dimanche 26 août 2012

JEAN 6.56-69


56 Celui qui mange ma chair et qui boit mon sang demeure en moi, et je demeure en lui. 57 Comme le Père qui est vivant m’a envoyé, et que je vis par le Père, ainsi celui qui me mange vivra par moi. 58 C’est ici le pain qui est descendu du ciel. Il n’en est pas comme de vos pères qui ont mangé la manne et qui sont morts: celui qui mange ce pain vivra éternellement.
59 Jésus dit ces choses dans la synagogue, enseignant à Capernaüm.
60 Plusieurs de ses disciples, après l’avoir entendu, dirent: Cette parole est dure; qui peut l’écouter? 61 Jésus, sachant en lui-même que ses disciples murmuraient à ce sujet, leur dit: Cela vous scandalise-t-il? 62 Et si vous voyez le Fils de l’homme monter où il était auparavant...? 63 C’est l’Esprit qui vivifie; la chair ne sert à rien. Les paroles que je vous ai dites sont Esprit et vie. 64 Mais il en est parmi vous quelques-uns qui ne croient point. Car Jésus savait dès le commencement qui étaient ceux qui ne croyaient point, et qui était celui qui le livrerait. 65 Et il ajouta: C’est pourquoi je vous ai dit que nul ne peut venir à moi, si cela ne lui a été donné par le Père.
66 Dès ce moment, plusieurs de ses disciples se retirèrent, et ils n’allèrent plus avec lui.
67 Jésus donc dit aux douze: Et vous, ne voulez-vous pas aussi vous en aller? 68 Simon Pierre lui répondit: Seigneur, à qui irions-nous? Tu as les paroles de la vie éternelle. 69 Et nous avons cru et nous avons connu que tu es [le Christ,] le Saint de Dieu



Chers frères et soeurs en Christ,
chers amis,

Nous terminons en ce dimanche notre série de lectures en Jean 6 qui nous a occupés pendant 5 semaines. Tout au long de ce texte, Jésus affirme une idée centrale: il est le pain de vie venu du ciel. Mais c'est alors que quelque chose se passe: certains de ses disciples, les gens qui le suivaient et écoutaient son enseignement décident que là, Jésus va vraiment trop loin!! Ce qu'il enseigne est trop dur à accepter! Et ils le quittent, nombreux.
En tant que prédicateur, je dois dire avec un peu de cynisme que cela fait du bien de voir que même les sermons de Jésus n'étaient pas toujours bien reçus... Voilà qui nous rappelle d'être fidèles à la vérité de la Parole de Dieu, et à laisser les résultats à Dieu, sans chercher vainement à arrondir les angles pour faire plaisir à on ne sait qui...Mais je voudrais surtout, ce matin, que nous méditions ensemble à la réaction des disciples qui sont partis et de ceux qui sont restés et que nous répondions à la question «  à qui irions-nous? »
La réaction de ceux qui quittent Jésus est d'une certaine façon compréhensible. Il y a des choses dures à avaler dans la foi chrétienne. En tant que pasteur, j'ai souvent à clarifier certains points que les gens ne comprennent pas ou qu'ils ne veulent pas accepter... Par exemple, pourquoi est-ce que notre église n'accepte pas n'importe qui à la Sainte Cène? Est-ce qu'on est vraiment obligé Et, en parlant de « paroles dures » que penser des mots de Paul dans notre épître de ce jour: « Femmes, [soumettez-vous] à votre mari comme au Seigneur...Maris, aimez votre femme comme Christ a aimé l'Eglise. Il s'est donné lui-même pour elle » voilà qui parle, Mesdames, de soumission et de l'exigence, pour nous Messieurs, d'un amour complet et sacrificiel...bof, bof...


Pourtant, toutes ces choses ne sont pas ce qui a amené la défection de beaucoup des disciples de Jésus. Ce qui les a fait chuté, ce qui les a fait l'abandonner pour prendre un autre route, c'est ce que Jésus disait de lui-même, son identité, son rôle, son oeuvre pour eux. L'idée qu'il était la seule source de vie; l'idée qu'il venait du Père et que, comme il le dira plus tard encore «C'est moi qui suis le chemin, la vérité et la vie. On ne vient au Père qu'en passant par moi. » Jean 14.6.

Voilà par exemple quelque chose de dur à avaler dans la société actuelle, d'autant plus qu'il ne s'agit pas là d'un rajout de l'Eglise (laquelle s'est souvent trompée) mais des paroles même de Christ. Aujourd'hui, beaucoup de gens ont une spiritualité de supermarché, prenant ce qui les attire et rejetant le reste, mélangeant le christianisme, le bouddhisme...
Jésus lui, est exclusif. Lui seul donne la vie. Cela veut dire que les dieux grecs et romains, que même Moïse et Elie ne peuvent pas le faire. Jésus est le seul sauveur. Cela veut dire aussi que nous ne pouvons pas nous sauver nous-mêmes en « étant bons », en « faisant tout ce qu'on peut », en « tirant le meilleur de nous-mêmes ».
Comme le dit Jésus: «En vérité, en vérité, je vous le dis, si vous ne mangez pas le corps du Fils de l'homme et si vous ne buvez pas son sang, vous n'avez pas la vie en vous-mêmes » (Jean 6.53)
Manger et boire le sang de Christ, c'est bien sûr une référence à la Cène que Jésus instituera plus tard, cela veut dire aussi accepter l'oeuvre que Christ a accomplie pour nous, tout comme nous recevons notre force de la nourriture que nous mangeons.

Oui, ce que Jésus dit est « scandaleux ». Choquant. Cela va contre nos instincts, notre première réaction naturelle. Et cela nous amène à une autre question: ce Jésus scandaleux, est-ce bien le nôtre?? Il y a tant de « petits Jésus » bien rangés, inoffensifs et pas dérangeants pour deux sous. Mais le vrai Jésus dérange, il scandalise, et il est grand. Et il faut bien constater que là où des croyants ont vraiment vécu leur foi, cela a été dérangeant: Moïse a défié Pharaon, Nathan a reproché au roi David ses mauvaises voies, Luther a dit que c'était la Bible, et non le Pape, qui était l'autorité, Bonhoeffer a tenu tête aux nazis et a su proclamer que c'était Jésus qui était le Seigneur, et pas Hitler! Et si nous vivions réellement les valeurs du Royaume de Dieu dans leur radicalité, je suis sûr que nos églises dérangeraient beaucoup plus! Le font-elles? En tout cas, nous sommes placés devant un choix: fidélité à un message dérangeant avec un prix à payer ou défection commode.

Car la leçon de ce texte correspond aussi, je crois, au message de Josué « choisissez aujourd'hui qui vous voulez servir: soit les dieux que vos ancêtres servaient de l'autre côté de l'Euphrate, soit les dieux des Amoréens dans le pays desquels vous habitez. Quant à ma famille et moi, nous servirons l'Eternel. » Josué 24.18. Oui, vers qui irons-nous: vers le vrai Dieu qui s'est révélé en Christ ou vers les idoles de notre temps?
Irons-nous vers l'hédonisme, qui veut nous faire croire que l'existence n'a pour but que de satisfaire nos besoins de consommation?
Irons-nous vers l'idole du progrès? De la fausse spiritualité du new Age? Ou encore ferons-nous de nous mêmes notre propre idole?

Oui, vers qui irons-nous?

Elle est belle et émouvante, la réponse de Pierre « Tu as les paroles de la vie éternelle ». Pierre et les autres savaient qu'en s'éloignant de Jésus, ils s'éloigneraient des paroles de la vie éternelle, ils s'éloigneraient de la vie tout court!
Ces paroles de vie, nous avons besoin de les ré-entendre de façon continuellement nouvelle: « tes péchés te sont pardonnés », « je te baptise au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit », « prenez, mangez ceci est mon corps, prenez, buvez, ceci est mon sang »; « je suis la résurrection et la vie ».
Les autres paroles, celles que peuvent nous adresser les philosophies, les idéologies, la société sont la plupart du temps creuses ou mensongères. En tout cas, elles n'ont pas la vie éternelle.

