dimanche 28 novembre 2010

ROMAINS 13.11-14

Il en sera comme aux jours de Noé (Mt 24.37)

Esaïe 2.1-5, Matthieu 24.37-44
11 [Cela est d'autant plus important que] vous savez quel temps nous vivons: c'est l'heure de vous réveiller enfin du sommeil, car maintenant le salut est plus près de nous qu'au moment où nous avons cru.
12 La nuit est bien avancée, le jour approche. Débarrassons-nous donc des oeuvres des ténèbres et revêtons les armes de la lumière.
13 Conduisons-nous honnêtement, comme en plein jour, sans orgies ni ivrognerie, sans immoralité ni débauche, sans dispute ni jalousie.
14 Mais revêtez-vous du Seigneur Jésus-Christ et ne vous préoccupez pas de votre nature propre pour satisfaire ses convoitises.





Chers frères et soeurs,
chers amis,

Quand nous partons en voyage, nous savons en général où nous allons et comment y aller. Si ce n'est pas le cas, il y a peut-être des soucis à l'horizon.
Aujourd'hui, nous commençons un voyage et nous savons exactement où il va nous mener. Avec les quatre dimanches de l'Avent, préparation à Noël, nous commençons un nouveau voyage dans l'année liturgique. Nous allons vers Jérusalem, et nous y allons avec Christ. Nous le savons parce que nous avons revêtu Christ. Jésus a marché avant nous sur la route de Jérusalem et il nous montre le chemin.
Alors que nous débutons une nouvelle année de grâce, alors que nous nous réjouissons déjà de la venue de Christ en notre humanité dans la crèche de Bethléem, nous nous rappelons que la crèche de Bethléem n'a été qu'une étape vers la croix du Calvaire et la tombe vide du matin de Pâques, symbole de la victoire ultime de la vie.
Oui, une nouvelle fois, une année liturgique nous permet de cheminer avec Jésus. Ce voyage, nous allons le faire tous ensemble, D.V. C'est aujourd'hui le premier dimanche de l'Avent, et il est temps pour nous de nous revêtir de Jésus-Christ.

Chacun des trois derniers dimanches nous a rappelé la réalité du retour de Christ, en disant bien que le temps est proche. Bien sûr, cela fait 2000 ans que nous attendons, mais nous devons nous souvenir que si Jésus ne revient pas demain, nous pouvons très bien mourir aujourd'hui et qu'alors nous l'aurons face à face, de la même manière que ceux qui vivront lors de son retour! Que dirons-nous alors au Seigneur? Sommes-nous prêts pour son jugement?
Dans ce premier dimanche de l'Avent, cependant, nous méditons sur l'autre aspect du retour de Jésus: le salut est plus près de nous qu'au moment où nous avons cru. Jésus jugera un jour les vivants et les morts; mais, avant d'être le juge, il est celui qui nous a tout donné pour effecer notre culpabilité et nous donner le salut. La parole de Paul est un peu difficilé à comprendre. Il est clair, selon la Bible que l'on est sauvé dès que l'on place sa foi en Jésus, mais Paul parle ici du retour de Christ pour réunir tous ses amis dans la joie éternelle du Ciel. Ce salut « complet » est plus proche de nous chaque jour.

L'Eglise du premier siècle vivait l'attente du retour de Jésus dans une certaine fièvre, à tel point que Paul a dû corriger certains excès (pensez aux fainéants de 2 Thessaloniciens 2 dans un sermon récent). Il y a eu d'autres périodes au cours de l'Histoire où de nombreux chrétiens ont été assurés de vivre les derniers jours. A l'heure actuelle; en revanche, nous sommes peut-être allés dans l'autre extrême. On ne prêche plus trop sur le retour de Christ (parce qu'on n'aime pas la notion de jugement et parce qu'on n'y croie plus). Mais il y a une troisième voie entre le fanatisme exalté et le libéralisme blasé.
Je pense que Paul voudrait que nous, chrétiens du 21ème siècle, vivions nos vies dans une attente joeyuse et confiante du retour de notre Seigneur.
Comme l'a dit quelqu'un, nous devrions vivre comme si Christ était mort hier, qu'il était ressuscité aujourd'hui et qu'il revenait demain. Voilà pourquoi nous devons nous revêtir de Christ; c'est que nous nous préparons à une célébration éternelle!!

Christ est proche, et nous voulons le recevoir dans des habits de fête, des habits de gala! Et ce n'es pas une question de convenances: c'est uniquement quand nous sommes revêtus de Christ qu'il peut être notre Sauveur et non notre Juge. Mais qu'est-ce que ça veut dire, revêtir Christ? Revêtir comme on se revêt d'un vêtement?
En fait, c'est une image qui revient souvent chez Paul et nous verrons certains de ses textes tout à l'heure. L'image du déshabillage et de l'habillage est fréquente chez Paul pour désigner l'abandon des habitudes de l'homme que l'on était autrefois et l'acquisition de l'homme nouveau que l'on devient en Jésus-Christ quand Dieu nous justifie, quand il nous déclare en règle avec lui (Romains 6.6,11; Eph 4.22-24; Col 3.9-10). Bien sûr, ici, Paul emploie une image: il ne dit pas que Jésus est un vêtement. Simplement, pour lui, l'habit fait le moine: soit nous revêtons Christ et montrons ainsi son caractère ("soyez semblables à Christ traduit la Bible en Français Fondamental), soit nous sommes vêtus « d'orgies, d'ivrognerie, d'immoralité, de débauche, de dispute et de jalousie ». Nous ne voudrions pas que Jésus nous voient revêtus de telles guenilles, n'est-ce pas?

