Chers amis,
le texte de notre prédication de ce dimanche 6 mai n'est pas disponible. Nous vous proposons donc une prédication prononcée la semaine dernière par la pasteur Haessig, de l'Eglise Luthérienne de Chatenay-Malabry.
16 « Voilà pourquoi nous ne perdons pas courage. Et même si notre
être extérieur se détruit, notre être intérieur se renouvelle de jour en jour.
17 En effet, nos légères difficultés
du moment présent produisent pour nous, au-delà de toute mesure, un poids
éternel de gloire.
18 Ainsi nous regardons non pas à ce qui est
visible, mais à ce qui est invisible, car les réalités visibles sont passagères
et les invisibles sont éternelles. »
Chers frères et sœurs renouvelés
de jour en jour pour
une destinée éternelle !
« Voilà
pourquoi ! » (v. 16) C’est ainsi que commence notre texte. Ces petits mots de
transition passent souvent inaperçus. On remarque et souligne plutôt les
affirmations centrales, fondamentales, et on a raison. C’est le morceau de rôti
qui est important. Mais que serait-il sans les quelques grains de sel ou de
poivre ?
Pareillement, n’oubliez pas, en
lisant la Bible, de vous arrêter sur de petits mots, de petites expressions
comme : « voilà pourquoi ! » (v. 16) « en
effet » (v.
17), « ainsi » (v. 18) « car » (v. 18), « donc »
(Rm 5.11), « puisque »
(Rm 6.1). L’apôtre
Paul les utilise à foison.
C’est que, dans l’Evangile, tout
se tient. La Parole de Dieu n’est pas un amas de pièces éparses sans lien entre
elles, c’est une Bonne Nouvelle structurée où tout s’emboîte, où chaque chose a
sa place, où il ne faut pas négliger les contextes, les causes, les raisons,
les mobiles et les buts.
En faisant commencer notre texte
par « voilà pourquoi », le Saint-Esprit nous place dans le contexte.
Lequel ? Nous le verrons plus loin.
Il est vrai que quand on perd ses
repères, quand on ne voit pas le pourquoi des choses, on peut être déboussolé, on
a du mal à trouver du sens à ce qui se passe.
Cela peut concerner notre vie
personnelle, notre vie familiale ou professionnelle, l’avenir de la paroisse ou
de l’Eglise en général dans ce monde, voire l’avenir de notre pays et la
situation mondiale en cette période que tout le monde qualifie de crise.
Dans ce contexte, notre texte de
l’apôtre Paul vient à propos. Mais quelle parole d’Evangile ne vient pas à
propos dans notre vie ?
Il nous fait comprendre :
AUCUNE
RAISON DE PERDRE COURAGE !
Il
est vrai :
1. Tout, ici-bas, est éphémère ;
mais
2. Jésus est ressuscité !
3. c’est une destinée glorieuse et éternelle que la
nôtre !
4. notre être intérieur se renouvelle dans ce but.
X X X 1 X X X
Aucune raison de
perdre courage :
même si
ICI-BAS
TOUT EST EPHEMERE !
Quand nous regardons autour de nous, nous ne trouvons rien
d’éternel. La maison la plus neuve demande rapidement des travaux non seulement
d’entretien, mais aussi des réparations.
La voiture la plus neuve devra un jour être réparée, des parties
remplacées, avant qu’elle ne soit remplacée en entier par une autre voiture
qui, elle aussi, ne restera neuve qu’un temps.
Quand on vous vend de l’électroménager ou n’importe quel appareil,
on vous propose de prendre une garantie car le jour viendra où il faudra faire
faire de réparation.
Si l’on parle de « la force de l’âge », c’est qu’elle
est suivie par des années où cette force décline et où des problèmes de santé
se multiplient, signes avant-coureurs de notre mort. Paul dit ici : « Notre être extérieur se détruit » (v. 16).
Même les nations, y compris les grandes puissances d’aujourd’hui,
sont éphémères. Où est l’éclatante Egypte de l’Antiquité ? Où ont passé
les empires des Assyriens, des Babyloniens, des Hittites, d’Alexandre le Grand,
ou de Rome ? Ils ont été éphémères comme l’a été l’ancien régime ou
l’empire napoléonien. Et ne nous berçons surtout pas d’illusion : un jour
les gens auront besoin d’une carte pour découvrir où se trouvait la République Française
à un moment donné de l’Histoire.
Il n’y a pas que les hommes politiques qui passent : avec les
siècles, les pays et les frontières, même les langues laissent place à
d’autres.
