dimanche 24 juin 2012

PSAUME 66

Sermon prêché pour le dimanche Jubilate par le pasteur JL. Schaeffer (Strasbourg)
Lire: Exode 15, 1-12. 18-19 / 1Jean 5,1-8 / Jean 15, 1-8.

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Bonne lecture!

vendredi 22 juin 2012

L’humilité guérit l’anxiété (1 Pierre 5:6-7


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Source:  pdphoto.org

L’humilité guérit l’anxiété

 “Humiliez-vous donc sous la puissante main de Dieu,
afin qu’il vous élève en temps voulu.
Déchargez-vous sur lui de tous vos soucis,
car il prend soin de vous.”
 (1 Pierre 5:6-7)

Je me suis récemment fait rappeler qu’il existe un traitement à l’anxiété.  En fait, pour être honnête, je n’ai pas vraiment découvert ce traitement moi-même.  J’ai dû l’apprendre de quelqu’un d’autre.  Et je suis toujours en train de l’apprendre.  Savez-vous de quoi il s’agit?  De l’humilité.  C’est vrai, l’humilité guérit l’anxiété.

Cette idée ne vient pas de moi.  En fait, je dois admettre que, lorsque j’ai appris cela pour la première fois, je ne comprenais même pas très bien le lien entre les deux.  Qu’est-ce que l’humilité peut bien avoir à faire avec l’anxiété?  Il doit pourtant y avoir un lien.  En 1 Pierre 5, Pierre parle de l’humilité et des soucis dans un même souffle.

Tout d’abord, qu’est-ce que l’anxiété?  L’anxiété est ma réaction naturelle aux problèmes auxquels je dois faire face durant cette vie.  Ce sont peut-être des problèmes financiers, des problèmes au travail, des problèmes de santé, des problèmes avec les enfants.  Lorsque nous faisons face à des problèmes, présents ou à venir, nous commençons à nous inquiéter à leur sujet.  Comment vais-je réagir si je reçois le diagnostic d’une maladie qui menace ma vie?  Comment vais-je m’en sortir financièrement si je perds mon emploi?

Mais pourquoi est-ce que je me fais du souci dans de telles situations?  C’est parce que je ne sais pas exactement ce qui va arriver.  Si je savais exactement ce qui va se produire et si je pouvais tout contrôler, je n’aurais plus besoin de m’inquiéter.  L’anxiété existe uniquement parce que la situation n’est pas entièrement sous mon contrôle et que je suis relativement impuissant.

N’est-ce pas la raison pour laquelle nous devenons anxieux?  Nous ne voulons pas être impuissants.  Nous voulons avoir les choses bien en mains. Nous voulons trouver une solution par nous-mêmes.  Nous voulons que tout soit sous notre contrôle.  N’est-ce pas là de l’orgueil?  L’orgueil:  vouloir le faire tout seul, nous en occuper tout seul, le contrôler tout seul.  Oui, si je suis honnête avec moi-même, je dois admettre qu’à la racine de l’anxiété se trouve le péché de l’orgueil.

L’orgueil conduit à l’anxiété.  Et l’anxiété nous écrase.  Comme le dit l’expression, nous devenons “malades d’inquiétude”.  Ne pas être en contrôle, ne pas savoir ce qui va arriver est un mal qui nous ronge.  Les inquiétudes nous minent et nous épuisent.  Nous n’arrivons plus à penser à autre chose. “Comment vais-je réussir à résoudre ce problème?  Où est-ce que je vais trouver l’argent nécessaire pour payer cela?  Que va-t-il m’arriver maintenant?”  Les inquiétudes sont lourdes; les porter, c’est comme transporter un sac très lourd toute la journée.  C’est un lourd fardeau qui vient drainer toute joie de notre vie.

Le roi David savait bien, lui aussi, ce que signifie transporter de lourds fardeaux.  Il savait ce que représente faire face à des problèmes.  Il connaissait aussi toutes les inquiétudes que les problèmes peuvent causer.  Dans le Psaume 55, il décrit la façon dont il a été attaqué par d’anciens amis.  Il a été trahi.  Il a été persécuté.  Cela entraîne naturellement de l’anxiété.  Mais David a-t-il été malade d’inquiétude?  A-t-il porté lui-même toutes ses angoisses comme un lourd fardeau?  Il a écrit:  “Remets ton fardeau à l’Éternel, et il te soutiendra” (Ps. 55:23).  Pierre fait référence à cette parole lorsqu’il dit:  “Déchargez-vous sur lui de tous vos soucis, car il prend soin de vous.”  (1 Pi. 5:7).  Que faire de ces inquiétudes et de ces anxiétés, de ces fardeaux si lourds qui nous écrasent?  David nous dit de les remettre au Seigneur!  C’est un acte qui consiste à se décharger, se débarrasser du poids, se libérer du fardeau.

