lundi 24 novembre 2008

Ezechiel 34.11-16

Chers frères et sœurs,


Nous fêtons aujourd’hui le dimanche du Christ-Roi. Christ est notre Roi,à nous Chrétiens. Cela veut dire que nous reconnaissons qu’il est notre Seigneur. Nous savons qu’il est le seul chef suprême de l’Eglise (Eph 1.22). Mais nos textes d’aujourd’hui nous montrent que Jésus est aussi notre Roi quand il est notre Berger. Jésus n’est pas un Roi ordinaire : il a quitté son trône dans le Ciel pour venir vivre parmi nous, pour porter nos fautes à la Croix. L’Ancien Testament annonce cette réalité à de nombreuses occasions en utilisant le thème du berger. Le prophète Esaïe nous dit « Pareil à un berger, le Seigneur s’occupera de son troupeau, il prendra les agneaux dans ses bras et les portera contre sa poitrine ; il conduira ses brebis qui allaitent » (40.11). Ce matin, c’est que Dieu veut faire : nous amener contre sa poitrine, tout près de son cœur, pour que nous puissions écouter sa Parole. Christ le Roi est notre bon berger. Et nous pouvons nous réjouir de deux vérités : 1) le bon berger cherche ses brebis 2) le bon berger prend soin de ses brebis.

1)
Quand Ezechiel s’adresse aux Israëlites, ceux-ci se trouvent dans une période très sombre de leur histoire. Le peuple s’est révolté, détourné du vrai Dieu pour adorer des idoles et il a été emmené en esclavage à Babylone, après la prise de Jérusalem et la destruction du Temple.
Le jugement de Dieu est tombé sur un peuple rebelle. Sans doute les Israëlites se sentent-ils désespérés, abandonnés. Mais que leur dit Dieu ? « J’irai à la recherche de la brebis qui s’est perdue, je ramènerai celle qui s’est égarée ». Dieu annonce que, dans son amour, il va aller rechercher ceux qui sont perdus, et les trouver. Et il va prendre soin d’eux « je panserai celle qui est blessée et j’assisterai celle qui est affaiblie. En revanche, je détruirai celles qui sont grasses et vigoureuses ». Dieu veut apporter la guérison aux faibles, mais ceux qui se croient forts, qui pensent qu’ils n’ont pas besoin de lui, vont vers leur destruction. Jésus lui-même nous a dit qu’il était venu pour les malades et non pas pour ceux qui se croient bien-portants.
D’un point de vue humain, on pourrait être tenté de dire que les Israëlites l’avaient bien cherché. Dieu les avait libérés de l’esclavage en Egypte. IL leur avait donné un bon pays où coulaient le lait et le miel. Et eux, s’étaient empressés de se détourner de lui pour aller vers d’autres dieux et pour suivre leurs mauvaises voies. Ils avaient ainsi appelés sur eux les malheurs dont Dieu les avaient menacés. « Voilà, bien fait » diraient certains.
Mais Dieu n’agit pas ainsi, il ne pense pas ainsi. Dieu va aller chercher ses brebis perdues, et c’est vrai pour nous aussi.
IL peut nous arriver, dans notre vie de chrétiens, de nous éloigner de Dieu, de chercher à suivre un autre chemin que celui qu’il nous a tracé. Ce n’est pas parce que nous sommes des brebis du troupeau que nous ne serons pas tentés d’aller faire un tour ailleurs. Et, en fait, ils sont nombreux ceux qui se sont progressivement, insensiblement, éloignés de l’église, parce que l’herbe leur semblait plus verte ailleurs. Il faut dire que la société moderne est source de bien des tentations.
Si cela ne dépendait que de nous, nous serions perdus. Nous serions condamnés à errer sans but. C’est là le sort des hommes sans Dieu. Mais Dieu vient nous chercher lui-même. Jésus nous a dit qu’il était venu chercher ce qui était perdu (Lc 19.10). Et ce que nous voyons là, c’est l’infinie patience de Dieu, son amour pour nous qui sommes des pécheurs qui ne mériteraient que d’être laissés à eux-même. Et non seulement Dieu vient à notre recherche, mais en plus, il va nous ramener avec lui

