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4 Pourtant, moi-même je pourrais mettre ma confiance dans ma condition. Si quelqu'un croit pouvoir se confier dans sa condition, je le peux plus encore:5 j'ai été circoncis le huitième jour, je suis issu du peuple d'Israël, de la tribu de Benjamin, hébreu né d'Hébreux; en ce qui concerne la loi, j'étais pharisien;6 du point de vue du zèle, j'étais persécuteur de l'Eglise; par rapport à la justice de la loi, j'étais irréprochable.7 Mais ces qualités qui étaient pour moi des gains, je les ai regardées comme une perte à cause de Christ.8 Et je considère même tout comme une perte à cause du bien suprême qu'est la connaissance de Jésus-Christ mon Seigneur. A cause de lui je me suis laissé dépouiller de tout et je considère tout cela comme des ordures afin de gagner Christ9 et d'être trouvé en lui non avec ma justice, celle qui vient de la loi, mais avec celle qui s'obtient par la foi en Christ, la justice qui vient de Dieu et qui est fondée sur la foi.10 Ainsi je connaîtrai Christ, la puissance de sa résurrection et la communion à ses souffrances en devenant conforme à lui dans sa mort11 pour parvenir, d'une manière ou d'une autre, à la résurrection des morts.12 Ce n'est pas que j'aie déjà remporté le prix ou que j'aie déjà atteint la perfection, mais je cours pour tâcher de m'en emparer, puisque de moi aussi, Jésus-Christ s'est emparé.13 Frères et soeurs, je n'estime pas m'en être moi-même déjà emparé, mais je fais une chose: oubliant ce qui est derrière et me portant vers ce qui est devant,14 je cours vers le but pour remporter le prix de l'appel céleste de Dieu en Jésus-Christ.
Chers frères et sœurs,
Le carême est un temps de repentance. La repentance, nous l'avons vu la semaine dernière, c'est avant tout un changement radical de direction. Durant le carême, nous sommes invités à réfléchir à la réalité de notre péché et à nous en détourner. Mais ce n'est pas tout. Car s'il est important de nous détourner de nos fautes, il faut aussi que nous apprenions à nous détourner de nos bonnes actions. C'est seulement ainsi que nous pourrons pleinement entrer dans la vie chrétienne, en nous centrant seulement sur Christ.
C'est ce que Paul cherche à faire comprendre aux chrétiens de l'église de la ville de Philippe dans notre texte. Il y avait des problèmes dans cette église. Des gens étaient venus dire aux chrétiens qu'en plus de croire en Jésus, il fallait qu'ils suivent les prescriptions de la Loi juive, la loi de Moïse. Pour être sauvé, il ne suffisait pas de croire en Christ, il fallait aussi obéir aux commandements. Alors Paul met en garde les gens de Philippe, et il utilise l'histoire de sa propre vie comme illustration.
"Attendez, dit l'apôtre, on vous dit de suivre la Loi juive et ses commandements? Je suis bien placé pour vous dire que ça ne sert à rien, que c'est même dangereux parce qu'à partir de ce moment-là, vous êtes sur une pente glissante qui vous éloigne de Jésus au lieu de vous en rapprocher".
Paul, comme il l'explique, était un Juif de pure race, un membre du peuple que Dieu s'était choisi dans l'Ancienne Alliance. Bien plus, il appartenait au groupe religieux le plus strict au sein du judaïsme, le plus focalisé sur l'obéissance aux commandements: les Pharisiens. Nous savons par ailleurs que Paul avait été l'élève d'un grand maître juif, Galamiel. Nous savons aussi que Paul a tout d'abord cherché à tout prix à détruire l'Eglise naissante et à persécuter les chrétiens par tous les moyens. S'il y avait un homme qui pouvait mettre ces espoirs dans la religion juive, c'était bien Paul.
Et le voilà qui dit que toutes ces choses, il les considère comme des ordures (v.8), ce qui est d'ailleurs une traduction encore bien du terme grec original.
Son pédigrée impeccable, son CV immaculé de Pharisien, le prestige que tout cela lui apportait, le brillant avenir qui lui était assuré, Paul dit que c'est zéro, rien, nada, c'est quelque chose qui sent mauvais. Pourquoi? Comment est-ce que cette révolution complète a pu avoir lieu? Il y a eu une rencontre, un bouleversement dans la vie de Paul et qui doit se produire aussi dans la nôtre si nous voulons vraiment vivre.
Un jour, sur le chemin de Damas, Jésus s'est révélé à Paul (Actes 9). Celui qui était un ennemi acharné de l'Eglise a compris qui était Jésus.
