dimanche 26 mai 2013

EPHESIENS 1.3-14

Chers frères et soeurs en Christ,
chers amis,

Nous célébrons aujourd'hui la fête de la Trinité. C'est là un point fondamental de la foi chrétienne authentique. C'est aussi un point souvent mal compris. Par exemple, les musulmans vont souvent affirmer que les chrétiens ne croient pas en un seul Dieu, mais en trois.
Alors, que disons-nous quand nous confessons à chaque culte « Je crois en Dieu le Père tout-puissant...Je crois en Jésus-Christ son Fils unique notre Sauveur...je crois au Saint-Esprit »?


La Bible ne mentionne pas le terme « trinité » mais la notion s'y retrouve bel et bien.
21 Comme tout le peuple était baptisé, Jésus aussi fut baptisé. Pendant qu'il priait, le ciel s'ouvrit
22 et le Saint-Esprit descendit sur lui sous une forme corporelle, comme une colombe. Et une voix fit entendre du ciel ces paroles: «Tu es mon Fils bien-aimé, tu as toute mon approbation.» (Luc 3.21-22)

25 »Je vous ai dit cela pendant que je suis encore avec vous,
26 mais le défenseur, l'Esprit saint que le Père enverra en mon nom, vous enseignera toutes choses et vous rappellera tout ce que je vous ai dit. (Jean 14.25-26)

Mais, me direz-vous, pourquoi est-il important de croire en la Trinité?
Pour vous répondre, je vous invite à écouter Ephésiens 1.3-14
3 Béni soit le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus-Christ, qui nous a bénis de toute bénédiction spirituelle dans les lieux célestes en Christ!4 En lui, Dieu nous a choisis avant la création du monde pour que nous soyons saints et sans défaut devant lui. Dans son amour,5 il nous a prédestinés à être ses enfants adoptifs par Jésus-Christ. C'est ce qu'il a voulu, dans sa bienveillance,6 pour que nous célébrions la gloire de sa grâce, dont il nous a comblés dans le bien-aimé.7 En lui, par son sang, nous sommes rachetés, pardonnés de nos fautes, conformément à la richesse de sa grâce.
8 Dieu nous l'a accordée avec abondance, en toute sagesse et intelligence.
9 Il nous a fait connaître le mystère de sa volonté, conformément au projet bienveillant qu'il avait formé en Christ10 pour le mettre à exécution lorsque le moment serait vraiment venu, à savoir de tout réunir sous l'autorité du Messie, aussi bien ce qui est dans le ciel que ce qui est sur la terre.
11 En lui nous avons été désignés comme héritiers, ayant été prédestinés suivant le plan de celui qui met tout en oeuvre conformément aux décisions de sa volonté12 pour servir à célébrer sa gloire, nous qui avons par avance espéré dans le Messie.13 En lui vous aussi, après avoir entendu la parole de la vérité, l'Evangile qui vous sauve, en lui vous avez cru et vous avez été marqués de l'empreinte du Saint-Esprit qui avait été promis.
14 Il est le gage de notre héritage en attendant la libération de ceux que Dieu s'est acquis pour célébrer sa gloire.

Je vous propose donc de cheminer à travers le texte et de nous arrêter à 3 affirmations du texte pour en méditer plus particulièrement le sens :

Et tout d’abord à ce passage où il est dit que «Dieu nous a choisis avant la création du monde» (v.4)
Le sinistre Jean-Paul Sartre a développé toute une philosophie qui affirme que la vie humaine n'a aucun sens, aucun but, aucune raison, qu'elle n'est qu'absurde. La Parole de Dieu fournit un puissant antidote à cette idéologie de désespoir. Non seulement Dieu nous a créés, il nous a donné la vie, mais en plus il a choisi de nous donner la vie éternelle.
De toute éternité, Dieu a élu dans sa souveraineté des hommes à qui il donnerait la foi. Dieu a choisi par avance ceux qu’il adopterait comme ses fils en Jésus-Christ. Savez-vous que déjà à l’époque romaine un fils adoptif avait exactement les mêmes droits qu’un fils naturel ? Quelle bénédiction est-ce d’avoir été adopté par Dieu ! Nous avons été prédestinés suivant le plan de celui qui met tout en œuvre conformément aux décisions de sa volonté (1.11). Ceux qu'il a prédestinés, Dieu les a aussi appelés; ceux qu'il a appelés, il les a aussi déclarés justes; et ceux qu'il a déclarés justes, il leur a aussi accordé la gloire. (Romains 8.30). Si aujourd’hui nous appartenons à Dieu et nous le suivons, le mérite ne nous revient pas. Dieu nous avait choisi et élu avant que nous existions et avant même la création du monde. Toutes les bénédictions dont parle le passage du jour prennent source dans l’élection du Père. Car c'est par la grâce que vous êtes sauvés, par le moyen de la foi - et cela ne vient pas de vous, c'est le don de Dieu - Ce n'est point par les œuvres, afin que personne ne se glorifie. (Ephésiens 2.8-9) Que personne ne s’enorgueillisse d’être chrétien mais que tous rendent gloire à Dieu pour sa grâce et son amour !

- Toutes les bénédictions dont parle le passage du jour prennent source dans l’élection du Père. Puis elles prennent effet dans la rédemption du Fils.


La deuxième affirmation qui a retenu mon attention est celle-ci : « En lui, par son sang, nous sommes rachetés, pardonnés de nos fautes, conformément à la richesse de sa grâce » (v.7)
La rédemption est un thème assez familier aujourd’hui dans nos églises, il est vrai que la Sainte-Cène est là pour nous le rappeler dimanche après dimanche ! La doctrine de la rédemption fait écho au rachat d’un esclave en vue de la liberté. Nous étions tous pécheurs et dans ce sens esclaves du péché. Jésus dit : En vérité, en vérité, je vous le dis, toute personne qui commet le péché est esclave du péché. (Jean 8.34) Ces mots sont durs mais ce sont les paroles mêmes de notre Seigneur concernant la condition humaine ! Mais nous avons été rachetés de cette situation misérable. Par son sang (1.7), c'est-à-dire par sa mort sur la croix, Jésus a payé le prix de notre libération, il a payé le prix de notre liberté. Quelle bénédiction extraordinaire d’avoir un Maître qui a donné sa vie pour nous ! Quelle joie d’avoir gouté au pardon divin ! Sa grâce, Dieu ne nous l’a pas accordé avec parcimonie, telle un cuisinier qui dose prudemment les épices dans sa marmite. Non, Dieu nous a accordé la richesse de sa grâce avec abondance (1.8). Passer de la mort à la vie, comment peut-il exister une plus grande bénédiction ? Pour créer le monde, Dieu n’a eu qu’à parler. Par contre, pour racheter les hommes, Dieu a du mourir et offrir son propre fils en sacrifice. Dans l’Ancien Testament, Dieu avait déjà montré que le péché ne pouvait être enlevé sans sacrifice, Dieu a ici surpassé ses propres exigences en offrant ce qu’il avait de plus cher, son propre et unique fils. Comment peut-il exister une plus grande bénédiction ? Qu’y-a-t-il que nous n’ayons pas reçu en Christ ?


La troisième affirmation de cette confession de foi que je voudrais retenir est celle-ci : « vous avez été marqués de l'empreinte (sceau) du Saint-Esprit» (v.13) Dans un premier temps cette expression semble particulièrement hermétique. Et pourtant elle est tellement élémentaire. Elle nous rappelle tout naturellement l’événement de Pentecôte, c’est à dire l’expérience des premiers chrétiens, à savoir que Dieu n’abandonne pas ceux qu’il a choisis et qu’il aime mais qu’il leur donne la certitude de sa présence par le don de son Esprit.
Pour souligner cette présence constante de Dieu avec les siens l’épître aux Ephésiens utilise cette image de sceaux que l’on appose sur ce qui est particulièrement précieux, qui doit être protégé, préservé et mis en sécurité, pour l’authentifier et le rendre inviolable. Nous appartenons à Dieu et rien, ni personne ne peut nous arracher de sa main. Mais parce que Dieu sait notre faiblesse et notre inconstance dans la foi, l’amour et l’espérance ; parce que Dieu sait combien facilement il nous arrive de douter de sa présence et de son amour pour nous, parce que Dieu sait combien facilement un sentiment de non-sens et d’absurde peut nous submerger dans les situations difficiles de notre vie, il nous donne son Esprit qui atteste lui-même à notre esprit que nous sommes enfants de Dieu (Rom 8, 16) et que rien ne peut nous séparer de lui. L’Esprit saint nous assure des promesses de Dieu, de sa fidélité et de son amour. Et de cela nous en avons rudement besoin chaque jour pour vivre debout, paisibles et confiants.

