dimanche 5 septembre 2010

Proverbes 8.32-36 (Luc 14.25-33)


The Shape He Makes © Jan L. Richardson




8.32 Et maintenant, mes fils, écoutez-moi, Et heureux ceux qui observent mes voies! 8.33 Écoutez l'instruction, pour devenir sages, Ne la rejetez pas.
8.34 Heureux l'homme qui m'écoute, Qui veille chaque jour à mes portes, Et qui en garde les poteaux! 8.35 Car celui qui me trouve a trouvé la vie, Et il obtient la faveur de l'Éternel. 8.36 Mais celui qui pèche contre moi nuit à son âme; Tous ceux qui me haïssent aiment la mort.




Chers frères et soeurs,
chers amis,

Dans le livre des Proverbes, la Sagesse parle. On fait parler la Sagesse comme si c'était une personne. C'est une astuce de style, qui permet de dire les choses plus directement. Au lieu de dire : "Si vous suivez la sagesse, vous comprendrez que...", on dit "La Sagesse dit que...". C'est plus simple et plus direct. Donc, la Sagesse parle. Elle parle, mais en fait ce n'est pas elle qui parle. Celui qui parle se nomme lui-même ''le père''. Et ceux qui l'écoutent, il les appelle ses fils. C'est un professeur qui parle à ses élèves. Peut-être ce père est-il Dieu, puisque dans la Bible on regarde Dieu comme le Père. Les enfants, ce sont les Israélites. Dans le Nouveau Testament, on dira que nous sommes les enfants de Dieu.

Les enfants, ici, ce sont les gens qui écoutent la Sagesse et qui la font passer dans leur pratique de tous les jours. Ce sont ceux qui vivent la Sagesse. A ceux-là une promesse est faite, la promesse de la vie. On trouve la vie en agissant avec sagesse. Par contre, ne pas écouter la Sagesse fait mourir.


Jusque là, c'est de la théorie. Mais celui qui écrit les Proverbes ne veut pas rester dans la théorie. Il veut que ce qu'il dit nous incite à une pratique. Nous allons donc passer en revue une série de conduites concrètes, qui nous permettront de mieux comprendre ce qu'est cette fameuse Sagesse.

En parlant de conduite, nous pensons tout naturellement à la conduite automobile. On peut conduire comme un fou. Mais alors, on sait ce qu'on risque. L'excès de vitesse provoque des accidents, il fait des morts. On dit que ''la route tue'' ; ce n'est pas vrai. La route ne tue pas, ce sont les conducteurs fous qui tuent. La sagesse veut, au contraire, que l'on conduise avec prudence, qu'on s'arrête à temps pour se reposer. Ce que les chauffeurs de cars et de poids lourds ne font pas toujours, obligés d'ailleurs par leur patron à tenir des horaires dangereux.

On sait qu'un quart des accidents mortels sur les routes sont provoqués par l'alcool. Pour essayer de réduire cette proportion catastrophique, on a inventé en France une maxime : "Boire ou conduire, il faut choisir". La recommandation aurait pu passer dans les Proverbes, si les voitures avaient existé en ce temps-là.

Un autre exemple, c'est celui de la fidélité dans le couple. La Bible s'intéresse à la question. Tout le chapitre cinq des Proverbes est consacré à mettre en garde contre les aventures extra-conjugales. La fidélité est la condition pour maintenir le couple en bonne santé mentale et physique. On sait comment le sida se propage : par des relations successives et des vagabondages. La fidélité à l'intérieur d'un couple une fois constitué permet d'éviter le sida. Là encore, le refus de la sagesse conduit à la maladie et à la mort, tandis que la sagesse est productrice de vie. La Bible a raison.

Troisième exemple : l'attitude envers l'environnement. La politique mondiale consiste à exploiter à fond les ressources naturelles. Mais l'exploitation à outrance conduit à épuiser ces ressources. L'abattage des arbres — en Amérique du sud et ailleurs — supprime des forêts, qui sont des productrices d'oxygène et qui sont régulatrices des pluies. Les populations qui vivaient dans les forêts sont menacées d'extinction. On sait ce qui est arrivé à la Mer d'Aral, en Russie ; on y a déversé des déchets polluants. Résultat : la Mer d'Aral est maintenant une mer morte. Il n'y a plus de poissons et la vie est impossible sur les bords. L'humanité se trouve menacée par sa propre folie. Tandis que la Sagesse commande de protéger l'environnement. La vie de la nature assure aussi la vie des hommes.