Et c'est là que nous voyons que l'évangile demeure lui aussi un scandale.
Parce que c'est dur à accepter que nous recevons la vie éternelle simplement en croyant en un être que nous n'avons jamais vu ni rencontré mais qui nous a fait les plus grandes promesses.
Oui, frères et soeurs, c'est difficile de croire. La foi, ce n'est pas facile, parce que la foi est un lâcher prise.
Et si ce n'était pas pour l'oeuvre souveraine de l'Esprit Saint qui fait naître et préserve la foi dans notre coeur, nous serions comme ces soi-disant disciples qui ont abandonné leur maître parce que le programme ne leur plaisait plus. C'est une des autres grandes paroles de vie éternelle que Jésus adresse à ceux qui sont véritablement nés de l'Esprit: « «Mes brebis écoutent ma voix, et moi je les connais, et elles me suivent, et moi, je leur donne la vie éternelle, et elles ne périront jamais ; et personne ne les ravira de ma main. Mon Père, qui me les a données, est plus grand que tous, et personne ne peut les ravir de la main de mon Père » (Jean 10.27-30)
Un dernier point pour terminer: cela a d'abord dû être un coup très rude pour les disciples de voir tant de gens qui avaient semblé pendant un temps avoir une vraie foi renier Jésus. Mais, dans le même temps, je suis certain qu'ils ont pu être puissamment réconfortés et encouragés par une assurance: celle d'être encore et toujours avec Jésus, tout près de lui et prêts à recevoir sa Parole. Nous n'avons besoin de rien d'autre, en tant que chrétien, en tant qu'église. Quand on a Jésus, on n'a pas besoin d'aller voir ailleurs.

A qui irions-nous? Christ a les paroles de la vie éternelle!

dimanche 19 août 2012

EPHESIENS 5.15-17



15 Faites donc bien attention à la façon dont vous vous conduisez: ne vous comportez pas comme des fous, mais comme des sages:
16 rachetez le temps, car les jours sont mauvais.

Chers frères et soeurs en Christ,
chers amis,

Si je n'avais pas été pasteur, je pense que j'aurai aimé être médecin. L'autre jour, j'étais en train de lire un article sur un vrai problème qui affecte des millions de gens. On l'appelle en anglais « hurry sickness » (la maladie d'être pressé) et cette condition a été diagnostiquée dès les années 50 avant d'alarmer les cardiologues (et d'autres médecins) à partir des années 70.

Elle est définie comme « une maladie moderne causée par la précipitation constante; une compulsion à tout faire rapidement, ou un sentiment chronique de ne jamais avoir assez de temps , tous attribués au rythme de la vie moderne et amenant des symptômes tels que l'anxiété ou l'insomnie »



Pour vous donner une idée plus précise, voici quelques symptômes:
- regarder constamment sa montre en disant « oh la la, je vais être en retard »
  • détester attendre, même peu de temps (Poste, feux rouges)
  • taper 88 secondes sur le micro-ondes, parce que ça prend moins de temps que « 90 »
  • aux caisses de supermarché, compter non seulement combien de clients attendent à chaque caisse mais en plus combien d'articles chacun d'entre eux a dans son chariot pour être sûr de passer le plus rapidement possible.



Il faut aussi reconnaître que nos sociétés encouragent ce type de comportement. On a publié des livres tels que « Comment avoir des journées de 48 heures » et, sans doute plus triste « Histoires à raconter en une minute » pour les parents qui pensent que ça prend trop de temps de lire une histoire aux enfants le soir.
Bref, vous l'aurez compris, la « hurry sickness » est un rapport maladif au temps. Peut-être que nous sommes tous un peu atteints d'ailleurs. En tout cas, je crois qu'il est difficile de faire face au temps, de le gérer (que ce soit les heures ou les décennies).
Quand j'étais plus jeune, ça m'amusait d'entendre les « vieux » dire « comme le temps passe!! ». Ce qui m'effraie un peu, c'est que je commence à le dire moi aussi!! Par exemple, quand nous sommes revenus en Poitou, Alina était un petit bébé de 6 mois. Elle entre en CP à la rentrée, juste après notre dixième anniversaire de mariage d'ailleurs!! Où sont passées toutes ces années? Et puis il y a les regrets pour le temps qui nous semble perdu ou gaspillé, ces moments que nous n'avons pas passés avec des être chers ou ces activités qui nous ont « pris tant de temps » et qui ne nous ont rien apporté.
En fait, au coeur de tous ces problèmes, se tient une seule question: est-ce que nous maîtrisons le temps ou est-ce lui qui nous domine?

   Ce qu'il faut bien comprendre c'est que le temps n'est pas le problème. Nous avons le temps! Dieu nous donne le temps de faire tout ce qui est vraiment important. Nous devons voir le temps, non pas comme une contrainte, mais comme un don de Dieu. Dieu nous donne le temps d'apprécier la vie. Dieu nous donne le temps pour travailler, pour nous distraire, pour le louer, pour passer des moments de qualité avec nos familles et nos amis et, en faisant tout cela, pour servir notre Seigneur Jésus-Christ... Comme le dit l'Ancien Testament « Il y a un temps pour tout, un temps pour toute chose sous les cieux » (Eccl. 3.1)
Dans notre texte de ce matin, le mot grec pour « temps » désigne une saison fixe, mesurée et allouée à quelque chose. Ce temps dont il est question, ce sont nos vies de chrétiens, dont nous devons tirer le meilleur parti possible, en refusant de gaspiller le temps. En Ephésiens 2.10; Paul nous dit aussi que Dieu nous a créés en Christ (càd qu'il nous a donné en lui une vie nouvelle) et qu'il a « préparé pour nous d'avance de bonnes oeuvres afin que nous les pratiquions ». Et si Dieu a préparé d'avance pour nous de bonnes oeuvres, vous pouvez être certains qu'il nous a donné le temps pour les accomplir.
Quand nous n'avons pas le temps pour faire les choses vraiment importantes de cette vie, nous pouvons être certains que nous n'utilisons pas bien le temps que Dieu nous donne et qu'il faut réexaminer la façon dont nous menons nos vies.
Paul sait très bien que beaucoup de choses peuvent prendre le contrôle de nos vies et donc, de notre temps, nous faisant passer à côté de tout ce que Dieu veut nous donner! Faites donc bien attention à la façon dont vous vous conduisez: ne vous comportez pas comme des fous, mais comme des sages: rachetez le temps, car les jours sont mauvais. 
 
   Quand Paul parle de « racheter »; il utilise une expression du vocabulaire commercial. Littéralement, il s'agit de profiter de toutes les bonnes affaires disponibles, de tous les « bons plans ». Et Paul nous exhorte donc à saisir toutes les opportunités que nous offre le temps donné par Dieu.Il nous invite à investir notre énergie dans des activités qui valent le coup.
Cette attitude, Paul dit qu'elle est « sage ». Etre sage, c'est savoir que notre vie appartient à Dieu; c'est savoir que Dieu veut que nous vivions nos existences dans l'assurance de son amour...
Paul rajoute ensuite une phrase « parce que les jours sont mauvais ». Paul savait que, même à son époque, beaucoup de mauvaises choses incitaient les gens à mal utiliser leur temps. C'est encore vrai aujourd'hui. Ce n'est pas la volonté de Dieu que vous passiez votre temps à courir après l'argent dans un esprit avide, que vous le passiez à vous abêtir devant des médias qui font la promotion de ce qu'il y a de plus vil (voyeurisme, immoralités). Pour Dieu, toutes ces choses et bien d'autres encor sont un gaspillage du temps qu'il nous donne.
Dieu nous invite à voir ce temps comme quelque chose que nous devons gérer et utiliser au mieux. Nous utilisons mal notre temps quand nous ne trouvons pas de temps pour lire la Parole de Dieu, pour prier, pour venir au culte. Nous utilisons mal notre temps quand le rythme que nous nous imposons fait peser une trop lourde charge sur nos corps, qui sont aussi un don de Dieu et le temple du Saint-Esprit!
Vous connaissez sans doute le vieux dicton « la vie est trop courte pour s'ennuyer!! ». Paul dirait aussi que la vie est trop courte pour la gaspiller à des choses qui vont être nuisibles à ceux que nous aimons et à nous-mêmes.
Car, frères et soeurs, nul ne peut savoir combien de temps il lui est donné!
Ecoutez ces paroles de la lettre de Jacques:
13 A vous maintenant qui dites: «Aujourd'hui ou demain nous irons dans telle ville, nous y passerons une année, nous y ferons des affaires et nous gagnerons de l'argent»,14 vous qui ne savez pas ce qui arrivera demain! En effet, qu'est-ce que votre vie? C'est une vapeur qui paraît pour un instant et qui disparaît ensuite.15 Vous devriez dire, au contraire: «Si Dieu le veut, nous vivrons et nous ferons ceci ou cela.» 16 Mais en réalité, vous vous montrez fiers de vos fanfaronnades. Toute fierté de ce genre est mauvaise.
(Jacques 4.13-16)
Jacques nous dit que nous ne devrions pas présumer du temps qui nous reste. Si nous pouvons faire ce qui bien et juste aujourd'hui, ne le remettons pas à demain. Je ne sais pas si vous l'avez remarqué, mais les totalitarismes du 20eme siècle ont toujours prétendu oeuvrer pour l'éternité ou presque. Le Reich d'Hitler devait durer mille ans et les gauchistes souhaitaient mille vies à Ho Chi Minh, le dictateur communiste viet-namien! Folie et arrogance d'hommes révoltés contre celui qui est seul maître du temps: notre Dieu!