Beaucoup d'enfants attendent en ce moment la venue du Père Noël. Et je sais que certains parents, pour maintenir l'ordre dans la maisonnée, n'hésitent pas à dire aux petits désobéissants: « attention, si tu n'es pas sage, le Père Noël le saura et tu n'auras pas de cadeaux »! Est-ce que nous n'oublierions pas que celui qui est vraiment venu à Noël voit tout ce que nous faisons et sait vraiment ce que nous pensons? Mais souvent nous sommes trouvés vêtus des « oeuvres des ténèbres ».
Il y a toutes ces fois où nous manquons de charité envers un de nos semblables
où nous utilisons le nom de Dieu à notre profit au lieu de le glorifier
où nous nous arrangeons bien de quelques arrangements avec la morale « parce que tout le monde le fait »...Quelle honte, quelle confusion de savoir que le Seigneur nous voit ainsi! Et pourtant, nous voulons vivre dans la lumière de la vie et honorer notre Dieu dans notre marche quotidienne.
Et la Bonne Nouvelle, c'est que nous ne sommes pas laissés à nos pauvres forces, mais que Jésus a déjà vécu une vie entièrement pure et sainte pour nous. Il est la Parole de Dieu qui vient nous apporter le message d'amour du Père. Il est l'agneau immolé pour les péchés du monde. Il est le Prince de la Vie qui nous réconcilie avec le Père.

Et si nous croyons que Jésus est notre Sauveur, sans aucun mérite de notre part, alors nous avons revêtu Christ. Nous sommes couverts par sa justice, purifiés par son sang.
Vous vous souvenez peut-être de notre série de sermons sur l'Apocalypse, où nous avions pu étudier la vision de tous les croyants rassemblés autour du Seigneur vêtus des robes blanches qu'il leur avait données (Apoc 3,4,7). Ces robes, dit Jean, ont été « blanchies au sang de l'Agneau ». Ce n'est pas nous-même qui pouvons purifier nos vêtements (nous-mêmes): c'est seulement le Seigneur qui en le pouvoir par son sacrifice.

Et quand Paul nous dit de revêtir Christ, ce n'est pas simplement un impératif, et ce n'est pas seulement pour le futur. Ce n'est pas quelque chose que nous devrions faire et auquel nous n'arrivons pas. Ce n'est pas quelque chose pour lequel nous devons attendre le retour glorieux de Christ.
En Galates (3.27) Paul affirme en effet « vous tous qui avez été baptisés en Christ, vous vous êtes revêtus de Christ ». C'est déjà arrivé. C'est fait.
Tout ce que Jésus a accompli lors de sa première venue, sa vie parfaite, sa mort expiatoire, sa résurrection glorieuse; tout cela vous a été donné dans votre baptême, par Dieu lui-même, car c'est bien Dieu qui agit quand il nous baptise et nous fait partager le pain et le vin de la Cène.
Par le baptême et par la foi, nous sommes revêtus de Christ et tout cela se fait par grâce. Et si vraiment nous nous revêtons de Christ, nous pourrons alors accomplir les oeuvres de lumière, montrant à travers nos vies le visage de Jésus à ceux qui ne le connaissent pas.

Paul nous invite dans notre texte à nous réveiller du sommeil. L'Eglise a besoin de se réveiller et de retrouver le sens de sa mission. Nous avons tous besoin, au niveau individuel, de nous réveiller et de sortir de l'édredon confortables de nos habitudes et de nos petits conforst égoïstes. Mais se réveiller, c'est simplement vivre la vie de gens qui ont été appelés par Dieu, qui sont devenus ses enfants et qui sont unis à Christ.

Notre voyage commence aujourd'hui. Christ est proche! Il est avec nous ici, avec nous qui avons été revêtus lors de notre baptême, avec nous qu'il va bientôt inviter à sa table. Fuyons les ténèbres. La lumière de Christ s'est levée: en elle, nous trouverons la vie.




samedi 20 novembre 2010

COLOSSIENS 1.12-20



2 Samuel 5.1-3; Luc 23.35-43




12rendez grâce au Père qui vous a rendus capables d'accéder à la part d'héritage des saints dans la lumière. 13 Il nous a délivrés de l'autorité des ténèbres pour nous transporter dans le royaume de son Fils bien-aimé, 14 en qui nous avons la rédemption, le pardon des péchés.

15 Il est l'image du Dieu invisible,
le premier-né de toute création ;
16 car c'est en lui que tout a été créé
dans les cieux et sur la terre,
le visible et l'invisible,
trônes, seigneuries,
principats, autorités ;
tout a été créé par lui et pour lui ;
17 lui, il est avant tout,
et c'est en lui que tout se tient ;
18 lui, il est la tête du corps — qui est l'Eglise.
Il est le commencement,
le premier-né d'entre les morts,
afin d'être en tout le premier.
19 Car il a plu à Dieu de faire habiter en lui toute plénitude
20 et, par lui, de tout réconcilier avec lui-même,
aussi bien ce qui est sur la terre que
ce qui est dans les cieux,
en faisant la paix par lui,
par le sang de sa croix.






Chers frères et soeurs,
chers amis,




En ce dernier dimanche de l'année ecclésiastique, durant lequel nous sommes invités à réfléchir ensemble à la royauté de Christ. Et pour se faire, nous avons lu ce magnifique passage de la lettre de Paul à l'Eglise de Colosses.
En fait, Paul n'avait pas été à l'origine de cette église. C'était un de ses compagnons d'oeuvre, Epaphras, qui avait amené l'Evangile dans la ville de Colosses (aujourd'hui en Turquie). Cette église de Colosses était en proie à des divisions et à des conflits doctrinaux (comme quoi, il n'y a rien de neuf sous le soleil), et Epaphras a sans doute demandé l'aide de Paul.
Nous ne savons pas au juste en quoi consistait « l'hérésie colossienne », mais elle semble avoir été complexe et ne pas avoir été faite d'un seul problème.

Paul ne connaît donc pas personnellement les chrétiens auxquels il écrit, et son ton dans cette lettre est assez général, ce qui nous donne une sorte d'image des principes clés de la foi chrétienne. Paul aborde en fait deux grands thèmes en Colossiens: ce que Christ a fait et ce que les chrétiens devraient faire.