Ce type de sagesse qui conduit à la vie pourrait être simplement une sagesse humaine. Les conseils qu'on s'efforce de prodiguer pour préserver la santé, pour éviter les accidents ou pour conserver purs l'air et les eaux sont tout simplement des conseils de bon sens. Mais, en fait, il y a plus que de l'humain là-dedans, si on réfléchit bien. Dieu a créé la terre et tout ce qu'elle porte. Il a créé les hommes. Il donne la vie. Tout ce qui va dans le sens de la vie va dans le sens du projet de Dieu. La sagesse, c'est aussi de suivre ce projet déjà dans le domaine naturel; chose que même des incroyants font, et je crois que c'est de cette façon que Dieu préserve sa création.

Mais, quand les Proverbes disent que la Sagesse donne la vie, ils s'intéressent également à l'autre aspect, à l'aspect spirituel. En fait, pour la Parole de Dieu, il n'existe pas deux domaines, le domaine physique et le domaine spirituel. Le propre de la Parole de Dieu consiste à ne pas séparer ce que nous séparons par une mauvaise habitude héritée de l'antiquité païenne. La Parole de Dieu s'adresse à la personne totale. La santé physique et la santé spirituelle se rejoignent. La folie peut provoquer des morts physiques, mais il faudrait aussi parler de morts spirituelles.

Les exemples de cette folie spirituelle, hélas, abondent. Rappelez vous du suicide collectif des cinquante membres de la secte du Temple Solaire en Suisse au mois d'octobre 1994. L'année précédente, ce sont quatre-vingts disciples de David Koresh qui se suicidaient dans la ferme de Waco, aux Etats-Unis, parce qu'on les avait persuadés que la fin du monde était arrivée. Il y eut aussi la secte Aoun perpétrant un attentat au gaz sarin dans le métro de Tokyo en 1995. Un gourou à l'esprit détraqué poussait ses adeptes à ces actes criminels pour des motifs religieux.

Ce sont là des exemples extrêmes du mal que peut commettre la folie meurtrière des sectes. Mais toutes les religions, quand on les pousse à bout, aboutissent à des méfaits du même genre. Nous ne connaissons que trop l'actualité du terrorisme islamiste dans le monde entier. Les juifs comptent eux aussi dans leurs rangs un bon nombre de fanatiques, pour lesquels les goyïm ne pèsent pas lourd, comme l'ont prouvé les récentes déclarations du rabbin Ovadia Yossef. Les bouddhistes, eux, ne sont pas assassins par principe. Au contraire, ils assurent qu'ils respectent la vie dans toutes ses manifestations animales et humaines. Mais leur théorie vise rien moins qu'à supprimer la personnalité humaine par l'extinction totale des désirs. Alors l'âme flotte dans un monde immatériel, en dehors de tout environnement concret. Le bouddhisme est la négation de la création de Dieu, c'est la mort de son oeuvre.

Evidemment, on pourra dire que le christianisme s'est rendu coupable, lui aussi, des pires atrocités. Il y a eu les croisades et leurs massacres de Juifs et de musulmans. On a connu des soldats chrétiens — ou qui se disaient chrétiens — qui tuaient au nom du Christ des gens qu'on leur désignait comme des ennemis. Mais ce n'est pas la foi chrétienne qui commande de tels actes de violence. C'est une défiguration de la foi, c'est la folie qui nie la volonté de Dieu et qui s'oppose à son projet.