Alors, comme Paul nous y invite, rachetons le temps. Saisissons toutes les opportunités qu'il nous offre pour faire ce qui est vraiment bon et profitable, sans le gaspiller à des choses nocives ou sans valeur! Et si nous gaspillons notre temps, souvenons-nous que nous avons un Sauveur, Jésus-Christ, qui est mort pour nous.


Il est mort pour le mal que nous avons pu causer à d'autres parce que nous étions trop occupés, pour le mal que nous nous sommes fait à nous-mêmes par nos agendas trop pleins, pour toutes les heures que nous n'avons pas passées avec Dieu quand nous aurions pu le faire.
Jésus vient guérir notre hurry sickness, notre stress. Il nous dit:
28 »Venez à moi, vous tous qui êtes fatigués et courbés sous un fardeau, et je vous donnerai du repos.29 Acceptez mes exigences et laissez-vous instruire par moi, car je suis doux et humble de coeur, et vous trouverez le repos pour votre âme. (Matt 11.28-30)


mardi 14 août 2012

Faut-il avoir peur de la critique textuelle ?

Jean-Marc BERTHOUD* 

La critique textuelle est une question qui est bien trop souvent passée sous silence dans les milieux évangéliques et réformés confessants. D’une manière générale, la critique textuelle – ce que le jargon exégétique allemand appelle la «basse critique» pour la distinguer de la prétendue «haute critique» qui œuvre, depuis belle lurette, à la déconstruction du texte de la Bible – est assez bien reçue dans les milieux qui restent attachés à l’inspiration, à l’infaillibilité et à l’autorité de la Bible.
En gros, la haute critique avec sa recherche de sources, ses hypothèses sur la datation des livres bibliques, sur les diverses théologies des évangélistes, de Paul, de Jean, de Pierre, ses spéculations sur la forme des textes, etc., est encore considérée avec une assez grande méfiance. Ce n’est pas le cas pour la basse critique (ou la critique textuelle), dont les présupposés ont été adoptés pour l’établissement du texte grec à la base de la plupart de nos traductions de la Bible. Ainsi, bien des passages de nos Bibles figurent entre crochets carrés, et les notes qui accompagnent ces crochets sont truffées d’indications selon lesquelles tel ou tel passage ne se trouverait pas dans «les plus anciens manuscrits», ou encore qu’il ne figurerait pas dans «les meilleurs manuscrits»1. Le lecteur qui, frappé par de telles indications, voudrait en savoir davantage, reste sur sa faim. Pourquoi, peut-il se demander, un manuscrit «ancien» en majuscules grecques (IVe siècle) serait-il nécessairement «meilleur» qu’un manuscrit «nouveau» écrit en minuscules (IXe siècle). Une Bible des Témoins de Jéhovah du début de XXe siècle serait-elle nécessairement «meilleure» qu’une Bible à la Colombe de la fin de ce siècle? Le critère du temps serait-il absolu? Sur la base de quels critères de telles remarques sont-elles faites?
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La première méthode d’établissement du texte du Nouveau Testament a, dans sa phase moderne, pris un essor à partir de la publication du Nouveau Testament grec par Erasme en 1516 à Bâle et, presque simultanément en Espagne, par une équipe de biblistes sous la direction du Cardinal Ximenes. Les deux textes, établis à partir de manuscrits grecs du Nouveau Testament, provenaient de ce que nous appelons aujourd’hui la tradition «Byzantine». La seconde, qu’on appelle couramment «éclectique», a pris son envol principal à partir de la découverte par Tischendorf, en 1859, d’un texte très ancien du Nouveau Testament dans un monastère orthodoxe au pied du Mont Sinaï. Cette découverte fut confortée par la mise en lumière, à la même époque, d’un manuscrit de type semblable – le Vaticanus – lui aussi issu de la tradition «alexandrine» des manuscrits du Nouveau Testament. Cette dernière tient depuis lors le haut du pavé dans les milieux académiques; tandis que la première y est aujourd’hui presque totalement méconnue, même dans les milieux réformés et évangéliques qui se veulent fidèles à l’inspiration et à l’autorité de la Bible:
«On peut même dire que la critique textuelle moderne du Nouveau Testament est fondée sur une conviction fondamentale que le vrai texte du Nouveau Testament ne se trouve en tout cas pas dans la majorité des manuscrits. […] Ce rejet du texte traditionnel, c’est-à-dire du texte préservé et transmis par les Eglises, n’est pas le sujet de discussions orales ni de débats écrits, c’est un fait accompli. […] Une investigation critique des raisons pour un tel rejet du texte byzantin rencontre rapidement la difficulté que ce rejet est accepté au XXe siècle comme un fait mais n’est aucunement défendu, n’étant pas une proposition susceptible d’être discutée.»2
Signalons d’abord, très brièvement, quelques erreurs de fait dans la position soutenue par les partisans de la critique textuelle3.
– Il est faux d’affirmer que l’on commence aujourd’hui «depuis peu» à s’intéresser aux citations bibliques chez les Pères ainsi qu’aux lectionnaires (recueils de textes liturgiques tirés du Nouveau Testament). Il n’est que de constater les recherches impressionnantes dans ce domaine du plus grand adversaire au XIXe siècle de la nouvelle critique textuelle du Nouveau Testament, John William Burgon (1813-1888). Burgon – à l’encontre de ses collègues éclectiques, les Tischendorf, Westcott et Hort et leurs nombreux disciples qui se rabattaient essentiellement sur les textes de base de la tradition Alexandrine, (le Sinaïticus et le Vaticanus) – faisait un usage systématique de tous les documents à sa disposition, ce qui incluait les citations bibliques des Pères ainsi que les lectionnaires. C’est sa connaissance exemplaire de ce dernier domaine qui lui a permis de donner une explication au fait que le texte de la femme prise en flagrant délit d’adultère (Jean 7: 53-8:11) ne figure pas dans certains manuscrits anciens de l’évangile de Jean. Comme Burgon l’a admirablement démontré dans son étude «Pericope de adultera»4, la raison essentielle de l’absence de ce passage dans certains manuscrits se trouve dans le fait qu’il provenait de lectionnaires liturgiques (choix de textes bibliques destinés à êtres lus pendant le culte) et non du texte suivi de l’évangile de Jean. Précisons-le, les problèmes auxquels nous nous adressons ici ne concernent en fait que certains manuscrits défectueux du Nouveau Testament qui, par contraste avec la Tanak juive (l’Ancien Testament des chrétiens) dont le texte fut remarquablement préservé par la tradition massorétique, connaissent un nombre impressionnant de variantes.
Ceci nous amène à un deuxième point. Il est erroné de faire une opposition dialectique entre le camp «scientifique» – celui des partisans de la méthode éclectique – au camp des «fondamentalistes», les adhérents dogmatiques du texte reçu, ecclésiastique ou traditionnel du Nouveau Testament. Mais la difficulté est que cette opposition scientifique-fondamentaliste est tout simplement fausse. En réalité, il a existé (et il existe toujours) deux écoles de critique textuelle du Nouveau Testament, toutes deux ayant des prétentions strictement «scientifiques», mais dont les principes méthodologiques sont fondamentalement différents.
La suite de nos remarques sera essentiellement consacrée à une brève tentative de combler ce silence sur la méthodologie.
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i) Ceux qui sont pour la «nouvelle critique textuelle» nous parlent, d’abord, de la tradition scientifique de l’étude du Nouveau Testament, accusée de pratiquer une espèce de «terrorisme intellectuel» par sa prétention à aboutir à des conclusions intellectuellement contraignantes. Il s’agit ici de la méthode dite éclectique. Car nous avons affaire à un assemblage de divers textes établis en théorie sans a priori doctrinal et provenant d’une variété de manuscrits mis sur pied d’égalité et dont la lecture correcte serait choisie par les critiques selon certaines règles dans le dessein de tenter de reconstituer le texte original (considéré comme perdu) du Nouveau Testament. Les grandes figures de cette tradition qui, sur le plan textuel met le Nouveau Testament sur le même plan que n’importe quel autre livre humain, sont Lachmann, Tischendorf, Tregelles, Wescott, Hort, Nestle, Aland, Metzger, etc.
Pour cette tradition, il ne saurait, en aucun cas, être question d’affirmer que le Saint-Esprit aurait pu objectivement œuvrer dans l’histoire en vue de la préservation du texte du Nouveau Testament et le protéger ainsi des défaillances humaines des copistes et de la malveillance des ennemis de la foi. Cette méthode, aujourd’hui partout dominante, se rapporte manifestement à la tradition de l’esprit des Lumières du XVIIIe siècle, celle d’une modernité aux tendances résolument naturalistes, réductionnistes et scientistes.
ii) L’autre tradition, affublée du titre de «fondamentalisme rationaliste», a elle aussi des prétentions à être parfaitement scientifique. Seulement, elle affirme, sur la base des enseignements de la Bible, que le texte du Nouveau Testament, par son inspiration divine et son infaillibilité, possède un caractère qui lui est propre. Ce fait nécessite, pour son étude, l’utilisation d’une méthode appropriée au statut épistémologique exceptionnel de ce livre dont Dieu serait à la fois l’Auteur et le Conservateur. Sur ce point, on ne saurait mieux faire que citer les remarques éclairantes d’un des principaux protagonistes de cette méthode scientifique fondée sur des présupposés bibliques, Edward F. Hills. C’est un spécialiste de l’étude textuelle du Nouveau Testament formé au Wesminster Theological Seminary sous John Murray, Edward J. Young et Cornelius Van Til et, par la suite, aux Universités de Yale et de Harvard. Voici ce qu’il écrit:
«Ainsi il y a deux méthodes de critique textuelle du Nouveau Testament, une méthode chrétienne conséquente et une méthode naturaliste. Ces deux méthodes traitent des mêmes matériaux, des mêmes manuscrits grecs et des mêmes traductions de citations bibliques, mais ils interprètent ces matériaux différemment. Les méthodes chrétiennes conséquentes interprètent les matériaux de la critique textuelle du Nouveau Testament en fonction des doctrines de l’inspiration divine et de la préservation providentielle des Ecritures. La méthode naturaliste interprète ces mêmes matériaux en fonction de sa propre doctrine selon laquelle le Nouveau Testament n’est rien d’autre qu’un livre humain.»
Et Hills ajoute,
«Il est triste de constater que les savants modernes qui ont des convictions bibliques n’ont manifesté que peu d’intérêt pour l’idée d’une critique textuelle du Nouveau Testament systématiquement chrétienne. Pour plus d’un siècle, la plupart se sont contentés de suivre dans ce domaine les méthodes naturalistes de Tischendorf, Tregelles, et de Westcott et Hort [avec comme conséquence que] les principes et les méthodes de la critique textuelle naturaliste du Nouveau Testament se sont répandus dans tous les domaines de la pensée chrétienne produisant à la longue une véritable famine spirituelle.»5