2)
« tout comme un berger part à la recherche de son troupeau quand il se trouve au milieu de ses brebis et qu’elles sont dispersées, je veillerai sur mes brebis et je les arracherai de tous les endroits où elles ont été éparpillées un jour de ténèbres et d’obscurité. Je les ferai sortir des divers peuples, je les rassemblerai des divers pays et je les ramènerai sur leur territoire ». Imaginez la joie des Israëlites qui ont entendu ces paroles : ils étaient peut-être réduits en esclavage sur une terre étrangère, mais Dieu leur faisait la promesse de les ramener dans leur pays. ET c’est bien ce qui s’est passé, des années après, la prophétie s’est accomplie et Jérusalem a été reconstruite.
Ezechiel couronne cette prophétie par une image importante : celle du repos (v.14). Les brebis perdues pourront se reposer dans leurs paturages, sans plus être esclaves d’une nation ennemie. C’est là un e belle image de la paix et du repos que Jésus donne aux croyants : ne plus être esclaves du péché, de l’égoïsme ou de tout ce qui nous enchaîne, mais pouvoir vivre paisiblement auprès du Berger qui est notre Sauveur. Voilà ce que Jésus nous donne. IL nous le donne parce qu’il est mort pour nos péchés. C’est ce qui est merveilleux avec notre Roi : il est venu pour servir « le Fils de l’Homme est venu non pour être servi, mais pour servir et donner sa vie en rançon pour beaucoup » (Mc 10.45)
Jésus est Roi et Seigneur de l’Eglise : sachons lui faire confiance pour la guider par son Saint Esprit et sa Parole. Jésus est notre Bon Berger : il a donné sa vie pour nous et nous pouvons dire avec confiance et reconnaissance :
Le Seigneur est mon berger, je ne manquerai de rien
Il me fait reposer dans de verts pâturages,
Il me dirige près des eaux paisibles
Il restaure mon âme
Il me conduit dans les sentiers de la justice, à cause de son nom (Psaume 23)

Amen.

