dimanche 26 août 2012

JEAN 6.56-69


56 Celui qui mange ma chair et qui boit mon sang demeure en moi, et je demeure en lui. 57 Comme le Père qui est vivant m’a envoyé, et que je vis par le Père, ainsi celui qui me mange vivra par moi. 58 C’est ici le pain qui est descendu du ciel. Il n’en est pas comme de vos pères qui ont mangé la manne et qui sont morts: celui qui mange ce pain vivra éternellement.
59 Jésus dit ces choses dans la synagogue, enseignant à Capernaüm.
60 Plusieurs de ses disciples, après l’avoir entendu, dirent: Cette parole est dure; qui peut l’écouter? 61 Jésus, sachant en lui-même que ses disciples murmuraient à ce sujet, leur dit: Cela vous scandalise-t-il? 62 Et si vous voyez le Fils de l’homme monter où il était auparavant...? 63 C’est l’Esprit qui vivifie; la chair ne sert à rien. Les paroles que je vous ai dites sont Esprit et vie. 64 Mais il en est parmi vous quelques-uns qui ne croient point. Car Jésus savait dès le commencement qui étaient ceux qui ne croyaient point, et qui était celui qui le livrerait. 65 Et il ajouta: C’est pourquoi je vous ai dit que nul ne peut venir à moi, si cela ne lui a été donné par le Père.
66 Dès ce moment, plusieurs de ses disciples se retirèrent, et ils n’allèrent plus avec lui.
67 Jésus donc dit aux douze: Et vous, ne voulez-vous pas aussi vous en aller? 68 Simon Pierre lui répondit: Seigneur, à qui irions-nous? Tu as les paroles de la vie éternelle. 69 Et nous avons cru et nous avons connu que tu es [le Christ,] le Saint de Dieu



Chers frères et soeurs en Christ,
chers amis,

Nous terminons en ce dimanche notre série de lectures en Jean 6 qui nous a occupés pendant 5 semaines. Tout au long de ce texte, Jésus affirme une idée centrale: il est le pain de vie venu du ciel. Mais c'est alors que quelque chose se passe: certains de ses disciples, les gens qui le suivaient et écoutaient son enseignement décident que là, Jésus va vraiment trop loin!! Ce qu'il enseigne est trop dur à accepter! Et ils le quittent, nombreux.
En tant que prédicateur, je dois dire avec un peu de cynisme que cela fait du bien de voir que même les sermons de Jésus n'étaient pas toujours bien reçus... Voilà qui nous rappelle d'être fidèles à la vérité de la Parole de Dieu, et à laisser les résultats à Dieu, sans chercher vainement à arrondir les angles pour faire plaisir à on ne sait qui...Mais je voudrais surtout, ce matin, que nous méditions ensemble à la réaction des disciples qui sont partis et de ceux qui sont restés et que nous répondions à la question «  à qui irions-nous? »
La réaction de ceux qui quittent Jésus est d'une certaine façon compréhensible. Il y a des choses dures à avaler dans la foi chrétienne. En tant que pasteur, j'ai souvent à clarifier certains points que les gens ne comprennent pas ou qu'ils ne veulent pas accepter... Par exemple, pourquoi est-ce que notre église n'accepte pas n'importe qui à la Sainte Cène? Est-ce qu'on est vraiment obligé Et, en parlant de « paroles dures » que penser des mots de Paul dans notre épître de ce jour: « Femmes, [soumettez-vous] à votre mari comme au Seigneur...Maris, aimez votre femme comme Christ a aimé l'Eglise. Il s'est donné lui-même pour elle » voilà qui parle, Mesdames, de soumission et de l'exigence, pour nous Messieurs, d'un amour complet et sacrificiel...bof, bof...


Pourtant, toutes ces choses ne sont pas ce qui a amené la défection de beaucoup des disciples de Jésus. Ce qui les a fait chuté, ce qui les a fait l'abandonner pour prendre un autre route, c'est ce que Jésus disait de lui-même, son identité, son rôle, son oeuvre pour eux. L'idée qu'il était la seule source de vie; l'idée qu'il venait du Père et que, comme il le dira plus tard encore «C'est moi qui suis le chemin, la vérité et la vie. On ne vient au Père qu'en passant par moi. » Jean 14.6.

Voilà par exemple quelque chose de dur à avaler dans la société actuelle, d'autant plus qu'il ne s'agit pas là d'un rajout de l'Eglise (laquelle s'est souvent trompée) mais des paroles même de Christ. Aujourd'hui, beaucoup de gens ont une spiritualité de supermarché, prenant ce qui les attire et rejetant le reste, mélangeant le christianisme, le bouddhisme...
Jésus lui, est exclusif. Lui seul donne la vie. Cela veut dire que les dieux grecs et romains, que même Moïse et Elie ne peuvent pas le faire. Jésus est le seul sauveur. Cela veut dire aussi que nous ne pouvons pas nous sauver nous-mêmes en « étant bons », en « faisant tout ce qu'on peut », en « tirant le meilleur de nous-mêmes ».
Comme le dit Jésus: «En vérité, en vérité, je vous le dis, si vous ne mangez pas le corps du Fils de l'homme et si vous ne buvez pas son sang, vous n'avez pas la vie en vous-mêmes » (Jean 6.53)
Manger et boire le sang de Christ, c'est bien sûr une référence à la Cène que Jésus instituera plus tard, cela veut dire aussi accepter l'oeuvre que Christ a accomplie pour nous, tout comme nous recevons notre force de la nourriture que nous mangeons.

