lundi 2 novembre 2009

Apocalypse 21.1-6



la Toussaint n'est pas tant le "jour des morts" que la fête de la communion des saints





1 ¶ Puis je vis un ciel nouveau et une terre nouvelle, car le premier ciel et la première terre avaient disparu, et la mer n’existait plus.
2 Je vis la ville sainte, la nouvelle Jérusalem, descendre du ciel, d’auprès de Dieu, belle comme une mariée qui s’est parée pour son époux.
3 Et j’entendis une forte voix, venant du trône, qui disait : Voici la Tente de Dieu avec les hommes. Il habitera avec eux ; ils seront ses peuples et lui, Dieu avec eux, sera leur Dieu.
4 Il essuiera toute larme de leurs yeux. La mort ne sera plus et il n’y aura plus ni deuil, ni plainte, ni souffrance. Car ce qui était autrefois a définitivement disparu.
5 Alors celui qui siège sur le trône déclara : –– Voici : je renouvelle toutes choses. Il ajouta : –– Ecris que ces paroles sont vraies et entièrement dignes de confiance.
6 Puis il me dit : –– C’en est fait ! Je suis l’Alpha et l’Oméga, le commencement et le but. A celui qui a soif, je donnerai, moi, à boire gratuitement à la source d’où coule l’eau de la vie.





Chers frères et sœurs,

C'est aujourd'hui la Toussaint. Comme je l'ai fait la semaine dernière avec la fête de la Réformation, je vais devoir expliquer, préciser, le sens de ce que nous célébrons aujourd'hui.
Il m'est déjà arrivé lorsque des amis non-protestants m'ont accompagné au culte d'entendre après coup une remarque du type: "j'ai été surpris, car quand vous avez récité le Credo, vous avez dit 'je crois en la communion des saints'. Je croyais que les protestants ne croyaient pas aux saints?"
Et, de fait, je ne suis pas sûr que tous les membres de nos églises soient au clair sur le sens précis à donner à cette formule. Pourtant, elle fait bel et bien partie du Credo, de l'affirmation de notre foi et ce dimanche est pour nous l'occasion de clarifier les choses.
Nous ne croyons pas aux saints dans la mesure où nous ne croyons pas qu'un groupe de Chrétiens éminents décédés puissent nous accorder les faveurs du Père par leurs prières. Nous n'avons pas besoin de ça, car nous savons qu'il n'y a qu'un seul médiateur entre Dieu et les hommes, Jésus-Christ.


Alors quel sens donner à ce dimanche de la Toussaint? Je crois qu'il a trois axes:
-nous souvenir des Chrétiens illustres qui nous ont précédés afin de pouvoir nous inspirer de leurs vies.
-nous souvenir de ceux qui nous ont quittés, particulièrement les membres de notre paroisse.
-nous souvenir, et c'est sans doute le plus important, du fait que tous les Chrétiens sont véritablement saints, que l'Eglise est composée de ceux qui ont été justifiés et sanctifiés par Jésus-Christ.

Nous vivons dans une société hyper-individualiste, où les gens ont été coupés de leurs racines et de leur mémoire, où ils n'arrivent plus à concevoir qu'ils ne sont qu'un maillon d'une très longue chaîne. Et bien, spirituellement, il est important de nous remémorer qu'il y a des saints qui nous ont précédés dans le peuple de Dieu.
Prenez par exemple David, qui a écrit de si émouvants Psaumes. Et bien, David était un adultère et un meurtrier. Prenez Pierre, dont le nom évoque la solidité du roc. Et pourtant, il était tout sauf solide dans sa foi au Seigneur jusqu'à ce que la résurrection l'illumine. Même après, d'ailleurs, nous le voyons hésitant à condamner les pratiques judaïsantes. Ce n'est pas qu'il était très différent des autres disciples, qui, comme lui, abandonnèrent le Seigneur. Prenez Paul, qui était un persécuteur de l'Eglise, jusqu'à ce que le Seigneur se révèle à lui et en fasse son serviteur.
En fait, ce qui frappe quand nous lisons la Bible, c'est qu'elle ne cache rien des faiblesses, des échecs et des reniements de ceux qui font partie de la grande nuée de témoins. Ils n'étaient pas parfaits, c'étaient des hommes et des femmes avec leurs propres luttes dans la foi, et cela peut nous encourager de voir que de ce point de vue là, ils n'étaient pas différents de nous. Ils étaient des pécheurs comme nous.