Dès lors que nous avons conscience d’être aimés et choisis par le Père de toute éternité, d’être pardonnés et libérés de notre péché par le Fils, d’être accompagnés et consolés par l’Esprit saint en toutes circonstances, nous ne pouvons pas faire autrement que d’adorer et de louer Dieu, de lui rendre grâce du fond de notre cœur, chaque jour, pour sa fidélité et son amour, en disant avec l’auteur de cette merveilleuse confession de foi : « Béni soit Dieu, le Père de notre Seigneur Jésus Christ qui nous a bénis de toute bénédiction spirituelle dans le Christ ». Amen

mercredi 22 mai 2013

Apostasie, vous avez dit apostasie ?


Paul WELLS*
Revue Réformée 227
« Des choses horribles, abominables
Se passent dans le pays;
Les prophètes prophétisent le mensonge,
Les prêtres font du profit.
Et mon peuple aime cela !
Mais que ferez-vous quand viendra la fin ?
 »
(Jérémie 5:30-31, Bible de Jérusalem)

Il est une chose assez étonnante aujourd’hui: alors que l’Eglise, en Occident, est malade ou au moins souffrante d’asthénie, les chrétiens ne se préoccupent guère de savoir comment elle a pu en arriver là. Ils n’arrivent même pas à en faire la diagnose ou à nommer le mal.
Bien au contraire, il semble que tout se passe dans le meilleur des mondes ecclésiastiques possibles, avec un baromètre au beau fixe et un climat établi par l’air du temps. La chute, en bien des milieux, du nombre des pratiquants, des conversions, des vocations au ministère et des revenus… n’inquiète pas vraiment. Et même, une certaine suspicion existe à l’encontre des Eglises en développement: n’useraient-elles pas de manipulation où la « dureté » maintiendrait la ligne? Dans les Eglises francophonesmain-line, issues de la tradition de la Réforme, on « fait » dans le sociologique ou le social et, pour se donner bonne conscience, on disserte, parfois, « en intello » sur les questions de société.
Comment imaginer qu’une Eglise puisse devenir une anti-Eglise, alors que le mot, difficile certes, d’apostasie semble impossible à prononcer?1La modernité avancée relativise et subjectivise toute vérité. Le summum n’est peut-être pas de ce monde, mais, chacun à sa manière – la communauté chrétienne ou le chrétien lambda pluraliste ou « évangélique » – se réclame légitimement du Christ. Il serait incorrect de mettre en question la bonne foi du prochain! On est chrétiens tous ensemble. Ainsi, au début du mois de novembre dernier, Gene Robinson, premier évêque ouvertement déclaré gay de la communauté anglicane, a invité ses détracteurs, sur la chaîne CNN, à rendre visite à sa « famille », qui est très morale. Le langage même assume son sens contraire dans les milieux « chrétiens ».
La moindre remarque ou la plus petite objection constitue une violation du principe absolu de l’amour, le signe d’un sentiment de supériorité spirituelle et d’une mauvaise foi indignes d’un chrétien. « Ne jugez pas » est pris dans le sens « n’ayez pas la moindre idée négative à propos des autres », comme si le Nouveau Testament ne recommandait pas d’exercer le discernement théologique.
Pourtant, nos prédécesseurs, A. Monod, dans l’Eglise réformée de France, et C.H. Spurgeon, au moment de la « régression » (downgrade) de l’Union baptiste en Angleterre au XIXe siècle, ou J.G. Machen, le fondateur du Westminster Seminary, qui s’est opposé aux modernistes dans l’Eglise presbytérienne des Etats-Unis, nous ont avertis. Dans son livre Christianisme et libéralisme (1923), où il montre magistralement que le christianisme et le libéralisme sont deux religions différentes, Machen écrit:
« L’Eglise aujourd’hui a été infidèle à son Seigneur en admettant en son sein des compagnies de non-chrétiens, non seulement pour en être membres, mais aussi pour y être enseignants. Ils dominent les conseils et fixent l’enseignement de l’Eglise… Une séparation des partis est le grand besoin de l’époque. »
Cet ouvrage n’a rien perdu de son actualité près d’un siècle plus tard, car le libéralisme moderne reste étonnamment fidèle à lui-même, même si les dérapages éthiques d’aujourd’hui, qui touchent aussi les évangéliques, appartiennent à un autre monde que celui des « vieux » libéraux.
Combien, dans le protestantisme, oseraient s’exprimer en 2004 avec la même rigueur que Machen sur l’état de l’Eglise, la théologie ou les problèmes éthiques?
I. Une définition
« A parler simplement et rigoureusement, la véritable apostasie est celle par laquelle on renonce à la foi. »2L’apostasie est donc le fait de se situer en dehors de la foi chrétienne confessée jusque-là3. « La bonne conscience, certains l’ont abandonnée et ont ainsi fait naufrage en ce qui concerne la foi. » (1 Tm 1:19) Elle se situe au bout d’un chemin en pente descendante le long duquel une simple erreur se transforme en hérésie et se cristallise en désaffection généralisée vis-à-vis de la foi.
L’hérésie porte le plus souvent sur une doctrine particulière – le statut de l’Ecriture, la christologie ou la Trinité, par exemple -, alors que l’apostasie est un reniement global de la doctrine apostolique. La blessure spirituelle qu’est l’hérésie se transforme en gangrène. Selon J. Owen, dans son tract La nature et les causes de l’apostasie de l’Evangile (1676), l’apostasie suscite le plus souvent des habitudes ou des attitudes dues au péché ou à l’erreur4. Elle infecte non seulement la pensée, mais toute la vie, au point qu’on ne peut plus parler du salut qu’avec une extrême prudence.
Dans le dictionnaire des antonymes chrétiens, « apostasie » est l’opposé de « pureté ». L’Eglise, on le sait, a pour signe et pour vocation de manifester la sainteté: « Soyez saints, car moi, l’Eternel, je suis saint », telle est l’exhortation qui jalonne toute l’histoire de la rédemption. Pensons, par exemple, aux prophéties bouleversantes de Jérémie!
Les individualistes que nous sommes, s’ils conçoivent assez aisément la sanctification au plan personnel, l’imaginent bien moins à propos de la collectivité. D. Bonhoeffer en a, cependant, donné une belle illustration dans son livre De la vie communautaire, et il a eu le courage de mettre son modèle en pratique.
Par analogie, on admet que « le monde » et « la chair » sont les ennemis de l’Eglise ou du chrétien; l’hérésie est ce qui se produit lorsque ces ennemis entrent et s’installent dans le camp, et l’apostasie ce qui arrive lorsqu’un rebelle aide l’ennemi. Pour Augustin, les premiers « apostats » sont Adam et Eve et la race humaine est devenue apostate par nature, à cause de leur faute5. Dans l’Apocalypse, l’expression « synagogue de Satan » (Ap 2:9 et 3:9) est utilisée pour décrire une communion dont les pratiques et les doctrines sont contraires à la vérité.
II. Des individus et pas des Eglises?
Il est aisé de parler d’apostasie à propos d’un individu; chacun connaît, en effet, l’histoire d’Esaü, celle de Judas, ou les noms d’Hyménée et Alexandre (1 Tm 1:20)6. Il en va tout autrement s’il s’agit d’une Eglise. Peu de textes ont été écrits à ce sujet7. Pourquoi? Les Eglises en seraient-elles à l’abri? Ou bien, pour diverses raisons – pudeur, souci de tolérance, crainte du sensationnalisme, etc. -, préférerait-on se taire? Le formalisme est un piège pour toutes les religions, ainsi que la tendance à défendre l’institution, qui sécurise de plusieurs manières.
Dans l’Ecriture, l’apostasie du peuple de Dieu est un thème permanent: de l’incident du veau d’or jusqu’à la parole de Jésus « ainsi avez-vous fait des prophètes… » et à la description, faite par Paul en Romains 9-11, de la situation du peuple juif. L’histoire de l’alliance est celle des désertions et des trahisons, non pas d’individus isolés, mais du peuple entier. Christ n’a-t-il pas eu à souffrir de l’abandon des siens dans l’isolement progressif qui a été le sien entre Gethsémané et Golgotha?
Après la Pentecôte, l’Eglise chrétienne s’est-elle améliorée grâce à l’effusion de l’Esprit? Apparemment non, car les croyants restent des pécheurs et sont toujours susceptibles d’orgueil et de ressentiments humains. Des sept Eglises de l’Apocalypse, deux seulement ont un bilan de santé positif8. Notre lumière serait-elle plus brillante au XXIe siècle que celle des chandeliers du Ier siècle? Ne serait-ce pas, pour avoir négligé les avertissements de l’Ecriture quant au risque d’apostasie, que le christianisme est si affadi en Occident?
III. Les étapes de l’apostasie
Irénée dit, quelque part, que l’erreur se pare toujours d’habits magnifiques pour avoir l’air plus vraie que la vérité. Comme le péché, elle a une apparence agréable et semble désirable. La relativisation de la gravité de l’erreur est la première étape vers l’apostasie.
Un arbre d’Inde, le taxus, produit du fruit la première année de sa maturité, des feuilles la deuxième et du poison la troisième. De même, le péché, après avoir pris racine chez un individu ou dans un groupe, n’a que trop tendance à s’aggraver. Des « bilans globalement positifs », l’autojustification personnelle ou institutionnelle, s’accordent peu avec la vision biblique de la communion chrétienne.
Le Nouveau Testament donne quelques indices du comment de la progression de l’apostasie au sein du peuple de Dieu. J. Owen considère cet enseignement comme prophétique, les développements de l’histoire de l’Eglise le confirmant. Voici, selon lui, les étapes de l’apostasie:
  1. des faux prophètes s’élèveront (Mt 24:9; 2 P 2:1);
  2. des loups pénètrent dans l’Eglise pour dévorer le troupeau (Ac 20:28);
  3. les chrétiens deviendront froids et ne supporteront plus la saine doctrine (2 Tm 3:1-9; 1 Tm 4:1-3).
A noter l’ordre suivi dans l’éclosion des « fleurs du mal » de l’apostasie: les erreurs, les faux prophètes, les « loups » et une froideur spirituelle généralisée.