Oui, ce que Jésus dit est « scandaleux ». Choquant. Cela va contre nos instincts, notre première réaction naturelle. Et cela nous amène à une autre question: ce Jésus scandaleux, est-ce bien le nôtre?? Il y a tant de « petits Jésus » bien rangés, inoffensifs et pas dérangeants pour deux sous. Mais le vrai Jésus dérange, il scandalise, et il est grand. Et il faut bien constater que là où des croyants ont vraiment vécu leur foi, cela a été dérangeant: Moïse a défié Pharaon, Nathan a reproché au roi David ses mauvaises voies, Luther a dit que c'était la Bible, et non le Pape, qui était l'autorité, Bonhoeffer a tenu tête aux nazis et a su proclamer que c'était Jésus qui était le Seigneur, et pas Hitler! Et si nous vivions réellement les valeurs du Royaume de Dieu dans leur radicalité, je suis sûr que nos églises dérangeraient beaucoup plus! Le font-elles? En tout cas, nous sommes placés devant un choix: fidélité à un message dérangeant avec un prix à payer ou défection commode.

Car la leçon de ce texte correspond aussi, je crois, au message de Josué « choisissez aujourd'hui qui vous voulez servir: soit les dieux que vos ancêtres servaient de l'autre côté de l'Euphrate, soit les dieux des Amoréens dans le pays desquels vous habitez. Quant à ma famille et moi, nous servirons l'Eternel. » Josué 24.18. Oui, vers qui irons-nous: vers le vrai Dieu qui s'est révélé en Christ ou vers les idoles de notre temps?
Irons-nous vers l'hédonisme, qui veut nous faire croire que l'existence n'a pour but que de satisfaire nos besoins de consommation?
Irons-nous vers l'idole du progrès? De la fausse spiritualité du new Age? Ou encore ferons-nous de nous mêmes notre propre idole?

Oui, vers qui irons-nous?

Elle est belle et émouvante, la réponse de Pierre « Tu as les paroles de la vie éternelle ». Pierre et les autres savaient qu'en s'éloignant de Jésus, ils s'éloigneraient des paroles de la vie éternelle, ils s'éloigneraient de la vie tout court!
Ces paroles de vie, nous avons besoin de les ré-entendre de façon continuellement nouvelle: « tes péchés te sont pardonnés », « je te baptise au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit », « prenez, mangez ceci est mon corps, prenez, buvez, ceci est mon sang »; « je suis la résurrection et la vie ».
Les autres paroles, celles que peuvent nous adresser les philosophies, les idéologies, la société sont la plupart du temps creuses ou mensongères. En tout cas, elles n'ont pas la vie éternelle.

Et c'est là que nous voyons que l'évangile demeure lui aussi un scandale.
Parce que c'est dur à accepter que nous recevons la vie éternelle simplement en croyant en un être que nous n'avons jamais vu ni rencontré mais qui nous a fait les plus grandes promesses.
Oui, frères et soeurs, c'est difficile de croire. La foi, ce n'est pas facile, parce que la foi est un lâcher prise.
Et si ce n'était pas pour l'oeuvre souveraine de l'Esprit Saint qui fait naître et préserve la foi dans notre coeur, nous serions comme ces soi-disant disciples qui ont abandonné leur maître parce que le programme ne leur plaisait plus. C'est une des autres grandes paroles de vie éternelle que Jésus adresse à ceux qui sont véritablement nés de l'Esprit: « «Mes brebis écoutent ma voix, et moi je les connais, et elles me suivent, et moi, je leur donne la vie éternelle, et elles ne périront jamais ; et personne ne les ravira de ma main. Mon Père, qui me les a données, est plus grand que tous, et personne ne peut les ravir de la main de mon Père » (Jean 10.27-30)
Un dernier point pour terminer: cela a d'abord dû être un coup très rude pour les disciples de voir tant de gens qui avaient semblé pendant un temps avoir une vraie foi renier Jésus. Mais, dans le même temps, je suis certain qu'ils ont pu être puissamment réconfortés et encouragés par une assurance: celle d'être encore et toujours avec Jésus, tout près de lui et prêts à recevoir sa Parole. Nous n'avons besoin de rien d'autre, en tant que chrétien, en tant qu'église. Quand on a Jésus, on n'a pas besoin d'aller voir ailleurs.

A qui irions-nous? Christ a les paroles de la vie éternelle!

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