dimanche 16 mars 2014

JEAN 8:12

Chers frères et sœurs en Christ,
chers amis,

Nous poursuivons notre série de prédications sur les sept « Je suis... » de Jésus que l'on trouve dans l'Evangile de Jean. Sept façons pour Jésus d'exprimer son identité et ce qu'il est venu accomplir pour nous. Je vous invite donc à écouter la parole de Jésus que nous entendons en Jean 8.12 :

Jésus parla de nouveau en public: Je suis la lumière du monde, dit-il. Celui qui me suit ne marchera pas dans les ténèbres: il aura la lumière de la vie.

Il y a quelques mois, mon épouse m'a offert pour mon anniversaire une petite lampe frontale produite par une firme française bien connue de la région de Grenoble. Pour tout vous dire, c'est un des cadeaux les plus utiles qu'on m'ait offert. En effet, quand je dois aller chercher du bois au fond du jardin le soir, je n'ai qu'à me munir de ma petite lampe (et si vous ne comprenez pas ce que je veux dire, je peux vous dire qu'il n'est pas facile de remplir un sac de bûches de chêne quand on n'y voit rien!). Nous autres humains, contrairement à certains animaux, ne sommes pas faits pour vivre la nuit, tout simplement parce que nous n'y voyons rien dans le noir. Nous avons absolument besoin de lumière. C'est sans doute pour cela que le thème des ténèbres et de la lumière nous parle. C'est en fait un des grands thèmes qui traversent toute la Bible. Cela commence en Genèse 1« Au commencement, Dieu créa le ciel et la terre.2 La terre n'était que chaos et vide. Il y avait des ténèbres à la surface de l'abîme et l'Esprit de Dieu planait au-dessus de l'eau.
3 Dieu dit: «Qu'il y ait de la lumière!» et il y eut de la lumière.
4 Dieu vit que la lumière était bonne, et il sépara la lumière des ténèbres.
5 Dieu appela la lumière jour, et les ténèbres nuit. Il y eut un soir et il y eut un matin. Ce fut le premier jour. »
Vous voyez, le premier acte créateur de Dieu, c'est de créer la lumière, de la séparer des ténèbres et cela devient selon moi une métaphore de l'action de Dieu dans nos vies : amener la lumière dans les ténèbres. Et à l'autre bout de nos Bibles, tout à la fin, dans le livre de l'Apocalypse (21 :23) Jean nous parle de la Nouvelle Jérusalem et nous dit « La ville n'a besoin ni du soleil ni de la lune pour l'éclairer, car la gloire de Dieu l'éclaire et l'Agneau (Jésus) est son flambeau. »
Vous voyez, dans la Nouvelle Jérusalem, le symbole de la victoire ultime de Dieu sera que sa propre lumière illuminera son peuple. Lumières/ténèbres/opposition/victoire de la lumière : on a donc là un des grands fils rouges qui parcourent toute l'histoire du salut et c'est bien sûr dans ce cadre là que nous devons recevoir et chercher à comprendre la parole de Jésus.
Quand Jésus dit « je suis la lumière du monde », il se trouve dans le temple de Jérusalem au moment de la fête des Tabernacles (ou des Cabanes, Souccot). Souccot était une fête des récoltes et des vendanges et on y commémorait aussi les traversée du désert par les Israëlites, quand ils avaient vécu sous des tentes avant d'arriver dans le Pays Promis (Lev 23:33).
Or, au cours de cette Fête des Tabernacles, avait lieu ce qu'on appelait l'illumination du Temple. On plaçait dans un des cours du Temple quatre grands chandeliers, hauts de plusieurs mètres, qui répandaient leur lumière sur toute la ville. Ces chandeliers et leur lumière était là pour rappeler la colonne de feu par laquelle Dieu avait manifesté sa présence au sein de son peuple tout au long de l'Exode. Et il est bien sûr essentiel de saisir que c'est dans ces conditions que Jésus dit « je suis la lumière du monde ».
La colonne de feu représentait la présence, la protection et la direction de Dieu. Mais Jésus, lui, était lui-même cette présence, cette protection et cette direction, parce qu'il était le Fils de Dieu fait homme, venu dans notre monde pour nous. En disant, je suis la lumière, Jésus affirme qu'il est venu dissiper les ténèbres qui règnent sur nos vies, à commencer par celles du péché et de la mort. Jésus dit aussi je suis la lumière « du monde ». Jésus étend la lumière de la grâce de Dieu à toutes les races, à toutes les nations. Personne ne peut dire que les ténèbres de sa vie sont trop profondes pour que Jésus puisse les détruire. Le salut que Dieu donne en son Fils s'adresse vraiment à « quiconque croit », parce que Dieu désire vraiment amener sa lumière sur nous.
Cette déclaration de Jésus est aussi accompagnée d'une promesse : « Celui qui me suit ne marchera pas dans les ténèbres: il aura la lumière de la vie »
Merveilleuse promesse en fait : il y a tant de ténèbres dans nos vies, mais si nous suivons Jésus, nous ne serons plus forcés d'avancer dans l'obscurité dans nos existences. Mais cette promesse amène donc une question : qu'est-ce que cela veut dire « suivre Jésus » ?