IV. L’analogie personnes/Eglises

Tout comme il est possible de distinguer un chrétien fidèle d’un chrétien dont la foi dévie et d’une personne qui renie sa foi, serait-il possible de discerner les différentes sortes d’Eglises?
Les lettres aux sept Eglises de l’Apocalypse (chapitres 2 et 3) sont d’une grande aide. On y voit décrits trois types de communautés, que l’on pourrait classer respectivement en Eglises de résistance, de compromis et de dérapage:

1. Résistance
2. Compromis
3. Dérapage
Smyrne
Philadelphie
Pergame
Thyatire
Ephèse
Sardes
Laodicée

i) Fidèle:
refus des erreurs
Oui, mais tolérance
de la fausse doctrine
(juifs, nicolaïtes)
Tu es mort
(oubli de la Parole)



ii) Pauvreté:
acceptation de la
souffrance/
des sacrifices
Oui, mais adaptation
au monde (Balaam)
Des œuvres qui
renient la foi



iii) Victoire par le
témoignage
Des Oeuvres bonnes,
mais inconduite
(Jézabel)
Confiance en la
richesse, vitalité
apparente, mais morte



iv) Gardez la Parole…
Danger! (3:3, 16)
La tendance à l’apostasie va, dans le tableau, de la gauche vers la droite. Elle est d’abord partielle, porte sur un point apparemment de peu d’importance, un « oui, mais… » avant de se généraliser. Les Laodiciens et les habitants de Sardes sont tièdes ou morts et appelés à la conversion et au repentir. De nos jours, existe-t-il une Eglise, locale ou dénominationnelle, qui échapperait à ce danger? Ce serait tellement beau!
L’Eglise est le peuple de l’alliance. Christ s’adresse à chaque Eglise en se donnant le titre de Seigneur. Selon l’état réel de cette communauté, il formule un avertissement ou une exhortation, il lance un appel et fait une promesse.

