Le Christ Roi
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33 Pilate rentra dans le prétoire, appela Jésus et lui dit : Es–tu le roi des Juifs ?
34 Jésus répondit : Est–ce de toi–même que tu dis cela, ou d’autres te l’ont–ils dit de moi ?
35 Pilate répondit : Moi, suis–je donc Juif ? Ta nation et les principaux sacrificateurs t’ont livré à moi ; qu’as–tu fait ?
36 Jésus répondit : Mon royaume n’est pas de ce monde. Si mon royaume était de ce monde, mes serviteurs auraient combattu pour moi, afin que je ne sois pas livré aux Juifs ; mais maintenant, mon royaume n’est pas d’ici–bas.
37 Pilate lui dit : Tu es donc roi ? Jésus répondit : Tu le dis : je suis roi. Voici pourquoi je suis né et voici pourquoi je suis venu dans le monde : pour rendre témoignage à la vérité. Quiconque est de la vérité écoute ma voix.
Chers frères et sœurs,
Je voudrais vous souhaiter une bonne fin d'année. Et oui, c'est aujourd'hui le dernier dimanche de l'année ecclésiastique, qui est traditionnellement consacré à une réflexion sur la royauté de Christ. Je crois que pour nous, baptisés de ce début de 21ème siècle, ce thème revêt une importance très grande. Le Christ est Roi. Mais qu'est-ce que cela veut dire? Notre première lecture tirée du livre de Daniel, nous montre le peuple de Dieu soumis à une terrible oppression, croyant qu'elle ne prendra jamais fin. La vision de Daniel leur montre que Dieu, "l'Ancien des Jours" règne, et que leurs souffrances prendront fin. Le Royaume de Dieu est éternel et rien ne pourra la faire disparaître. Le message de Daniel est un message d'espoir, qui dit aux croyants que Dieu ne les abandonnera jamais. Ce sont ces paroles qui leur ont permis de faire face à leur épreuve.
Ce thème, nous le retrouvons dans notre deuxième lecture tirée de l'Apocalypse: que la grâce et la paix vous soient données de la part de celui qui est, qui était et qui vient! Encore une fois, Dieu règne. Avant que le temps ait existé et même lorsque le temps ne sera plus, Dieu règne! Cela aussi nous donne l'espoir: même au cœur de nos inquiétudes, il n'y a pas un seul moment, une seule minute de nos vies qui ne soient pas sous le contrôle du Seigneur. Il prend soin de nous, il guide nos pas sur le chemin de la paix. Nous pouvons faire face au futur, même s'il est incertain, avec confiance. Nous pouvons placer notre confiance, et même nos vies entières, entre les mains de celui qui contrôle le passé, le présent et le futur.
L'Evangile enfin nous fait mieux comprendre la royauté de Christ. Qu'y voyons-nous? Jésus, qui vient d'être arrêté, abandonné par tous ses proches, condamné par le tribunal religieux des Juifs et qui vient d'être remis au gouverneur romain Pilate pour être interrogé. Parlez-moi d'un roi!
C'est Jésus lui-même qui clarifie tout lorsqu'il dit "mon royaume n'est pas de ce monde…mon royaume n'est pas d'ici-bas". Comme s'il disait "tu vois, Pilate, tu te trompes complètement. Tu cherches en moi un agitateur politique, le prétendant à un trône terrestre. Tu fais totalement fausse route". Et cela, bien sûr, Pilate ne peut pas le comprendre. Il n'a été amené dans cette histoire que parce que les Juifs ne peuvent mettre personne à mort et que son autorisation est nécessaire. La seule chose qui intéresse Pilate, c'est le maintien de l'ordre dans sa colonie, rien de plus. Les histoires de roi des Juifs, il n'en a que faire! Surtout si on lui parle d'un royaume spirituel!
Et pourtant, c'est bien de cela qu'il s'agit. Jésus n'est pas venu sur terre pour, comme l'espéraient beaucoup de ses compatriotes, chasser les Romains et restaurer le trône de David. Non, ce que Jésus a fait, c'est de créer un royaume spirituel, et ce royaume spirituel, nous Chrétiens en faisons partie, nous en sommes les sujets, et Jésus est notre roi.
