mercredi 7 mai 2008

"There will be blood"



La dureté âpre de ce film prend le spectateur à la gorge et l'emmène au bout des deux heures trente d'un récit captivant qui vous laisse saisi quand il s'achève.
Thomas Paul Anderson nous décrit la vie d'un homme qui va se laisser consummer par l'appât du gain et la haine. L'histoire débute à la fin des années 1890 et est centrée sur la personnage de Daniel Plainview (Daniel Day-Lewis), un prospecteur de pétrole à la poursuite de la fortune. Il arrive dans un petite ville perdue de Californie qui repose sans le savoir sur un immense champ de pétrole. C'est là qu'il rencontre un des personnages les plus fascinants du film, Eli Sunday, un jeune "pasteur" auto-proclamé. Plainview et Sunday font affaire, ce qui permet au premier de commencer l'extraction du pétrole.

Le reste du film est consacré à la description de l'ambition maladive de Plainview, qui finira par le détruire après avoir ravagé tout ce qui était à sa portée. L'interprétation magistrale de Daniel Day-Lewis domine le film. Ceux qui ont vu Gangs of New-York auront peut-être comme moi l'impression que Plainview est une sorte de petit-fils de Will le Boucher, interprété par le même acteur: même dureté, même sens de sa propre destinée que l'on est prêt à tout pour accomplir.

Le personnage de Sunday, joué par Paul Dano est en quelque sorte un pendant religieux de Plainview. Son "Eglise de la Troisième Révélation", fondée avec l'argent du pétrole, est une caricature de secte pré-Pentecôtiste. On y envoie les "perdus" en enfer, on y chasse les démons dans des exorcismes grandiloquent et théâtraux, mais l'Evangile y est complètement oublié. Sunday mène son église comme un business, et elle n'est d'ailleurs que cela, tant le message authentique de Jésus est complètement absent des shows du jeune prédicateur.

C'est en fait ce qui marque le plus dans ce film: l'absence complète de grâce, de pitié ou de bonté dans les rapports entre êtres humains. Plus encore qu'un colossal bûcher des vanités, c'est un téléscopages d'ambitions mégalomaniaques. Malheur au faible, au naïf, à l'homme honnête: la loi de la la jungle du marché le condamne. En cela, There will be blood nous renvoie aussi l'image de notre propre société et nous fait réfléchir sur nos propres destinées, tant individuelles que collectives.

Thomas Constantini




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