Eglise
Titre du
Seigneur
Nature de
l’Eglise
Exhortation/
Correction
Appel
Promesse
Smyrne
2:8-11
Le premier,
le dernier
Pauvreté,
persécution
Ne crains pas!
Sois fidèle!
Couronne
2:7 > 22:2
Philadelphie
3:7-13
Le Saint, le
Véritable
David
Porte ouverte,
garder la Parole
Je te garderai
Tiens ferme!
Nouvelle Jérusalem
3:12 > 22:4
Pergame
2:12-17
Epée à deux
tranchants
Là où est
Satan
Idolâtrie…
fausse doctrine
Repens-toi…
autrement!…
Nom nouveau
2:17 > 21:24
Thyatire
2:18-28
Fils de Dieu,
yeux de flamme
Œuvres
nombreuses
J’ai contre toi
Jézabel
Tenez ferme
ce que vous avez
Autorité
2:26 > 21:24
Ephèse
2:1-7
Les sept étoiles
Persévère
Abandon du
premier amour
Souviens-toi,
repens-toi!
Arbre de vie
2:7 > 22:2
Sardes
3:1-6
Sept étoiles et
Esprits de Dieu
Tu es mort
Je te connais
tu es mort
Garde
la Parole!
Je confesserai
3:5 > 22:19
Laodicée
3:14-22
L’Amen
Tu es tiède
Je te vomirai
Je corrige
Je me tiens
à la porte
Trône
3.21 > 21:11
La diversité des Eglises de l’Apocalypse est grande, les exhortations qu’elles reçoivent variées. N’y aurait-il pas une sorte de typologie biblique des communautés religieuses? Même si elle n’intéresse pas les sociologues, elle aurait de la valeur aux yeux de ceux qui appartiennent au Royaume. Elle permettrait de dresser un bilan théologique et spirituel de nos communautés et de leurs physionomies et, éventuellement, d’apporter une réponse à leurs besoins.
V. Les causes de l’apostasie
Les personnes régénérées croissent en sainteté, de façon positive, en vivant selon la grâce et, de façon négative, en supprimant le péché et en éliminant ce qui relève de la chair. De même, les Eglises croissent par la pratique de l’amour et en luttant contre l’erreur grâce aux fonctions complémentaires: l’enseignement et la discipline.
N’aurait-on pas un peu oublié, aujourd’hui, que la vie chrétienne est un combat? Sait-on assez que l’Eglise est appelée à être militante et à lutter pour se maintenir? Chez l’individu, l’apostasie – à savoir une atteinte à la fidélité au Christ, comme O. Winslow l’a dit9- prend racine dans le cœur. Dans l’Eglise, elle surgit également au cœur de ce qui constitue sa raison d’être: le Christ ressuscité.
Une Eglise vivante établit un équilibre harmonieux entre la doctrine et la pratique, la foi et la vie sous l’autorité de la Parole de Christ, de la façon suivante:
i) L’Eglise de Smyrne, à l’image de Polycarpe, son célèbre martyr, et celle de Philadelphie respectent cet équilibre, car elles gardent la Parole, sont fidèles et tiennent ferme, en supportant la persécution et en consentant des sacrifices, même jusqu’à la mort.
ii) Dans les Eglises de Pergame et de Thyatire s’établissent des situations de compromis. Pour s’adapter au monde, de fausses doctrines et l’inconduite à l’image de Jézabel commencent à être tolérées. L’équilibre entre la Parole, la vie et la foi est ébranlé.
iii) Ephèse, Sardes. Dans le cas de ces deux communautés, cet équilibre est également rompu. La situation s’aggrave, car la Parole est oubliée: les œuvres sont en opposition avec la foi; c’est « l’embourgeoisement ». Le schéma ci-après illustre la nature de l’apostasie d’Ephèse et de Sardes:
iv) A Laodicée, en situation de tiédeur,il n’est plus question d’appeler au repentir, aussi le Seigneur affirme-t-il que son action sera celle d’une correction.
En résumé, l’apostasie atteint l’Eglise en son centre et a les causes suivantes:
  1. Une reconnaissance atténuée du caractère normatif de l’Ecriture en tant que Parole de Christ et de son autorité suprême.
  2. Une ignorance de la doctrine biblique, de sa profondeur, de ses mystères et une indifférence vis-à-vis des choses spirituelles, de la doctrine chrétienne.
  3. Un amour du monde: conformité avec ses pratiques, fascination pour ce qu’il prise et adoption de ses valeurs.
  4. Une autosatisfaction (« tu es riche »), la conviction erronée que l’Eglise est, ne varietur, sur le bon chemin, une sorte de vanité intellectuelle.
Les caractères ci-dessus sont-ils tout à fait absents de nos communautés locales comme de nos dénominations? Les Eglises qui se veulent « évangéliques » ne sont-elles pas tentées par des pratiques « mondaines » sur le plan éthique, lorsqu’elles obscurcissent la grâce de l’Evangile? Un inventaire, avec évaluation sans complaisance, ne mériterait-il pas d’être fait?
Il ne suffit pas d’organiser commémoration sur commémoration et de rendre hommage à nos pères; ne conviendrait-il pas aussi de vérifier quel est, aujourd’hui, le prix de la fidélité au Seigneur? Ce prix est, probablement, d’une nature différente qu’autrefois, mais est-il moins élevé?
VI. Le développement de l’apostasie
Comment discerner la présence et le développement de l’apostasie sur le plan institutionnel?
Comme on l’a vu, l’apostasie est par nature une perte, dans l’Eglise, de la présence et de la puissance de Jésus-Christ, le chef de l’Eglise, cette absence se traduisant dans le domaine de l’affirmation doctrinale et dans celui de la pratique.
i) En ce qui concerne la vérité
L’apostasie se développe en même temps qu’apparaissent un manque d’appétit pour la Parole de Christ et une prise de conscience que des doctrines bibliques deviennent des « problèmes ». Certaines de celles-ci semblent même inacceptables, comme l’inspiration plénière de l’Ecriture, la prédestination, la mort sacrificielle de Christ, le jugement et l’enfer. L’Evangile fait insensiblement place à un autre évangile, humaniste et sentimental ou, dans le meilleur des cas, ambigu.
Conséquence: puisqu’une distance est établie entre ce que dit l’Ecriture et ce qu’enseigne l’Eglise, la Parole est de moins en moins familière et la prédication manque de puissance, car la conviction est absente.
Dans les synodes, l’étude biblique préalable à la prise de toute décision importante – principe à laquelle on reste très attaché – permet bien souvent de justifier ce qui a déjà été décidé par les meneurs de jeu. Combien de délégués aux divers synodes, faute d’une véritable culture biblique, en sont-ils conscients?
La fidélité à l’Eglise-institution prend le pas sur la fidélité à Jésus-Christ. La vérité se trouve subordonnée à l’agencement de consensus ecclésiastiques. L’unité de l’institution prime; « je reste pour le bien de l’Eglise », « je partirai, si et quand tel seuil sera dépassé ». Et ces seuils s’élèvent de plus en plus!
La résistance au mal devient presque impossible. Comme l’a dit C.H. Spurgeon, dans une union d’Eglises pluralistes, les marques bibliques de l’Eglise sont plus ou moins estompées. B.B. Warfield a prononcé une parole frappante à ce sujet: « Il est impossible de couper le bois pourri. »
L’Eglise d’Ephèse, dont la situation est ambiguë, risque de se voir enlever son « chandelier », si elle ne se repent pas (Ap 2:5). Sans repentir, les illusions foisonnent et un succédané est substitué à l’Evangile. Il suffit pour s’en convaincre de considérer, d’une part, les mouvements du nouvel âge, sorte d’amalgame avec la foi chrétienne, « l’évangile de la prospérité » ou le culte clappy-happy, imitation du show-biz, et, d’autre part, les théologies modernes qui réduisent, plus ou moins, l’Evangile à des mythes, par abandon des grandes vérités de la christologie et de la sotériologie, comme on le voit, aujourd’hui, dans bien des Eglises, tant néo-évangéliques que pluralistes consensuelles.
ii) En ce qui concerne la pratique
L’apostasie élimine la sainteté dans la mise en pratique de l’Evangile. Comme Spurgeon l’a également dit, si l’unité que l’on préserve n’implique pas l’exercice d’une discipline de vie, elle n’a rien à voir avec l’unité selon l’Evangile. Celle-ci, comme l’a souligné Owen, est rompue par l’erreur et elle devient schismatique par rapport au dépôt apostolique. Un principe: Toute communauté ou union d’Eglises qui s’écarte de l’Evangile et de la pratique biblique est dans une situation de schisme par rapport à l’Eglise catholique universelle, la vraie communauté des croyants en Christ. La question de l’homosexualité, par exemple, qui se pose à l’Eglise en Europe aujourd’hui, n’est pas de l’ordre des adiaphora.
Ainsi, en refusant de se démarquer d’une Eglise visible renégate, on risque d’être en rupture avec Jésus-Christ lui-même et avec son corps, l’Eglise invisible qui réunit tous les croyants dans le ciel et sur la terre! Reste la douloureuse question: à quel moment faut-il envisager de se séparer? Après avoir procédé – avec d’autres frères, pas tout seul – à une honnête, lucide et charitable évaluation de la situation.
On l’a vu, l’hérésie correspond à une distanciation par rapport à l’Evangile cru et vécu. L’apostasie, elle, va plus loin et ne distingue plus entre la vérité et l’erreur. Pour être éclairé, à cet égard, sur une Eglise, il convient de faire les quatre vérifications suivantes:
  1. La pratique de la doctrine biblique est remplacée par des idées humaines, relevant du politiquement correct.
  2. Le légalisme se manifeste. Des pratiques hyperspirituelles deviennent plus importantes que les commandements bibliques; ou, par contre, l’intégrisme du consensus devient obligatoire.
  3. Le perfectionnisme s’installe, ou le relativisme tolérant, qui proposent, l’un et l’autre, l’illusion que le combat contre le péché n’est plus actuel. Résultat dans les deux cas: des attitudes insidieuses d’hypocrisie, d’orgueil et de jugement d’autrui.
  4. Le culte, privé d’une prédication où la puissance de la présence de Christ se manifeste, se caractérise par un formalisme sec ou, à l’inverse, relève du divertissement.
VII. Un remède?
Est-il possible pour une Eglise devenue apostate, ou en ballottage, de redécouvrir la vérité, de retrouver son premier amour? Peu d’exemples d’un retour de ce genre existent dans l’histoire de l’Eglise. Pourquoi? Sans doute parce que l’endurcissement causé par le péché et l’erreur ne s’amenuise pas avec le temps. Le seule remède à la gangrène, c’est l’amputation…
Pourtant, l’Eglise de Sardes, qui est « morte » à cause de ses œuvres dépourvues de fruits, est appelée à la vigilance, au repentir et à entendre à nouveau la Parole de vie. Il y a même en son sein un « reste » qui ne doit pas mourir, « quelques hommes qui n’ont pas souillé leurs vêtements ». Ces vainqueurs recevront la robe blanche, leurs noms ne seront pas effacés du livre de vie et Christ leur fera la grâce de les confesser devant le Père.
Au sein de la « chrétienté » de notre époque, n’est-ce pas là également notre vocation? Etre vigilants, nous repentir et confesser la Parole de vérité avec toutes ses exigences. Sommes-nous fidèles à cette vocation? Soyons attentifs à la parole adressée à Jérémie; elle est peut-être pour nous…
« Si tu reviens à moi, je te ferai revenir à ton poste devant moi;
Si tu sépares ce qui est précieux de ce qui est vil,
Tu seras comme ma bouche.
C’est à eux de revenir à toi, mais ce n’est pas à toi de revenir à eux.
Je ferai de toi pour ce peuple un mur de bronze fortifié;
Ils te feront la guerre mais ils ne l’emporteront pas sur toi;
Car je suis avec toi pour te sauver et te délivrer.
Je te délivrerai de la main des hommes mauvais,
Je te libérerai de la main des tyrans. »
(Jérémie 15:19-21)

* P. Wells est professeur de théologie systématique à la faculté libre de théologie réformée d’Aix-en-Provence et éditeur de la revue.
1 Le mot a presque disparu du discours théologique. Le fait que la tradition protestante ne parle pas souvent de l’apostasie s’explique par des références fréquentes à l’« antichrist ». Calvin, dans l‘Institution chrétienne, en parle à plusieurs reprises – III.iii.21; IV.vii.24, 28; Turretin, dans son Institutio Theologiae Elencticae, II, 606-7 et I. 365-372 de l’édition anglaise, alors que Karl Barth n’est fait pas mention dans sa monumentale Dogmatique.
2 Saint Thomas, Sum. Theol., IIa, q.xii, a.1.
3* P. Wells est professeur de théologie systématique à la Faculté libre de théologie réformée d’Aix-en-Provence et éditeur de la Revue.
Apostasia, apo istamai, abandon, désertion, rébellion, cf. Actes 2:21, 2 Th 2:3, Hé 3:12.
4 J. Owen, Works, VII (Edimbourg: Banner of Truth, 1965).
5 Pour Calvin, dans l’Institution chrétienne, la faute est plus que l’apostasie, II.i.4.
6 La tradition de parler des individus et non des Eglises date de saint Cyprien de Carthage, qui aborde la question dans son De lapsis et étend la question à celle de l’Eglise dans le De unitate (251), l’apostasie individuelle conduisant au schisme et au problème de l’unité.
7 L’article d’A. Beugnet, dans le Dictionnaire de théologie catholique, I, n’aborde que la question des individus et des problèmes moraux et n’envisage pas celle de l’apostasie de l’Eglise.
8 Autres exemples: cf. Ga 1:6, 3:1 et Col 2:8, 18-19. Dans l’AT, les passages concernant l’apostasie sont plus pointus, et font le lien entre l’abandon de l’alliance et l’infidélité conjugale. Dans ce contexte, l’adultère est synonyme de l’apostasie. Cf. Es 1:2-4, Jé 2:1-9 ou le fameux chapitre d’Ezéchiel 16.
9 O. Winslow, Le déclin spirituel et son réveil (Chalon-sur-Saône: Europresse, 1997).