Les travaux de Hills ne sont que l’aboutissement au XXe siècle d’une tradition plus ancienne d’étude des textes manuscrits du Nouveau Testament à la fois rigoureusement scientifique et méthodologiquement fondée sur des présupposés chrétiens. Cette tradition était dite ecclésiastique, car elle avait comme base les textes reçus comme faisant autorité dans l’Eglise grecque d’Orient. Ce fut la tradition utilisée par le Cardinal Ximenes de l’école espagnole, par Erasme de Rotterdam, par Robert Estienne, par Théodore de Bèze, par les Elzevirs hollandais (qui ont fixé le Textus receptus), de John Owen6 et de David Martin. Disons, en passant, que la Bible de David Martin7, récemment rééditée au Texas, est un des rares textes de la Bible française, aujourd’hui disponible en librairie, qui nous donne une traduction en fonction du texte Ecclésiastique (ou Byzantin) du Nouveau Testament. Cette anomalie n’existe ni pour l’anglais (la version King James), ni pour l’allemand (la Bible de Luther), ni même pour l’espagnol (la Bible Reina-Valera), toutes couramment disponibles en versions modernisées.
Cette tradition textuelle «ecclésiastique» fut reprise au XIXe siècle, particulièrement en Angleterre, puis au XXe des savants américains en prirent la relève. Parmi les figures éminentes de cette école peu connue de critique textuelle du Nouveau Testament, citons les noms suivants: John William Burgon8, T. R. Birks9, E. Miller10, F. H. A. Scrivener11 au XIXe siècle; puis au XXe, nous trouvons Edward F. Hills12, Wilbur N. Pickering13 et Theodore P. Letis14, et enfin, Jakob van Bruggen, professeur de Nouveau Testament au Collège Théologique Réformé de Kampen aux Pays-Bas15. Le texte traditionnel grec du Nouveau Testament est aujourd’hui à nouveau disponible en librairie dans l’édition établie par les soins de Zane Hodges et de A. Forstad16.
La position textuelle traditionnelle ou ecclésiastique défendue par cette école peut se targuer d’avoir pour base de sa démarche, non seulement une analyse scrupuleusement scientifique des textes, mais également des positions confessionnelles réformées classiques. C’est ainsi que dans La confession de foi de Westminster, traitant de L’Ecriture Sainte, nous lisons:
«L’Ancien Testament – en hébreu (langue maternelle de l’ancien peuple de Dieu) et le Nouveau Testament en grec (langue la plus répandue parmi les Nations à l’époque de sa rédaction), directement inspirés par Dieu et gardés purs, au long des siècles, par sa providence et ses soins particuliers, sont authentiques.»17 (I.8)
Et dans la dernière des Déclarations confessionnelles réformées, le Consensus helvétique de 1675 nous pouvons lire au Canon I:
«Dieu, dont la bonté et la grandeur sont infinis, a non seulement fait rédiger par écrit par Moïse, par les prophètes et par les apôtres, la Parole qui est la puissance à tout croyant, mais il a encore, jusqu’à cette heure, veillé continuellement avec une affection paternelle sur ce Livre pour empêcher qu’il ne fut pas corrompu par les ruses de Satan, ou par quelque artifice des hommes. L’Eglise reconnaît donc avec beaucoup de raison que c’est à une grâce et une faveur de Dieu toute particulière, qu’elle est redevable de ce qu’elle a et de ce quelle aura jusqu’à la fin du monde. La parole des prophètes renferme les Saintes Lettres, dont un seul point et un seul iota ne passera point, non pas même quand les cieux et la terre passeront.»18
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i) Les problèmes textuels que nous posent un certain nombre (moins de 20%) des manuscrits ne concernent pas du tout le texte Massorétique de l’Ancien Testament, car les scribes de la Synagogue exerçaient une discipline sévère sur le travail de copie des manuscrits de la Tanak.
ii) L’immense majorité – de 80 à 90% des manuscrits du Nouveau Testament actuellement disponibles, les minuscules de la tradition ecclésiastique de l’Eglise grecque d’Orient – sont pour l’essentiel unanimes. Wilbur Pickering écrit:
«L’argument tiré de la probabilité statistique revient ici avec une force irréfutable. Non seulement les manuscrits connus nous présentent un texte qui jouit d’une majorité allant de 80-90%, mais les 10-20% des manuscrits restants ne représentent pas un texte concurrent unique. Les manuscrits minoritaires sont autant (sinon plus) en désaccord les uns avec les autres qu’ils le sont avec le texte majoritaire. […] Pour prendre un cas spécifique, dans I Timothée 3:16 plus de 300 manuscrits grecs lisent «Dieu» tandis que seulement 11 ont une autre lecture. Sur ces 11, deux ont une lecture particulière, deux ont une troisième lecture et les sept autres sont d’accord pour lire «qui». Ainsi nous devons juger entre 97% et 2%, entre «Dieu» et «qui». Il est difficile d’imaginer une quelconque série de circonstances dans l’histoire de la transmission des manuscrits qui aurait pu produire un renversement aussi cataclysmique des probabilités nécessaire à l’imposition de «qui» comme lecture correcte.»19
iii) La méthode éclectique de recherche d’établissement du texte du Nouveau Testament se trouve aujourd’hui dans une impasse. Plus personne dans ces milieux ne considère que, par les méthodes à présent presque universellement admises dans les milieux académiques, il puisse encore être possible d’espérer découvrir un texte véritablement authentique du Nouveau Testament. C’est cet état d’incertitude méthodologique que décrit le professeur Jakob van Bruggen en évoquant la situation impossible dans laquelle se trouvent les éditeurs du texte du Nouveau Testament20:
«Cela signifie à nouveau que l’accord s’est fait autour d’un texte de type consensuel qui est fondé sur un principe d’incertitude. Cette fois on n’a pas établi le texte du Nouveau Testament sur une moyenne tirée à partir de trois éditons différentes du texte, comme cela avait été le cas pour les plus anciennes versions du Nestle, mais on a maintenant établi une moyenne entre les opinions de cinq critiques du texte. Aland, Black, Martini, Metzger et Wikgren qui ont ensemble travaillé à fixer le texte du Nouveau Testament grec par voie majoritaire. Il ressort clairement du Commentaire Textuel écrit par Metzger pour ce texte que de nombreuses lectures ont été uniquement choisies par le comité à la majorité des voix. Qu’ils ne soient pas parvenus à l’établissement unanime d’un texte déterminé n’est en soi guère surprenant. Car à présent il n’existe aucune certitude quant à l’histoire de la tradition textuelle. […] L’accord ainsi publiquement fixé concernant l’édition du texte à utiliser ne fait que masquer l’incertitude qui a régné pendant tout le processus d’établissement du texte .»21
iv) L’ancienneté d’un manuscrit ne garantit pas nécessairement sa qualité ni son authenticité. Comme nous l’avons déjà indiqué les manuscrits majuscules, le Vaticanus et le Sinaiticus du IVe siècle ne sont pas, par le seul fait de leur ancienneté, nécessairement de bons textes du Nouveau Testament. C’est également le cas pour les nombreux papyrus découverts dans les sables d’Egypte au cours du XXe siècle qui, pour la plupart, sont des copies très défectueuses de passages du Nouveau Testament. Il se peut fort bien que la préservation étonnante du Sinaiticus et du Vaticanus soit, en fait, due à ce qu’ils n’ont jamais été utilisés dans la liturgie de l’Eglise à cause de leur caractère peu fiable. C’est, par exemple, ce qui pourrait se passer pour une Bible des Témoins de Jéhovah dans une famille chrétienne. Elle n’aurait pas subi l’usure que connaîtrait une Bible plus orthodoxe du fait de son utilisation quotidienne pour le culte de famille.
v) Par contre, la nouvelle critique textuelle pose très explicitement (et très justement) la question suivante: Est-il possible d’exclure la foi de la recherche scientifique? La tradition d’étude prétendument scientifique du texte du Nouveau Testament qui va de Lachmann et de Tischendorf, en passant par Westcott et Hort, jusqu’à Nestle et Aland (ici le nom prestigieux de Warfield doit être ajouté22) affirme, dans la perspective totalement immanente de la modernité, que l’établissement du texte authentique du Nouveau Testament peut, en effet, se passer de la foi du savant, comme si ce texte ne provenait pas du fait de l’action révélatrice de Dieu lui-même, action surnaturelle qui fait partie de la nature même de l’objet étudié. C’est ainsi que cette tradition méthodologiquement incrédule affirme que le texte des Ecritures n’a aucunement eu besoin, pour sa préservation contre les attaques du diable et des effets destructeurs de la malice des hommes, de l’action du Saint-Esprit.
Tout au contraire, la tradition véritablement scientifique de l’étude des manuscrits du Nouveau Testament tient compte de la nature surnaturelle de l’objet de ses recherches. On a vu comment la tradition textuelle de l’Eglise ancienne, ressuscitée lors de la Réformation du XVIe siècle, et reprise par les Burgon, Scrivener, Hills, Pickering et Hodges des XIXe et XXe siècles, respecte, dans son étude scientifique du texte sacré, la manière surnaturelle merveilleuse par laquelle le Dieu Souverain a préservé, et préservera encore, contre les assauts d’une fausse science qui ne sait mettre Dieu dans ses pensées.
Terminons par une question. A quoi pourrait donc servir la doctrine de l’inspiration, l’infaillibilité et l’inerrance divines de la Bible si le texte qui se trouve entre nos mains ne se trouvait pas être entièrement digne de notre foi?
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Contrairement aux doutes que pourraient susciter en nous une science incrédule qui cherche à se passer de Dieu, même quand elle étudie son Saint Livre, on peut paisiblement affirmer que ce Livre est bel et bien pleinement digne de foi. Car Dieu a veillé avec tant de soin sur la transmission à travers les âges du texte de sa Parole écrite que, malgré les falsifications de ceux qui s’établissent eux-mêmes, à la place du Saint-Esprit, comme juges de ce qui est de Dieu et de ce qui ne l’est pas, nous pouvons, encore aujourd’hui, malgré le magma des éditions sans nombre de Bibles fondées sur des textes partiellement falsifiés, encore retrouver des traductions de la Sainte Ecriture en français qui ne trahissent pas le texte de la Parole de Dieu donnée aux hommes une fois pour toutes afin que, par son témoignage infaillible, ils puissent véritablement connaître avec exactitude la pensée de Dieu23, à savoir les Bibles Martin24, Ostervald25 et celle de la Trinitarian Bible Society26.