Colossiens est en fait une invitation à considérer la personne de Christ, à bien comprendre qui il est et ce qu'il fait et à le replacer au coeur de nos vies. Il ne s'agit pas seulement de connaître quelques faits à propos de Jésus ou d'avoir d'assez bons souvenirs de son catéchisme: il s'agit de connaître Christ personnellement.

Dans le passage que nous avons lu, qui est peut-être un très ancien hymne de l'Eglise ancienne, Paul nous fait contempler Jésus et il utilsie pour cela plusieurs images:

Premièrement, il est l'image du Dieu invisible (v.15): voilà un paradoxe n'est-ce pas? L'image de quelque chose d'invisible...Réfléchissez y quelques instants. C'est une des choses les plus remarquables à propos de Jésus: il est Dieu incarné. En lui, Dieu se montre à nous. Jean nous dit dans son Evangile: « Personne n'a jamais vu Dieu. Mais le Fils unique, qui est Dieu et demeure auprès du Père, lui seul l'a fait connaître. » (Jean 1.18). Ce Dieu tellement difficile à appréhender avec notre pauvre logique, ce Dieu dont nous pouvons si facilement nous faire des images fausses, pouvons-nous vraiment le connaître? Oui, répondent les Ecritures chrétiennes. Nous pouvons le connaître parce qu'il s'est révélé à nous en Jésus-Christ.

Et cela est déjà un évangile, une Bonne Nouvelle, frères et soeurs. Parce que si Jésus nous montre qui est Dieu, comment il est, nous pouvons nous réjouir. Je crois que tous ceux qui ont lu le Nouveau Testament s'accordent sur une chose: Jésus est le plus pur exemple de grandeur d'âme et d'amour qu'on puisse trouver. Et si Jésus est amour, cela veut dire que Dieu nous aime! Nous n'avons plus à vivre sous la coupe de l'image détestable d'un Dieu jaloux et autoritaire que l'on a cherché durant des siècles à nous imposer. Non, Dieu est amour et il aime chacun d'entre nous et veut le ramener à lui: c'est pour cela qu'il a envoyé son Fils qui est « le rayonnement de sa gloire et l'expression de sa réalité même » (Hébreux 1.3). Regardez à Jésus: vous trouverez en lui la réalité même de Dieu, celle qui va nous libérer de nos fausses percéptions et de nos craintes.

Deuxièmement, Jésus est le premier-né de toute création. Ce verset ne veut pas dire que Jésus a été créé lui aussi. Ici, « premier-né » est à prendre au sens d'héritier.Le Fils premier-né était l'héritier de tout ce qui appartenait à son père. Donc, si Jésus est le premier-né de toute la création, cela veut dire que la création lui est soumise. C'est ce que soulignent encore les versets suivants: « c'est en lui que tout a été créé...tout a été créé par lui et pour lui...lui, il est avant tout, et c'est en lui que tout se tient » (v.16-17).

Paul ne veut pas que les chrétiens aient le moindre doute sur la grandeur de Christ, sur son infinie puissance, sur son règne sur l'univers entier. Au passage, je crois que nous pouvons trouver là un utile correctif à la vision trop répandue selon laquelle notre foi ne s'occuperrait que de notre salut personnel. Ici, Jésus est montré comme créateur et gardien de la création toute entière, et cela inclut aussi notre environnement, nos forêts, nos rivières, nos champs. Cela n'échappe pas à la main de Dieu et l'homme ne peut en faire ce qu'il veut. En ces temps d'angoisse écol:ogique tout à fait justifiée, l'Eglise peut puiser dans ces textes pour tenter de bâtir une réponse chrétienne à ces défis.

Troisièmement, Jésus est la tête du corps, qui est l'Eglise. Le chef de la création est aussi le chef de l'Eglise, de la communauté qu'il a créée et qui regroupe tous ceux qui croient en lui. Nous tendons je crois trop à l'oublier, et que parfois, à force de placer on ne sait quoi avant Jésus, nos églises perdent la tête. Quand j'entends que telle église est dirigée par un synode national (ou par un Pape) je me dis que j'espère pour elle que c'est avant tout Jésus qui la guide...
Et puis il y a ses multiples dénominations entre lesquelles l'Eglise est divisée: Catholiques Romains, Orthodoxes, Protestants de toutes les couleurs possibles et imaginables (Luthériens, Réformés, Baptistes, Pentecôtistes) à tel point que les gens « du dehors » ont du mal à s'y retrouver.
Et bien, je vais vous dire quelque chose: à l'heure actuelle, les personnes en recherche spirituellement peuvent se rapprocher du christianisme parce que la personne de Jésus les attire. Je n'ai jamais vu personne qui ait eu envie de devenir chrétien parce que la grandeur de l'ERF ou de l'Eglise Catholique ou Luthérienne l'avait aveuglé!
Ne confondons l'arbre de l'Eglise et la forêt de Christ.
C'est Jésus qui guide l'Eglise, et pas l'Eglise qui emmène Jésus où elle veut. Notre foi et notre espérance sont fondés sur la personne de Christ, pas sur l'Eglise. L'Eglise n'est qu'un moyen que Dieu a choisi pour annoncer un message. Ce message; c'est celui de Jésus.