C’est ainsi que le Seigneur veut voir vivre ses enfants en Jésus-Christ.  Il ne veut pas que je porte mes fardeaux dans mes propres mains; il veut que je les dépose dans ses mains.  C’est ici que l’humilité entre en jeu.  Je dois me débarrasser de l’idée que tout est sous mon contrôle.  L’humilité signifie ne pas essayer de le faire par moi-même, avec mes propres forces, ne pas essayer de porter moi-même de lourds fardeaux.  Je dois au contraire reconnaître la main puissante de mon Père céleste en Jésus-Christ et compter sur cette main puissante par la foi.  La main de mon Père, par laquelle il a créé l’univers.  La main de mon Père qui contrôle chaque aspect de ma vie.  La main de mon Père qui me soutiendra.  La main de mon Dieu et de mon Père en Jésus-Christ qui prend soin de moi!  Lorsque je me décharge de cette façon, lorsque je fais confiance en mon Père, je ne croule plus sous les inquiétudes!  C’est une façon de lui remettre mes soucis.  C’est une façon de m’humilier sous la puissante main de Dieu.  C’en est fini de prendre les choses en main avec orgueil!

En définitive, je dois admettre que l’anxiété face à mes problèmes est une question d’orgueil, une question de péché.  C’est la conséquence de chercher à prendre les choses en main moi-même, sans m’en remettre avec confiance à la main puissante de mon Père qui m’aime.  Je remercie Dieu de ce qu’il connaît ma faiblesse pécheresse et que, dans son amour, il corrige ma folie; de ce qu’il sait que je suis porté à être orgueilleux et qu’il m’appelle à l’humilité; de ce qu’il sait que je suis porté à me faire du souci et qu’il m’appelle à lui faire confiance; de ce qu’il sait que je suis loin d’avoir fini d’apprendre et qu’il continue à m’enseigner encore et encore à lui remettre mon anxiété dans la prière, à ne m’inquiéter de rien et à prier en toutes choses (Phil. 4:6).  Pourquoi m’inquiéter alors que je peux prier?

Richard Pot, pasteur
Paru dans la revue Lumière sur mon sentier,
Vol. 2, No. 1, janvier 2007.
Traduit et utilisé avec permission,
Richard E. Pot, Humility as a Cure for Anxiety”, Clarion, Vol. 55, No. 14, 7 juillet 2006, p. 333-334.
L’auteur est pasteur de l’Église réformée canadienne (CanRC) à LondonOntario.

méditation tirée du site de l'Eglise Chrétienne Réformée de Beauce (Québec)

dimanche 17 juin 2012

MARC 4.26-32



26 Il dit encore: «Voici à quoi ressemble le royaume de Dieu. Il est semblable à un homme qui jette de la semence en terre; 27 qu'il dorme ou qu'il reste éveillé, nuit et jour la semence germe et pousse sans qu'il sache comment. 28 [En effet,] d'elle-même la terre produit d'abord l'herbe, puis l'épi, enfin le grain tout formé dans l'épi,
29 et, dès que le fruit est mûr, on y met la faucille, car c'est le moment de la moisson.»
30 Il dit encore: «A quoi comparerons-nous le royaume de Dieu ou par quelle parabole le représenterons-nous? 31 Il est comme une graine de moutarde: lorsqu'on la sème en terre, c'est la plus petite de toutes les semences qui sont sur la terre. 32 Mais lorsqu'elle a été semée, elle monte, devient plus grande que tous les légumes et développe de grandes branches, de sorte que les oiseaux du ciel peuvent habiter sous son ombre.»



Chers frères et soeurs en Christ,
chers amis,

L'autre jour, je discutais avec Charlotte et elle me dit que, de ce point de vue, les jardins étaient une grande passion et spécificité française. Je crois que c'est vrai. Chez moi, mon arrière-grand-père faisait son jardin, puis mon grand-père puis mon père, qui m'aide encore beaucoup dans mon propre jardin. J'aime le jardinage. Pierre Rahbi dit que cultiver son jardin est un acte politique. Pour moi c'est aussi un acte spirituel.

En tout cas, dans notre texte d'aujourd'hui, Jésus se sert des graines pour nous expliquer à quoi ressemble le royaume de Dieu.

La première de ses paraboles nous parle de patience et de confiance. Le fermier apprend la même leçon que les enfants à l'école: une fois que c'est planté et arrosé, une fois que toute ce qui était à faire est fait, il n'y a plus grand-chose à faire, à part attendre. J'avais planté pas mal de choses dans mon jardin il y a quelques semaines et, même si j'allais voir chaque jour comment ça allait, ça ne faisait pas pousser plus vite. Il faut du temps. Il faut de la patience. Il faut de la confiance et espérer que la combinaison d'une graine, d'un sol, d'eau et de soleil va faire jaillir la vie. Mais quand? Et combien?