* J.-M. Berthoud habite à Lausanne. Il est écrivain et dirige la collection «Messages» aux éditions de l’Age d’Homme.
1C’est le cas, par exemple, pour la Bible à la Colombe.
2 J. van Bruggen dans son ouvrage, The Ancient Text of the New Testament (Premier Publishing: Winnipeg, 1988 [1978]), 11,13,14.
3 C’est la position proposée, dans l’article précédent, par Alain-Georges Martin. (N. D. L. R.)
4 J. W. Burgon, «Pericope de adultera» in: The Causes of the Corruption of the Traditional Text of the Holy Gospels (The Dean Burgon Society, P. O. Box 354, Collingswood, NJ 08108, 1998 [1896]), 232-265.
5 E. F. Hills, The King James Version Defended (The Christian Research Press, P. O. Box 2013, Des Moines, Iowa 50310, USA, 1984 [1956]), 3.
6 J. Owen, «Integrity and Puritiy of the Hebrew and Greek Text» in John Owen, Works, XVI, «The Church and the Bible», (Edimbourg: The Banner of Truth Trust, 1976 [1658]), 281-421.
7 La Sainte Bible qui contient le Vieux et le Nouveau Testament, expliqué avec des notes de Théologie et de Critique sur la Version ordinaire des Eglises Réformées, revue sur les Originaux, et retouchée dans le langage […] par David Martin (Deux Volumes, Folio, Amsterdam, 1707).
8 J. W. Burgon, The Last Twelve Verses of Mark (Grand Rapids: Associated Publishers and Authors, s.d. [1871]) avec une importante introduction de 50 pages de Edward F. Hills; The Revision Revised, A. G. Hobbs (P.O. Box 14218, Fort Worth, Texas 76117), 1983 [1883]; The Traditional Text of the Holy Gospel Vindicated and Established (Dean Burgon Society Press, Box 354, Collingswood, New Jersey 08108, U.S.A., 1998 [1896]); The Causes of the Corruption of the Traditional Text of the Holy Gospels (Dean Burgon Society Press, 1998 [1896]).
9 T. R. Birks, Essay on the Right Estimation of Manuscript Evidence in the Text of the New Testament (Londres: 1878).
10 E. Miller, A Guide to the Textual Criticism of the New Testament (London, 1886).
11 F. H. A. Scrivener, A plain Introduction to the Criticism of the New Testament (London: George Bell, 1894, 2 vols.).
12 E. F. Hills, The King James Version Defended, The Christian Research Press (P. O. Box 2013, Des Moines, Iowa 50310, USA, 1984 [1956]); Believing Bible Study (CRP, 1991 [1967]); «Introduction» dans J. W. Burgon, The Last Twelve Verses of Mark (Grand Rapids: Associated Publishers and Authors, s.d).
13 W. N. Pickering, The Identity of the New Testament Text (Nashville: Thomas Nelson,1980 [1977]). De cet ouvrage, D. A. Carson, dans son livre, The King James Version Debate, écrivait: «Il s’agit de la plus impressionnante défense de la priorité du texte Byzantin publiée à ce jour.» De son coté John Wenham écrit dans l’Evangelical Quarterly: «Ce n’est pas souvent qu’on lise un livre qui à pour effet de réorienter entièrement notre approche d’un sujet, mais c’est ce que ce livre a fait pour moi.»
14 Th. P. Letis, éd., The Majority Text. Essays and Reviews in the Continuing Debate, (Institute for Biblical Textual Studies, (P. O. Box 5114, Fort Wayne, Indiana, 46895, U.S.A., 1987); The Ecclesiastical Text. Text Criticism, Biblical Authority and the Popular Mind (The Institute for Renaissance and Reformational Biblical Studies, 6417 N. Fairhill, Philadelphia, PA 19126, U.S.A., 2000).
15 J. van Bruggen, The Ancient Text of the New Testament (Winnipeg: Premier Publishing, 1988 [1978]).
16 Z. Hodges et A. Forstad, The Greek New Testament According to the Majority Text (Nashville, Ten.: Nelson).
17 Les Textes de Westminster (Aix-en-Provence: Kerygma, 1988), 5.
18 J. Gaberel, Histoire de l’Eglise de Genève depuis le commencement de la Réformation jusqu’à nos jours (Genève: Cherbuliez, 1862, Tome III), 496. Une traduction anglaise du Consensus Helveticus se trouve dans John H. Leith (Ed.) Creeds of the Churches (John Knox Press, Atlanta, 1977 [1963]), 308-323.
19 W. Pickering, op. cit., 118-119.
20 Il s’agit ici de la troisième édition du Texte Grec du Nouveau Testament publiée par les Sociétés Bibliques Unies.
21 J. van Bruggen, The Ancient Text of the New Testament, op. cit.,10-11.
22 Voyez de B. B. Warfield, An Introduction to the Textual Criticism of the New Testament, (Londres: Hodder and Stoughton, 1893) et les deux premiers chapitres du livre de Th. P. Letis, The Ecclesiastical Text. Text Criticism, Biblical Authority and the Popular Mind, op. cit., 1-58.
23 Ceci ne veut pas dire que les versions courantes (Colombe, TOB, Darby, Segond, Synodale, Osty, Crampon, Jérusalem [1956], etc.) ne nous permettent pas, par l’action dans notre cœur du Saint-Esprit, de connaître Dieu et sa pensée. Il faut cependant répéter que ces versions ne peuvent tout simplement pas avoir la sûreté de celles qui sont fondées sur la tradition majoritaire du texte grec du Nouveau Testament tel qu’il a depuis toujours été reçu dans les Eglises d’Orient.
24 La Sainte Bible, Version Martin (1855 [1707], Association Biblique Internationale, Box 225,646, Dallas, Texas 7526 5, USA, 1980).
25 Bible, Version Ostervald (Laon, 1996).
26 La Sainte Bible (Londres: Trinitarian Bible Society).