Quatrièmement, Jésus est le premier-né d'entre les morts.
Il est déjà le premier-né de la création. Il est aussi celui d'entre les morts. Et, là aussi, il s'agit d'être l'héritier. Et, cette fois-ci, il hérite du don de la vie.
Ce verset ne dit pas que Jésus est le premier humain à être ressuscité: nous savons que ce n'est pas le cas et nous pensons notamment à son ami Lazare.
Mais il y a une différence: Lazare allait quand même devoir mourir un jour. Jésus a été le premier à revivre avec un corps glorifié. Jésus a été le premier à vaincre totalement la mort.
Et le premier-né d'entre les morts devait avoir de nombreux frères et soeurs. Ceux qui croient en lui sont enfants de Dieu et co-héritiers de la vie éternelle.
« mais à tous ceux qui l'ont reçu, il a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu— à ceux qui mettent leur foi en son nom.13Ceux-là sont nés, non pas du sang, ni d'une volonté de chair, ni d'une volonté d'homme, mais de Dieu » Jean 1.12-13.

Et après ces quatres déclarations, Paul couronne sa pensée en disant afin « d'être [qu'il soit] en tout le premier ». Christ a la suprématie sur la création, sur l'Eglise et sur la mort. Et c'est cet être si puissant qui est venu sur terre pour nous. « 19 Car il a plu à Dieu de faire habiter en lui toute plénitude 20 et, par lui, de tout réconcilier avec lui-même, aussi bien ce qui est sur la terre que ce qui est dans les cieux ». Jésus est venu rétablir non seulement notre relation brisée avec Dieu, mais aussi un ordre cosmique bien plus grand.

Et après cette accumulation de mots, de phrases, d'idées soulignant la grandeu de Jésus, Paul termine son paragraphe par un renversement choquant. Comment Jésus, Dieu incarné, co-créateur at'il pu guérir notre relation avec Dieu? « par le sang de sa croix. »
Oui, frères et soeurs, pour que le monde puisse être réconcilié avec Dieu, pour que nous puissions être purifiés de nos fautes, Jésus a dû verser son sang dans une mort infâme, cloué sur une croix. Quel prix à payer, quel abaissement, pour celui qui règnait parmi les anges!
En Philippiens, Paul dit que Jésus « possédait depuis toujours la condition divine, mais il n'a pas voulu demeurer de force l'égal de Dieu. 7Au contraire, il a de lui-même renoncé à tout ce qu'il avait et il a pris la condition de serviteur. Il est devenu homme parmi les hommes, il a été reconnu comme homme ; 8il a choisi de vivre dans l'humilité et s'est montré obéissant jusqu'à la mort, la mort sur une croix. »
Quand nous pensons à un roi, ce sont souvent des images de palais luxueux, de gardes en grand uniforme, de dignitaires assemblés autour du trône qui nous viennent à l'esprit.
Mais la royauté de Jésus était bien différente. Comme il l'a dit lui-même
« Ma royauté n'est pas de ce monde » (Jean 18.36).
Une couronne royale / une couronne d'épines.
Un cortège royal (voiture de luxe) / un homme sur un âne.
Une table de banquet bien garnie / la table de l'Eucharistie avec du pain et du vin.
Une chambre royale / une crèche.
Il était bine difficile de voir un roi dans cet être cloué sur une croix entre deux criminels « si tu es roi, sauves-toi toi-même » disaient ceux qui l'entouraient. Mais Luc raconte qu'un des deux bandits dit à Christ: « Jésus, souviens-toi de moi quand tu entreras dans ton royaume. 43Il lui répondit : Amen, je te le dis, aujourd'hui tu seras avec moi dans le paradis. »
Amen. C'est vrai. C'est sûr et certain. Par la mort du roi-serviteur, nous pouvons être sûrs de notre destinée éternelle et de la grâce de Dieu pour nous.
La mort du Roi des Rois sur la Croix bouleverse toutes nos notions sur le pouvoir et sur la force. Il y a plus de pouvoir de ce corps supplicié que dans la puissance et les pompes de tous les rois, présidents, empereurs et premiers qui ont jamais existé et qui existeront jamais.
Il y a plus de pouvoir à nous changer nous-mêmes et à changer le monde dans l'humilité de Jésus que dans tous les chars d'assaut, les navires de guerre, les avions militaires de toutes les armées du monde.

Souvent, nous nous sentons faibles quand nous devons affronter les difficultés de la vie (âge, chomage, crises conjugales...). Mais la vie et la mort de Jésus sont là pour nous rappeller que « la puissance de Dieu s'accomplit dans notre faiblesse » (2 Corinthiens). Regardons à Jésus qui, par la foi en son nom, nous a rendus « saints, sans défaut et sans reproche » (Col. 1.22)
Tout est accompli. Le Roi-serviteur a assuré le bien-être de son peuple. Il continue à veiller sur chacun de nous, chaque jour.

Alors approchons du trône de la grâce, et qu'au nom de Jésus tout genou fléchisse dans les cieux, sur la terre et sous la terre, et que toute langue reconnaisse que Jésus-Christ est le Seigneurà la gloire de Dieu, le Père. (Phil. 2.10-11)

Amen.

samedi 13 novembre 2010

2 THESSALONICIENS 3.6-13

Illustration de Luc 21.5-19







Malachie 3.19-20; Luc 21.5-19


6 Nous vous recommandons, frères et soeurs, au nom de notre Seigneur Jésus-Christ, de vous éloigner de tout frère qui mène une vie désordonnée et ne suit pas les instructions reçues de nous.
7 Vous savez vous-mêmes comment il faut nous imiter, car nous ne nous sommes pas livrés au désordre parmi vous 8 et nous n'avons mangé gratuitement le pain de personne; au contraire, nuit et jour, dans la fatigue et dans la peine, nous avons travaillé pour n'être à la charge d'aucun de vous. 9 Non que nous n'en ayons pas le droit, mais nous avons voulu vous donner en nous-mêmes un modèle à imiter.
10 En effet, lorsque nous étions chez vous, nous vous recommandions ceci: si quelqu'un ne veut pas travailler, qu'il ne mange pas non plus. 11 Nous apprenons cependant que quelques-uns parmi vous mènent une vie désordonnée: ils ne travaillent pas mais se mêlent des affaires des autres.Nous apprenons cependant que quelques-uns parmi vous mènent une vie désordonnée: ils ne travaillent pas mais se mêlent des affaires des autres.
12 Nous invitons ces gens-là, et nous les encourageons par notre Seigneur Jésus-Christ, à travailler paisiblement pour manger leur propre pain.
13 Quant à vous, frères et soeurs, ne négligez pas de faire le bien.