« Les réalités visibles » – toutes « les
réalités visibles » –
« sont passagères » (v. 18).
Tout ce qui nous entoure – nous y compris – ne fait que passer. Un autre apôtre
– Pierre – le dit ainsi :
« étrangers et passagers sur la terre » (1 P 2.11).
Ce caractère éphémère de toute chose, nous le savons, vient de
notre mortalité, conséquence de notre état pécheur. Et tout notre environnement
a été « maudit » (Gn 3.17) à cause de nous et
est atteint par ce même mal : le caractère passager, le caractère mortel.
Nous pourrions avoir deux sortes de réactions malencontreuses :
mépriser « les choses visibles », ou
déprimer, « perdre courage » (v. 16).
Tout ce que Dieu nous dit dans la Bible, nous rappelle que Dieu ne
veut pas que nous nous désintéressions de ce monde qui passe. Il prône
l’engagement responsable dans le pays, comme citoyen, comme travailleur, comme
parent, comme paroissien, comme gérants et administrateurs de ce monde bien
qu’éphémère.
Il ne nous dit pas : Ne vous occupez pas de votre
santé ; de toute façon vous allez mourir quoi que vous fassiez. Au
contraire, il veut même que nous le priions de nous faire guérir.
Mais ici, il ne parle pas de cela, mais de quelque chose qui est
plus important. Quand il écrit : « Nous regardons non pas à
ce qui est visible, mais à ce qui est invisible, car les réalités visibles sont
passagères et les invisibles sont éternelles » (v. 18), il veut nous
insuffler du courage devant « les difficultés » (v. 17) que nous
rencontrons, dans les combats de la vie. Il ne dit pas : « Baissez
les bras ; de toute façon ce que vous faites n’est que pour un
temps ! »
Non il dit :
« Dans vos "difficultés", tenez bon, ne désertez
pas vos responsabilités, ne perdez pas l’intérêt pour le cadre de vie dans
lequel Dieu vous a placés, mais, pour tenir, pour vous engager, n’oubliez pas
que vous êtes en route vers autre chose. Cela devrait vous aider. »
Et pour que nous ne perdions pas courage dans l’accomplissement de
nos tâches parmi « les choses visibles » ici-bas,
il nous dit :
X X X 2 X X X
Aucune raison de
perdre courage !
N’oubliez
pas :
JESUS
EST RESSUSCITE !
Il est
vrai, dans notre texte Paul ne parle pas de la résurrection de Jésus. Pourtant
elle y est présente. Elle y est présente à travers ce fameux « voilà
pourquoi ! » dont
j’ai parlé en introduction.
Avant
notre texte, Paul a écrit : « Nous savons, en effet,
que celui qui a ressuscité le Seigneur Jésus nous ressuscitera aussi par Jésus
et nous fera paraître […] en sa présence. » (2 Co
4.14)
« Voilà pourquoi nous ne perdons pas courage. » N’oubliez
pas : nous nous trouvons dans le temps de Pâques. C’est la foi et la joie
de Pâques qui traversent notre texte. C’est pour cela qu’il a été choisi comme
un des textes de ce dimanche « Jubilate »,
« Réjouissez-vous ! »
Jésus est ressuscité – et
il nous fera ressusciter ! Nous partageons son devenir, nous sommes
participants de sa victoire sur tout ce qui est éphémère. Par lui et grâce à
lui nous avons été arrachés au caractère éphémère et passager des choses.
Par lui et grâce à lui,
le caractère « passager » des « réalités visibles » (v. 18) ne nous déprime
plus : quand je vois que ma santé se détériore, je sais que ce n’est que
« passager », mais que le Christ ressuscité m’a libéré pour m’arracher à cette
tendance « destructrice » (v. 14) et pour me faire connaître une
existence éternelle.
X X X 3 X X X
Aucune raison de
perdre courage !
N’oubliez
pas : C’est
une destination
glorieuse et éternelle
que la nôtre !
« Ainsi
nous regardons non pas à ce qui est visible, mais à ce qui est invisible, car
les réalités visibles sont passagères et les invisibles sont éternelles. »
(v. 18)
Encore
une fois, il ne faut pas mal comprendre l’apôtre. Il ne veut pas que nous nous
détournions des affaires de ce monde, de « ce qui est
visible ».