"Celui qui m'offense se blesse lui-même, dit la Sagesse, tous ceux qui me haïssent aiment la mort". La foi réelle en Dieu, la foi authentique telle que la Parole de Dieu nous l'apprend, la foi qui est en même temps sagesse, cette foi-là est productrice de vie. Nous sommes en même temps des êtres physiques et des êtres spirituels. Si la sagesse peut jouer sur le plan physique, elle est aussi indispensable sur le plan spirituel. La sagesse est importante dans nos relations avec les autres et avec l'environnement. Elle l'est également dans nos relations avec Dieu. Si notre relation à Dieu est déficiente ou pervertie par les religions et par les sectes, nous sommes en état de maladie et même de mort du point de vue spirituel, dans les profondeurs de notre personne. Si notre relation à Dieu est saine, alors toute notre personne sera saine. Ici, la Sagesse consiste à entretenir des relations normales avec le Seigneur, des relations qui soient fondées sur la Parole de Dieu et non sur des théories ou des croyances où la Parole de Dieu transmise par la Bible n'a rien à faire.

Alors, peut-être qu'ici pointe une objection. Cette objection pourrait être celle-ci : suivre la Sagesse, n'est-ce pas renoncer à des choses auxquelles on tient ? Ne devrait-on pas renoncer, par exemple, aux plaisirs de la vie, au plaisir de changer de partenaire quand on en a envie ? Ou à la griserie de la vitesse sur la route ? Finalement, si je suis la Sagesse telle que Dieu me l'apprend, est-ce que je ne vais pas perdre ma liberté, la liberté de faire ce que je veux, comme je veux et quand je veux ?

Assurément, il y a un choix à faire. On est toujours à un carrefour, il s'agit de prendre la bonne route, celle qui mènera là où on veut aller. On peut choisir d'aimer la folie et les plaisirs apparents qu'elle apporte. Mais alors, on ne devra pas s'étonner s'il arrive des ennuis et des catastrophes. C'est vrai dans le domaine matériel, c'est vrai dans le domaine spirituel. Nous en avons vu quelques-uns et pas des moindres. On peut choisir d'aimer la Sagesse, ce qui signifie aimer la vie. Autrement dit, on peut renoncer à Dieu et à tout ce qu'il nous propose de positif et de vital. Ou bien on peut renoncer à toutes les déviations religieuses ou idéologiques, afin d'adhérer à la Parole de Dieu et de connaître par expérience tout ce que sa présence dans la vie et sa puissance nous apportent. Le tout est de savoir lequel on préfère.

Jésus nous dit la même chose à sa manière. Jésus ne s'embarrasse pas d'exposés théoriques ou théologiques. A la façon des rabbins, il raconte une histoire. Ou plutôt deux histoires qui reviennent au même. C'est l'histoire d'un homme qui veut bâtir une tour et qui commence par calculer la dépense, pour voir si ses finances lui permettent de terminer la construction. Et l'histoire d'un roi qui part en guerre, mais qui s'arrête et compte ses effectifs, pour ne pas avoir à subir une défaite humiliante.

Jésus veut nous faire comprendre qu'on doit réfléchir avant d'agir. C'est une bonne méthode dans la vie courante, et encore meilleure dans la vie de relation avec Dieu. La foi est quelque chose de sérieux. On ne s'y engage pas sur un coup de tête. Elle exige de la réflexion, elle exige une décision qu'on ne prend pas à la légère. La sagesse, c'est déjà de savoir à quoi on s'engage. La foi n'est pas du fanatisme. Elle consiste à choisir le Seigneur. Elle consiste à recevoir ce que la Bible dit de Christ et à lui faire confiance pour nous donner le salut. L'idée que nous puissions recevoir une vie nouvelle par le sacrifice de Jésus il y a si longtemps peut paraître déroutante. L'objection n'est pas nouvelle. Déjà quand il écrivait sa première lettre aux Corinthiens, Paul disait: 1.22 Les Juifs demandent des miracles et les Grecs cherchent la sagesse: 1.23 nous, nous prêchons Christ crucifié; scandale pour les Juifs et folie pour les païens, 1.24 mais puissance de Dieu et sagesse de Dieu pour ceux qui sont appelés, tant Juifs que Grecs. 1.25Car la folie de Dieu est plus sage que les hommes, et la faiblesse de Dieu est plus forte que les hommes.
Et la sagesse, c'est de s'en tenir à ce choix décisif qui consiste à se tourner vers le seigneur Jésus, à recevoir tout ce qu'il veut nous donner et à marcher dans ses voies, tous les jours de notre vie.

Amen !

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