dimanche 17 octobre 2010

LUC 18.1-8


Autres textes: Exode 17.8-13, 2 Timothée 3.14-4.2


18 Jésus leur dit une parabole pour montrer qu'ils devaient toujours prier, sans se décourager.
2 Il dit: «Il y avait dans une ville un juge qui ne craignait pas Dieu et qui n'avait d'égards pour personne. 3 Il y avait aussi dans cette ville une veuve qui venait lui dire: 'Rends-moi justice contre ma partie adverse.'
4 Pendant longtemps il refusa. Mais ensuite il se dit: 'Même si je ne crains pas Dieu et n'ai d'égards pour personne,
5 puisque cette veuve me fatigue, je vais lui rendre justice afin qu'elle ne vienne pas sans cesse me déranger.'»
6 Le Seigneur ajouta: «Ecoutez ce que dit le juge injuste.
7 Et Dieu ne fera-t-il pas justice à ceux qu'il a choisis et qui crient à lui jour et nuit? Les fera-t-il attendre?
8 Je vous le dis, il leur fera rapidement justice. Mais, quand le Fils de l'homme viendra, trouvera-t-il la foi sur la terre?»



Chers frères et soeurs
chers amis,

Connaissez-vous l'expression « ne craindre ni Dieu ni les hommes »? Il semble que le juge de notre parabole d'aujourd'hui soit né pour l'illustrer.
D'emblée, Jésus lie les deux de façon très claire, encore renforcée par les mots qui terminent notre histoire: "quand le Fils de l'homme viendra, trouvera-t-il la foi sur la terre?". Ce lien entre respect de Dieu et respect des hommes mérite qu'on s'y arrête je crois.
Je ne fais pas partie de ceux qui établissent un lien trop étroit entre foi et morale (je ne sais même pas ce que ce dernier terme veut dire), et je refuse que l'Eglise se transforme en ligue de vertu. Ceci dit, on ne peut qu'être troublé par la coïncidence de certains faits, notamment la perte de foi dans notre vieille Europe et la dévalorisation de la personne humaine. Le christianisme ne s'occupe pas que de Dieu. Il apporte aussi une certaine vision de l'Homme, et cette vision a façonné la manière dont notre société conçoit l'être humain. Certes, la foi chrétienne reconnaît que l'humanité est déchue, entièrement livrée au péché mais cela n'empêche pas l'homme de conserver en partie l'image de Dieu en laquelle il a été fait au commencement. Et parce que l'homme a été fait à l'image de Dieu, il possède une dignité et des droits intrinsèques. Vous êtes-vous déjà demandé pourquoi la notion de Droits de l'Homme est née en Occident chrétien et pas ailleurs? Poser la question, c'est déjà y répondre. Quant au systèmes qui ont depuis la Révolution Française cherché à créer une autre vision de l'homme, on a bien vu au 20ème siècle quels pouvait être les résultats, entre l'exploitation de millions d'être humains par l'économisme, les tranchées de 14-18, les fours d'Auschwitz et les camps du Goulag...
« La crainte de l'Eternel est le commencement de la sagesse » dit la Bible. Il est grand temps que nos sociétés reviennent à cette crainte de Dieu, que nous nous rendions compte que si tout est permis, n'importe quoi est permis et qu'il y a toujours des comptes à rendre au Créateur.

Mais revenons à notre juge. Le coeur de notre histoire est qu'il rend justice à une pauvre veuve pour ne plus être importuné par elle. Première morale de l'histoire: l'obstination de la femme lui permet d'obtenir gain de cause d'un homme sans foi ni loi.
Mais la majorité des chrétiens, j'ose le croire, craint Dieu et respecte les hommes. Luc nous dépeint le juge comme particulièrement affreux, car sa vocation de juriste et son rôle dans la société auraient dû le rendre encore plus sensible aux questions de justice. Dans le contexte de l'époque, le juge aurait dû être une référence en matière de foi et de loi (n'oublions pas que le « code civil » d'Israël était contenu dans la loi donnée par Dieu à Moïse.
On a donc ici un exemple de ce que l'on appelle dans l'enseignement rabbinique un qal wahomer: ce qui s'applique dans un cas moins important s'appliquera aussi sans doute dans un cadre plus important. Si un homme sans foi ni loi cède à la persévérance, à combien forte raison Dieu écoutera t'il nos prières et y répondra t'il! Telle est la partie centrale du message de Jésus. On voit qu'elle est liée avec la conclusion de la parabole, car la prière authentique, la prière obstinée ne peut naître que de la vraie foi.
Mais il y a une autre partie du message qu'il est bon de ne pas oublier. Jésus veut en effet avant montrer à ses disciples qu'ils devaient toujours prier, sans se décourager.
C'est l'idée qu'il faut parfois attendre longtemps l'exaucement ou tout du moins la réponse de Dieu et que, au long de l'attente, il faut savoir espèrer contre toute espérance. Reconnaissons le: c'est là un des grands défis de la vie de prière. Nous vivons dans une société de l'immédiateté et quand nous voulons quelque chose, nous le voulons tout de suite. C'est d'ailleurs la grande raison pour laquelle tant de gens finissent par se retrouver surendettés: parce qu'ils préfèrent prendre un emprunt à des taux exhorbitants pour acheter quelque chose plutôt que d'attendre et d'épargner.