C'est la même chose dans le royaume de Dieu. Ici, la graine, c'est la Parole de Dieu. L'Eglise fidèle de Jésus-Christ sème cette Parole, mais nous ne savons pas pourquoi ni comment elle agit. Nous nous contentons de partager ce que nous avons reçu, et nous attendons les résultats. Nous ne pouvons pas saisir, contrôler ce qui se passe, mais nous plaçons notre confiance en Dieu pour que quelque chose se passe.

L'annonce de l'Evangile nous fait placer notre confiance en Christ. « la foi vient de ce qu'on entend et ce qu'on entend vient de la parole de Dieu. » (Romains 10.17). Par l'Evangile, l'Esprit Saint plante une graine dans notre coeur, et il lui fait donner la vie. Et cette graine grandit. Et quand nous recevons l'Evangile sous une forme visible (le pain et le vin qui sont le corps et le sang de Christ), l'Esprit nourrit cette graine qui grandit en nous.

Le problème, c'est que parfois (souvent!!) nous ne voyons pas grand-chose croître. Pour une graine normale, le processus de croissance est bien trop lent pour être visible à l'oeil nu. Et bien, avec la semence de la Parole et l'oeuvre de l'Esprit, c'est encore plus long parfois!!

Alors, parfois, nous sommes déçus, et même inquiets. Nous semons la semence de la vérité et nous voyons autours de nous grandir toutes les orties des hérésies possibles et imaginables. Nous voyons autours de nous proliférer les mauvaises herbes de l'indifférence, du relativisme et de toutes les impiétés.

Ou bien, nous regardons dans notre miroir, et nous nous rendons compte à quel point notre vieil homme, avec tout son péché, bouge encore. Nous voudrions tant, après tant d'années de foi, ressembler plus à Jésus, et nous nous rendons compte que nous n'arrivons pas à nous débarasser de tel ou tel défaut ou imperfection.
Pourquoi ne pouvons-nous pas croître pour être plus comme Jésus?
Mais Dieu nous fait une promesse: « Je suis persuadé que celui qui a commencé en vous cette bonne oeuvre la poursuivra jusqu'à son terme, jusqu'au jour de Jésus-Christ » (Philippiens 1.6). Parfois, nous ne le voyons pas, mais nous croyons Dieu.

Nous nous souvenons de cette promesse du Seigneur: Il en va de même pour ma parole, celle qui sort de ma bouche: elle ne revient pas à moi sans effet, sans avoir fait ce que je désire et rempli la mission que je lui ai confiée.
(Esaïe 55.11)

L'autre parabole de notre texte évoque le grain de moutarde et explique encore le mystérieux don de la foi.
Tout comme la grain de moutarde, infiniment petit, donne un arbre qui peut fait jusqu'à trois mètres de haut, Dieu ne craint pas de partir de choses apparement infimes pour les faire croître au-delà de l'imaginable. Songez à l'Eglise: qui aurait misé un euro sur les 120 disciples de Jésus qui se réunissaient à Jérusalem après sa résurrection et son ascencion??
Et bien pourtant, c'est de cette infime graine dont s'est servi Dieu pour proclamer son Evangile en quelques années dans tout le bassin méditerranéen, par la puissance de l'Esprit Saint. Et aujourd'hui, on trouve des chrétiens sur toute la terre, la Bible a été traduite en plus de 2500 langues, on ne compte pas le nombres d'hopitaux et d'écoles fondées par des chrétiens et la mission continue « jusqu'aux extrêmités de la terre » (Actes 1). L'arbre immense de l'Eglise chrétienne actuelle est sorti de l'insignifiante semence de l'assemblée de Jérusalem.

Nous pouvons là aussi appliquer cette vérité à notre propre vie. Ne pensons jamais que ce que nous semons est trop petit pour donner quoique ce soit.
Laissez-moi vous raconter une histoire:
en décembre 1849, un jeune anglais inquiet, qui cherchait désespérement un sens à sa vie et le moyen de trouver Dieu entra, poussé par une impulsion, dans un temple. C'était le lieu de culte d'une petite assemblée méthodiste, composée d'une douzaine de personnes. Il y a avait beacoup de neige ce jour-là, et le pasteur n'avait pas pu venir. Aussi, c'est un laïc, un humble artisan qui présenta dans un langage bien sommaire un « message » sur Esaïe 45.22: "Regardez à moi et vous serez sauvés, vous tous qui êtes aux extrémités de la terre! "
Le jeune homme comprit qu'il n'avait qu'à regarder à Dieu, à croire en Jésus pour être sauvé et il sortit du temple rempli d'une vie nouvelle. Ce jeune homme s'appelait Charles Spurgeon et il allait devenir un des plus grands prédicateurs du 19eme siècle, pasteur de la grande paroisse du Tabernacle à Londres, fondateur d'un collège biblique, auteur de nombreux ouvrages et grand défenseur de la foi contre les attaques des modernistes de tout poil. On estime que des milliers de personnes se sont converties grâce à son ministère.
Et tout cela est venu du grain de moutarde d'un prédicateur laïque au milieu d'une poignée de croyants!
Alors, ne pensons jamais que ce que nous pouvons faire ou dire est trop petit pour avoir des résultats notables. Un geste, une parole peuvent avoir des conséquences insoupçonnés.