Chers frères et soeurs,
chers amis,

Même si nous savons que les trois derniers dimanches de l'année liturgique sont traditionnellement assez sombres dans leur thématique, les textes d'aujourd'hui nous frappent peut-être par l'atmosphère qui s'en dégage.

Dans Luc, Jésus et ses disciples contemplent la maginique architecture du Temple et Jésus coupe court à la rêverie en disant: « «Les jours viendront où il ne restera pas pierre sur pierre de ce que vous voyez, tout sera détruit.» (21.6)
Interloqués, choqués sans doute même par l'idée que le coeur de la vie religieuse juive puisse être détruit, les disciples veulent en savoir plus. Ils ne sont pas déçus. Jésus continue ses prédictions: des imposteurs tenteront de les égarer (21.8), il y aura « des guerres et des soulèvements » (21.9), «Une nation se dressera contre une nation et un royaume contre un royaume. Il y aura aussi de « grands tremblements de terre » et beaucoup d'autres choses réjouissantes, incluant des famines, des épidémies auquel il ne faut pas manquer de rajouter des « phénomènes terrifiants » (21.11). Quant à vous,pendant ce temps, vous pouvez vous attendre à être arrêtés et persécutés; vous serez livrés aux synagogues et enfermés dans les prisons, « on vous traînera devant des rois et devant des gouverneurs à cause de mon nom » (21.12).

A ce moment-là, les disciples pensaient sans doute « eh oh, minute, on était juste partis faire un tour du côté du Temple », mais Jésus en rajoute une couche: « 16 Vous serez trahis même par vos parents, par vos frères, par vos proches et par vos amis, et l'on fera mourir plusieurs d'entre vous.
17 Vous serez détestés de tous à cause de mon nom ».

C'est ça l'Evangile? C'est ça la Bonne Nouvelle selon Luc? Soyons honnêtes, ça ressemble plutôt à de très mauvaises nouvelles. Ces paroles de Jésus évoquent moins l'Evangile qu'un scénario de film-catastrophe à gros budget.

Les autres lectures de ce dimanche ne font rien pour allèger l'impact du texte de l'Evangile. Les paroles du Prophète Malachie aussi sonnent comme un avertissement lugubre: « Car voici: le jour vient, ardent comme un brasier, où tous les arrogants et ceux qui font le mal seront comme du chaume. Ce jour-là, ils seront consumés par le feu, déclare l'Eternel, le Seigneur des armées célestes. Et il n'en restera ni rameaux ni racines. »
Quant à notre lecture en 2 Thessaloniciens, elle n'a certes pas le même poids de dangers et de menaces, mais elle est aussi inquiétante dans la mesure où elle décrit un problème qui est en train de miner une communauté chrétienne pourtant connue pour être saine.

Ce qui inquiète Paul, ce sont les chrétiens de Thessalonique qui « mènent une vie désordonnée » ou, comme le dit la NBS qui vivent « dans l'indiscipline ». Nous verrons tout à l'heure ce qu'il veut dire par là. En tout cas, son message final est clair: « Quant à vous, frères et soeurs, ne négligez pas de faire le bien ».
Le ton sombre de nos lectures nous incite à la gravité, à la réflexion. Pour les premiers chrétiens qui ont reçu les paroles de Christ, ses prédictions apocalyptiques étaient la source d'une interrogation inquiète. Pour ceux qui étaient d'origine juive, notamment, l'idée de la destruction du Temple n'était pas sans poser un problème d'ordre pratique: comment un monument aussi gigantesque, dont la plus petite pierre pesait deux tonnes, pouvait-il être détruit?

Voilà pourquoi, dans l'Eglise primitive, un grand nombre de spéculations courraient sur le retour de Christ. C'était notamment le cas à Thessalonique où, comme nous l'avons vu la semaine dernière, certains croyaient que le retour de Christ avait déjà eu lieu. Paul corrige cette notion en disant qu'avant que Christ revienne, le mal ne fera que progresser sous la conduite d'un mystérieux « homme de péché » (2.3). En clair, dit l'apôtre, les choses vont encore empirer!!

En général, en face d'une menace, la réaction la plus courante est la panique: pensez à l'attitude de nos concitoyens il y a quelques semaines quand il n'y a qu'un risque de pénurie de carburant: des queues sans fin aux stations-services!!
Si, comme Luc l'annonce, nous pouvons nous attendre à être arrêtés et jugés, tout cela dans la cadre de catastrophes naturelles et de guerre, on comprend que certains chrétiens du 1er siècle aient cédé à la panique. La panique, la peur mène au désespoir, à l'envie de fuir, d'agir vite. En situation de panique, on se replie sur soi, on se sent seul et les issues peuvent paraître toutes bouchées.

Je crois que nous vivons tous avec des peurs. Pour certains d'entre nous, il y a des phobies bien spécifiques (le noir, les araignées). Nous avons peur pour notre emploi, pour l'équilibre de nos comptes, pour notre couple, pour notre santé ou celle d'un être cher. Nous devons faire face à de sproblèmes moraux qui semblent inextricables. Les plus jeunes sont soumis à la pression du groupe et à celle des parents ou encore à la peur d'être rejeté par celui ou celle qui est tellement mignon.
En plus, il y a les peurs collectives: la Bourse va t'elle s'effondrer? Allons nous sauver le système des retraites? Serons-nous touchés par les conflits qui déchirent le monde?