samedi 22 novembre 2008

Esaïe 65.17-25



Frères et sœurs, nous voici à l’avant dernier dimanche du temps de l’Eglise. Pendant un an, le Seigneur nous a conduits à travers sa Parole pour nous instruire et nous fortifier. Cinquante deux fois, du haut ce cette chaire, vous aurez entendu développer et proclamer la Bonne Nouvelle du salut en Jésus-Christ. La liturgie pour aujourd’hui nous invite à lever les yeux vers le ciel : la course est presque achevée, le combat est bientôt fini : le repos de nos âmes est là, tout proche.
Le livre de l’Apocalypse est intarissable sur le sujet. Sans doute connaissez-vous aussi des passages des évangiles ou des épîtres qui nous auraient très bien guidés dans cette réflexion. Mais il m’a semblé important de vous enseigner ce matin à partir d’une prophétie de la première alliance. L’Evangile, chers amis, est l’annonce de la délivrance finale qui nous sera accordée en Christ, et cet évangile brillait déjà de façon splendide dans la Bible des Hébreux.
Voici, dit Dieu par la bouche du prophète Esaïe : « Je vais créer de nouveaux cieux et une nouvelle terre » ! Vous ne souffrirez plus ; vous ne travaillerez plus en vain ; la nature elle-même vous sera favorable !
I
Premier point de cette méditation : vous ne souffrirez plus…
L'Eternel invite tous les croyants à se réjouir. Qu’est-ce que je dis ? A jubiler, oui ! « Réjouissez-vous – dit-il- et soyez dans l'allégresse, car je vais créer Jérusalem pour l'allégresse et son peuple pour la joie ! Je vais créer de nouveaux cieux et une nouvelle terre.... Je ferai de Jérusalem mon allégresse et de mon peuple ma joie ».
De quelle Jérusalem le prophète parle-t-il ? S’agit-il de la capitale actuelle de l’Etat d’Israël, partagée entre chrétiens, juifs, arméniens et musulmans ? S’agit-il de la « ville éternelle » que domine le dôme étincelant de la mosquée d’Omar ? Certainement pas. Depuis les premiers écrits du Nouveau Testament, Jérusalem a cessé de désigner une ville faite de pierres et de briques. Jérusalem est le symbole de la maison du Père. Le peuple qui y habite n’est plus descendant d’Abraham selon la chair, mais selon l’Esprit. La Jérusalem céleste, c’est l'ensemble de tous les rachetés depuis le commencement de l'histoire de l'Eglise.
Trois fois de suite, dans ce beau texte, Dieu nous dit : « Réjouissez-vous » ! Pourquoi ? Parce qu’il nous a préparé quelque-chose de formidable. Jésus disait, en parlant de notre vie future : « Lorsque je m'en serai allé, et que je vous aurai préparé une place, je reviendrai, et je vous prendrai avec moi, afin que là où je suis, vous y soyez aussi ». Comprenez bien, frères et sœurs : tout ce que Dieu fait est parfait. La dernière étape de notre vie de chrétien ressemblera à toutes les autres : elle portera la signature de Dieu, tout comme notre élection, notre justification, notre baptême et notre vie chrétienne. Soyons certains que cette vie éternelle sera géniale et dépassera notre attente !
L'homme a créé des édifices grandioses et magnifiques sur la terre, mais ce projet là – précisément – n’est pas pour cette terre et l’homme n'est pas capable d’en concevoir les plans. Il lui transmettrait les imperfections de sa nature humaine, et le limiterait aux dimensions de sa propre imagination.
La nouvelle Jérusalem, au contraire, sera à l’échelle des perfections divines. C’est parfois difficile d’expliquer à quelqu’un le bonheur qui l’attend quelque part. Alors, pour rendre les choses plus parlantes, on commence par dire ce qui va changer, ce à quoi on va échapper : « On ne se rappellera plus les choses passées – dit Esaïe -, elles ne reviendront plus à l'esprit... On n'y entendra plus le bruit des pleurs et des cris ».
Pourquoi Dieu place-t-il « les pleurs et les cris » parmi le souvenir des choses passées ? D’abord, n’oubliez pas qui vous parle. Le règne relativement paisible d’Osias avait été suivi d’une série de calamités. Peu après, le roi d’Israël, allié à celui de Damas, avait tenté de renverser le royaume de Juda, et cette guerre fratricide s’était prolongée très longtemps… C’est alors qu’Esaïe annonce la chute des ennemis de Juda et l’accroissement de la puissance Assyrienne. En 722 av. Jésus-Christ, Samarie n’est plus que ruines ; vingt ans plus tard, Sennachérib envahit Juda et fait le siège de Jérusalem… Les contemporains d’Esaïe savent donc ce qu’est le prix du sang et des larmes…
De même, ceux qui ont vécu les bombardements des guerres, qui ont subi le bruit des avions, des sirènes n'oublient jamais. Ceux qui ont connu l'enfer des camps de concentrations en gardent une marque indélébile. Ceux qui vivent les attentats dans leur chair sont marqués à vie. Bien sûr la vie continue, mais le souvenir en reste souvent brûlant et finit toujours, même après des années, à arracher des larmes, à susciter des cauchemars, à réveiller de terribles angoisses.
Aujourd’hui, nous sommes Français, Européens et nous traversons la période de paix la plus longue de notre histoire. Cela n’a pas toujours été le cas et nous devons en remercier le Seigneur. Mais il n’est pas nécessaire d’être le rescapé d’un massacre pour que la vie soit une survie et la mémoire, une plaie ouverte.