Alors croyons dans ces promesses de Dieu. Cessons de toujours chercher à mesurer les résultats, à attendre anxieusement de voir si « ça pousse ». Car si nous faisons confiance à la Parole de Dieu, nous pouvons pleinement recevoir ce message de l'apôtre Paul: « Ainsi, mes frères bien-aimés, soyez fermes, inébranlables. Travaillez de mieux en mieux à l'oeuvre du Seigneur, sachant que votre travail n'est pas sans résultat dans le Seigneur. » (1 Co 15.58)
Ce qui semble petit au regard peut avoir des effets dont nous n'aurons même jamais conscience.

Remercions Dieu pour les graines qu'il sème en nous et par nous. Merci pour sa Parole qui nous éclaire, qui nous exhorte, qui nous instruit. Sa Parole qui porte la vie, même quand nous ne pouvons pas le voir. Qui accomplit toujours ce que Dieu veut qu'elle fasse. Que le Seigneur nous donne la confiance et la patience pour le croire.

Amen.

dimanche 10 juin 2012

Baptême


Chers frères et soeurs en Christ,
chers amis,

Nous voici tous réunis en ce jour qui marque le baptême de Gabriel.
A cette occasion, j’ai pensé qu’il serait bon pour nous tous de nous rappeler le sens, la signification profonde du baptême chrétien, selon la Parole de Dieu.
Que signifie exactement cette cérémonie, cette célébration du baptême, et que se cache-t-il derrière ce symbole, derrière ce rituel, ces quelques gouttes d’eau versées sur la tête du baptisé?
La question est d’autant plus importante pour nous que, sans doute, la plupart d’entre nous ici présents, avons déjà été baptisés. Et peu importe que , comme on dit par chez nous vous ayez été « baptisé catholique » ou « baptisé protestant ». ces expressions sont des âneries. On est baptisé au nom du Père, de Fils et du Saint-Esprit, et il n'y a qu'un seul baptême chrétien, le baptême trinitaire!
Je voudrais donc, en me servant de certains textes bibliques, vous offrir quelque méditations sur le baptême. Tout d'abord, je voudrais évoquer avec vous un aspect qui m'a frappé lorsque je pensais à ce beau jour. Gabriel vient d'être baptisé par son grand-père, Marc, qui a été de longues années pasteur de cette paroisse. Cette paroisse dont ont été membres deux de ses arrières-grand-parents que j'ai connus: Jeanne A et Gaston Β, qui ont rejoint la maison du Père dans l'espérance de la résurrection. Cette paroisse où tu as été baptisée Elodie (le 11 mai 1975, à Prailles), où tu as confirmé ta foi et où tu la vis à présent depuis ton retour en Poitou. Pensez-donc: quatre générations de croyants se sont succédées ici!
Et bien, cela évoque pour moi un point essentiel et trop souvent oublié du baptême: le fait que celui-ci est fondé sur ce qu'on appelle l'alliance de grâce.
Qu'est-ce que ça veut dire?
Déjà, dans l'Ancien Testament, nous voyons que les enfants des Israëlites étaient marqués d'un signe: la circoncision. Paul, dans sa lettre aux Colossiens, nous dit que le baptême est la « circoncision de Christ »C'est que Dieu ne s'adresse pas seulement à des individus détachés de tout lien. Ces promesses incluent aussi les enfants des croyants.
C'est ce dont témoignent à la fois l'Ancien et le Nouveau Testament:
J'établirai mon alliance entre moi et toi, ainsi que tes descendants après toi, au fil des générations: ce sera une alliance perpétuelle en vertu de laquelle je serai ton Dieu et celui de ta descendance après toi. Genèse 17.7
En effet, la promesse est pour vous, pour vos enfants et pour tous ceux qui sont au loin, en aussi grand nombre que le Seigneur notre Dieu les appellera. Actes 2.39
Enfin, le Seigneur Jésus-Christ lui-même a dit:
Laissez les petits enfants, ne les empêchez pas de venir à moi, car le royaume des cieux est pour ceux qui leur ressemblent. Mt 19.14
Tout cela justifie le baptême des enfants. Oh, je sais ce que beaucoup disent: « les enfants n'ont pas conscience de ce qui leur arrive, ils ne peuvent pas choisir ».
Et bien, justement, c'est aussi cela que montre le baptême. Gabriel n'est sans doute pas conscient de l'amour de ses parents pour lui. Mais cet amour est là. De la même façon, Gabriel est déjà aimé de Dieu. La Bible nous enseigne que Dieu nous a aimés le premier (1 Jean 4). Jean précise encore sa pensée quand il nous dit « En ceci est l'amour, c'est que ce n'est pas nous qui avons aimé Dieu, mais que c'est lui qui nous a aimés et a envoyé son Fils en propitiation pour nos péchés. »
Vous voyez, frères et soeurs, notre salut vient entièrement de Dieu et c'est lui qui, dans sa souveraineté, nous appelle à lui et nous sauve.
Certains de mes amis participent actuellement à une campagne de débaptisation. Il demandent à ce que leurs noms soient rayés des registres de baptême. Si je devais recevoir une telle demande, je refuserais. Parce que, même si nous refusons l'amour de Dieu, il reste présent pour nous, et le baptême en est la marque et le sceau. Cela, rien ne peut l'effacer.