En fait, le mot panique est du vocabulaire religieux. Il est associé avec le dieu Pan, divinité grecque des bois, des champs et de la fertilité. Vous savez, Pan, c'est cet être mi-homme, mi-bouc. Pan aimait surprendre les voyageurs en leur infligeant la plus grande terreur de leur vie!! Cette terreur soudaine et irraisonnée, les Grecs l'appelaient panique? La panique est la peur qui vous vient d'on ne sait où et qui semble impossible à contrôler.
Mais, en fait, Luc ne veut pas que ceux qui reçoivent son témoignage cèdent à la panique. Il prévient, il avertit. Si des temps difficiles arrivent, ne soyez pas surpris! Si vous êtes arêtés et jugés, « Cela vous donnera une occasion de témoignage » et Jésus y attache une promesse: « je vous donnerai des paroles et une sagesse telles qu'aucun de vos adversaires ne pourra s'y opposer ni les contredire ». Ultimement, ne vous inquiètez pas; je serai toujours avec vous, même si le pire devait arriver.

Mais la panique n'est pas la seule réaction possible. Paul en savait quelque chose: à Thessalonique, on ne paniquait pas, bien au contraire. Non, à Thessalonique, on feignassait!! Comme je vous l'ai dit tout à l'heure, certains croyants de cette communauté était persuadés que le retour de Christ avait déjà eu lieu ou au moins qu'il était très proche, imminent. Et du coup, ils étaient tombés dans l'inactivité. « je suis paysan, mais je ne vais plus rien planter: à quoi bon, je ne sais même pas si Christ ne sera pas de retour avant la récolte » « je suis boutiquier mais je ne fais plus rien entrer en magasin: à quoi bon, puisque Jésus sera sans doute de retour avant que j'aie écoulé mon stock ». Tous ces gens avaient abandonné, leurs responsabilités, leur travail, leurs projets d'avenir et ils se contentaient d'attendre le retour du Seigneur. Mais, du coup, comme il existait une forte solidarité au sein de la communauté chrétienne, ils se retrouvaient à vire aux crochets des autres croyants, êtres moins spirituels qui, eux, n'avaient pas renoncé à leur activité.

Paul refuse absolument de se laisser impressioner par cette pseudo-spiritualité: «6 Nous vous recommandons, frères et soeurs, au nom de notre Seigneur Jésus-Christ, de vous éloigner de tout frère qui mène une vie désordonnée et ne suit pas les instructions reçues de nous.
7 Vous savez vous-mêmes comment il faut nous imiter, car nous ne nous sommes pas livrés au désordre parmi vous 8 et nous n'avons mangé gratuitement le pain de personne; au contraire, nuit et jour, dans la fatigue et dans la peine, nous avons travaillé pour n'être à la charge d'aucun de vous...
11 Nous apprenons cependant que quelques-uns parmi vous mènent une vie désordonnée: ils ne travaillent pas mais se mêlent des affaires des autres. »
La NBS rend cette dernière de manière très juste « au lieu d'agir, ils s'agitent ». Et oui, on peut ne rien faire et s'agiter beaucoup. Comme ils ne travaillaient plus et n'avaient qu'à attendre le repas, nos « super-chrétiens » avaient tout le temps de mettre leur nez dans ce qui ne les concernait pas, notamment la vie de la communauté et celle de leur frères et soeurs. Cela rappelle les instructions de Paul à Timothée vis-à-vis de certaines veuves qui,; vivant aux crochets de l'église « apprennaient à aller de maison en maison; et non seulement [étaient] oisives, mais encore causeuses et intrigantes, disant ce qu'il ne faut pas dire » (1 Timothée 5.13).

Bref, au lieu d'être des soutiens de la communauté dans son ensemble, certains chrétiens de Thessalonique étaient devenus des fardeaux pour elle.
Nous savons aussi qu'il y avait à l'époque que des prédicateurs itinérants allaient d'église en église et devenaient un problème (2 Jean en parle, de même qu'un très ancien texte chrétien, la Didaché). Certains de ces hommes avaient tendance à...s'éterniser dans les églises qui les avaient reçus et se comportaient comme de vraies sangsues.

Et facve à tous ces gens-là, l'avis de Paul (son exhortation plutôt) est clair « si quelqu'un ne veut pas travailler, qu'il ne mange pas non plus ». Moi et mes compagnons avons travaillé nuit et jour, nous n'avons jamais demandé d'argent parmi vous alors que nous en aurions eu le droit, alors si quelqu'un qui est tout à fait capable de subvenir à ses besoisn refuse de le faire, il n'y a aucune raison qu'il bénéficie de la solidarité des frères et des soeurs: laissez-le se débrouiller!

Vous voyez frères et soeurs, Paul est ici motivé par deux choses:

-d'une part, la notion d'ordre. Les paresseux de Thessalonique vivent dans le désordre parce que leur théologie étaient désordonnée et fausse. Les idées ont des conséquences: les idées justes ont des conséquences justes, les idées fausses ont des conséquences fausses. Et si Paul intervient sur ce problème, comme souvent ailleurs dans ses lettres, c'est pour bien montrer que tout n'est pas OK dans l'Eglise. Tout ne se vaut pas. Il y a le vrai et il y a le faux et ils ne sont pas conciliables. Nous voyons à l'heure actuelle certaines églises s'abandonner à des dérives complètes au niveau éthique, avec notamment l'acceptation de l'homosexualité. Mais cela n'arrive que parce qu'elles ont renoncé à reconnaître l'autorité des Ecritures!
Alors, frères et soeurs, demeurons fidèles à une pensée juste. Enracinons-nous dans les grandes vérités de la foi qui sont si bien exprimées dans le Petit Catéchisme, qui pourrait être plus souvent le sujet de notre étude et de notre méditation.

-d'autre part, le second souci de Paul se trouve dans la phrase finale de notre passage qu'on peut traduire par « ne vous lassez pas de faire le bien ». Probablment, certains chrétiens de Thessalonique commençaient à être découragés quand ils voyaient qu'ils devaient nourrir de grands gaillards tout à fait en mesure de ganger leur pain. Sans doute étaient-ils découragés de voir le troublme se répandre dans leur église et des hérésies la contaminer. « A quoi bon » se disaient-ils sans doute, lassés, fatigués.