Imaginez une vie éternelle où l’on garderait les traumatismes de son existence : celui d’un homicide, d’un viol, d'un mariage gâché, d’une séparation, d'une famille décimée, d'un grave accident de voiture, d'une foule de regrets et d’occasions manquées. Tout cela est incompatible avec la joie éternelle. Le prophète répond : « On ne se souviendra plus des choses passées ».
Ici, vous avez un exemple très concret du perfectionnisme de Dieu. Vous remarquerez que le prophète ne dit pas : « ces choses n’existeront plus », mais « on ne s’en souviendra plus », ce qui est très différent. Quand les autres vous ont fait souffrir, on voudrait bien oublier, mais on n’y arrive pas toujours. L’oubli rend possible le pardon, le repos de l’âme. Dieu effacera, avec nos larmes, le souvenir même de l’offense, de la misère et du deuil.
Remarquez au passage que notre monde est contraint de faire l'inverse : nous venons de commémorer l’armistice du 11 novembre 1918. Il y a quatre-vingt dix ans exactement cessait la plus effroyable boucherie du XXe siècle. Alors on ressuscite les cauchemars – en technicolor, on évoque dans les journaux les atrocités, les holocaustes et les abominations en ajoutant : plus jamais çà ! C’est la pédagogie humaine et nécessaire de ce monde. Il n'empêche qu'on est glacé d’horreur devant ce que l’homme est capable d’accomplir, et cela depuis le commencement.
Dans le paradis de Dieu, le souvenir de ce monde sera totalement effacé. Il n'y aura plus de jours gris, plus de mélancolie ni de sanglots au fond d’un lit, plus de rêves angoissants car on ne se rappellera plus les choses passées.
Le prophète annonce une autre différence : « Il n'y aura plus ni enfants ni vieillards qui n’accomplissent leurs jours ; Car celui qui mourra à cent ans sera jeune ».
Qu’est-ce que cela veut dire ? Certains n’ont pas eu la chance de voir vieillir leurs parents. D’autres assistent bouleversés et impuissants à leur lente décrépitude. On les a connus forts, actifs, entreprenants ; les voici qui se traînent, pleins d'infirmités, menant au ralenti une vie faite de privations, de frustrations et de regrets.
Mais au ciel, Dieu nous réserve une autre joie : le vieillard sera comme le jeune homme. Il n'y aura plus de vieillesse, plus d'infirmité ni de mort.
Ce sera finalement un retour à l’état originel, puisque l’homme avait été créé immortel. L’horloge biologique, telle que nous la connaissons, ne s’est mise en route qu’après la chute. La « nouvelle terre » que Dieu va créer sera semblable à la toute première : les conséquences du péché auront disparu. La vieillesse et la mort ne seront plus.
Cette mort aveugle, qui frappe aussi bien les enfants que les vieillards. Et quand on voit un enfant mourir tandis qu'un vieux tyran semble éternel, on se demande où est la justice de Dieu.
C’est pourquoi Esaïe ajoute : « le pécheur âgé de cent ans sera maudit ».
Frères et sœurs, cette phrase peut surprendre car l’on associe généralement l’âge et la sagesse. Mais devant Dieu, la vieillesse n'est pas le critère d'une vie juste et bénie. Que personne ne s'imagine donc que les cheveux blancs ont un quelconque mérite devant Dieu !
Bien plus : ce centenaire que Dieu maudit, est en réalité un homme – ou une femme – qui durant un siècle entier aura été appelé par l’Esprit. Oui ! Un siècle d’appels à la repentance et la foi, obstinément renouvelés par le témoignage des chrétiens ! Pour obtenir quoi ? Un refus ! Je ne voudrais pas être à la place de tous ces vieillards au jour du Jugement, auxquels le Seigneur déroulera la longue – la très longue – liste de toutes les circonstances favorables qu’il avait placées sur leur chemin pour entendre l’Evangile et qu’ils ont toujours méprisées. Cela doit être terrible de prendre conscience, alors qu’il est trop tard, d’un aveuglement aussi obstiné…
II
Vous ne souffrirez plus, dit le Seigneur ; et vous ne travaillerez plus en vain.
Le prophète dévoile maintenant un autre coin du Paradis : « Ils bâtiront des maisons et les habiteront ; ils planteront des vignes et en mangeront les fruits. Ils ne bâtiront pas des maisons pour qu'un autre les habite, ils ne planteront pas des vignes pour qu'un autre en mange les fruits. Car les jours de mon peuple seront comme les jours des arbres, et mes élus jouiront de l'œuvre de leurs mains. Ils ne travailleront pas en vain, et ils n'auront pas des enfants pour les voir périr. Car ils formeront une race bénie de l'Eternel, et leurs enfants seront avec eux ».
Frères et sœurs, beaucoup de choses, ici-bas, nous gâchent la vie et le plaisir de travailler, d'économiser et de construire : il y a le stress et la crainte du chômage, bien sûr. Le risque de l’accident, de l’infirmité ; préparer l’avenir avec la menace de la maladie est une idée angoissante bien exploitée par les compagnies d’assurance. De même, travailler pour voir tomber le fruit de son travail entre les mains d’autrui est révoltant.