"C'est par la grâce que vous êtes sauvés, par le moyen de la foi. Et cela ne vient pas de vous, c'est le don de Dieu" (Eph 2.8). Ces paroles tirées de la lettre aux Ephésiens, elles sont devenues le cœur de la vie de Paul. Il est devenu un paria, un homme pourchassé et balloté
C'est par la grâce que vous êtes sauvés, par le moyen de la foi. Nous les connaissons ses paroles. Mais le plus difficile, c'est de bien les avoir à l'esprit dans notre marche quotidienne. La société autour de nous insiste sur les performances, sur les accomplissements. Cela ne nous aide pas, d'autant plus que notre vieille nature cherche toujours à reprendre le dessus et à nous faire croire que nos œuvres ont de la valeur.
Alors, bien sûr, je ne suis pas en train de vous dire de ne pas, par exemple, faire les courses pour une voisine qui s'est cassé la jambe, de ne pas prêter une oreille attentive à quelqu'un qui a besoin de parler, de ne pas vous engager dans les diverses associations qui font vivre nos villes et nos villages. Je ne suis pas en train de vous dire de vous sentir coupable quand on vous dit merci.
Mais il est important, non, fondamental de nous souvenir encore et toujours que toutes ces "bonnes actions" sont absolument incapables de nous ouvrir la porte des cieux. Aucune d'entre elles ne vous rapprochera de notre Père céleste. En fait, notre orgueil va nous pousser à dire "oh, finalement, je ne suis pas si mauvais que ça. En fait il y a bien pire que moi. On peut même dire que je suis un brave type dans le fond". A partir de ce moment-là, nous nous comportons comme ses malades qui refusent d'admettre qu'ils le sont et qui se dispensent de traitement.
Nous devons comprendre que nous n'avons pas besoin d'un code moral (les incroyants sont souvent plus "moraux" que nous); nous n'avons pas besoin d'une religion, nous avons besoin d'un Sauveur, parce que notre situation est tellement désespérée que nous ne pouvons pas nous en sortir tout seuls. Ce sauveur, c'est Jésus-Christ, qui vécu une vie parfaite à notre place et a expié nos fautes à la croix.
Voilà pourquoi Paul dit qu'il veut être trouvé "avec (sa) justice, celle qui vient de la loi, mais avec celle qui s'obtient par la foi en Christ, la justice qui vient de Dieu et qui est fondée sur la foi." Le problème de la Loi, c'est qu'elle exige de nous une obéissance parfaite, impeccable, dont nous sommes incapables. Alors, pour que nous puissions pardonnés, purifiés de nos fautes, Dieu a envoyé son Fils pour que dans sa mort nous obtenions sa justice. Si vous croyez en Jésus, Dieu voit sa vie sainte et pure quand il vous regarde: tous vos péchés sont oubliés, effacés, vous êtes libre! Vous n'avez plus besoin de chercher désespérement à gagner votre salut par vos œuvres: il vous a déjà été par Jésus acquis à la croix!
Voilà pourquoi Paul dit que rien n'a de valeur à côté de la connaissance de Christ. Est-ce que vous vous êtes rendu compte qu'il y a une grande différence entre croire en Dieu et connaître Dieu? On peut croire en Dieu comme en une grande force cosmique anonyme. On peut croire en Dieu comme en une sorte de grand vieillard barbu trônant dans les cieux et qui ne se soucie pas de nous. En fait, ne pas croire en Dieu et s'en faire une fausse image sont deux erreurs finalement assez proches l'une de l'autre.
Mais nous pouvons connaître Dieu, parce que nous pouvons connaître Jésus-Christ. Etre Chrétien, c'est connaître Christ. Pas connaître des choses le concernant, mais le connaître comme on connaît un ami, un frère. Mais être Chrétien, c'est aussi savoir que Jésus nous connaît aussi de façon personnelle. Je suis le Bon Berger a dit Christ, je connais mes brebis et mes brebis me connaissent.
Et cette idée de connaître Christ, dans le Nouveau Testament, équivaut à "être sauvé". Mais, dans le même temps, nous sommes appelés à toujours connaître de plus en plus, de mieux en mieux. Regardez Paul: ce n'est pas parce qu'il est apôtre, fondateur d'églises, qu'il croit qu'il peut se reposer sur ses lauriers. Ce serait tomber dans un pharisaïsme chrétien tout aussi trompeur que le juif. Paul veut "gagner" Christ, le connaître encore plus. Il ne se considère pas comme arrivé et il utilise l'image de la course, où, oubliant "qui est derrière" il va de l'avant, centré sur le but.
Nous aussi nous sommes appelés à laisser derrière nous notre excédent de bagages, notre péché, notre orgueil, nos doutes et nos craintes aussi parce que tout cela n'est rien à côté de la chose la plus précieuse au monde: connaître le Seigneur Jésus Christ, notre sauveur et notre Dieu.
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