tiré de La Revue Réformée n°216

dimanche 12 août 2012

1 ROIS 19.4-8



Elijah in the Desert, Michael D. O’Brien

Achab rapporta à Jézabel tout ce qu'avait fait Elie et la manière dont il avait tué par l'épée tous les prophètes. 2 Jézabel envoya alors un messager à Elie pour lui dire: «Que les dieux me traitent avec la plus grande sévérité, si demain, à la même heure, je ne te fais pas ce que tu leur as fait!»
3 Voyant cela, Elie se leva et partit pour sauver sa vie. Il arriva à Beer-Shéba, une ville qui appartient à Juda, et il y laissa son serviteur.
4 Quant à lui, il marcha toute une journée dans le désert, puis il s'assit sous un genêt et demanda la mort en disant: «C'est assez! Maintenant, Eternel, prends-moi la vie, car je ne suis pas meilleur que mes ancêtres.»
5 Il se coucha et s'endormit sous un genêt. Et voici qu'un ange le toucha et lui dit: «Lève-toi et mange.» 6 Elie regarda et il vit à son chevet un gâteau cuit sur des pierres chauffées ainsi qu'une cruche d'eau. Il mangea et but, puis se recoucha. 7 L'ange de l'Eternel vint une deuxième fois, le toucha et dit: «Lève-toi et mange, car le chemin est trop long pour toi.» 8 Il se leva, mangea et but. Puis, avec la force que lui donna cette nourriture, il marcha 40 jours et 40 nuits jusqu'à la montagne de Dieu, jusqu'à Horeb.




Chers frères et soeurs en Christ,
chers amis,
La semaine dernière, nous avons pu observer l'attitude d'Israël dans la désert et la façon dont Dieu a restauré son peuple qui murmurait sous le poids de l'épreuve. Notre texte de ce matin nous permet de continuer à approfondir ce thème de l'épreuve, en l'occurrence, l'épreuve du croyant, de l'homme fidèle à son Dieu. Ce texte nous montre que l'assurance de la foi n'empêche pas, parfois, le doute et le découragement.


Le prophète Elie est sans conteste une des figures majeures de l'AT. Elie est un géant spirituel, un champion de la foi. Le feu de Dieu l’habite, et il semble que rien ne puisse faire obstacle à son zèle pour la cause de l’Eternel, son Dieu, auquel il est tout entier consacré.
Nous sommes au neuvième siècle avant notre ère. Le paganisme a envahi le royaume d'Israël, et le peuple s'est mis à adorer Baal, une divinité phénicienne. Le roi Akhab et sa femme Jézabel donnent le mauvais exemple. Elie lutte de toutes ses forces contre la religion païenne. Il veut ramener la population à la foi en Dieu, le Seigneur des Israélites. Mais la reine le prend en haine. Elle veut le faire tuer. Elie est obligé de s'enfuir pour sauver sa vie. C'est un fugitif, en proie à la désillusion qui s’écrit : «C'est assez! Maintenant, Eternel, prends-moi la vie, car je ne suis pas meilleur que mes ancêtres.»
Elie connaît le découragement.
Tous les risques qu'il a pu prendre au nom de la seule vraie foi, tout son combat contre les adorateurs des faux dieux, toute sa fidélité semblent avoir été vains.
Alors Elie retourne aux sources de la foi, au désert et au mont Horeb. Ce nom ne vout dit peut-être rien, mais il s'agit en fait du mont Sinaï où Moïse et le peuple hébreu avaient reçu la Loi de Dieu.
Elie retourne au désert à la rencontre de son Dieu.
Comme Job, il souhaite interpeller Dieu, le questionner, car il voudrait comprendre.
Comment, si Dieu est vraiment Souverain, s’il est vraiment le Maître de l’Histoire, comment donc les choses continuent à être ce qu’elles sont ? Pourquoi l'infidélité continue t'elle? Pourquoi le peuple refuse-t-il de se détourner de ses illusions vaines, pour revenir à Dieu et à son Alliance ?
Dieu n’a-t-il pas pourtant déjà manifesté sa puissance ?
N’a-t-il pas déjà prouvé sa supériorité sur les fausses divinités cananéennes et des peuples d’alentours ?
Alors comment se fait-il que les choses continuent à être comme avant ? Pourquoi est-ce que rine ne bouge? Nous aussi nous pouvons nous poser les mêmes questions aujourd'hui. Il y a encore des églises, souvent petites, qui restent fidèles à la Parole de Dieu. Mais dans le même temps, combien, y compris parmi ceux qui prétendent être soumis à l'autorité de la Bible sont emportés à tout vent de doctrine?
Elie se trouve devant le silence de Dieu, le silence du sens.
Alors il se retire dans le désert, dans la solitude, un peu comme nous sommes nous-mêmes tenté de le faire lorsque la vie nous pèse trop, et que nous cherchons refuge dans le silence et dans l’isolement, en attendant le secours d’en haut.