Et puis, il y a tous les parents qui ressemblent au père de la parabole, dont le fils ou la fille coupe les ponts et part faire sa vie ailleurs. Avec en prime des reproches que l’on prend en pleine figure, sur l’éducation que l’on a donnée, les valeurs que l’on s’est efforcé de transmettre. L’un de ces parents me disait un jour : c’est pire que si mon enfant était mort : son silence est une grande souffrance.
Tout cela donne un goût amer à la vie et au travail.
Mais voici le message qui nous vient de l’Evangile : « Vous habiterez vos maisons, vous mangerez le fruit de vos vignes, vous ne travaillerez pas pour rien et vos enfants seront toujours avec vous ». Au ciel, il n'y aura plus de déchirure qui gâche le bonheur. Au ciel, on ne parlera plus avec regret, en disant : j'aurai tant voulu achever ce travail, pour que mon fils ou ma fille en profite.
Parents et enfants, par la foi, seront éternellement bénis. Notre vie, dit le prophète, sera comme le jour des arbres : ils semblent ne pas mourir et portent des fruits très longtemps.
Pour confirmer et rendre solide ce qu'il vient de dire, Esaïe ajoute, de la part de Dieu : « Avant qu'ils m'invoquent, je répondrai ; avant qu'ils aient cessé de parler, j'exaucerai ». Où trouvons-nous l’assurance de voir se réaliser tout ce que nous venons d'entendre ? En Dieu lui-même. Et en Christ notre Sauveur. Il va au-devant de nos prières pour nous donner ce qu'il a de meilleur.
« Je vais créer de nouveaux cieux et une nouvelle terre », dit le Seigneur. Là, vous ne souffrirez plus ; vous ne travaillerez plus en vain ; et enfin : la nature elle-même vous sera favorable.
III
Le dernier tableau de la Jérusalem céleste est animalier ; on en voit des représentations dans tous les musées. C’est une image saisissante : « Le loup et l'agneau brouteront ensemble, le lion comme le bœuf, mangera de la paille, et le serpent aura la poussière pour nourriture ».
Frères et sœurs, on entend parfois que les prophéties ont toujours un premier temps d’accomplissement sur cette terre. Les théologiens libéraux affirment même que des prophéties qui concerneraient uniquement notre salut n’existent pas. Mais dites-moi un peu comment ces paroles d’Esaïe pourraient se réaliser ici bas ? Ecoutez cette autre description du paradis céleste, du même auteur : « Le loup habitera avec l'agneau, et la panthère se couchera avec le chevreau ; le veau, le lionceau et le bétail qu'on engraisse seront ensemble, et un petit enfant les conduira. La vache et l'ourse auront un même pâturage, leurs petits un même gîte. Le nourrisson s'ébattra sur le nid de la vipère et l'enfant sevré mettra sa main dans l'antre du cobra". (Esaïe 11:6,7).
Plus d'un enfant, en entendant ce texte, a rêvé de pouvoir jouer avec une panthère, d’apprivoiser un ours ou simplement le rouge-gorge du jardin.
Le prophète insiste : là-haut, tout sera vraiment différent.
Peut-être avez-vous en mémoire ces mots de Paul : « La création attend avec impatience la révélation des fils de Dieu. Car elle a été soumise à la vanité, avec l’espérance qu’elle aussi sera affranchie de la servitude de la corruption, pour avoir part à la liberté des enfants de Dieu. Jusqu’à ce jour, nous savons que la création tout entière soupire et souffre comme une femme qui accouche ».
En d’autres termes, la flore et la faune ont subi par ricochet le désastre du péché. De la même manière qu’elles partagent la souffrance des chrétiens, elle aspire à entrer dans ce monde qui doit renaître. Comprenez que nous avons une dette envers la création, comme auprès d’un ami qui aurait beaucoup souffert du fait de notre inconséquence ou de nos erreurs. Ne l’oublions pas.
Dans cette nouvelle création, le monde animal ne sera plus hostile à l'homme. On n’assistera plus à cette lutte impitoyable pour la vie. Il n’y aura plus de « fêtes sauvages », pour reprendre le titre d’un film paru il y a bien longtemps, « fêtes » d’angoisse, de souffrance et de mort dans les forêts, les jungles et les savanes. On ne verra plus de chasseurs ni de chiens, plus de pièges ni de filets. Auprès de Dieu, tout est source d'une vie paisible, calme, merveilleuse, tranquille, pleine de sérénité et de joie, y compris pour les animaux.
Bien plus : vous savez que notre société est secouée régulièrement par de multiples émeutes. Eh bien ! Si j’en crois ce qui est dit ici, le mal être des banlieues, l’agressivité d’une jeunesse désœuvrée seront résolus dans la Jérusalem céleste : « Il ne sera fait ni tort ni dommage sur toute ma montagne sainte », dit l'Eternel. Ainsi, plus de commissariat ni de CRS au paradis : la haine, l’envie, la convoitise auront été laissées au vestiaire du tombeau et leur souvenir même ne paraîtra plus.
Chers amis, tout ce que nous venons d'entendre n'est pas le fruit d'une superproduction de Walt Disney ! Nous n'avons pas entendu aujourd'hui un récit fait d'exagérations et de phantasmes, mais le témoignage de Dieu sur la vie éternelle. Il doit nous donner envie d’y aller, surtout lorsque la tristesse et le découragement nous envahissent.
Un bonheur parfait nous est préparé. Soyons fermes dans la foi ! Jésus nous a rachetés à grand prix pour que nous soyons toujours heureux auprès de lui. Amen !

