samedi 27 mars 2010

PHILIPPIENS 2.5-11 (Dimanche des Rameaux)



Entrée de Jésus dans Jérusalem Enluminures de l’évangéliaire d’Egbert (10 ème siècle). Lire Luc 19.28-44


Phi 2:5 Tendez à vivre ainsi entre vous, car c'est ce qui convient quand on est uni à Jésus-Christ.Phi 2:6 Lui qui, dès l'origine,était de condition divine,ne chercha pas à profiter de l'égalité avec Dieu,
Phi 2:7 mais il s'est dépouillé lui-même,et il a pris la condition du serviteur.Il se rendit semblable aux hommes en tous points, et tout en lui montrait qu'il était bien un homme.
Phi 2:8 Il s'abaissa lui-même en devenant obéissant, jusqu'à subir la mort,oui, la mort sur la croix.
Phi 2:9 C'est pourquoi Dieu l'a élevé à la plus haute place et il lui a donné le nom qui est au-dessus de tout nom,
Phi 2:10 pour qu'au nom de Jésu tout être s'agenouille dans les cieux, sur la terre et jusque sous la terre,
Phi 2:11 et que chacun déclare: Jésus-Christ est Seigneur à la gloire de Dieu le Père.


Chers frères et soeurs,

Aujourd'hui, c'est le dimanche des Rameaux, qui ouvre la Semaine Sainte où nous allons revivre le drame des derniers jours et des dernières heures de Notre Seigneur.



Reconnaissons-le, parfois, ce temps de notre calendrier liturgique est quand même lourd, sombre. Le service de Vendredi Saint est là pour nous rappeler tout ce que Christ a souffert pour nous. Entre les acclamations joyeuses de l'entrée à Jérusalem et la gloire de la tombe vide du matin de Pâques, tout l'espace est occupé par une croix sanglante. Oui, souvent, nous préférons un roi triomphant à un serviteur souffrant ou à un agneau immolé.



St Paul a écrit aux Philippiens (et à nous) que Jésus a choisi de devenir un serviteur souffrant. Jésus aurait très bien rester ce qu'il était: le glorieux Fils de Dieu, pas limité par un corps humain et ne connaissant pas la douleur. Même après avoir pris forme humaine, Jésus est resté Dieu, et il aurait très bien pu ne pas souffrir et ne pas accepter de diminuer sa gloire. Mais il a choisi de devenir serviteur. Jésus a choisi le chemin de la faiblesse, de la douleur et de la mort, et il l'a fait pour nous.

Et c'est là une grande difficulté. Nous nous approchons du jour où Dieu est mort. C'est l'offense de la croix, parce que, cloué au bois, Jésus qui était Dieu a donné sa vie. Comment Dieu peut-il mourir, puisqu'il est éternel et immortel? Pourquoi devrait-il mourir, puisqu'il est bon et pur, aimable et admirable? La mort de Jésus est la mort de Dieu et c'est là pour nous un mystère et un scandale, et ça l'est encore plus lorsque nous nous rendons compte que le récit de la Passion nous dit que Dieu est mort pour nous.

Depuis des siècles, des gens ont essayé d'échafauder des théories qui permettraient d'adoucir l'histoire, de la rendre plus acceptable. Ainsi, certains ont dit que Jésus n'était pas mort sur la Croix, mais qu'il s'était juste évanoui. D'autres ont dit que Jésus n'était pas Dieu. Je parlais l'autre jour avec un très bon ami à moi de choses spirituelles. Il est féru d'histoire et m'a demandé ce que je pensais de l'Arianisme, l'hérésie très répandue dans les premiers siècles de l'Eglise qui disait que Jésus n'était qu'un homme mais pas Dieu. Il se demandait s'il était finalement très important de croire que Jésus était bien Dieu. Je lui ai répondu que si Jésus n'était qu'un homme, alors le vieil adage chrétien "dieu s'est fait homme pour que l'homme puisse devenir dieu" ne tient plus. Si ce n'est qu'un homme qui est mort sur une croix il y a 2000 ans, Jésus est au plus une sorte de Gandhi palestinien. Son histoire est triste, mais pas plus que beaucoup d'autres, et nous n'avons pas vraiment de raisons de nous y attarder. Nos péchés ne sont pas effacés!

Mais nous voyons Paul réaffirmer la vérité fondamentale de notre foi: Jésus était de condition divine, Jésus était Dieu. Il possédait la même gloire, la même sainteté, la même sagesse, la même puissance que le Père. Mais Jésus n'a pas regardé tout cela et il s'est abaissé, il s'est humilié. Il est devenu l'un de nous, il s'est fait homme. Son humanité n'était pas différente de la nôtre; sauf sur un point essentiel: c'est que Jésus était sans péché. Il n'a jamais commis un seul péché et pourtant il a payé pour les vôtres, pour les miens.

Jésus a vécu une vie comme la nôtre. Il a eu faim, il a eu soif, il a été fatigué. Pourtant Dieu n'a pas faim, il n'a pas soif, il n'est jamais fatigué. Dieu ne saigne pas, non plus. Il ne souffre pas. Il ne peut pas mourir. Mais Christ, qui était vrai Dieu et vrai homme a accepté de quitter le sein du Père pour venir souffrir et mourir à votre place pour que vos fautes soient effacés, en se faisant serviteur.