Le problème, c'est que Dieu ne fontionne pas sur ce mode. Il a son temps pour toutes choses, il a un plan pour notre vie et nous devons accepter qu'il nous impose ce qui nous semble des retards et qui ne sont pas nécessairement des refus. Nous devons aussi nous souvenir que Dieu est le seul sage, et qu'il sait mieux que nous ce qui nous convient: à titre personnel, avec le recul, je suis heureux que Dieu n'est pas répondu à certaines de mes prières, car il ne m'aurait pas fait un cadeau en m'exauçant. Comme il le savait, il ne l'a d'ailleurs pas fait!!
Mais savoir cela ne suffit pas, n'est-ce pas? Quand la réponse à la prière tarde, quand le Ciel semble silencieux, quand l'affreuse impression d'avoir été abondonné commence à nous saisir; qu'il est difficile de ne pas ressentir de la crainte, de la tristesse et de l'amertume!
Alors, nous pouvons faire nôtres les mots de David dans le Psuame 13:
2 Jusqu'à quand, Eternel, m'oublieras-tu sans cesse? Jusqu'à quand me cacheras-tu ton visage? 3 Jusqu'à quand aurai-je des soucis dans mon âme, et chaque jour des chagrins dans mon coeur? Jusqu'à quand mon ennemi s'attaquera-t-il à moi? 4 Regarde, réponds-moi, Eternel, mon Dieu!

Dans des cas comme celui-ci, nous devons réorienter nos pensées, non pas en nous basant sur nos sentiments, mais en nous fondant sur la Bible, la Parole de Dieu qui est là pour nous enseigner.
Nous y voyons que ce qui peut nous sembler être des retards de Dieu est en fait souvent le chemin que le Seigneur nous fait prendre pour éprouver notre foi et la rendre finalement plus forte. Pensons au cas de Gédéon, dans le livre des Juges, alors qu'il se prépare à mener sa nombreuse armée à la bataille. Dieu lui dit d'abord de renvoyer ceux qui reconnaissent avoir peur: de 32000 hommes, l'armée passe à 10000! Puis Dieu demande au général de faire boire ses hommes et de ne garder que ceux qui s'abreuvent d'une certaine façon: à la fin, il ne reste plus que 300 soldats. Alors Dieu dit « c'est par les 300 hommes qui ont lapé que je vous sauverai et que je livrerai Madian (leurs ennemis) entre vos mains ». Le peuple d'Israël ne pouvait plus compter sur sa propre force, mais uniquement sur celle de son Dieu!
Autre histoire, celle de la « pêche miraculeuse » (Luc 5) lorsque Jésus demande à Simon et à ses amis, qui viennent de pêcher en vain toute la nuit, de lancer leurs filets en eau profonde. Cruel? Non! Les pêcheurs ramènent une incroyable quantité de poissons et Jésus peut leur faire comprendre qu'il les appelle à devenir pêcheurs d'hommes, c'est-à-dire à aller annonce sa Bonne Nouvelle aux autres.

Les prétendus retards de Dieu, ce qui peut nous sembler injuste, aberrant ou déraisonnable dans la façon dont il dirige nos vies et répond à nos prières ne doivent donc pas nous désorienter. Et si cela arrive, si notre lassitude est trop grande, si nous manquons de la force et de la foi pour prier, n'hésitons pas à faire comme Moïse et à recevoir le soutien de Aaron et de Hur, à demander l'aide de l'intercession d'autres chrétiens. J'espère que de plus en plus nous serons une église où il sera naturel de demander la prière de frères et soeurs en Christ et on nous auront le réflexe naturel de prier pour les autres.

Mais, frères et soeurs, tout cela serait encore insuffisant si nous ne pouvions pas être sûrs de l'amour de Dieu pour nous, quand bien même il atrde à nous répondre comme nous le souhaiterions.
En effet, dans notre parabole, Dieu est mis en contraste avec un homme dur, sans pitié ni sentiments. C'est bien pour nous montrer qu'il est naturellement bon et aimant. Et la plus grande prueve de cela, celle que nous devons garder au plus profond de notre coeur quand tout va mal, c'est Jésus-Christ lui-même qui nous la donne.

Pensez à Jésus, méditez sur sa vie et ses paroles, croyez en lui et vous pourrez être assurés que Dieu vous aime. « Lui, qui n'a point épargné son propre Fils, mais qui l'a livré pour nous tous, comment ne nous donnera-t-il pas aussi toutes choses avec lui? » (Romains 8.32).
Trop souvent, quand la réponse à la prière tarde, nous pouvons nous demander si nous ne sommes pas sous le coup d'un jugement, si Dieu n'est pas en colère contre nous. De telles idées doicent êtres purement et simplement bannies de l'esprit du chrétien.
A la Croix, Jésus est mort pour que tous vos péchés soient pardonnés et si vous croyez en lui, plus aucune condamnation ne pèse sur vous, parce qu'il l'a déjà porté.
Sur la Croix, Jésus a crié « Mon Dieu, mon Dieu pourquoi m'as-tu abandonné? ». Oui Jésus a été abandonné, parce que la colère de Dieu est retombé sur lui et non sur vous. Jésus a été abandonné pour que vous puissiez être certains que Dieu ne vous abandonnera jamais.
Fondés sur cette merveilleuse, entrons avec confiance dans la voie de la prière persévérante, qui s'élève vers un Dieu que nous savons être un Père bon et aimant.

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