dimanche 19 mai 2013

ACTES 2.1-21

Quand le jour de la Pentecôte arriva, ils étaient tous ensemble au même endroit.
2 Tout à coup il vint du ciel un bruit comme celui d'un vent violent, qui remplit toute la maison où ils étaient assis.
3 Des langues qui semblaient de feu leur apparurent, séparées les unes des autres, et elles se posèrent sur chacun d'eux.
4 Ils furent tous remplis du Saint-Esprit et se mirent à parler en d'autres langues, comme l'Esprit leur donnait de s'exprimer. 5 Or il y avait en séjour à Jérusalem des Juifs, hommes pieux venus de toutes les nations qui sont sous le ciel.
6 A ce bruit, ils accoururent en foule, et ils furent stupéfaits parce que chacun les entendait parler dans sa propre langue.
7 Ils étaient [tous] remplis d'étonnement et d'admiration et ils se disaient [les uns aux autres]: «Ces gens qui parlent ne sont-ils pas tous galiléens?
8 Comment se fait-il donc que nous les entendions chacun dans notre propre langue, notre langue maternelle?
9 Parthes, Mèdes, Elamites, habitants de la Mésopotamie, de la Judée, de la Cappadoce, du Pont, de l'Asie, 10 de la Phrygie, de la Pamphylie, de l'Egypte, du territoire de la Libye voisine de Cyrène et résidents venus de Rome, Juifs de naissance ou par conversion,
11 Crétois et Arabes, nous les entendons parler dans notre langue des merveilles de Dieu!» 12 Tous remplis d'étonnement et ne sachant que penser, ils se disaient les uns aux autres: «Qu'est-ce que cela veut dire?»
13 Mais d'autres se moquaient et disaient: «Ils sont pleins de vin doux.»
14 Alors Pierre, debout avec les onze apôtres, s'exprima d'une voix forte en ces termes: «Hommes de Judée et vous tous qui séjournez à Jérusalem, comprenez ce qui se passe et prêtez l'oreille à mes paroles!
15 Ces gens ne sont pas ivres, comme vous le supposez, car il est neuf heures du matin.
16 Mais maintenant se réalise ce qu'a dit le prophète Joël:
17 Dans les derniers jours, dit Dieu, je déverserai de mon Esprit sur tout être humain; vos fils et vos filles prophétiseront, vos jeunes gens auront des visions et vos vieillards auront des rêves.
18 Oui, sur mes serviteurs et sur mes servantes, durant ces jours-là, je déverserai de mon Esprit et ils prophétiseront.
19 Je ferai des prodiges en haut dans le ciel et des signes miraculeux en bas sur la terre: du sang, du feu et une vapeur de fumée;
20 le soleil se changera en ténèbres et la lune en sang avant l'arrivée du jour du Seigneur, de ce jour grand et glorieux. 21 Alors toute personne qui fera appel au nom du Seigneur sera sauvée.


 
Chers frères et soeurs en Christ,
chers amis,


Si je devais offrir un résumé du récit de la Pentecôte, je le ferais ainsi: « l'Esprit de Dieu descend sur les disciples de Jésus, chasse leurs peurs et leur permet d'annoncer l'Evangile avec puissance. »
On ne s'en rend pas souvent compte, mais la Pentecôte, c'est l'histoire de la Tour de Babel rejouée à l'envers. Vous vous souvenez qu'à Babel, les hommes avaient été divisés par Dieu à cause de leur rébellion qui leur avait donné différentes langues pour qu'ils ne puissent plus se comprendre. A l'inverse, le jour de la Pentecôte, nous voyons les disciples de Jésus devenir des interprètes. Dans cette Babel inversée, les Juifs d'Elam, de Mésopotamie, de Cappadoce et d'ailleurs entendent la Bonne Nouvelle de ce que Dieu a accompli en Christ dans leur propre langue.


L'Evangile n'est pas annoncé dans un charabia incompréhensible, mais dans de vraies langues humaines, avec une éclatante clarté, qui bouleverse le coeur de beaucoup de ceux qui entendent . Luc nous raconte qu'avant la fin de cette journée, 3000 personnes personnes ont cru en Jésus et ont été baptisés. La Pentecôte a comme résultat de prendre un groupe de gens très divers et de les amener à une foi commune en Christ, à une même compréhension de l'action de Dieu dans leurs vies.
Mais tout le monde n'a pas compris ce qui se passait ce jour-là à Jérusalem. Le récit de Luc, l'auteur du livre des Actes, nous dit que certains spectateurs se moquaient du spectacle et des disciples, disant «Ils sont pleins de vin doux.»
D'une certaine façon, je peux comprendre ces moqueurs. Il est certainement rassurant de reléguer la Pentecôte à une histoire de beuverie. Aujourd'hui, certains « théologiens » ne veulent y voir qu'une éruption d'hystérie religieuse. Pourtant, la Pentecôte n'a rien à voir avec l'emprise de l'alcool et, quand on prête vraiment attention au texte, avec de l'émotionalisme religieux.


Je pense que nous sommes là confrontés à une tendance courante face à des phénomènes que nous ne pouvons pas expliquer. John Polkinghorne, un physicien devenu pasteur anglican, a décrit cela comme le syndome du « jamais rien de plus que », par lequel certains prétendent réduire toutes choses à leur aspect physique. Mais on voit bien que cette vision ne permet pas de saisir toute la réalité.


Par exemple, on peut très bien dire que La Joconde de Vinci n'est jamais rien de plus que des pigments de couleurs disposés sur une planche de bois. C'est bien ce qu'est La Joconde, mais elle est tellement plus que cela, et son sourire énigmatique qui continue toujours à fasciner ne peut être réduit de cette manière.
On peut dire que les cantates de Bach ou La Pavane de Fauré ne sont des vibrations sonores ordonnées d'une certaine manière et qui viennent frapper nos tympans. Là encore, c'est vrai d'une certaine façon, mais nous ne pouvons pas réduire la beauté de ces morceaux et l'émotion qu'ils apportent à des phénomènes purement physiques.


De la même façon, on se fourvoie en ne retenant du récit de la Pentecôte que l'aspect d'une ferveur sans doute débordante et, disons-le, dérangeante! Bien sûr, cet aspect est présent et réel, mais il y a tellement plus qui demande notre attention.
Tout cela nous le savons, à cause des effets de la Pentecôte, dans l'immédiat et dans le court terme. L'effet immédiat est que l'Eglise (bien petite alors) a commencé à mener la mission que Christ lui avait confiée: annoncer l'Evangile au près et au loin. Cet appel il a commencé par Jérusalem car il concernait d'abord le peuple élu, les Juifs. La nouveauté, c'est l'ouverture de cet appel à tous les peuples, comme en témoigne tout le reste du Nouveau Testament. Ne vous y trompez pas: si nous sommes réunis ici aujourd'hui en 2013, c'est parce que notre église locale est le fruit (lointain certes) du premier mouvement de Pentecôte, comme ces cercles concentriques que provoque dans l'eau le jet d'une pierre. C'est cela la Pentecôte: l'évènement premier, originel, dont nous continuons encore à sentir les effets plus de 2000 ans après. Vous le voyez, il y a là beaucoup plus qu'une irruption d'émotion religieuse chez des Juifs de Galilée au 1er siècle.


La Pentecôte défie donc toute explication du type « ce n'est rien de plus que ». Nous nous pouvons pas la réduire à « ce n'était rien de plus que l'émotionalisme » ou « ce n'était rien de plus que de l'hystérie de masse » ou même « ce n'était rien de plus qu'un événement du passé qu'il nous est impossible de comprendre ». Non, si on veut employer ce langage il faut dire « La Pentecôte, ça n'a jamais rien été que la présence de Dieu auprès de son peuple »...une broutille, en effet. Qui peut sérieusement considérer cette idée sans en saisir les immenses conséquences??


En ce jour de Pentecôte, le mouvement que Jésus avait impulsé a été profondément transformé. Transformé, notez le bien, non pas par les plans géniaux des apôtres ou par quelque sagesse humaine, mais par l'action souveraine de l'Esprit Saint. Que cela plaise ou non, la Pentecôte marque une nouvelle étape dans l'histoire du salut: celle où le Peuple de Dieu, l'Eglise va aller proclamer dans le monde entier la Bonne Nouvelle de Jésus, offerte à tous les hommes: « toute personne qui fera appel au nom du Seigneur sera sauvée.»


Ce jour de la Pentecôte est aussi le moment de nous rappeler que l'Esprit Saint est toujours présent et puissamment actif. Voilà pourquoi, par exemple, le culte chrétien (je parle ici des églises qui ont conservé un minimum de liturgie historique...) ne peut pas être décrit comme juste des chants, des lectures bibliques et un sermon. Voilà pourquoi le baptême n'est pas que « juste du pain et du vin », pas plus que le baptême ne peut être décrit comme étant « juste de l'eau et des mots ». Si nous en restons là, nous ne saisissons même pas l'écorce des choses et nous passons à côté de l'essentiel, comme les pauvres gens qui croyaient que les disciples étaient saouls le jour de la Pentecôte. La Pentecôte est là pour nous rappeler que c'est Dieu qui agit, et que nous ne sommes que des instruments. Ce n'est donc pas à nous de limiter Dieu, de lui dire comment agir. Pour nous qui, deux mille ans après, vivons dans la foi en Christ et de la foi en Christ, il s'agit juste, comme l'ont fait les premiers disciples, d'annoncer l'amour de Dieu avec la force que le Seigneur donne. Cette force, c'est l'Esprit Saint qui nous la donnera, lui qui continue d'agir par la Parole de Dieu qu'il a inspirée.