C'est bien la chair du Fils de Dieu qui a été clouée à la croix. Encore une fois, la mort d'un homme, même très bon, ne serait d'aucune utilité pour notre salut éternel. Mais Jésus a déposé la chair et le sang de Dieu sur la croix, et sa mort est tout pour nous. La mort de Jésus et sa résurrection sont les évènements centraux de l'histoire du monde, bien plus importants que la Première Guerre Mondiale ou la Chute du Mur de Berlin! La Croix est le véritable pivot de l'histoire humaine, celui par rapport auquel tous les humains sont amenés à se déterminer.

Sur la croix, Jésus a marqué sa solidarité avec une humanité pécheresse. Lui qui était saint et sans péché est devenu l'un d'entre nous, alors même que nous sommes pécheurs. Sur la croix, Jésus a embrassé toute l'humanité, parce que c'est lui qui a porté le poids de notre péché et de notre culpabilité.

Jésus est venu dans l'humilité pour porter ce qui était nos fardeaux: notre péché, notre mort, notre damnation. J'ai beaucoup pris le train à un certain moment de ma vie. J'ai toujours été surpris par les remerciements chaleureux des personnes dont j'avais mis les valises sur la galerie "Merci Monsieur, vous êtes bien aimable".
De la même façon, ce n'était pas à Jésus de porter nos fardeaux. Jésus n'avait pas à mourir. Il a choisi de mourir pour nous. Jésus-Christ, le seul homme qui n'avait pas à mourir, a choisi une mort terrible pour nous sauver.

Aujourd'hui, nous le voyons entrer à Jérusalem monté sur un simple ânon, lui qui aurait pu être porté par des myriades d'anges. Est-ce que vous croyez que les rois David et Salomon se promenaient sur des ânes?? Ce que nous avons en face de nous, c'est un serviteur. Jésus entre à Jérusalem pour se présenter à Dieu comme sacrifice expiatoire pour les péchés du monde entier. Oui, Jésus va à la boucherie pour nous. Et il le sait.

Et dans ce corps qui bientôt sera flagellé, roué de coups, couronné d'épines, cloué sur une croix se tient pourtant toute la force divine qui a créé notre univers et qui le soutient. Cette figure pathétique d'un fils de charpentier mourant, est en fait celle du grand Dieu qui protège et défend le monde même quand le monde se tourne contre lui. C'est ça, un serviteur.
Aujourd'hui encore, Jésus reste Dieu et homme. Mais il n'est plus serviteur. En théologie, on dit que son état d'abaissement (ou d'humiliation) a fait place à son état d'élévation (ou d'exaltation, si vous voulez creuser le sujet, voyez les pages 118 à 128 de votre catéchisme). A présent Christ siège à la droite du Père, entouré de la louange de Dieu et des saints.
A cette louange, nous nous joignons déjà, notamment quand nous chantons comme nous allons le faire tout à l'heure "Saint, saint, saint". Ce chant, c'est en fait un entraînement pour ce qui nous attend. Oui nous louons, dans nos chants, dans nos prières, le nom de Jésus, le nom par lequel nous sommes sauvés et par lequel la puissance du diable est défaite.
Un jour, tout genou fléchira dans le ciel, sur la terre ou sous la terre, que cela lui plaise ou non. Même Satan devra confesser de sa bouche que Christ est Seigneur. Ne vous laissez pas inquiéter par les oiseaux de mauvais augure qui nous disent que le christianisme est mort dans nos pays. Certes, l'église fidèle ne regroupe qu'un petit troupeau, mais ce n'est pas ça qui empêchera le plan divin de s'achever par la victoire de l'Agneau immolé; malgré les ruses du diable et la rébellion des hommes.
Alors, demeurons fidèles, gardons devant nous l'exemple d'humilité de notre Sauveur, puisque c'est ce que Paul nous invite à faire dans notre vie d'église. L'humilité, dans notre société, plus personne n'en a rien à faire. Dans les entreprises, parfois même dans les familles, on est prêt à tout pour ne pas "se laisser bouffer" (ou pour bouffer les autres autres?). il faut montrer les dents, bomber le torse et défendre son territoire!
Mais nous chrétiens, sommes appelés à quelque chose de différent dans les communautés au sein desquels l'Esprit nous réunit. "Ne faites rien par esprit de rivalité ou par désir d'une gloire sans valeur, mais avec humilité considérez les autres comme supérieurs à vous-mêmes. Que chacun de vous, au lieu de regarder à ses propres intérêts regarde aussi à ceux des autres." (2.3-4). Voilà notre feuille de route. Nous sommes appelés à suivre les pas de notre Sauveur. Bien sûr, cela peut faire peur. Quand on se rend humble, on se rend aussi vulnérable. Mais en prenant et en gardant ensemble toujours cette direction, nous pourrons créer dans l'église ces relations nouvelles que Dieu veut y développer, quand nous aurons un même amour, un même cœur, une même pensée (2.2). Jésus est venu dans l'humilité par amour pour nous. Marchons dans l'humilité par amour mutuel.

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