Nous aussi, pour d'autres raisons, nous pouvons parfois être tentés de baisser les bras dans notre vie chrétienne. Nous avons besoinde persévérance et je crois que celle-ci sera plus facile à obtenir si nous savons que nous sommes engagés dans un marathon et pas un 100 mètres. Une bonne partie de l'épuisement spirituel des chrétiens vient du fait que nous nous mettons parfois sur les épaules des choses que nous n'avons pas à porter. Nous avons vu la semaine dernière que le Royaume de Dieu vient sans nos prières et qu'il ne dépend pas de nos efforts.
Soyons fidèles au jour le jour, là où Dieu nous a placés et ne dépendons de nos forces, mais de la sienne.

Comme l'a dit un jour Martin Luther « pendant que je bois mon petit verre de vin de Wittenberg, l'Evangile continue à avancer ». Une parole réconfortante, même si nous n'aimons pas la bière...

Ayez confiance en Dieu. Quand nous sommes confrontés à l'aridité et à la laideur de la situation dans le monde et dans l'Eglise, nos trois textes d'aujourd'hui nous rappellent que Dieu garde le contrôle et qu'il fait avancer son royaume. Comme l'a dit Helmut Thielicke « malgré le chaos, la stupidité, le péché, la vie ne deviendra pas un écheveau irrémédiablement emmêlé ».
Elle ne le sera pas parce que Jésus nous a promis d'être avec nous jusqu'à la fin du monde (et peu importe dès lors quand elle arrivera). Dieu ne va pas nous abandonner. Il nous a donné le salut par la mort du Christ pour nous. Nous pouvons être ses enfants. Il nous aime. Il a un plan pour nos vies et, même si nous pouvons parfois être tentés par la panique, nous pouvons être assurés qu'il le mènera à bien.
















dimanche 7 novembre 2010

LUC 20.27-40




Job 19.23-27a; 2 Thess 2.1-5,13-17

27 Quelques-uns des sadducéens, qui disent qu'il n'y a pas de résurrection, s'approchèrent et posèrent à Jésus cette question:
28 «Maître, voici ce que Moïse nous a prescrit: Si un homme marié meurt sans avoir d'enfants, son frère épousera la veuve et donnera une descendance à son frère.
29 Or, il y avait sept frères. Le premier s'est marié et est mort sans enfants. 30 Le deuxième [a épousé la veuve et est mort sans enfants],
31 puis le troisième l'a épousée; il en est allé de même pour les sept: ils sont morts sans laisser d'enfants. 32 Enfin, la femme est morte aussi.
33 A la résurrection, duquel d'entre eux sera-t-elle donc la femme? En effet, les sept l'ont eue pour épouse.» 34 Jésus leur répondit: «Les hommes et les femmes de ce monde se marient,
35 mais celles et ceux qui seront jugés dignes de prendre part au monde à venir et à la résurrection ne se marieront pas.
36 Ils ne pourront pas non plus mourir, car ils seront semblables aux anges, et ils seront enfants de Dieu en tant qu'enfants de la résurrection.
37 Que les morts ressuscitent, c'est ce que Moïse a indiqué, dans l'épisode du buisson, quand il appelle le Seigneur le Dieu d'Abraham, le Dieu d'Isaac et le Dieu de Jacob.
38 Or Dieu n'est pas le Dieu des morts, mais des vivants, car tous sont vivants pour lui.» 39 Quelques spécialistes de la loi prirent la parole et dirent: «Maître, tu as bien parlé», 40 et ils n'osaient plus lui poser aucune question.


Chers frères et soeurs,
chers amis,

Les Saducéens, ce sont les membres de cette tendance religieuse qui dominait le Temple de Jérusalem. Contrairement aux Pharisiens, mouvement très rigide et plutôt populaire, les Saducéens étaient plutôt une petite élite qui se voulait progressiste, ouverte.
Pourtant, dans notre texte, quand les Saducéens s'approchent de Jésus, ce n'est pas pour échnger avec lui et mieux comprendre ce qu'il dit, mais pour le pièger. Leur problème, c'est que le message de Jésus va contre ce qu'ils croient, contre la vision qu'ils se sont faite de Dieu.
Leur question finale « à la résurrection, duquel d'entre eux sera t'elle la femme ?» monte bien qu'en fait ils cherchent juste à démontrer par l'absurde qu'un point central de la doctrine de Jésus n'est tout simplement pas crédible. Ce que les Saducéens cherchent à faire, c'est à trouver le point faible de la cuirasse de Jésus.

En fait, les Saducéens raisonnent ainsi: l'idée de résurection nous semble être une pure aberration. Donc, Dieu ne peut pas réssusciter les morts, peu importe ce que peuvent dire la Torah et surtout ce Jésus qui nous embête. Même s'ils ne s'en rendent pas compte, ce que les Saducéens demandent c'est « comment le royaume de Dieu arrive t'il? » ou encore « comment faire pour que le royaume de Dieu ressemble à ce que nous voulons qu'ils soit? ».
En effet, les Saducéens ont décidé de faire un choix dans l'Ecriture, et de rejeter tout ce qui ne leur apparaît pas crédible. Cela, hélas, arrive encore aujourd'hui dans bien des églises!! Les Saducéens, comme nos théologiens libéraux modernes, veulent dicter à Dieu leur façon de faire. En fait, ultimement, les Saducéens n'acceptent de Dieu que l'idée qu'ils veulent bien s'en faire. Nous aussi nous courons ce risque: placer Dieu dans une boîte, l'enfermer dans nos limites, préférer l'image que nous nous faisons de lui à l'image qu'il nous révèle, en négligeant de nous placer à l'école de la Bible, et de la Bible seule.