Alors, si nous comprenons vraiment ce qu'a représenté et ce que représente encore la Pentecôte, nous pourrons faire nôtres les paroles du vieux cantique:


Viens ô Saint Esprit du Seigneur, nous embraser de ton ardeur et nous animer de ferveur, d'amour et d'espérance! De l'Orient à l'Occident, unis le peuple des croyants pour qu'il témoigne en te servant, et soit rempli de ta puissance!
Viens, ô Saint Esprit tout-puissant! Rends notre coeur obéissant, et quand le monde est menaçant relève son courage! Aux jours d'épreuve et de danger, en nous descends pour nous garder et loin du mal nous diriger, selon ta force juste et sage... (texte: Roger Barillier)


samedi 11 mai 2013

ACTES 16.16-34

16 Alors que nous nous rendions au lieu de prière, une jeune esclave qui avait un esprit de divination est venue à notre rencontre. Par ses prédictions, elle procurait un grand profit à ses maîtres.
17 Elle s'est mise à nous suivre, Paul et nous, en criant: «Ces hommes sont les serviteurs du Dieu très-haut et ils nous annoncent le chemin du salut.»
18 Elle a fait cela pendant plusieurs jours. Paul, agacé, s'est retourné et a dit à l'esprit: «Je t'ordonne, au nom de Jésus-Christ, de sortir d'elle.» Il est sorti au moment même.
19 Quand les maîtres de la servante ont vu disparaître l'espoir de leur gain, ils se sont emparés de Paul et Silas et les ont traînés sur la place publique devant les magistrats.
20 Ils les ont présentés aux juges en disant: «Ces hommes sèment le trouble dans notre ville. Ce sont des Juifs
21 et ils annoncent des coutumes qu'il ne nous est pas permis d'accepter ni de suivre, à nous qui sommes romains.»
22 La foule s'est aussi soulevée contre eux, et les juges ont fait arracher leurs vêtements et ordonné qu'on les batte à coups de fouet. 23 Après les avoir roués de coups, ils les ont jetés en prison en recommandant au gardien de la prison de les surveiller de près. 24 Face à une telle consigne, le gardien les a jetés dans la prison intérieure et a emprisonné leurs pieds dans des entraves.
25 Vers le milieu de la nuit, Paul et Silas priaient et chantaient les louanges de Dieu, et les prisonniers les écoutaient.
26 Tout à coup, il y a eu un tremblement de terre si violent que les fondations de la prison ont été ébranlées. Toutes les portes se sont immédiatement ouvertes et les liens de tous les prisonniers ont été détachés.
27 Lorsque le gardien de la prison s'est réveillé et a vu les portes de la prison ouvertes, il a tiré son épée, prêt à se tuer car il croyait que les prisonniers s'étaient enfuis.
28 Mais Paul a crié d'une voix forte: «Ne te fais pas de mal, car nous sommes tous ici.» 29 Alors le gardien a demandé de la lumière, est entré précipitamment et s'est jeté tout tremblant aux pieds de Paul et de Silas. 30 Il les a fait sortir et a dit: «Seigneurs, que faut-il que je fasse pour être sauvé?»
31 Paul et Silas ont répondu: «Crois au Seigneur Jésus[-Christ] et tu seras sauvé, toi et ta famille.»
32 Et ils lui ont annoncé la parole du Seigneur, ainsi qu'à tous ceux qui étaient dans sa maison.
33 A cette heure-là de la nuit, le gardien les a emmenés pour laver leurs plaies. Il a immédiatement été baptisé, lui et tous les siens. 34 Après les avoir conduits chez lui, il leur a servi à manger. Il se réjouissait avec toute sa famille d'avoir cru en Dieu.

Chers frères et soeurs en Jésus-Christ,
chers amis

Nous avons célébré cette semaine l'anniversaire de l'Armistice de 1945. La Victoire sur l'Allemagne nazie avait été précédée pour la France par la Libération progressive de notre territoire par les troupes alliées. Notre texte des Actes parle aussi de libération, de liberté.

Tout d'abord, nous voyons cette jeune esclave qui a un esprit de divination et qui suit Paul et ses compagnons en criant c'est celle de la jeune esclave possédée par un démon qui suit constamment Paul et son compagnon Silas en criant « «Ces hommes sont les serviteurs du Dieu très-haut et ils nous annoncent le chemin du salut.» Cela est vrai, mais Paul ne peut donner l'impression d'associer la Bonne Nouvelle aux activité de type démoniaque. Cela risquerait de compromettre son message sur Christ, de placer la foi en Jésus sur le même plan que les cultes païens. La vérité et le mal ne peuvent cohabiter. Et puis, je crois aussi que l'apôtre est profondément ému par les tourments de la jeune fille. Pourtant, c'est une femme et une esclave, c'est-à-dire rien dans la société du temps. Mais Paul reconnaît en elle une créature de Dieu qui a besoin de guérison et de libération. L'attitude de Paul est ici dictée par deux soucis: l'honneur de Dieu, qui lui interdit de tolérer le moindre contact avec l'occulte et le désir d'aider au nom de Jésus une âme souffrante. Ici, Paul aime son Seigneur et il aime son prochain: les deux vont ensemble!
L'apôtre prononce ces paroles face à l'esprit: « «Je t'ordonne, au nom de Jésus-Christ, de sortir d'elle.» et l'esprit sort d'elle au moment même. C'est la première libération de notre texte. Une libération qui figure bien le combat entre la lumière de Dieu et les ténèbres, une libération complète accordée à quelqu'un qui ne comptait pour personne, sauf pour Dieu.
Mais cette démonstration de la puissance de Dieu et de sa grâce est suivie rapidement par de gros problèmes pour Paul et ses compagnons. Les maîtres de la jeune esclave se servaient de ses dons de divination pour en retirer un gain conséquent. Ils ne sont bien sûr pas heureux du tout de la voir libérée et ils ont traîné Paul et son compagnon Silas devant les autorités, sous les huées d'une foule hostile. Les deux hommes sont roués de coups, condamnés à recevoir le supplice du fouet et jetés dans un cachot profond.
Et tout cela pourquoi? Parce que Paul a fait le bien, parce qu'il est resté fidèle à l'appel de son Dieu et que des hommes mauvais ne peuvent accepter de voir les oeuvres mauvaises dénoncées. Mais quelle est leur attitude à ce moment là? Est-ce qu'ils se plaignent, qu'ils s'inquiètent? Non. Luc nous dit que
Vers le milieu de la nuit, Paul et Silas priaient et chantaient les louanges
de Dieu, et les prisonniers les écoutaient.
Malgré leur situation déplorable, les deux compagnons ne cessent pas de se tourner vers Dieu, de chanter sa gloire et de témoigner auprès de leurs co-détenus. C'est je crois là la deuxième libération de ce texte: la libération des circonstances.
Nous aussi nous pouvons, par l'Esprit Saint, ne pas être totalement submergés par nos épreuves. Nous le pouvons parce que nous avons que Jésus n'abandonne jamais ceux qui croient en lui. Nous le pouvons parce qu'au plus noir de nos nuits nous savons qu'il entend nos prières et veut y répondre. Voilà pourquoi, même dans les cachots de nos vies, nous pouvons continuer à louer Dieu. Nous sommes plus prisonniers de ce qui nous arrive, nous ne sommes pas des victimes: nous sommes des enfants de Dieu, la prunelle de son oeil et, comme le dit Paul en Romains 8
31 Que dirons-nous donc de plus? Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous? 32 Lui qui n'a pas épargné son propre Fils mais l'a donné pour nous tous, comment ne nous accorderait-il pas aussi tout avec lui?
33 Qui accusera ceux que Dieu a choisis? C'est Dieu qui les déclare justes!
34 Qui les condamnera? [Jésus-]Christ est mort, bien plus, il est ressuscité, il est à la droite de Dieu et il intercède pour nous!35 Qui nous séparera de l'amour de Christ? Serait-ce la détresse, l'angoisse, la persécution, la faim, le dénuement, le danger ou l'épée?36 De fait, il est écrit: C'est à cause de toi qu'on nous met à mort à longueur de journée, qu'on nous considère comme des brebis destinées à la boucherie.37 Au contraire, dans tout cela nous sommes plus que vainqueurs grâce à celui qui nous a aimés.