Car nous savons bien que le secours dont nous avons besoin ne peut, en définitive, venir que d’en haut.
Il faut bien donc que Dieu parle, que Dieu nous parle.
Il faut bien que la vie ait un sens, et que Dieu lui-même nous le révèle, ce sens, cette raison d’être, le pourquoi des choses et des évènements de notre vie.
Elie s’est endormi sous un genêt, là, au milieu du désert.
Et voici qu’un ange, par deux fois, le touche et lui dit : «Lève-toi et mange, car le chemin est trop long pour toi.»
Alors, nous dit le texte, Elie se leva, mangea et but, et avec la force que lui donna cette nourriture, il marcha quarante jours et quarante nuits, jusqu’à la montagne de Dieu, à Horeb.
Ce que nous devons constater ici, c’est que ce n’est que lorsque Elie s’est assoupi, lorsqu’il s’est abandonné entièrement entre les mains de son Dieu, lorsqu’il a touché le fond et qu’il a cessé de lutter et de questionner Dieu, que Dieu a répondu à son cri de détresse et pourvu à ses besoins.
Certes, cen'est que la première étape du retour aux sources d’Elie, car il lui faudra maintenant aller jusqu’au mont Horeb, la montagne de la Révélation, où Dieu va lui apparaître sous la forme d’un doux murmure, et où il lui fera connaître son dessein, avec cette promesse : " Je laisserai en Israël sept milles hommes, tous ceux qui n’ont pas fléchi les genoux devant Baal, et dont la bouche ne l’a pas embrassé. " (v. 18)
Elie s’est attendu à Dieu, il a recherché sa face dans la solitude du désert, il a supplié Dieu de lui répondre, et Dieu lui a répondu.
Quelques temps auparavant Elie, s’adressant à la foule idolâtre, s’était écrié : «Jusqu'à quand aurez-vous un comportement boiteux? Si c'est l'Eternel qui est Dieu, suivez-le! Si c'est Baal, suivez-le!  " (18 : 21s). 
Et voici que maintenant Dieu dit à Elie qu’il s’est réservé sept mille hommes qui n’ont pas fléchi les genoux devant Baal.
Elie s’imaginait être le seul à rester fidèle à l’Alliance de l’Eternel, et voici que Dieu lui fait une révélation surprenante, il est vrai : " Non Elie, détrompe-toi, j’ai la situation bien en main, je me suis gardé un reste fidèle. Le moment viendra où je ferai éclater ma puissance et où tous reconnaîtront que je suis l’Eternel, le seul vrai Dieu. "
Alors bien sûr, cet épisode de la vie du prophète Elie ne manque pas de nous interpeller, car, au fond, qui d’entre nous n’a jamais connu le découragement et le doute ?
Qui d’entre nous n’a jamais souhaité questionner Dieu sur ce qu’il faisait, sur ses desseins mystérieux, sur l’avenir qu’il réserve à son peuple, à l’Eglise, et à nous-mêmes?
Il nous arrive aussi de nous laisser décourager par la situation actuelle de l’Eglise et du monde.
Nous sommes, il faut le reconnaître, dans une époque d'apostasie, où nos sociétés ont renié leurs racines chrétiennes et où les hérésies les plus aberrantes ont droit de cité dans trop d' églises. Alors, il nous semble parfois que nous sommes bien peu nombreux à maintenir le flambeau de la foi dans un monde qui, comme les Israélites du temps d’Elie, semble bien avoir oublié son Dieu, et ne plus se souvenir de son Alliance.
Devant une telle situation, certains peuvent être tentés de déserter le bon combat.
Alors faut-il, comme Elie avant d’avoir à nouveau rencontré Dieu à Horeb, baisser les bras, et abandonner la course ?
Non, frères et soeurs en Christ, certainement pas !
Et l’exemple d’Elie nous montre la voie à suivre.
Il s’agit, lorsque nous sommes tentés de nous décourager, de lâcher prise, et de retourner aux sources de la foi, de s’attendre à Dieu, dans un véritable face à face avec celui-ci.
Comme Elie qui est retourné au Sinaï, source de la Loi de Dieu, nous devons encore et toujours revenir aux pages des Saintes Ecritures qui ont été données pour nous instruire dans la vérité et nous encourager à suivre le droit chemin.
Il s’agit de se rappeler sans cesse les affirmations de l’Ecriture quant à la souveraineté de Dieu, qui dirige toutes choses et qui a la situation bien en main, malgré les apparences.
Et à bien y réfléchir, n’est-ce pas là aussi le message de l’Evangile selon Jean que nous avons lu ?
" Quiconque a entendu le Père et reçu son enseignement vient à moi, dit le Christ.
Et encore : " Nul ne peut venir à moi, si le Père qui m’a envoyé, ne l’attire ; et je le ressusciterai au dernier jour " (6 : 44 et 45).
C’est là, frères et sœurs, le grand et beau mystère de l’élection, le mystère du don du salut et de la foi à tous ceux que le Père attire à lui, par grâce, comme aux temps du prophète Elie où l’Eternel s’était réservé sept milles hommes qui n’avaient pas fléchi les genoux devant Baal. Je ne parle pas ici de ceux qui ont leur nom sur les registres des paroisses, mais de ceux qui ont été souverainement amenés à la foi par l'oeuvre de l'Esprit Saint.
Oui ! Dieu a encore un peuple nombreux sur la terre, et aussi dans ce Poitou qui a été jadis un bastion de la foi.
Il faut bien le croire, même si c'est au-delà des apparences.
Et c’est pourquoi nous pouvons nous réjouir ensemble et être remplis d’espérance, car le Christ est vivant et il règne!
Alors s’il en est ainsi, faisons nôtre l’exhortation de l’Apôtre Paul : " N’attristez pas le Saint-Esprit de Dieu, par lequel vous avez été scellés pour le jour de la rédemption … Soyez bons les uns avec les autres, compatissants, faites-vous grâce réciproquement, comme Dieu vous a fait grâce en Christ. "




dimanche 5 août 2012

EXODE 16.2-15



La manne venue du ciel. Bible de Maciejowski(13eme siècle)
16 Toute l'assemblée des Israélites partit d'Elim, et ils arrivèrent au désert de Sin, qui est entre Elim et le Sinaï, le quinzième jour du deuxième mois après leur sortie d'Egypte.
2 Toute l'assemblée des Israélites murmura contre Moïse et Aaron dans le désert. 3 Les Israélites leur dirent: «Pourquoi ne sommes-nous pas morts de la main de l'Eternel en Egypte, quand nous étions assis près des marmites de viande, quand nous mangions du pain à satiété? Au contraire, vous nous avez conduits dans ce désert pour faire mourir de faim toute cette assemblée.»
4 L'Eternel dit à Moïse: «Je vais faire pleuvoir du pain pour vous depuis le ciel. Le peuple sortira et en ramassera chaque jour la quantité nécessaire. Ainsi, je le mettrai à l'épreuve et je verrai s'il suivra, ou non, ma loi.
5 Le sixième jour, ils prépareront ce qu'ils auront apporté, c'est-à-dire le double de la portion ramassée chaque jour.» 6 Moïse et Aaron dirent à tous les Israélites: «Ce soir, vous reconnaîtrez que c'est l'Eternel qui vous a fait sortir d'Egypte.
7 Le matin, vous verrez la gloire de l'Eternel, parce qu'il a entendu vos murmures contre lui. Que sommes-nous, en effet, pour que vous murmuriez contre nous?»
8 Moïse dit: «L'Eternel vous donnera ce soir de la viande à manger, et le matin du pain à satiété, parce qu'il a entendu les murmures que vous avez proférés contre lui. Que sommes-nous en effet? Ce n'est pas contre nous que vous murmurez, c'est contre l'Eternel.»
9 Moïse dit à Aaron: «Dis à toute l'assemblée des Israélites: 'Approchez-vous devant l'Eternel, car il a entendu vos murmures.'» 10 Tandis qu'Aaron parlait à toute l'assemblée des Israélites, ils se tournèrent du côté du désert, et voici que la gloire de l'Eternel parut dans la nuée. 11 L'Eternel s'adressa à Moïse: 12 «J'ai entendu les murmures des Israélites. Dis-leur: 'Au coucher du soleil vous mangerez de la viande, et le matin vous vous rassasierez de pain. Ainsi vous reconnaîtrez que je suis l'Eternel, votre Dieu.'»
13 Le soir survinrent des cailles qui couvrirent le camp, et le matin il y eut une couche de rosée autour du camp. 14 Une fois cette rosée dissipée, il y avait à la surface du désert quelque chose de petit comme des grains, quelque chose de fin comme la gelée blanche sur la terre.
15 Les Israélites regardèrent et se dirent l'un à l'autre: «Qu'est-ce que c'est?» En effet, ils ne savaient pas ce que c'était. Moïse leur dit: «C'est le pain que L'Eternel vous donne pour nourriture.