Tous les dimanches au culte et j'espère, tous les jours dans notre prière personnelle, nous prions "que ton règne vienne". C'est je crois un de nos grands défis en tant que croyants à l'heure actuelle: demeurer aptes à reconnaître les signes annonciateurs du Royaume de Dieu qui s'avance.
Un jour, Jésus a dit "le Royaume de Dieu ne vient pas de façon à frapper les regards" (Lc 17.20). Les nations rivalisent sur le plan économique et militaire. Les défilés militaires permettent d'étaler la force de ses missiles; dans les expositions internationales, les stands des entreprises d'un pays permettent à celui-ci d'étaler sa capacité d'innovation… Mais le Royaume de Dieu avance petitement, presque caché. Comme Jésus l'a dit "le royaume de Dieu est au milieu de vous", c'est-à-dire dans nos cœurs.
Et les saisons de l'année liturgique nous aident en fait à nous recentrer sur ce qui devrait être le plus important dans nos vies: qui Dieu est, ce qu'il veut accomplir et notre appel en tant que baptisés dans ce monde. Chaque saison va nous donner une image différente de Jésus. Chaque saison va nous montrer un autre visage de Jésus-Christ, notre Roi.
Durant la saison de l'Avent, nous nous préparons à la venue de Christ. Les lectures parlent d'abord de Dieu prenant forme humaine, et nous nous préparons pour la venue du nouveau-né dans l'étable. Mais les lectures de l'Avent parlent aussi de la seconde venue de Christ. Il reviendra à la fin des temps, dans sa gloire, pour le jugement. Ces passages de l'Ecriture nous aident à mieux nous préparer à rencontrer le Seigneur. Cette certitude que Jésus va revenir pour juger les vivants et les morts est une incitation puissante à rejeter la voie de mort qu'ont choisie nos sociétés et à vivre la vie nouvelle donnée en Christ. En Ephésiens 5 Paul dit "sachez le bien; aucun impudique, ou impur, ou cupide, c'est-à-dire, idolâtre, n'a d'héritage dans le royaume de Christ et de Dieu". Quand on voit notre société, avec sa passion débridée pour l'argent vue comme valeur ultime et sa tolérance (promotion?) pour les inconduites sexuelles les plus choquantes, on se rend compte à quel point notre royaume, celui de Christ est en guerre contre un autre!
Veillons, comme nous l'avons vu la semaine dernière! Veillons pleins d'espérance, car l'Avent pointe aussi naturellement vers Noël, cette fête de la promesse tenue: Dieu nous a donnés un sauveur!
La saison de Noël est courte, mais elle nous permet de nous rappeler pourquoi Jésus est venu parmi nous: il est venu nous racheter de notre péché et du châtiment que nous méritons tous. Peut-être aurons-nous une crèche dans le temple, auquel cas, elle sera surmontée de la croix. C'est bien ainsi. Il n'y a pas de croix sans mangeoire, car il a fallu que le Fils se fasse homme pour nous sauver, il n'y a pas de mangeoire sans croix car le but de l'incarnation de Jésus a été d'assurer notre salut.
La saison de l'Epiphanie est marquée par l'histoire des mages qui viennent voir Jésus en suivant une étoile. Ils recherchent un espoir, un sauveur, un roi. La lumière tient un grand rôle durant cette saison. Elle nous permet de remercier Jésus pour la lumière qu'il fait briller dans les plus noires de nos ténèbres. Durant l'Epiphanie, nous parlons beaucoup de la présence de Dieu avec nous. Nous sommes amenés à comprendre que l'homme naturel demeure dans les ténèbres mais que Jésus donne la lumière. Il nous permet de nous détourner du péché et de vivre dans l'espérance, malgré les pressions du monde sur nous. La saison de l'Epiphanie se termine avec la fête de la Transfiguration où nous voyons aussi Jésus , revêtu de lumière, révéler sa puissance et sa mission. Il est vainqueur du péché, de la mort et du diable. Tournons-nous vers la lumière de Christ!