Rappelez-vous
comment il a « remonté les bretelles » aux Thessaloniciens (excusez
cet anachronisme : à l’époque les bretelles n’existaient pas),
rappelez-vous donc comment il les a vertement secoués parce qu’ils ne faisaient
plus rien, mais se cantonnaient à attendre de façon oisive et désintéressée le
retour du Seigneur pour le Jugement dernier. Dans deux lettres successives Paul
les a exhortés à s’investir dans la vie active, à s’engager dans la vie de la
cité.
Mais
nous avons quelque chose de plus, quelque chose de plus grand, qui nous porte,
qui nous anime, qui nous transcende, ce sont
« les réalités invisibles » qui « sont
éternelles », qui ne passent pas comme tout ce dont nous nous occupons
ici-bas.
Le
caractère éphémère des choses dont nous nous occupons ici-bas peut nous
décourager : à peine a-t-on fait le ménage qu’il faut recommencer ; à
peine croit-on avoir réparé la voiture qu’elle lâche ailleurs ; à peine
a-t-on fait une réfection à la maison, qu’il faut appeler le plombier pour
autre chose. A peine est-on guéri d’une maladie – ou a-t-on au moins trouvé un
traitement permettant de vivre avec – qu’un autre organe se met à flancher.
Mais ce
ne sont là que de « légères difficultés du moment présent » comparées
au « poids éternel de gloire » que
nous devons à notre divin Ressuscité (v. 17). Comparée à
« la gloire à venir » « les souffrances du moment
présent » pèsent peu (Rm 8.18).
De
savoir cela, nous rend forts et confiants, confiants dans le divin Ressuscité,
son règne et son accompagnement. Et cela rend
« les difficultés du moment présent » plus « légères », même
quand elles nous obligent à serrer les dents et nous font mal. Elles pèsent
moins comparées au « poids éternel de gloire » que la
résurrection de Jésus nous garantit.
C’est
pour cela que, dans la difficulté, « nous regardons non pas à ce qui est
visible, mais à ce qui est invisible, car les réalités visibles sont passagères
et les invisibles sont éternelles. »
Ce sont
elles qui nous donnent la force de gérer nos affaires ici-bas quand celles-ci nous
pèsent. « Voilà pourquoi nous ne perdons pas
courage », « voilà
pourquoi » nous pouvons vivre dans la foi, la joie et
l’espérance « même si notre être extérieur se
détruit ».
X X X 4 X X X
Aucune raison de
perdre courage !
N’oubliez
pas : C’est
nOTRE ETRE
INTERIEUR SE RENOUVELLE
DANS CE BUT !
Paul
écrit : « Voilà pourquoi nous ne perdons pas
courage. Et même si notre être extérieur se détruit, notre être intérieur se
renouvelle de jour en jour. »
Chers
amis, nous savons que ce « renouvellement » n’a
rien à voir avec une génération spontanée. « Le renouvellement
intérieur », nous le devons à l’action « du
Saint-Esprit » (Tt 3.5-7).
Comme
Jésus l’avait promis, une fois ressuscité et monté au ciel il nous a
« envoyé de la part du Père l’Esprit de vérité » pour
que celui-ci « rende témoignage de lui » (Jn
15.20).
C’est
au contact de « la Parole vivante et permanente de Dieu », au
contact de la Bonne Nouvelle du Christ ressuscité pour nous, que
« nous avons été régénérés » par le Saint-Esprit (1 P
1.23) et que nous sommes « renouvelés de jour en jour ».
C’est
pour que ce renouvellement ne s’arrête pas en si bon chemin que nous nous
plaçons toujours à nouveau sous l’influence du Saint-Esprit, que nous lisons,
écoutons et méditons l’Evangile, seuls, en famille ou en groupe biblique, que
nous participons aux cultes, que nous répondons à l’invitation à la Cène.
Là, le
Saint-Esprit nous « renouvelle de jour en jour » dans
une vie de repentance et de foi ; là il entretient et développe notre
certitude du salut, notre foi en la bonté et la fidélité de Dieu ; là il
nous remplit de joie dans l’espérance de la « gloire
éternelle » où Jésus nous attend ; là il nous remplit de force pour affronter « les
choses visibles » en attendant « les
invisibles » dans la gloire céleste.
C’est
ainsi – et ainsi seulement : au contact de l’Evangile – que « nos
légères difficultés du moment présent produisent pour nous, au-delà de toute
mesure, un poids éternel de gloire. »
« Voilà »
ce que nous devons à notre Seigneur mort et ressuscité pour nous. « Voilà pourquoi nous ne perdons pas courage. »
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