Certains se font débaptiser. Mais il y a une erreur peut-être encore plus terrible face au baptême. Combien de fois n'ai-je pas entendu: « ah ben, je suis chrétien: j'ai été baptisé!! » (au passage, on rajoute parfois qu'on a été baptisé par le pasteur Machin ou le Père Untel, comme si ça en faisait un baptême « de première classe »).
Mais cher ami, ai-je alors envie de dire, qu’as-tu donc fait de ton baptême ? Où donc se trouve la réalité signifiée par celui-ci dans ta vie ? Et où donc est ta foi ? En quel Dieu crois-tu ? Où as-tu donc placé ta confiance ? Et quelle place Jésus-Christ occupe-t-il vraiment dans ton cœur et dans ta vie ?
Ceci est un reste tragique des hérésies catholiques romaines qui, au Moyen-Age, se sont répandues dans l'Eglise. On affirmait alors que le baptême avait une effacité systématique et qu'il purifiait automatiquement.
Un grand théologien luthérien du 19eme siècle, CFH Walther a décrit cette position comme « une horrible erreur ».
Car Jésus a bien dit « celui qui croira et qui sera baptisé sera sauvé. Celui qui ne croira pas sera condamné » (Marc 16.16)
Quand bien même, comme le dirait Luther, nous aurions été baptisés cent fois, si nous ne croyons pas en Jésus comme notre unique Sauveur, notre baptême ne nous sert de rien. Le Réformateur rajoute, dans son Grand Catéchisme « quand la foi est absente, [le baptême] est inefficace et reste un simple signe ».
Frères et soeurs, sans la foi, notre baptême devient condamnation. Dieu veuille que cela n'arrive à aucun d'entre nous!
Voilà pourquoi Gabriel sera appelé d'ici quelques années à confirmer sa foi devant l'Eglise. Avant cela, ses parents et parrains devront veiller à ce qu'il soit éduqué dans cette foi. C'est là un point important sur lequel je me dois d'insister.
On n'apporte pas un enfant au baptême pour ensuite le laisser complètement ignorant des vérités chrétiennes, comme cela se fait hélas trop souvent dans certaines églises. A ce sujet, je dois dire être heureux de voir les parents de notre paroisse avoir à coeur l'éducation religieuse de leurs enfants. Vous leur laissez là le plus beau des héritages. Mais souvenez-vous que cette éducation religieuse ne se fait pas qu'au temple avec le pasteur. Il est bon aussi qu'au sein du foyer se crée une atmosphère de piété. Cela peut passer par des temps de culte familial; par la prière avec chaque repas, par le fait pour les parents d'être fidèles au culte pour montrer que c'est important. Les maisons d'éditions chrétiennes proposent aussi à présent de très bons livres et DVD qui peuvent aider à l'édification des jeunes. Ne manquez pas de me demander conseil à ce niveau-là. C'est aujourd'hui que se prépare les lendemains de l'Eglise.
Le livre des Proverbes dit: « Eduque l'enfant d'après la voie qu'il doit suivre! Même quand il sera vieux, il ne s'en écartera pas. » (22.6). C'est là une des grandes promesses de l'alliance de grâce. Sachons nous en souvenir alors qu'un de nos enfants reçoit aujourd'hui le baptême.