C'est la puissance de Dieu qui a agi dans leur vie et qui leur a permis de devenir des témoins de la grâce active en eux.

C'est aussi vrai du deuxième aspect de la Toussaint, celui où nous nous souvenons de nos frères et sœurs en Christ qui nous ont quittés. C'est la tradition dans certaines églises luthériennes de réciter lors des cultes de Toussaint les noms des membres de la paroisse décédés dans l'année. Quand nous pensons à l'histoire de notre paroisse, il est normal que le visage et les noms de ceux qui l'ont composée nous reviennent en mémoire. Certains d'entre eux ont pu jouer un grand rôle dans la vie de notre communauté ou même dans notre propre vie. A présent, ils sont auprès de la gloire du Père et nous le louons pour le service qu'il leur a permis d'avoir le temps de leur séjour sur terre.

Vient enfin le troisième et dernier aspect de la fête de la Toussaint, celui qui nous fait contempler le fait que nous aussi, nous sommes des saints.
Est-ce que ça vous paraît présomptueux de dire ça? Peut-être, mais seulement si l'on accepte la définition du dictionnaire: "personne qui, dans la religion catholique (et les orthodoxes?) est après sa mort l'objet d'un culte public et universel en raison du très haut degré de perfection chrétienne qu'elle a atteint durant sa vie".
Le problème est que cette définition de la sainteté n'est pas biblique. Heureusement d'ailleurs, car, à titre personnel, je n'oserais sans doute pas dire que j'ai atteint un "très haut degré de perfection chrétienne'' (ma femme est là pour vous dire le contraire…). Ce que je sais en revanche, c'est que tous ceux qui croient en Jésus-Christ sont saints, parce qu'ils sont sanctifiés par le Seigneur.
L'Eglise, dit la Confession d'Augsbourg, est "l'assemblée des saints et de ceux qui croient en la vérité". C'est une définition un peu redondante, car tous ceux qui croient en la vérité, c'est-à-dire que Christ est leur Sauveur, sont sanctifiés. Dans le Nouveau Testament, les croyants sont appelés saints (Ac 20.32; 1 Co 1.2, 6.12; Jude 1). Nous sommes en effet au bénéfice de ce que l'on appelle la sanctification positionnelle:
"Et c’est en vertu de cette volonté (de Dieu) que nous sommes sanctifiés, par l’offrande du corps de Jésus–Christ, une fois pour toutes." dit l'auteur de la lettre aux Hébreux (10.10, 1 Co 1.30). Cela veut dire que les croyants ont été purifiés par le sang de Christ et qu'ils se trouvent dans une nouvelle relation avec Dieu. De ce point de vue, la sainteté n'est pas tant une chose à atteindre qu'un état qui nous a déjà été donné.
Mais il y aussi une dimension progressive à notre sanctification. Après avoir passé trois ans avec ses disciples, Jésus a demandé au Père "sanctifie-les par ta vérité, ta Parole est la vérité". Il est ici question de croissance, de ressembler chaque jour de plus en plus à Jésus, et cela se fait par l'action de la Parole en nous, comme le dit Luther dans le Grand Catéchisme. Quelqu'un a dit un jour que les chrétiens sont comme les crocodiles, qui n'arrêtent pas de grandir toute leur vie durant!
Car, tant que nous sommes sur cette terre, notre croissance ne sera jamais achevée. 1 Jean 3.2 dit "mes bien-aimés, dès à présent nous sommes enfants de Dieu, mais ce que nous serons n'a pas encore été manifesté. Nous savons que, lorsqu'il paraîtra, nous lui serons semblables, puisque nous le verrons tel qu'il est".
Notre sanctification est donc à la fois passée, présente et future. Et elle vient de Dieu! Elle est grâce, comme notre justification! C'est là le grand danger de ceux qui affirment bien que la justification est gratuite mais que la sanctification relève de nos efforts! Il n'en est pas ainsi, et nous pouvons louer le Seigneur de nous avoir, par son Fils, amenés dans la communion des saints!








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