Viendra ensuite le Carême. On a trop insisté sur les privations physiques durant cette saison. C'est en fait un temps de méditation, de réflexion et de changement. L'Eglise ancienne utilisait ses 40 jours pour préparer les candidats au baptême. Ce temps d'étude permettait au jeune croyant de méditer sur un autre aspect de Jésus: l'Agneau immolé, le serviteur souffrant. Durant le Carême nous est décrite la route de Jésus vers la Croix et les défis auxquels il a dû faire face. Cela nous rappelle aussi que Jésus marche avec nous quand nous avons à porter nos propres croix. Le Carême est un temps de repentance, un temps pour changer de direction, pour réorienter nos vies vers un service de Dieu centré sur l'amour et la reconnaissance.
La Semaine Sainte est en fait peu célébrée chez nous. Dans notre usage liturgique local, nous ne célébrons que le Vendredi Saint. En ce jour, nous pouvons nous souvenir que "ce n'est pas par des choses périssables, par de l'argent ou de l'or que vous avez été rachetés de la vaine manière de vivre que vous aviez hérité de vos pères, mais par le sang précieux de Christ, comme d'un agneau sans défaut et sans tache" (1 Pierre 1.19).
Pâques; c'est la grande surprise que Dieu fait à son peuple. Jésus n'est pas resté dans la tombe, et nous n'y resterons pas non plus! En voyant l'émerveillement et la joie des disciples, nous sommes invités nous aussi à entrer dans une nouvelle dimension: au cœur de nos vies quotidiennes, quelles sont les résurrections que Dieu veut amener? Cette bonne nouvelle de la victoire sur la mort, comment la partager avec d'autres?
Vient ensuite la fête de la Pentecôte, l'anniversaire de la fondation de l'Eglise, lorsque l'Esprit Saint a été répandu sur les croyants, marquant ainsi l'entrée dans la Nouvelle Alliance. L'Eglise, oui, l'Eglise. Combien il est regrettable qu'un certain individualisme ai réduit son importance à nos yeux. Pourtant, si Jésus a choisi de la bâtir, c'est bien qu'il devait avoir une raison. Alors que les dernières traces de Christianisme sociologique disparaissent de nos pays, il est fondamental que nous nous souvenions que nul ne peut avoir Dieu pour Père s'il n'a l'Eglise comme mère. Dans l'Evangile d'aujourd'hui, Jésus dit "quiconque est de la vérité écoute ma voix". Mais qui, dans le plan de Dieu, doit annoncer la vérité? L'Eglise. Auprès de qui les âmes chargées peuvent-elles recevoir la Parole et les Sacrements que Dieu à créés pour nous? L'Eglise. Ou se trouve l'arche au sein de laquelle Dieu amène tous ses rachetés pour qu'ils puissent bénéficier du soutien de la communion fraternelle? Dans l'Eglise. Alors frères, si nous disons que nous aimons Dieu, aimons aussi l'Eglise: l'un ne va pas sans l'autre. Soutenons notre paroisse par notre présence au culte, par nos dons, par l'amour apporté aux frères et reçus d'eux!
C'est avec eux que nous pourrons, durant la saison de la Trinité, nous mettre à l'écoute de l'enseignement de Jésus, recevoir ses paroles de vérité et de vie. Le Père nous a créés, le Fils nous a rachetés, le Saint Esprit nous a sanctifiés: nous pouvons vivre dans l'amour et de l'amour!
Ainsi, les saisons de l'année ecclésiastique qui s'ouvre devant nous nous montreront, chacune à sa façon, comment Jésus est notre Roi. Elles nous disent combien l'amour et la compassion de Dieu sont grands pour nous. Elles nous disent que Dieu est fidèle. Elles nous apportent le message de Jésus-Christ et nous invitent à le partager avec les multitudes.
Dans toutes les saisons de l'année liturgique, dans toutes les saisons de nos vies, Dieu est avec nous et pour nous. Voilà comment Christ est Roi. Rendons-lui gloire.
1 commentaire:
BON DEPART
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