samedi 15 novembre 2008

Des problèmes informatiques nous ont empêché de mettre notre blog à jour la semaine dernière: veuillez-nous en excuser.

Rendez-vous dès lundi pour un sermon et d'autres rubriques dans les jours qui suivront.

lundi 3 novembre 2008

Ecclésiaste 3.1-15

Ecc 3:1 Il y a un temps pour tout, un temps pour toute chose sous les cieux:
Ecc 3:2 un temps pour naître, et un temps pour mourir; un temps pour planter, et un temps pour arracher ce qui a été planté;
Ecc 3:3 un temps pour tuer, et un temps pour guérir; un temps pour abattre, et un temps pour bâtir;
Ecc 3:4 un temps pour pleurer, et un temps pour rire; un temps pour se lamenter, et un temps pour danser;
Ecc 3:5 un temps pour lancer des pierres, et un temps pour ramasser des pierres; un temps pour embrasser, et un temps pour s'éloigner des embrassements;
Ecc 3:6 un temps pour chercher, et un temps pour perdre; un temps pour garder, et un temps pour jeter;
Ecc 3:7 un temps pour déchirer, et un temps pour coudre; un temps pour se taire, et un temps pour parler;
Ecc 3:8 un temps pour aimer, et un temps pour haïr; un temps pour la guerre, et un temps pour la paix.
Ecc 3:9 Quel avantage celui qui travaille retire-t-il de sa peine?
Ecc 3:10 J'ai vu à quelle occupation Dieu soumet les fils de l'homme.
Ecc 3:11 Il fait toute chose bonne en son temps; même il a mis dans leur coeur la pensée de l'éternité, bien que l'homme ne puisse pas saisir l'oeuvre que Dieu fait, du commencement jusqu'à la fin.
Ecc 3:12 J'ai reconnu qu'il n'y a de bonheur pour eux qu'à se réjouir et à se donner du bien-être pendant leur vie;
Ecc 3:13 mais que, si un homme mange et boit et jouit du bien-être au milieu de tout son travail, c'est là un don de Dieu.
Ecc 3:14 J'ai reconnu que tout ce que Dieu fait durera toujours, qu'il n'y a rien à y ajouter et rien à en retrancher, et que Dieu agit ainsi afin qu'on le craigne.
Ecc 3:15 Ce qui est a déjà été, et ce qui sera a déjà été, et Dieu ramène ce qui est passé.



Chers frères et sœurs,

Il y a quelques années, une maison d’édition tout à fait laïque a publié, en Angleterre puis en France, des petits livres de poche qui contenaient des livres de la Bible : il y avait les 4 évangiles, l’Apocalypse, les Psaumes. Et bien, savez-vous quoi ? Aussi bien en Angleterre qu’en France, c’est le livre de l’Ecclésiaste qui s’est le mieux vendu. A croire que la sagesse grave et pessimiste que l’on prête à l’auteur de ce livre (appelé Qohélet en hébreu) attire nos contemporains. L’Eglise, elle, fait preuve de plus de retenue. Le livre apparaît peu dans les lectionnaires, et il fait rarement l’objet de sermons. Pourtant, une lecture chrétienne du livre de l’Ecclésiaste pourrait, en plus de nous édifier, offrir à nos contemporains une approche spirituelle à leurs questions. Parmi ces questions « quel est le sens de ma vie » revient souvent. Notre passage d’aujourd’hui y répond d’une façon détournée en demandant « comment trouver un sens à sa vie ? ».

Beaucoup connaissent les premières paroles de Qohelet « vanité des vanités, tout est vanité ». Cette affirmation du caractère vain de la vie humaine, nous la retrouvons dans notre passage. Certains diront : « ça commence mal, nous cherchons un sens à la vie, et vous dites qu’il n’y en a pas ». Mais, en fait, la pensée de Qohelet va, progressivement, nous amener à fonder notre foi sur quelque chose de solide.
Il y a un temps pour tout, un temps pour toute chose sous les cieux dit le v.1. Et les versets qui suivent, sont l’illustration de cette idée, présentée sous forme de poême.