Vient ensuite la troisième libération de notre histoire: 26 Tout à coup, il y a eu un tremblement de terre si violent que les fondations de la prison ont été ébranlées. Toutes les portes se sont immédiatement ouvertes et les liens de tous les prisonniers ont été détachés.
On est très clairement là dans une expression du miraculeux, une manifestation de la puissance de Dieu. Mais attention: le fait que Dieu ait manifesté sa force puissamment ne veut pas dire qu'il n'agit que de cette façon là. Lire ainsi les récits des miracles de la Bible serait avoir une lecture bien sélective de celle-ci. A titre personnel, un de mes passages préférés de l'Ecriture est l'histoire de ce moment de grand découragement du prophète Elie: L'Eternel dit: «Sors et tiens-toi sur la montagne devant l'Eternel, et l'Eternel va passer!» Devant l'Eternel, il y eut un vent fort et violent qui déchirait les montagnes et brisait les rochers; l'Eternel n'était pas dans le vent. Après le vent, il y eut un tremblement de terre; l'Eternel n'était pas dans le tremblement de terre. 12 Après le tremblement de terre, il y eut un feu; l'Eternel n'était pas dans le feu. Après le feu, il y eut un murmure doux et léger.
13 Quand il l'entendit, Elie s'enveloppa le visage de son manteau, sortit et se tint à l'entrée de la grotte. Et voici qu'une voix lui fit entendre ces paroles: «Que fais-tu ici, Elie?»
Vous voyez, Dieu n'est pas condamné à n'agir que dans un déploiement de force grandiose. Il est parfois (souvent) dans un murmure doux et léger. L'essentiel est de savoir le reconnaître à ce moment là. Car même s'il n'y aura pas toujours des tremblements de terre comme celui de Paul dans nos vies, Dieu est présent, Dieu agit et il agit pour nous libérer. Qu'aurions-nous à faire d'un Dieu perché dans ses nuages, plus ou moins indifférent à notre sort? Nous avons le même Dieu que Paul, un Dieu vivant, capable et désireux d'agir dans nos existences.

On imagine le choc des témoins de la scène. On comprend aussi la frayeur du gardien de la prison.
Lorsque le gardien de la prison s'est réveillé et a vu les portes de la prison ouvertes, il a tiré son épée, prêt à se tuer car il croyait que les prisonniers s'étaient enfuis.
En effet, un gardien qui laissait un prisonnier s'échapper devait en répondre de sa vie et était exécuté après avoir été torturé. Voilà pourquoi l'homme est prêt à commettre l'irréparable. Mais Paul l'arrête et le rassure:
«Ne te fais pas de mal, car nous sommes tous ici.»
Aucun prisonnier ne s'était enfui. Le gardien, qui s'était déjà vu condamné, revit!
Alors le gardien a demandé de la lumière, est entré précipitamment et s'est jeté tout tremblant aux pieds de Paul et de Silas. 30 Il les a fait sortir et a dit: «Seigneurs, que faut-il que je fasse pour être sauvé?»
Notons l'ironie du passage: le gardien avait attaché solidement les pieds de Paul et de Silas, et il se retrouve à leur pied. Il est gardien de prison mais il est captif et va recevoir la plus grande libération.
Car, fidèle au message de Jésus, Paul a une réponse à la question de l'homme:

que faut-il que je fasse pour être sauvé?

«Crois au Seigneur Jésus[-Christ] et tu seras sauvé, toi et ta famille.»

Il n'y a rien à faire. Nos oeuvres ne peuvent gagner notre salut. Il suffit de croire en Jésus-Christ
« En effet, c'est par la grâce que vous êtes sauvés, par le moyen de la foi. Et cela ne vient pas de vous, c'est le don de Dieu.
9 Ce n'est pas par les oeuvres, afin que personne ne puisse se vanter. »
et Jésus a dit « celui qui croit en moi a la vie éternelle »

Cette bonne nouvelle du salut par la grâce seule au moyen de la foi seule, je crois que nous peinons encore à en saisir toute la portée libératrice. Nous n'avons pas à chercher à tout prix à gagner les faveurs de Dieu, à nous placer sous la servitude de codes religieux ou de règles morales. Dieu a déjà tout accompli en Jésus-Christ. Le message est là, clair, limpide, merveilleux:
«Crois au Seigneur Jésus[-Christ] et tu seras sauvé »

Le gardien accepte la libération que Dieu lui offre par la Parole qui lui est prêchée par Paul et Silas (v.32) et lui et les siens reçoivent le baptême. « Après les avoir conduits chez lui, il leur a servi à manger. Il se réjouissait avec toute sa famille d'avoir cru en Dieu. »

Mes amis, en 1944 et 1945, les armées libératrices ont été accueillies dans la joie. Là aussi nous voyons la libération que Christ donne reçue avec joie par toute une famille qui a cru.

Notre société parle beaucoup de liberté. En fait, elle parle par là de licence. Mais la vraie liberté ne se trouve qu'en Jésus-Christ. Les croix blanches des cimetières américains nous rappellent le sacrifice de milliers de jeunes hommes morts pour notre liberté. Mais la croix de Jésus nous rappelle que le Fils de Dieu s'est sacrifié lui-même pour que nous soyons libérés et réjouis en lui.

Encore aujourd'hui Dieu agit, Dieu libère. Croyez au Seigneur Jésus-Christ et vous serez sauvés!

dimanche 5 mai 2013

APOCALYPSE 21.10-23


 
Jean à Patmos
10 Il me transporta en esprit sur une grande et haute montagne.
Et il me montra la ville sainte, Jérusalem, qui descendait du ciel d’au près de Dieu, ayant la gloire de Dieu. 11 Son éclat était semblable à celui d’une pierre très précieuse, d’une pierre de jaspe transparente comme du cristal. 12 Elle avait une grande et haute muraille. Elle avait douze portes, et aux portes douze anges, et des noms écrits, ceux des douze tribus des fils d’Israël: 13 à l’orient trois portes, au nord trois portes, au midi trois portes, et à l’occident trois portes. 14 La muraille de la ville avait douze fondements, et sur eux les douze noms des douze apôtres de l’Agneau.
15 Celui qui me parlait avait pour mesure un roseau d’or, afin de mesurer la ville, ses portes, et sa muraille. 16 La ville avait la forme d’un carré, et sa longueur était égale à sa largeur. Il mesura la ville avec le roseau, et trouva douze mille stades; la longueur, la largeur et la hauteur en étaient égales. 17 Il mesura la muraille, et trouva cent quarante-quatre coudées, mesure d’homme, qui était celle de l’ange.
22 Je ne vis point de temple dans la ville; car le Seigneur Dieu tout-puissant est son temple, ainsi que l’Agneau. 23 La ville n’a besoin ni du soleil ni de la lune pour l’éclairer; car la gloire de Dieu l’éclaire, et l’Agneau est son flambeau.



Chers frères et soeurs,

Nous continuons aujourd'hui notre parcours dans le livre de l'Apocalypse. Si vous étiez là dimanche dernier, vous vous êtes sans doute rendu compte que notre texte de ce matin répète en partie celui de la semaine dernière. C'est toujours la vision du ciel qui a été accordée à Jean. Mais pas qu'à lui, puisque l'Esprit Saint l'a inspiré pour qu'il écrive le dernier livre de la Bible, qui est comme les autres destiné à notre instruction et à notre encouragement, même si c'est un livre souvent difficile à comprendre. Comme celui de la semaine dernière notre texte de ce matin nous parle de la nouvelle Jérusalem. Nous l'attendons en sachant deux choses:

ses portes sont ouvertes
la gloire de Dieu brille sur elle

Au début de notre passage, nous voyons Jean « transporté en esprit au sommet d'une grande et haute montagne ». Jean est transporté en esprit par ce que la vision qu'il va recevoir est une vision spirituelle, qui n'est pas du domaine du matériel pur. Nous, aussi, nous devons apprendre à considérer ce que nous vivons avec le recul que nous donne la foi. Jean est sur une montagne et il contemple. Cela nous rappelle Moïse qui, sur une montagne, a pu contempler le pays promis avant de mourir. Cela nous montre à quel point les choses de l'Ancien Testament sont très souvent des préfigurations matérielles des réalités spirituelles de la Nouvelle.

