dimanche 25 août 2013

LUC 13.10-17



10 [Jésus] enseignait dans une des synagogues, un jour de sabbat. 11Or il y avait là une femme rendue infirme par un esprit depuis dix-huit ans ; elle était courbée et ne pouvait absolument pas se redresser. 12Quand il la vit, Jésus l'appela et lui dit : Femme, tu es délivrée de ton infirmité. 13Et il lui imposa les mains. A l'instant même elle se redressa et se mit à glorifier Dieu.
14Mais le chef de la synagogue, indigné parce que Jésus avait réalisé cette guérison pendant le sabbat, disait à la foule : Il y a six jours pendant lesquels il faut travailler ; venez donc vous faire guérir ces jours-là, et non pas le jour du sabbat ! 15Le Seigneur lui répondit : Hypocrites, chacun de vous, pendant le sabbat, ne détache-t-il pas son bœuf ou son âne de la mangeoire pour le mener boire ? 16Et cette femme, qui est une fille d'Abraham et que le Satan tenait liée depuis dix-huit ans, il n'aurait pas fallu la détacher de ce lien le jour du sabbat ? 17Tandis qu'il disait cela, tous ses adversaires étaient pris de honte, et toute la foule se réjouissait de toutes les choses glorieuses qu'il faisait.



Chers frères et sœurs en Christ
chers amis



Le nom d'Haley Waldman vous est certainement inconnu. En 2004, cette petite fille (alors âgée de 8 ans) s'est vue interdire de communion au sein de l’Église Catholique. La raison ? Elle est atteinte de maladie cœliaque, qui entraîne notamment une intolérance très grave au gluten. Le problème est que le droit canon catholique romain exige que les hosties soient faites de pain sans levain qui, par définition, contient du gluten. Les autorités de diocèse concerné restèrent inflexibles : pas d'exception à la règle.


 Je ne tiens pas à me lancer dans une polémique anticatholique ce matin, j'utilise juste cette histoire pour vous montrer à quel point la religion peut parfois devenir purement répressive. Des exemples similaires existent partout, et même chez les luthériens (si, si...). Notre évangile de ce matin nous dit en fait la même chose.
Quand l'histoire commence, Jésus se trouve, comme souvent, dans une synagogue. Les cultes étaient le plus souvent assez simples et informels : des prières, des lectures de la Parole de Dieu, une forme d'enseignement et des aumônes pour les pauvres. Mais, au milieu de cet environnement familier, Jésus remarque une femme que Luc nous décrit comme étant « courbée » (peut-être une scoliose ou une ostéoporose) depuis 18 ans. Cette affection est causée par un « esprit » : la femme est donc affectée dans sa totalité : corps et âme, pourrait-on dire... Jésus l'appelle et lui dit « Femme, tu es délivrée de ton infirmité. » Il la touche et, immédiatement, elle se relève et loue Dieu. Voilà, belle histoire, fin de la prédication.
Bien sûr, il y a plus dans cette histoire. Le « rabbin » local arrive et reprend sévèrement les gens : Il y a six jours pendant lesquels il faut travailler ; venez donc vous faire guérir ces jours-là, et non pas le jour du sabbat !
Derrière ces remontrances, on voit en fait une critique déguisée faite à Jésus. On entend bien le « Jésus, comment oses tu guérir le jour du sabbat ?? »
Et, en vérité, il est évident que l'action de Jésus allait forcément créer la controverse. Cette guérison allait forcément être vue comme une violation du commandement divin : « le septième jour est le repos de l'Éternel ton Dieu; tu ne feras aucune œuvre en ce jour-là, ni toi, ni ton fils, ni ta fille, ni ton serviteur, ni ta servante, ni ton bétail, ni l'étranger qui est dans tes portes. Car l'Éternel a fait en six jours les cieux et la terre, la mer et tout ce qui est en eux, et il s'est reposé le septième jour; c'est pourquoi l'Éternel a béni le jour du repos et l'a sanctifié. »
Comme vous le diront n'importe quel médecin ou infirmière, guérir ou soigner, c'est du travail. Jésus guérit le jour du sabbat, il viole donc le sabbat.
Encore aujourd'hui, le sabbat, le jour du repos est central dans la vie religieuse juive. En fait, tout cela remonte à la période de l'exil, dans l'ancien testament, où le sabbat est devenu un marqueur de l'identité juive. Avec le temps, on est passé de la logique originelle  (un jour de repos consacré à Dieu) à un ensemble de règles tout à fait étrangères au texte biblique. A l'époque de Jésus, il y avait 1521 choses qu'il était interdit de faire lors du sabbat. Par exemple, les chefs religieux avaient décrété qu'on ne pouvait pas marcher plus qu'un « chemin de sabbat » (2000 coudées)
On ne pouvait non plus rien porter, ce qui incluait un morceau de ruban attaché à la robe d'une femme par une épingle, mais pas le même ruban s'il était cousu... Vous voyez, ce qui s'était passé dans beaucoup de milieux juifs, c'était une perversion du sabbat. On avait transformé un commandement divin avec une logique humaine et on en avait tordu le sens réel en instrument de légalisme absolument étouffant.