En fait, le mot grec traduit par « suivre » (akolouthein) était utilisé dans cinq situations particulières qui nous aident à mieux visualiser, à mieux comprendre ce qu'est suivre Jésus, ce que veut dire être son disciple.

Tout d'abord, le terme était employé pour désigner un soldat qui obéit aux ordres de son officier. Quand mon père donnait des ordres à ses subordonnés, l'habitude pour eux n'était pas exactement de procéder à un vote pour voir qui était d'accord et éventuellement formuler une contre-proposition. Non, quand un soldat reçoit un ordre, il l'exécute sinon c'est un rebelle ou même pire : un déserteur. Cela nous rappelle que l'imagerie militaire est très souvent employée dans le Nouveau Testament pour décrire la vie chrétienne (Ephésiens 6) et ce n'est sans doute pas un hasard. C'est que, frères et sœurs,nous ne sommes pas en train de faire une promenade de santé : nous sommes dans un combat ! Nous sommes des soldats et Christ est notre capitaine. Suivre Jésus, c'est avoir conscience de cela, c'est obéir à ses ordres de mission, c'est tenir au milieu de la bataille le poste qu'il a confié à chacun de nous.

Deuxièmement, « suivre Jésus » c'est être comme un esclave accompagnant son maître. L'image est sans doute choquante pour nous, qui avons fait de la liberté (souvent vidée de son contenu) une des valeurs suprêmes. Mais c'est pourtant la réalité : nous sommes des esclaves du Seigneur et nous sommes appelés à le servir. Il ne faut jamais oublier que quand Dieu a libéré son peuple d'Egypte, il a dit à Pharaon : « laisse partir mon peuple...afin qu'il me serve ». Comme le dit le vieux cantique : « nous sommes au Seigneur et non pas à nous-mêmes, pour la vie et la mort nous sommes au Seigneur ». Nous disons que Christ nous a rachetés, mais cela veut dire aussi que nous lui appartenons. Suivre Jésus, c'est aussi avoir conscience de cela.

Troisièmement, le terme était utilisé pour évoquer l'attitude qui consiste à écouter les conseils d'une personne avisée, remplie de sagesse. En ce qui concerne notre relation avec Jésus, cela veut dire s'en remettre à quelqu'un qui nous aime infiniment et qui veut le meilleur pour nous. La vie actuelle est souvent compliquée, et presque chaque jour nous sommes confrontés à des choix qui peuvent être ardus ; nous pouvons faire face à des problèmes qui semblent impossibles à résoudre, que ce soit au travail, dans le couple, en famille. Dans ces conditions, nous avons besoin de conseils, et les meilleurs conseils, c'est bien sûr auprès de Jésus que nous les trouverons.
Le conseil de Jésus, ses directions, nous les recevons en méditant sa Parole, dans la prière, lors du culte communautaire, ou encore en ayant recours à un des serviteurs du Seigneur qui sera toujours là pour parler avec vous, de façon ouverte et complètement confidentielle. Suivre Jésus, c'est avoir recours à son conseil pour diriger nos vies, sans prétendre les mener selon notre propre sagesse.