Un dernier point pour terminer. C'est aussi le jour du baptême de Gabriel, mais le baptême est quelque chose dont nous avons besoin tous les jours.
Reste à voir ce qu'il signifie dans la vie quotidienne du croyant. Si la résurrection de Jésus-Christ est le oui de Dieu à l'oeuvre qu'il a accomplie sur la croix, le Baptême est le oui qu'il a prononcé une fois pour toutes sur son enfant. Il est l'acte par lequel il lui dit: "Je suis ton Dieu, je t'ai appelé par ton nom, tu es à moi!" Et tout ce qu'il fait par la suite en faveur de son enfant, il le fait au nom de ce oui, de cet engagement pris à son égard. Il faut donc parler du Baptême à la fois dans le passé et dans le présent. Il est une fontaine dont l'eau vive ne tarit jamais et à laquelle l'enfant de Dieu peut boire chaque jour.
Face à sa corruption naturelle et au péché, le croyant, conscient de ses fautes, peut se consoler de la grâce de Dieu qui lui a été offerte en Jésus-Christ, scellée et garantie dans le sacrement. Il sait que le Seigneur ne le rejette pas s'il vient à lui d'un coeur contrit, et qu'il le recouvre de sa justice (Galates 3:27). Se repentir signifie pour lui revenir d'un coeur humble et croyant à l'offre du pardon faite dans le Baptême et en vivre.
Face aux tentations de la chair, du monde et de Satan, le chrétien se souvient qu'en vertu de son Baptême il est enfant de Dieu et que son Père céleste a conclu avec lui une alliance qu'il ne rompra jamais. Certes, il a des ennemis qui lui veulent du mal, le monde, Satan et sa propre chair. Mais il sait aussi que le Seigneur est fidèle à ses engagements et qu'il ne manquera pas de venir à son secours. Il se souvient notamment de cette admirable promesse qu'il a faite aux siens: "Quand les montagnes s'éloigneraient, quand les collines chancelleraient, mon amour ne s'éloignera point de toi et mon alliance de paix ne chancellera point, dit l'Eternel qui a compassion de toi" (Esaïe 54:10).
Dans toutes les détresses et afflictions matérielles, le croyant baptisé se sait assuré de l'amour paternel et de la fidèle providence de celui qui lui a déclaré dans son Baptême qu'il était son Père et entendait le rester à jamais.


Sachons puiser dans le trésor de notre baptême!


lundi 4 juin 2012

ESAIE 6.1-8


Pasteur Jon Ehlers (Angleterre). Traduction: F. Bohy.
ESAÏE 6.1-8
Dimanche de la Sainte Trinité – 3 juin 2012 - Mulhouse France
CONFERENCE LUTHERIENNE EUROPENNE
La grâce, la paix et la miséricorde vous soient données de la part de Jésus-Christ, notre Sauveur qui vit éternellement !
Le texte de ce matin est un passage de l’Ancien Testament que nous trouvons dans Esaïe 6,1-8.

  L'année de la mort du roi Ozias, j'ai vu le Seigneur assis sur un trône très élevé; le bord inférieur de son vêtement remplissait le temple.
2
Des séraphins se tenaient au-dessus de lui. Ils avaient chacun six ailes: deux dont ils se couvraient le visage, deux dont ils se couvraient les pieds et deux dont ils se servaient pour voler.
3
Ils se criaient l'un à l'autre: «*Saint, saint, saint est l'Eternel, le maître de l'univers! Sa gloire remplit toute la terre!»
4
Les montants des portes se sont mis à trembler à cause de la voix qui retentissait et le temple a été rempli de fumée.
5
Alors j'ai dit: «Malheur à moi! Je suis perdu, car je suis un homme aux lèvres impures, j'habite au milieu d'un peuple aux lèvres impures et mes yeux ont vu le roi, l'Eternel, le maître de l'univers!»
6
Cependant, l'un des séraphins a volé vers moi, tenant une braise qu'il avait prise sur l'autel à l'aide de pincettes.
7
Il a touché ma bouche avec elle et a dit: «Puisque ceci a touché tes lèvres, ta faute est enlevée et ton péché est expié.»
8
J'ai entendu le Seigneur dire: «Qui vais-je envoyer et qui va marcher pour nous?» J'ai répondu: «Me voici, envoie-moi!»