C'est dans ce contexte que Jésus guérit la femme. Il travaille donc le jour du sabbat ; il viole le sabbat. Et ce n'est même pas un cas d'urgence : la femme était malade depuis 18 ans, elle aurait pu attendre. D'ailleurs, elle n'avait rien demandé !! Et je suis persuadé que Jésus a fait tout cela exprès, tout d'abord par amour envers cette femme mais aussi pour réveiller les esprits et les cœurs de ceux qui étaient là.


Jésus les interpelle , et ses mots sont rudes : « Hypocrites, chacun de vous, pendant le sabbat, ne détache-t-il pas son bœuf ou son âne de la mangeoire pour le mener boire ? 16Et cette femme, qui est une fille d'Abraham et que le Satan tenait liée depuis dix-huit ans, il n'aurait pas fallu la détacher de ce lien le jour du sabbat ? ». Jésus adresse une remontrance qui est aussi un appel à se réveiller : « est-ce que vous vous rendez compte de ce que vous faites ? Vous êtes tellement centré sur votre règle purement humaine (avec laquelle vous savez vous arranger) que vous en en oubliez d'être humains !! Vous êtes prêts à détacher une bête pendant le sabbat, mais vous ne voulez pas qu'on libère une femme ??!!». Monstrueuse inconséquence en effet, qui est simplement insupportable à Jésus.


Le sabbat avait été perverti, tordu. Alors ici, Jésus redresse les choses. Il redresse la femme bien sûr, mais il redresse aussi la vision juste de la grâce et de l'amour de Dieu, complètement obscurcie par le légalisme.
Nous ne nous en rendons peut-être pas compte, mais dans ces sept versets, Jésus viole non pas une règle (le sabbat) mais six !
  • Jésus parle à la femme. Aucun juif n'aurait parlé à une femme en public, même pas à son épouse (se souvenir de Jean 4 et de la Samaritaine)
  • il l'amène au centre de la synagogue. Il rompt donc l'idée d'un accès privilégié des hommes à Dieu
  • il touche la femme, violant une autre loi qui « protégeait » les hommes contre l'impureté et la séduction féminines
  • il l'appelle « fille d'Abraham » un terme jusque là inconnu dans la littérature juive. C'est révolutionnaire car beaucoup pensaient que les femmes étaient sauvées par l'intermédiaire des hommes. Dire d'une femme qu'elle était fille d'Abraham, c'était en faire une égale devant Dieu.
  • Il la guérit le jour du sabbat. Il montre par là que la bonté de Dieu passe bien avant les cérémonies et ramène le sabbat à ce qu'il n'aurait jamais dû cesser d'être : un signe tangible de l'amour divin
  • enfin (mais ce n'est pas le moindre) Jésus critique l'idée selon laquelle la maladie serait une punition infligée par Dieu à cause d'un péché quelconque. Jésus affirme que la femme est malade, non pas parce que Dieu l'a voulu, mais parce que le mal est une réalité de notre monde, mais une réalité que Dieu vient défaire par son Fils unique.