Ces versets sont eux aussi bien connus. Certains ont cherché à donner à ce passage une structure, à lui trouver une cohérence, sans parvenir à un résultat unanime ou convaincant. Ce que nous avons là, ce sont 7 paires d’opposés. On pourrait les étudier en détail. Ce serait prendre le risque de confondre l’arbre avec la forêt. Retenons plutôt les idées claires et essentielles :
-Qohelet nous parle de l’existence humaine, et place son propos en l’englobant dans la dimension de la vie et de la mort.
-le chiffre des 7 paires d’opposés nous renvoie lui à l’idée de totalité : ce sont tous les aspects de notre existence que Qohelet a à l’esprit.

Et il est vrai que lorsque nous observons ce texte, nous y trouvons aussi bien des émotions (la joie/la tristesse, l’amour/la haine) que des activités (planter/arracher, bâtir/détruire). Elles permettent, toutes ensembles, d’évoquer la totalité de l’expérience humaine ici-bas. Mais, encore une fois, nous n’avons pas à chercher un plan caché ici. Ce que nous avons, c’est une liste, assez aléatoire. Assez ambiguë aussi : la guerre est en général un mal, mais il peut être bon de se battre contre un tyran. La haine est une mauvaise chose, mais pas quand il s’agit de haïr le mal et le péché. De même, il y a des choses qu’il n’est pas sain de garder et que nous ferions mieux de jeter.
Alors que nous reste-t’il ? Quand nous considérons cette liste, nous avons l’impression de nous trouver devant notre propre vie, avec sa succession d’époques et de travaux. C’est comme si nous étions devant la grande roue du temps qui ne s’arrête jamais et qui fait monter puis descendre, puis remonter, toutes ces choses, aussi bien l’amour que la haine, aussi bien le succès que l’échec. Mais il n’y a pas de logique, et nous sommes un peu pris de vertige. La succession de ces cycles de création et de destruction ne semble aller nulle part, elle semble échapper à toute direction, à toute vision d’ensemble et nous sommes désemparés. Et bien, c’est justement cela que veut Qohelet. Et il enfonce finalement le clou dans ce verset 9 quand il demande :

Quel avantage celui qui travaille retire t’il de sa peine ?

Et la réponse qui s’impose est « aucun ». Il n’y a pas d’avantage, seulement la constatation que nos vies sont une suite de temps et d’époques et que tout ce que nous pouvons accomplir est condamné à n’être que transitoire. Je peux réussir brillamment dans ma carrière, mais rien ne dit que cela durera toujours. Et combien sont-ils ceux qui ont travaillé toute leur vie pour créer une entreprise solide qui a été ruinée en quelques années par les descendants ? Alors, sommes-nous condamnés au désespoir devant ce cycle ininterrompu de destructions et de créations ? Non, tel n’est pas le message de Qohelet. Bien sûr, le Sage veut nous voir désespérer de ce que nous croyons être nos accomplissements, nous montrer qu’ils ne sont que « poursuite du vent ». Mais, en même temps, il veut nous montrer une autre voie, la seule en fait qui permette à l’homme de comprendre le sens réel de sa destinée.
Le caractère transitoire de toute œuvre humaine, Qohelet le contraste rapidement avec l’action divine. Le verset 14 dit « J’ai reconnu que ce que Dieu fait durera toujours, qu’il n’y a rien à y ajouter ni à y retrancher, et que Dieu agit ainsi afin qu’on le craigne ». Ce que Dieu fait durera toujours. Quelle différence avec l’homme !! Ce que Qohelet nous dit ici, c’est que le plan éternel de Dieu s’accomplit, selon sa volonté, ce que Dieu a décidé de faire, dans sa souveraineté, il le fait et le maintient. L’œuvre de Dieu n’est pas soumise aux aléas du temps, car il est le maître du temps. Reconnaître cette vérité, reconnaître qu’il n’y a aucune commune mesure entre le Créateur et nous, les créatures, c’est le premier pas vers « la crainte de Dieu ». Cette crainte, dans la Bible, ne désigne pas la peur, mais le respect absolu de l’homme envers Dieu.
Oui, les humains doivent reconnaître le fossé qui les sépare de leur Créateur. Ce fossé est d’autant plus grand qu’il n’est pas seulement celui entre le Créateur et la créature, mais aussi celui entre un Dieu infiniment saint et une humanité totalement corrompue par le péché. Ce péché, qui met une séparation entre nous et Dieu dit Esaïe (59.2). Ce péché dont le salaire est la mort. Ce péché qui nous condamne tous et qui condamne aussi tout ce que nous pouvons chercher à accomplir.

