent de négliger notre statut d'enfant de Dieu pour nous conformer au monde, à ses valeurs et à ses exigences. La plupart des études réalisées sur le mode de vie des chrétiens montre qu'il ne se distingue pas de façon marquée de celui des incroyants. Pourtant, Paul pouvait dire aux chrétiens de Rome (Rom 5.9):

9 Quant à vous, vous n’êtes pas sous l’empire de la chair, mais sous celui de l’Esprit, s’il est vrai que l’Esprit de Dieu habite en vous.

Posons-nous la question frères et sœurs: est-ce que notre vie est marquée par la présence de l'Esprit, ou bien avons-nous tendance à mépriser les choses sacrées en les plaçant en cinquième roue du carrosse dans notre existence? Le Christianisme est sans doute appelé à devenir de plus en plus minoritaire dans nos pays. Si nous voulons résister à la pression de la société environnante et rester fidèles à Dieu, nous ne pouvons plus nous permettre d'être des chrétiens à temps (très) partiel, des Chrétiens du dimanche (sic)…

Heureusement pour nous tous, il y en a un qui, contrairement à Esaü, n'a pas méprisé son droit d'aînesse. La Bible décrit Jésus comme:

5 le témoin fidèle, le Fils premier–né, le premier à avoir été ramené d’entre les morts, et le souverain des rois de la terre. Le Christ nous aime et il nous a délivrés de nos péchés par son sacrifice, 6 il a fait de nous un royaume de prêtres pour servir Dieu, son Père. A lui soit la gloire et la puissance pour toujours ! Amen.

Jésus est venu parmi nous pour accomplir l'alliance de salut conclue entre Dieu et Abraham, l'ancêtre d'Esaü. Contrairement à ce dernier, il n'a pas méprisé son droit d'aînesse. Il est allé jusqu'au bout et après avoir apporté un message d'amour et de réconciliation, il est mort sur la croix pour que nous puissions recevoir une vie nouvelle.
Romains 8.29 nous explique que

Dieu nous a prédestinés à être semblables à l'image de son Fils, afin qu'il soit le premier-né d'un grand nombre de frères. 30 Et ceux qu'il a prédestinés, il les a aussi appelés, et ceux qu'il a appelés, il les a aussi justifiés et ceux qu'il a justifiés, il les a aussi glorifiés.

Voilà ce qu'est la vie chrétienne: ressembler chaque jour de plus en plus à Jésus. Cela se fait par l'action de l'Esprit qui, comme nous l'avons entendu ce matin, tend à la vie et à la paix.

La vie éternelle. La paix avec Dieu, avec nous-mêmes et avec les autres. Voilà ce que Dieu nous donne en Jésus-Christ, le premier-né parmi nos frères. Ne méprisons pas ces choses sacrées.

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