Prions Dieu :
Seigneur Dieu, notre rocher et notre gracieux Rédempteur : reçois favorablement les paroles de ma bouche et les ferventes pensées de nos cœurs. Amen.
Notre foi chrétienne est solidement ancrée dans l’histoire. Il y a 2000 ans, une personne du nom de Jésus de Nazareth naquit dans une vraie étable, reposa sur de la vraie paille et fut adoré par de vrais bergers. Sa famille dut fuir de vrais soldats, devant de vraies épées pour se rendre en Egypte. Jésus a travaillé du vrai bois avec ses mains en tant que charpentier. Il a offert de la vraie nourriture pour nourrir de vraies foules affamées. Il a guéri de nombreuses personnes de vraies maladies. Il est vraiment mort sur la croix et a répandu son vrai sang pour nous. Il est vraiment ressuscité physiquement des morts au matin de la première Pâques. Ses apparitions aux disciples furent réelles ; il est monté au Ciel. Ce personnage bien réel a rendu possible notre rencontre avec Dieu, Dieu étant réellement entré dans l’histoire pour nous rencontrer et nous sauver. Aussi ne devrions-nous pas être surpris de ce que Esaïe commence ce passage par une référence historique : L’année de la mort du roi Ozias, – c’était aux alentours de l’an 740 avant Jésus-Christ. Le roi Ozias régna durant plus de 50 ans. Tout au long de son règne, la prospérité fut la règle dans tout Israël. Mais à la fin de sa vie, des nuées d’orage s’amoncelèrent à l’horizon : les Assyriens surgirent.
Esaïe est un vrai historien de l’Ancien Testament ; les événements historiques qu’il relate de façon précise sont une annonce de la part de Dieu, au sujet de Dieu. Au fil des années, le roi Ozias s’était éloigné et séparé de Dieu, se plaçant ainsi sous le jugement divin (2Rois 15,5 ; 2Chr 26,16ss) ; bien que sa mort approchât, il persista dans son impénitence. Tandis que les ténèbres de la mort se refermèrent sur lui, Ozias devint pour Esaïe le symbole d’une nation elle aussi éloignée et séparée de l’amour de Dieu, par suite du choix et de la rébellion du peuple. Esaïe craignit qu’il n’y ait plus d’espoir pour son peuple. Mais à l’heure de la mort – autant de celle du roi que de la nation – Esaïe réalisa que le Seigneur avait encore une Parole de vie et de renouveau pour eux.
Lorsque le roi terrestre mourut, Esaïe eut une vision du Roi céleste. Il fut confronté au Roi de majesté, de gloire et de sainteté. Le Roi des rois et le Seigneur des seigneurs est assis sur un trône royal et céleste, au-dessus de toutes choses et entouré de l’armée céleste qui chante ses louanges. Cette présence d’Esaïe devant le Dieu vivant eut sur lui un effet apaisant et salutaire.
Nous avons hélas ! souvent tendance à vouloir nous mettre en valeur. Mais nos efforts dans ce sens sont le comble de la folie. Permettez-moi de vous en donner une illustration. Quel est le principal sujet de conversation pour la plupart des gens ? Eux-mêmes. Pour la plupart d’entre nous, nous sommes imbus de nous-mêmes ; nous aimons bien être sur le devant de la scène, sous le feu des projecteurs. Que ce soit en essayant de montrer notre importance ou en évoquant nos grands malheurs, nous aimons bien paraître.
Or c’est Dieu qu’il faut célébrer. De fait, il est si grand et si impressionnant que seuls ses vêtements et ses qualités sont évoqués ici. Les pans de sa robe emplissait le temple, tandis que les séraphins s’écriaient : « Saint, saint, saint ». Saint désigne ce qui est distinct, différent, totalement séparé de tout le reste. Dieu est tellement au-dessus de tout ce qui existe que le seul mot utilisé pour Le décrire est « saint ». Non seulement il est saint, mais il est trois fois saint ; le plus saint de ce qui est saint ; rien ne peut être plus saint. Tout son être et sa personnalité sont saints ; il est absolument pur, juste, d’une totale rectitude, véridique, plein de grâce. Tel est le Dieu en la présence duquel Esaïe fut placé ; tel le Dieu en la présence duquel nous sommes placés.
Confronté à la sainteté absolue de Dieu, Esaïe eut une réaction de terreur : « Malheur à moi ; je suis perdu ! détruit, ANEANTI ! » Toutes ses illusions volèrent en éclat lorsqu’il se trouva face à face avec le Dieu saint et éternel. En présence de Dieu qui est « saint, saint, saint », Esaïe comprit et réalisa au plus profond de lui-même à quel point il était pécheur.
Ce qu’il ressentit le plus, ce fut le sentiment de sa culpabilité à cause de ses « lèvres impures » ; ces lèvres impures étant elles-mêmes l’expression d’un cœur pécheur et d’une volonté rebelle et obstinée. Esaïe avait entendu les louanges pures des séraphins et pu les comparer avec ce qui sortait de sa bouche. Le contraste était accablant, et en soi, une condamnation.