Mais Dieu ne laisse pas l’homme dans son péché, il ne le laisse pas confronté au désespoir de sa condition déchue. Il veut libérer les humains de la vie vide de sens à laquelle ils se sont eux-mêmes condamnés. Qohelet dit « Dieu a mis dans le cœur des hommes la pensée de l’éternité ». Pour autant que nous le sachions, les chats, les singes ou les autres animaux ne se posent pas de questions sur ce qui leur arrive. Ils ne se demandent pas quel est le sens de leur destinée. C’est comme si Dieu nous murmurait « regarde, il y a quelque chose de plus que cette vie aux horizons fermés. Et moi, je suis là ». Dieu veut nous ouvrir les yeux sur une nouvelle dimension : celle d’une restauration de nos êtres et de nos vies. Et Dieu nous donne cette vie nouvelle en Jésus, par qui nous avons le pardon et nous sommes adoptés comme enfants de Dieu. Pascal disait que tous les hommes ont dans leur cœur un vide en forme de Dieu : seul Jésus peut le combler.

Et c’est seulement en chrétiens que nous pourrons avoir un regard juste sur la vie, qui va nous la faire approcher différemment :

-Tout d’abord, nous allons pouvoir vivre dans la confiance envers Dieu.
Cette confiance envers le Père n’est pas le début de la vie chrétienne : elle est la vie chrétienne. Nous pouvons dire, comme le Psalmiste « En toi je me confie, ô Eternel, je dis : tu es mon Dieu ! Mes destinées sont dans ta main » (Psaume 31.16). Et c’est une chose précieuse que de savoir que nous ne sommes pas condamnés à être soulevés par les vents d’un destin hasardeux, mais que notre vie est entre les mains de Dieu. Cela ne veut pas ire que nous comprendrons nécessairement tout ce qui va nous arriver ou qu’il nous sera révélé pourquoi nous devons passer par telle ou telle chose. TAPISSERIE.
Et bien, le chrétien connaît le tisserand, qui nous a promis qu’il tisserait toujours ce dont nous avons besoin : courage, joie, résolution, sa présence. Il ne nous abandonnera jamais.
Et sur cette assurance, nous pouvons bâtir un deuxième aspect de notre existence :
la capacité à jouir de la vie qui nous est donnée.
v.12-13. Une fois que nous avons admis la souveraineté de Dieu, nos limites, une fois que nous avons mis notre foi en Christ, alors nous pouvons avoir qu’il y a un plan à nos vies, que celui qui tisse notre destinée est notre Père qui nous aime, celui qui veut nous donner une espérance et un avenir. Et c’est cela qui va nous permettre de jouir des bonnes choses que nous trouvons ici-bas et qui nous viennent de Dieu : le sourire d’un enfant quand on revient à la maison fatigué le soir, le métier qui nous a été donné, les amis, une promenade dans les champs en automne. Le fait que nos yeux soient fixés vers le Ciel ne nous rend pas aveugle à la beauté de ce que nous trouvons sur cette terre. Ce n’est pas de l’hédonisme, la recherche du plaisir pour le plaisir mais le fait de savoir que ces bonnes choses viennent de Dieu et qu’elles sont pour que nous en jouissions. Quand on tourne vers lui ses regards, on est rayonnant de joie dit le Psaume 34.7 et Néhémie renchérit « ne vous affligez pas, car la joie de l’Eternel sera votre force » (8.10)

Et c’est bien le message de l’Ecclésiaste pour nous : vivre avec Dieu et pour Dieu, en nous réjouissant d’avoir un Père qui nous aime et qui est souverain, un Sauveur qui est mort pour nous, un Saint Esprit qui nous façonne. Nous pouvons avoir la liberté de jouir de la vie ici et maintenant, pas en regardant vers un passé enjolivé ou vers des lendemains forcément radieux.

C’est le don de Dieu à ceux qui croient en lui et lui font confiance pour tisser la vie qu’il leur a donnée.