Chers frères et soeurs en Christ,
chers amis,

Cela faisait six semaines que le peuple d'Israël avait, sous la direction de Moïse, fui l'Egypte où il avait été esclave pendant 400 ans. Ils avaient vu la Mer Rouge s'écarter devant eux et ils avaient pu prendre pied dans un nouveau pays. Ils avaient vu l'armée du Pharaon qui les poursuivait balayée et engloutie par les flots. Ils avaient pu se réjouir de la puissance de Dieu, qui les avait délivrés! Ensuite, ils établirent un campement dans une oasis appelée Elim. Mais, à présent, ils avaient quitté Elim, ses sources et ses palmiers et ils faisaient route dans des régions désertiques. C'était un territoire horriblement chaud, désolé, poussièreux...

Sous le soleil écrasant, le peuple a commencé à murmurer « où est-ce qu'on nous emmène?? ». Moïse leur avait promis que Dieu allait les mener dans un pays où coulait le lait et le miel, et il n'y avait pas de pays, de lait ou de miel: que des cailloux, du sable et de la chaleur étouffante! Même leur ancienne vie de servitude en Egypte semblait mieux que ça!! Alors les voix ont commencé à s'élever: «Pourquoi ne sommes-nous pas morts de la main de l'Eternel en Egypte, quand nous étions assis près des marmites de viande, quand nous mangions du pain à satiété? Au contraire, vous nous avez conduits dans ce désert pour faire mourir de faim toute cette assemblée.»
C'est souvent en nous plaignant que nous réagissons à nos situations difficiles, mais en fait, nous savons bien que cela ne sert à rien...
On le voit bien dans le discours des israelites. Regrettaient-ils vraiment leur esclavge en Egypte? Etait-ce vraiment le bon vieux temps, comme ils avaient l'air de le dire? Et puis l'accusation envers leurs dirgeants, Moïse et Aaron
vous nous avez conduits dans ce désert pour faire mourir de faim toute cette assemblée.” Ah, voilà un des plus gros monuments d'ingratitude et d'hypocrisie contenus dans les Ecritures. Ingratitude parce que c'était bien Moïse et Aaron qui s'étaient frontalement opposés au Pharaon qui ne voulait pas laisser partir le peuple. Hypocrisie aussi, parce qu'en attaquant Moïse et Aaron, les israelites s'en prennent à Dieu de façon détournée.

En fait, le peuple avait oublié que Dieu ne les avait pas libérés pour qu'ils fassent ce qu'ils veulent. C'est le message de Dieu à Pharaon “laisse partir mon peuple”... “afin qu'il me serve”. Dieu avait entendu les cris de son peuple en Egypte, et il avait choisi de les libérer afin d'en faire un peupe qui lui soit consacré.
Mais le peuple avait oublié sa vocation. La seule chose qui leur importait, c'était leurs désirs et leurs souhaits. Ils voulaient du facile, du confortable. Ils n'avaient rien de cela dans le désert alors ils ont murmuré. Nous aussi, nous avons tendance à nous plaindre quand nous oublions notre vocation. Ca peut être vrai dans les familles, ou dans l'église.

Trop souvent, nous avons tendance à croire les mensonges de notre société, qui cherche à nous faire croire que le but de la vie est de satisfaire tous nos désirs et de réaliser nos rêves les plus fous. Mias c'est un mensonge.
Israel ne s'appartenait pas, il était à Dieu. Et nous aussi, par Jésus-Christ, nous sommes à Dieu. Quand nous réalisons que nous sommes en train de nous plaindre de la façon dont tournent nos vies, en disant que d'autres personnes sont responables, il est bon de se demander si nous ne sommes pas perdus dans le désert du “moi”. Vous voyez, nul ne peut nier que la situation d'Israël n'était pas plaisante. Simplement, au lieu d'implorer Dieu pour son aide, le peuple a choisi le murmure amer.

Alors rappelons-nous que Dieu nous a appelé à le servir. Il nous a appelé à le servir en tant que père, mère, enfant dans nos familles, qui ne sont pas là pour satisfaire tous nos désirs mais pour être des endroits où des êtres humains ont été appelés à s'aimer, à se pardonner et à se servir mutuellement.
Il nous a appelés à le servir dans son église, qui n'est pas là pour satisfaire tous nos désirs mais pour être le lieu où sa Parole va être annoncée.

Et la bonne nouvelle, c'est que Dieu veut nous donner tout ce dont nous avons besoin pour vivre ses vies à sa gloire et pour servir le monde. Il a donné deux choses à cet Israël murmurant: les cailles chaque soir et la manne chaque matin. Ces dons, ils les a faits pour nourrir les corps de son peuple, mais aussi pour les remplir de l'assurance qu'il était fidèle à ses promesses et qu'il allait les guider dans le pays promis.
Pour nous, Dieu a fait plus et mieux! Il a envoyé son Fils Jésus-Christ pour nous libérer de l'esclavage du péché et d'une vie de ténèbres. Jésus est mort sur la croix pour nos fautes et il est ressuscité, nous assurant ainsi le pardon de toutes nos fautes, y compris nos murmures!
Par le baptême, il nous invite à vivre nos vies pour lui, à la gloire de Dieu et pour le bien de notre prochain. Dans la cène, il nous donne son vrai corps et son vrai sang afin que nous puissions le servir dans notre monde. Dans sa Parole, il nous apprend comment vivre de façon juste et il nous invite à le suivre.
Jésus est, tout simplement, le pain de vie venu du Ciel pour notre nourriture spirituelle. Avec lui, nous ne connaîtrons jamais la disette, quand bien même les sentiers souvent ardus de la vie nous mènent pour un temps dans un désert.

En tant que chrétiens, nous savons que Dieu prend soin de nous. Nous savons que les bonnes choses dont nous jouissons: famille, amis, paix et sécurité viennent de lui. Toutes ces choses sont des dons généreux de notre père! Nous nous reposons en dans son amour et sa grâce donnés en Christ. Il est notre Dieu et notre Sauveur!
Et, quand nous pensons aux bénédictions reçues de sa main, nous nous rendons compte aussi que ces bénédictions peuvent être partagées. Avez-vous de l'argent? Rendez-en une partie à Dieu en donnant à l'Eglise. Avez-vous une maison? Vous pouvez recevoir chez vous quelqu'un qui a peut-être besoin de parler ou simplement de passer un moment avec quelqu'un autour d'un café...
Oh, rassurez-vous, je sais ce que c'est que la vie. Je sais qu'il y a des temps où nous sommes bien loin de toute oasis, des moments où la chaleur de l'épreuve nous tombe sur le dos, où frustrations et échecs s'accumulent. Dans ces moments-là, nous serons encore tentés de murmurer. Mais nos paroles peuvent prendre une autre forme, plaisante à Dieu celle-là: celle de la prière. Dieu, qui vous a donné toutes choses en Christ veut que votre prière monte vers lui: “ Ne vous inquiétez de rien, mais en toute chose faites connaître vos besoins à Dieu par des prières et des supplications, dans une attitude de reconnaissance. Et la paix de Dieu, qui dépasse tout ce que l'on peut comprendre, gardera votre coeur et vos pensées en Jésus-Christ.'' (Philippiens 4.6-7).

Dieu est avec nous dans nos déserts. Il nous a libérés pour le servir et il prendra soin de nous.

Amen.