Tout cela, très clairement, Jésus le fait pour choquer, pour réveiller. Pour ramener à l'essentiel, car c'est le propre de toutes les religiosités légalistes que de faire perdre de vue l'essentiel. Je me souviens de cette brave dame protestante qui était choquée qu'on joue de la guitare dans le temple (parce que « ça ne se faisait pas ») mais qui n'avait aucun problème avec des pasteurs niant la divinité de Jésus. Il est tellement simple parfois de filtrer le moucheron et d'avaler le chameau.
A l'opposé de cette attitude, Luc nous raconte aujourd'hui une histoire de la grâce qui transforme.
La compassion est ici au cœur des choses. Le chef de la synagogue représente la voix de la tradition, de la prudence et de la sagesse habituelle. La loi et l'ordre en quelque sorte...choses que Jésus n'a jamais refusées en tant que telles. Le problème, c'est que c'est aussi dans ce cas la voix de l'aveuglement face au légalisme, à l'oppression et à la discrimination. La sagesse conventionnelle est une bonne chose en soi, mais elle doit être surpassée par une sagesse qui vient d'en haut. Nous mettre encore et toujours à l'écoute réelle de l’Écriture Sainte nous permettra d'entrer dans le cœur de Dieu, de voir les choses comme il les voit, à nous défaire de toutes ces choses auxquelles nous nous accrochons parce que nous croyons qu'elles nous apportent la sécurité, tandis qu'elles ne font que nous paralyser.


Nous avons vu aujourd'hui Jésus relever une femme qui avait été courbée pendant 18 ans. Peut-être que nous aussi nous sommes courbés, par le poids du péché dans nos vies, par des rêves non réalisés, par de l'amertume ou par quelque autre fardeau. La Bonne Nouvelle ce matin, c'est qu'une puissance de guérison, de restauration est là, présente en Jésus-Christ. Peut-être aussi que cette histoire est là pour nous rappeler que les bons chrétiens que nous sommes doivent, comme la femme, être « détachés »de toute étroitesse d'esprit et de tout orgueil, rendus libres d'apprécier de façon nouvelle la communion avec Dieu et le service de notre prochain. La Bonne Nouvelle ce matin, c'est que les réserves de la grâce ne sont pas épuisées et que nous pouvons y puiser.


En redressant cette femme, Jésus lui aussi donné une nouvelle vision sur le monde. C'est ce qu'il veut faire encore aujourd'hui, pour vous et moi. Puissions nous voir les choses comme Dieu les voit. Voir notre vie, l'appel que Dieu nous lance à le servir dans la consécration, voir notre besoin de nous placer à l'écoute de sa Parole, en abandonnant toutes nos fausses sagesses. La religion n'est que les habits usés de la foi. La foi réelle et vivante en Christ Jésus n'a que faire de toutes les règles qui finissent par nous cacher le cœur de Dieu. La foi accepte avec joie la tradition et se défie du traditionalisme. Elle reconnaît qu'en Jésus-Christ, le Sauveur du monde, Dieu est venu agir dans nos vies pour nous donner le pardon et la paix. La foi sait que tous ceux qui ont placé leur confiance en Jésus sont appelés à participer à l’œuvre de grâce et de restauration de Dieu, à devenir le visage de la grâce dans la vie de ceux que nous touchons chaque jour.

lundi 19 août 2013

La bataille spirituelle




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Source:  pdphoto.org
La bataille spirituelle

 “Tes paroles ont été entendues,
et c’est à cause de tes paroles que je suis venu.”
(Daniel 10:12)

Bien que ses mains aient été incapables de soulever les lourdes pierres du mur du temple, bien que ses doigts ne se soient pas refermés sur une épée pour combattre les ennemis qui s’acharnaient contre ses frères et soeurs en Judée, Daniel s’est humilié devant le Seigneur pour prier pour les gens de son peuple qui rebâtissaient leur vie dans le beau pays.  Après plusieurs semaines de prière continuelle, un ange est apparu à Daniel et lui a dit:  “Daniel, sois sans crainte; car dès le premier jour où tu as eu à coeur de comprendre et de t’humilier devant ton Dieu, tes paroles ont été entendues, et c’est à cause de tes paroles que je suis venu.” (Dan. 10:12).  Il y a un lien entre la prière du croyant et la venue de l’ange.  La puissance de la prière est si immense qu’elle peut même faire descendre des anges sur la terre pour aider le peuple de Dieu.


Mais il est intéressant de voir qu’en Daniel 10 nous lisons qu’il y a eu un délai avant que l’ange du Seigneur arrive, en réponse à la prière de Daniel. Presqu’en s’excusant, l’ange explique pourquoi ce fut si long avant qu’il vienne:  “Le chef du royaume de Perse m’a résisté vingt-et-un jours; mais voici que Michel, l’un des principaux chefs, est venu à mon secours, et je suis demeuré là auprès des rois de Perse.” (v. 13).