La vision qui est donnée à Jean est trop grande pour être contenu par des paramètres humains. Jean voit de nouveau la Nouvelle Jérusalem (nous en avons parlé la semaine dernière, le sermon est sur le blog) et il en donne une description très concrète:
Elle avait un grande et haute muraille. Elle avait douze portes et sur les portes douze anges. (v.12)
Une muraille. A quoi ça sert? A protéger. Nous avons vu dimanche dernier, que ce qui caractérise avant tout la Nouvelle Jérusalem, c'est la présence de Dieu. En fait, en forçant un peu le trait on pourrait dire que là où Dieu est présent, la Nouvelle Jérusalem est déjà présente. Et bien, les murailles nous montrent que si Dieu est avec nous, nous sommes en sécurité.
« Le Seigneur est mon roc, ma forteresse et mon libérateur. Il est mon Dieu, le rocher où je me réfugie, mon bouclier, l'arme de ma victoire, ma citadelle ». Ainsi parle David dans le psaume 18, et un chant que nous connaissons bien nous permet de proclamer « c'est un rempart que notre Dieu, une retraite sûre ». Etes-vous fatigués des agressions de la vie? Allez vers le Seigneur!

Jean nous dit aussi que la Nouvelle Jérusalem a des portes. On peut passer par ces portes pour y entrer: on n'a pas à escalader ses hauts murs. Les anges accueillent ceux qui ont achevé leur pélerinage terrestre et vont accèder à la Cité Sainte. La ville compte douze portes: 3 à l'est, 3 au nord, 3 au sud et 3 à l'ouest qui portent les noms des douze tribus d'Israël. Le chiffre 12 revient d'ailleurs constamment dans la description de Jean. Ainsi, la ville a la forme d'un cube de 12000 stades (au passage, peut-être que votre Bible traduit 2200 km: c'est utile en termes de compréhension, mais cela vous fait manquer le fait que les dimensions de la ville sont de 12: le nombre du peuple de Dieu x 1000 le chiffre de l'accomplissement). De la même façon, certaines traductions nous disent que la muraille fait 72 mètres de hauteur. C'est intéressant, mais je préfère savoir que c'est 144 coudées (12x12). Au passage, nous percevons bien là que ces mots n'invitent pas à une interprétation littéraliste!
Tout cela nous rappelle le Tabernacle de l'Ancien Testament. Lui aussi était de forme cubique, et lui aussi était entouré des 12 tribus d'Israël. Et encore une fois, le Tabernacle était le symbole de la présence Dieu!

Nous avons en fait ici une fusion de l'Ancien et du Nouveau Testament. Jean continue et nous dit: la muraille de la ville avait douze fondations; elles portaient les douze noms des douze apôtres de l'Agneau (Jésus) v.14.
La muraille a des fondations. C'est normal, c'est nécessaire: aucun édifice ne peut durer sans fondations solides. Nous avons donc le nom des 12 tribus d'Israël sur les portes et le nom des 12 apôtres sur les fondations, Ancien et Nouveau Testaments unis l'un à l'autre<

Notez bien que ce sont les douze apôtres qui sont les fondations de la Cité: pas seulement Pierre comme voudrait nous le faire croire une certaine théologie! Dans sa lettre aux Ephésiens, Paul dit aux Chrétiens « Vous avez été construits sur les fondations constituées par les apôtres et les prophètes, Jésus-Christ lui-même étant la pierre d'angle » 2.20


Jésus-Christ est la pierre d'angle, la base de la construction. C'est quelque chose que nous devons toujours avoir à l'esprit.
Il y en a beaucoup qui essaient de bâtir sur d'autres fondations, comme les enseignements des hommes. Il y en a qui voudrait poser dans l'Eglise une autre pierre d'angle que Jésus. C'est ce qui arrive à chaque fois que l'autorité de la Bible est remise en cause, qu'on préfère la remplacer par je ne sais quel discours sans doute plaisant aux oreilles humaines mais qui ne vient pas de Dieu. C'est ce qui arrive quand Jésus n'est plus au centre de la prédication, mais qu'il n'est plus qu'une vague référence d'une moralité gentillette. C'est ce qui arrive quand on fait encore de grandes phrases sur Dieu en oubliant que nous ne peut être connu qu'en Christ.
Faisons bien attention frères et soeurs, l'enjeu est trop important! Si Christ n'est plus la pierre angulaire de notre foi, celle-ci va s'effondrer. Si Christ n'est pas la pierre d'angle, alors vous et moi sommes perdus et le monde n'a plus d'espoir. Dieu nous a donné la victoire en Jésus, par sa croix.
Nous trouvons ces paroles en Colossiens 2:
Vous qui étiez morts en raison de vos fautes et de l'incirconcision de votre corps, il vous a rendu la vie avec lui. Il nous a pardonné toutes nos fautes. Il a effacé l'acte rédigé contre nous qui nous condamnait par ses prescriptions et il l'a annulé en le clouant à la croix. » (2.13-15)

Mes amis, nous n'avons plus à errer à la recherche de je ne sais quoi. Par sa mort, Christ a donné la vie éternelle à tous ceux qui croient en lui. Nous sommes libérés de la culpabilité, nous sommes libérés des vaines observances religieuses. Si jésus est la pierre d'angle, c'est sur lui que tout repose, et pas sur nos efforts. Alors Continuons à avoir Jésus comme pierre d'angle de notre foi, et nous pourrons bâtir quelque chose de solide!

Nous avons parlé ce matin de murailles et de portes. Jésus aussi a parlé  de portes pour décrire notre salut. En Matthieu 7.13, Jésus dit « entrez par la porte étroite, car large est la porte et spacieux le chemin qui mène à la perdition, et il y en a beaucoup qui entrent pas là. Mais étroite est la porte et resserré le chemin qui mènent à la vie et il y en a peu qui les trouvent ».
La porte est étroite, mais elle est grande ouverte. Frères et soeurs, entrons pas la porte étroite, qui nous mènera à celles de la Nouvelle Jérusalem.

Jean continue de contempler la cité, et c'est sans doute une vision grandiose. Mais ce qu'il y a de plus beau c'est ce verset qui dit qu'elle « rayonnait de la gloire de Dieu » (v.11). En fait, littéralement, il faudrait traduire « elle avait la gloire de Dieu ». Une gloire, une lumière que l'apôtre va plus loin comparer à celle des pierres précieuses (21.18-20, ce qui nous renvoie aussi à l'Ancien Testament).
Plusieurs choses nous aident à mieux comprendre cet aspect de la gloire de Dieu.
D'une part, il n'y a plus de temple dans la Nouvelle Jérusalem (v.22). Rappelez-vous que pour les Juifs, le temple de Jérusalem était le centre de la vie religieuse, là où ils venaient en pélerinage pour les grandes fêtes et pour apporter leurs sacrifices. Et bien dans la Nouvelle Jérusalem il n'y a plus de temple car « le Seigneur Dieu tout-puissant est son temple, ainsi que l'agneau ».
C'est une des grandes vérités de la Nouvelle Alliance: ceux qui adorent Dieu l'adorent en esprit et en vérité. Nous n'avons plus à passer par des rituels formalistes, nous n'avons plus à faire des milliers de kilomètres pour nous trouver dans un endroit précis: notre louange est spirituelle. La gloire de Dieu ne se trouve plus cantonnée dans le saint des saints, mais elle a été déversée sur chacun de nous. C'est que cette gloire a un élement principal. Quand Moïse a demandé à Dieu de lui montrer sa gloire, le Seigneur a répondu ainsi « je ferai passer devant toi toute ma bonté et je proclamerai devant toi le nom du Seigneur; je ferai grâce à qui je ferai grâce, et j'aurai compssion de qui j'aurai compassion » (Exode 33.19). Bonté, grâce, compassion, tout cela est si rare dans le monde d'aujourd'hui...

Et bien Dieu nous dit que ces choses font partie de sa gloire. La gloire de notre Dieu, c'est la compassion, la grâce,la bonté, l'amour en un mot. Dieu nous a montré complètement sa gloire en nous donnant son Fils Jésus-Christ pour être notre Sauveur, il nous a montré l'étendue de sa grâce et de sa compassion à nous qui étions des pécheurs.

L'autre élément dont je voulais vous parler pour mieux comprendre la gloire est une autre absence: celle de la Lune et du Soleil (v.23). La ville n'a pas besoin du soleil ni de la lune pour y briller, car la gloire de Dieu l'éclaire et sa lampe, c'est l'agneau. C'est une référence claire au livre d'Esaïe « tu n'auras plus le soleil pour lumière pendant le jour, ce ne sera plus la lune qui t'éclairera de sa clarté, c'est le Seigneur qui sera ta lumière pour toujours, c'est ton Dieu qui sera ta gloire » (Es 60.19).
Dieu nous a donné sa lumière. Jésus a dit « Je suis la lumière du monde. Celui me suit ne marchera jamais dans les ténèbres mais il aura la lumière de la vie » (Jean 8.12).

Nous voyons dès maintenant la gloire et la lumière de Dieu dans l'amour qu'il nous a montré en Christ. Si les circonstances de vos vies vous font douter, si vous ne voyez rien de glorieux, si vous avez l'impression d'avancer dans les ténèbres tournez vous vers Jésus, celui qui vous ouvre les portes de la Nouvelle Jérusalem et qui vous dit « viens! ».