Ce penchant naturel de l'âme humaine, sa tendance inée à se fabriquer de faux dieux est sans doute une des raisons pour lesquelles, dans la prière qu'il nous a apprise, Jésus nous a appris à dire « Notre Père ». Nous ne prions pas une quelconque force cosmique, un Dieu générique. Nous prions notre Père. Un père a un rôle spécifique. Un père est une personne spécifique. Un père a des valeurs, des façons de faire spécifiques. Jésus dit de Dieu que « tous sont vivants pour lui » ou encore « par lui tous sont vivants ». Cela veut dire que Dieu est le père de tous. Dieu est Dieu, et le Royaume avance de la façon que lui a choisie.

Dans son Petit Catéchisme, Martin Luther commente ainsi la demande du Notre Père, « que ton règne vienne »: « Le règne de Dieu s'établit de lui-même dans le monde et sans le secours de nos prières; mais nous demandons qu'il s'établisse aussi en nous (…). [Pour cela], il faut que le Père céleste nous donne son Saint-Esprit, pour croire par sa grâce à sa Parole, et pour vivre saintement dans le temps et dans l'éternité »
Le Royaume de Dieu s'établit en nous quand le Saint-Esprit crée la foi dans nos coeurs. Ce n'est pas nous qui « décidons » d'avoir la foi, qui « prenons un décision ». En fait, si nous étions livrés à nous-mêmes, aucun d'entre nous ne croirait: la sagesse de Dieu semble être une telle folie aux yeux des humains. Comment les morts peuvent-ils revivre? Au nom de quoi serions nous sauvés sans rien faire, seulement par la grâce?

Dans le livre de l'Exode, nous voyons qu'après la mort du patriarche Joseph, les Israëlites se sont mulitipliés, au point que « le pays en fut rempli ». Sans doute qu'à ce moment-là, le peuple de Dieu a pensé que l'Egypte lui offrait tout ce dont il avait besoin. Mais cela n'a pas duré: les Egyptiens réduisirent les Israëlites en esclavage. Alors Dieu vint libérer son peuple et le ramener par de grandes et puissantes oeuvres dans le pays qu'il avait promis à Abraham. De la même façon, c'est Dieu qui nous libère de l'esclavage du péché et la condamnation.

Pour les Juifs, la continuation des lignées était quelque chose de vital. L'alliance de Dieu courait à travers les générations et il fallait donc que les générations se suivent. Les Israëlites devaient avoir des fils qui occuperaient la terre promise. Voilà pourquoi Moïse établit la loi du lévirat qui voulait qu'un homme épouse la veuve de son frère (Dt 25.5-6). En fait, les Israëlites n'avaient qu'à occuper le terrain et à se donner des descendants dans la bon pays que Dieu leur avait donné. Pourtant, ils se sont éloignés du Seigneur, ils ont cherché d'autres dieux, ils se sont plus confiés en leur force qu'en la protection du Seigneur.
De nombreux chrétiens tombent dans le même piège. Notre Père céleste nous a tout donné, il nous a libérés et amenés dans son Royaume. Nous n'avons plus qu'à prendre position dans les bénédictions reçues en Christ. Et pourtant, nous pouvons être tentés de croire que l'expansion du Royaume dépend de nous, de nos efforts.
Nous cherchons à employer tous les moyens pour l'évangélisation, nous emilons les statistiques qui témoigent de noptre travail, nous multiplions les réunions, nous tombons dans l'activisme. En tout cela, nous sommes devenus des Saducéens, c'est-à-dire, des gens qui se croient plus sages que Dieu, qui préfèrent leurs méthodes à ses méthodes. Dieu n'est plus notre Père, celui qui s'occupe de nous, c'est nous qui nous occupons de ses affaires.

Arrêtons-nous!

Le règne de Dieu s'établit de lui-même dans le monde et sans le secours de nos prières disait Luther. Le Royaume de Dieu ne s'établit grâce à nos efforts, mais souvent en dépit d'eux. Le Royaume de Dieu ne s'établit pas grâce à nos prières. Le Royaume de Dieu s'établit par la seule puissance de Dieu.

Le Royaume de Dieu vient vers nous en la personne de Christ. Quand Jésus est né, des mages sont venus de l'Orient. Ils cherchaient le Roi des Juifs. Au cours de son procès, les ennemis de Jésus l'ont accusé d'avoir voulu se faire Roi. Quand Jésus a été crucifié, la raison de sa condamnation « celui-ci est Jésus, le Roi des Juifs ». Un Roi est l'incarnation de son pays; là où est le Roi, là est son Royaume.
La plupart des gens n'ont pas cru en Jésus. Le Royaume de Dieu est venu parmi les humains, et les humains ne l'ont pas reçu. Mais ce manque de foi n'a pas rendu le sacrifice de Jésus et ses effets moins réels. A la Croix, le sang de Christ a coulé pour que nous soyons purifiés de toutes nos fautes. Rien n'a pu empêcher le Royaume de venir jusqu'à nous, et aujourd'hui ce Royaume continue à grandir.

Il grandit par les moyens que Dieu a choisis, et pas d'autres: la Parole et les Sacrements. Certains ont du mal à croire que quelque chose d'aussi grand que le Royaume de Dieu puisse venir par des choses aussi simples et humbles. Pourtant, c'est par elles que Dieu a promis que son Royaume viendrait. Par la Parole et les Sacrements, le Saint-Esprit crée, nourrit et soutient notre foi. Et la foi reçoit avec joie l'enfant Jésus. Elle tourne ses regards vers l'agneau de Dieu, qui enlève le péché du monde. Elle voit Christ dans l'eau du baptême et le pain et le vin de la communion. Elle croit en la résurrection des morts parce que Christ est ressuscité. La foi contemple l'oeuvre de la grâce du Dieu que nous savons être notre Père.