Quatrièmement, on utilisait pour donner son allégeance, son obéissance, aux lois d'une cité ou d'un Etat. Si un homme veut être un membre utile d'une société ou même d'une association, la première chose est de se conformer à ses lois et à ses règlements (du moment qu'ils sont juste bien sûr). Les chrétiens appartiennent bien sûr à des nations, qui ont leurs lois. Ils peuvent travailler dans des entreprises où il y a un règlement. Mais la Bible nous dit que nous sommes, avant toute chose, citoyens du Royaume des Cieux et que c'est à ce Royaume que doit aller notre première allégeance. Cela veut dire que nous allons laisser notre vie être guidée par les valeurs du Royaume, et non pas par celles de la société environnante. Cela veut dire que nous allons refuser le conformisme étouffant pour reste fidèles à Christ. Ce qui nous importe n'est pas de plaire aux autres mais de plaire à Jésus. Dans un monde où l'on écrase les autres, nous aimons notre prochain. Dans un monde qui rejette tous les repères, nous continuons à dire que la Bible définit ce qui est bien et ce qui est mal. Dans un monde qui ne vit que pour l'argent, le paraître, nous continuons à affirmer que l'homme ne vivra pas de pain seulement. Suivre Jésus, c'est pour reprendre une des paroles du Seigneur, chercher d'abord le Royaume de Dieu, en faire notre priorité ; en sachant que toutes choses nous seront données par dessus.

Enfin, akolouthein, c'était suivre la ligne de raisonnement d'un maître, comprendre l'essentiel de son discours. Quand je passais le bac, certains de mes camarades qui n'avaient peut-être pas autant lu qu'ils auraient dû, s'étaient fait de petites fiches (des anti-sèches) qui résumaient l'enseignement des grands penseurs : Nietzsche en trois pages, Kant en trois pages, avec peut-être deux-trois citations. Mais bien sûr, ils n'avaient pas compris Nietzsche ou Kant et étaient encore plus incapables d'adhérer à leur pensée ! Le chrétien, c'est celui qui a vraiment saisi et compris le message de Jésus et qui y a adhéré par la foi. Il n'a pas écouté avec incompréhension ou inattention, mais son esprit est refaçonné par le message de Jésus, il le laisse pénétrer dans son cœur, il ne l'oublie pas. Il croit et il obéit.

C'est tout cela que veut dire « suivre Jésus ». Le terme évoque une mise en mouvement, une action. Et si nous suivons Jésus, nous ne marcherons pas dans les ténèbres : nous aurons la lumière de la vie.
Cette lumière de la vie, on peut la comprendre de deux façons. Ce peut être la lumière qui vient de la source de la vie ou la lumière qui donne la vie. Dans ce cas, les deux sens vont ensemble. Jésus est venu de Dieu le Père, qui est source de toute vie, et il est aussi la lumière qui donne la vie aux hommes. Tout comme un fleur ne peut se développer sans soleil, nos existences ne peuvent jamais vraiment fleurir tant qu'elles n'ont pas reçu les rayons de la lumière de la présence de Jésus.
Mais il y a encore plus. Jésus a aussi dit à ses disciples « vous êtes la lumière du monde » (Mt 4.15). Cela veut dire que suivre Jésus c'est aussi, et peut-être même avant tout, être nous-mêmes porteurs de la lumière de la grâce et de l'amour de Jésus. Cela peut se faire de milles manières : par des paroles, des actes, un témoignage... En aimant nos prochains, nous répandons auprès d'eux la lumière de la vie.

Certes, parfois, l'obscurité autour de nous peut paraître tellement épaisse, que nous pouvons être découragés ou désabués. Mais repensons à ma petite lampe, qui nous rappelle que la plus petite lumière se voit très loin dans la nuit la plus profonde. Alors recevons avec joie Jésus, la lumière du monde, suivons-le et répandons autour de nous la lumière de la vie.

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