Qui pouvait bien empêcher un ange de se rendre immédiatement auprès de Daniel?  Deux mots sont mentionnés dans le verset:  “chef” (ou “prince”) et “roi”.  Il y a le roi du royaume de Perse qui est Cyrus (comme on le voit en Daniel 10:1), mais il y a aussi “le chef du royaume de Perse” et “le chef de Yavân” (royaume grec) (v. 20).  Michel, qui a aidé le messager, est également appelé un grand chef ou grand prince (voir aussi Dan. 12:1).  Qui étaient tous ces chefs ou princes?  C’étaient des anges!  Certains de ces “chefs” qui cherchaient à influencer et à tromper les royaumes sur lesquels il leur avait été donné pouvoir étaient des anges déchus.  Ils s’opposaient à Dieu et cherchaient à empêcher l’avancement du royaume de Dieu et la venue du Christ.  Mais les anges de Dieu étaient bien occupés eux aussi.  Michel, qui est désigné spécifiquement comme étant le grand chef (ou le chef des princes), avait aidé le messager à se rendre auprès de Daniel en éloignant l’ange déchu qui empoisonnait l’esprit du roi Darius.  Nous voyons donc que bien que Daniel ait vécu un délai de vingt-et-un jours, les prières qu’il a offertes ont en fait été répondues bien avant cela dans une bataille spirituelle que personne ne voyait.  C’est parce que l’ange était occupé à travailler à répondre à la prière de Daniel qu’il a mis trois semaines à se rendre auprès de lui.

Voyez-vous tout ce que cela signifie?  Nos alliés célestes combattent pour nous dans une bataille qui fait rage présentement.  Quel magnifique encouragement, particulièrement quand nous considérons le fait que les anges déchus sont capables de s’infiltrer dans les esprits et les plans des hommes sur la terre.  Pendant que certains anges déchus essaient de ruiner l’oeuvre du Seigneur et de son Église, de garder leurs sujets dans les ténèbres et de les tromper, d’autres se battent pour nous protéger et nous défendre contre leurs attaques.  Cela signifie que nous sommes nécessairement engagés nous-mêmes dans la bataille — les paroles de Paul en Éphésiens 6:12 l’expriment si clairement:  “Car nous n’avons pas à lutter contre la chair et le sang, mais contre les principautés, contre les pouvoirs, contre les dominateurs des ténèbres d’ici-bas, contre les esprits du mal dans les lieux célestes.”   Il récapitule ensuite en nous rappelant notre besoin de revêtir toutes les armes de Dieu, toute son armure, pour finalement conclure:  “Priez en tout temps par l’Esprit, avec toutes sortes de prières et de supplications.  Veillez-y avec une entière persévérance. Priez pour tous les saints…”  (v. 18).  Priez parce que la prière est puissante et efficace.  Priez parce que l’aide de Dieu est à votre portée.  Priez parce que vous avez la victoire en Jésus-Christ, lui qui a mis tous ses ennemis sous ses pieds.  Et lorsque vous priez, que Dieu ouvre vos esprits, comme il a ouvert les yeux du serviteur d’Élisée (2 Rois 6), afin que vous puissiez réaliser et croire à la présence des milliers et des milliers d’anges qui sont de votre côté.  Alors que vous êtes ici sur la terre à combattre au milieu de toutes ces batailles spirituelles… alors que vous essayez de résister à la tentation et de servir Dieu fidèlement… vous pouvez savoir par la foi que vos prières sont entendues et que Dieu est capable d’envoyer des anges puissants pour y répondre.

Julius VanSpronsen, missionnaire
Paru dans la revue Lumière sur mon sentier,
Vol. 3, No. 3, mai 2008.
Traduit et utilisé avec permission,
Julius VanSpronsen, “Spiritual Battle”, Clarion, Vol. 56, No. 22, 26 octobre 2007, p. 545.
L’auteur est missionnaire à Recife au Brésil (Igreja Reformado do Brasil), envoyé par l’Église réformée canadienne de Surrey (CanRC) en Colombie-Britannique.

http://beauce.erq.qc.ca/