Mais que ressort-il d’une comparaison entre nos lèvres et nos discours avec ceux des séraphins ? Jacques nous dit : « La langue, personne ne peut la dompter ; c’est un mal qu’on ne peut réprimer ; elle est pleine d’un venin mortel » (3,8). Comme il est facile de faire un mauvais usage de notre langue ; par des plaintes, des médisances, des paroles de malédiction. Souvent davantage employée au mal, il ne reste guère de temps à la langue pour louer Dieu ou même lui adresser des prières. Sommes-nous un peuple aux lèvres impures ? En ce cas, nous sommes en bonne compagnie, – Esaïe y compris.
Mais ne nous laissons pas aller à la panique ou au désespoir. Car de même que le séraphin s’est approché d’Esaïe, de même Dieu s’approche de nous dans sa Parole pour nous apporter le pardon et nous délivrer de notre culpabilité. L’ange toucha les lèvres d’Esaïe avec une braise prise sur l’autel des sacrifices ; ce qui valut au prophète d’être en règle avec Dieu. Son péché, sa culpabilité et sa terreur furent ôtés. Ce fut l’œuvre de Dieu ; c’est Lui qui pourvut aux moyens de pardonner le péché d’Esaïe et de le rendre apte au service de son Seigneur.
Dieu procède de même avec nous. Sur l’autel du sacrifice, Jésus Christ a offert sa vie à notre place, de manière à détourner la colère de Dieu et nous obtenir le pardon des péchés. Notre culpabilité a été ôtée et nos lèvres (ainsi que notre esprit et notre corps tout entiers) ont été transformés pour son service. De nos jours, Jésus vient à nous sur l’autel avec son corps et son sang dans le Repas du Seigneur ; il touche nos lèvres et notre vie toute entière avec son pardon. Il est là « pour nous »¸ pour nous pardonner et nous fortifier ; goûtez et constatez combien le Seigneur est bon !
Le mot “expier” est une façon de parler imagée. Le mot habituel est « racheter ». Il se réfère à une personne qui a été obligée de se vendre elle-même comme esclave afin de payer la dette qu’elle était dans l’incapacité de régler. La situation de cette personne était désespérée. Survient alors le frère qui la rachète de l’esclavage en payant le prix de la rançon – il devient le REDEMPTEUR [= le ‘racheteur’]. Il paie le prix de l’esclavage, c'est-à-dire la dette que l’esclave n’aurait jamais pu payer, afin de libérer l’esclave. C’est exactement ce que fit Jésus pour nous. Sur la croix, il a payé notre dette pour nous acquérir la liberté. Il est devenu notre REDEMPTEUR. Nous sommes maintenant en règle avec Dieu grâce au sang qu’il a versé.
Maintenant, Dieu ne voit plus en nous des ennemis, mais ses enfants. Il nous parle tendrement dans sa Parole. Il nous a adoptés et reçus dans sa famille par le baptême. Il nous offre son pardon dans l’absolution. Il touche nos lèvres avec son vrai corps et son vrai sang lors du Repas du Seigneur, pour le pardon de nos péchés. Et quand nous réalisons combien tout cela est vrai, alors nos vies sont vraiment transformées ; nous sommes vraiment libérés pour vivre comme des enfants de Dieu, comme de nouvelles créatures en Christ Jésus.
La Loi nous conduit à dire : « Malheur à moi, car mes lèvres sont impures et elles me condamnent ». Mais Dieu merci, ceci n’est pas la fin de l’histoire. L’Evangile nous dit que Jésus nous a rachetés, qu’il a payé pour nous et que nous sommes déclarés saints, absous et libres en Christ. Nous avons été purifiés.
Après la purification vient la réponse à la grâce de Dieu. Dieu demande : « Qui enverrai-je ? » Nous répondons souvent : « Envoie quelqu’un d’autre ». Mais ce n’est pas ce que fait Esaïe ; il dit : « Envoie-moi ». Touché par la bonté de Dieu, il ne pouvait pas garder cela pour lui-même ; il lui fallait partager cette expérience avec d’autres. Ses lèvres ne pouvaient pas restées silencieuses.
Dieu a placé chacun de nous dans une situation unique pour nous approcher de telle ou telle personne. Il nous a donné à chacun des opportunités uniques et nous a équipés de dons spécifiques pour partager la nouvelle de son amour avec elle. Dieu nous a accordé le privilège de parler en son nom suite à son appel. Que répondez-vous ? Envoie quelqu'un d’autre, ou envoie-moi ?
Tout au long de l’histoire, notre Dieu continue d’agir et de travailler. Il se sert de vraies personnes comme vous et moi, malgré nos défauts et nos lèvres impures, pour porter le message d’amour et de pardon à notre communauté. Nous continuons d’être confrontés à sa sainteté et à sa majesté. Sa sainteté continue de nous révéler notre état de pécheurs. Nous sommes toujours perdus et anéantis à cause de nos lèvres empoisonnées. MAIS quelqu'un a payé pour nous et nous rachetés : c’est Jésus, par sa mort et sa résurrection, qui sont des faits historiques. Nous sommes pardonnés et notre culpabilité a été effacée grâce au vrai corps et au vrai sang du Christ qui a touché nos lèvres. Nous avons été transformés pour aller de l’avant avec joie et avec des lèvres désireuses de partager la Bonne Nouvelle de la mort et de la résurrection de Jésus pour le pardon des péchés avec tous ceux que Dieu nous amène à rencontrer. Amen.